Marie, BRIDONNEAU Apprendre la musique par l'oralité ESM Bourgogne Franche-Comt

Marie, BRIDONNEAU Apprendre la musique par l'oralité ESM Bourgogne Franche-Comté 2019 1 2 Marie, BRIDONNEAU Apprendre la musique par l'oralité Directeur de mémoire : Jean Tabouret ESM Bourgogne Franche-Comté 2017-2020 3 Remerciements : Je remercie Jean-Marie JAGUENAU, Alain FILLON et Marlène BELLY pour le temps qu'ils m'ont consacré et les précieuses informations qu'ils m'ont transmises. Je remercie Rachel Dubé pour toutes ses relectures et conseils toujours pertinents. Je remercie les élèves avec qui j'ai mené mes expérimentations. Enfin, je remercie Jean Tabouret pour son accompagnement tout au long de l'élaboration de ce mémoire. 4 Sommaire : Introduction ----------------------------------------------- 7 I- La partition et ses différents rôles ------------------ 10 I.I- Définition de l'écriture -------------------------------- I.II- La partition dans les musiques de tradition orale - 11 I.III- Analyse personnelle ---------------------------------- 13 I.IV- Mémoriser la partition avant de poser ses mains sur le clavier (Leimer)--------------------------------- ------14 I.V- Remplacer la note par le chiffre (Rousseau) --------------------------------------------------- 16 I.VI- L'apprentissage par l'imitation ---------------------- 18 II- Situations pratiques d'apprentissage -------------- 22 II.I- Entretiens ----------------------------------------------- 22 II.II- Expérimentations ------------------------------------- 26 5 III- Conclusion --------------------------------------------- 34 III-I- Oral et ecrit compatibles ?------------------------ 34 III-II- Bilan et perspectives------------------------------35 Bibliographie -------------------------------------------- 37 6 Introduction : Basée sur ma propre expérience tout d'abord en tant qu'élève puis d’enseignante j’ai constaté les difficultés que l’on peut rencontrer au sein de l’école de musique, à apprendre la musique que ce soit au niveau de la lecture ou de l’écriture. L'apprentissage est basé essentiellement sur l'appropriation de savoirs et leur mémorisation. C'est ainsi que, dans notre société, ces connaissances accumulées, au fil du temps, se transmettent au moyen de l'écriture, à la différence des cultures basées sur l'oralité. Dans la pratique actuelle de la musique dite «classique», la partition occupe une place prépondérante, puisque c’est elle qui fait le lien entre la pensée musicale des compositeurs (qu’ils soient du Passé ou du Présent ) et leurs interprètes. Cette importance se retrouve dans son enseignement, étant donné que dans la plupart des conservatoires et écoles de musique, l’apprentissage instrumental est généralement précédé d’une année de cours de Formation Musicale, où l’on s’attache entre autres à familiariser l’élève avec la notation par le biais de la lecture et de l’écriture. La connaissance de l’écrit, devenue un pré-requis à l’apprentissage instrumental, est très souvent une base dans l'enseignement actuel. De ce fait, la partition est omniprésente dans les cours d’instrument, et est généralement le point de départ de tout apprentissage, qu’il soit de nature technique ou musicale . « La partition est un système graphique utilitaire qui s’efforce - mais sans y parvenir - de représenter une parole musicale primitive, une voix une phonè, laquelle est présumée proche - d’une proximité irréductible à quelque approximation que ce soit - de la source de toute musicalité, et qui, à son tour véhicule et exprime cette source.» (Daniel Charles, Musique en jeu n°13,1974 ) .•O  O •. 7 Les autres sociétés pratiquant la musique mais ne connaissant pas l'écriture, se basent sur l'oralité pour transmettre d'une génération à l'autre leur patrimoine par le biais de « mémoires vivantes ». La musique traditionnelle fonctionne principalement sur l'oralité tandis que l'axe de travail principal est la mémorisation qui tout en la globalisant, va offrir une certaine liberté par rapport au modèle. Ces musiques sont le plus souvent étroitement liées à la danse. Voilà une définition de l'oralité : Une société orale est « un groupe humain qui fonde la plus grande partie de ses échanges sur la parole »1 La tradition orale est une façon de préserver et de transmettre la culture de génération en génération dans les sociétés humaines qui n'ont pas de système d'écriture ou qui, dans certaines circonstances, choisissent ou sont contraintes de ne pas l'utiliser. La transmission orale est un mode d'apprentissage qui possède une grande richesse au niveau de l'enseignement artistique de la musique. L'apprentissage de la musique orale est indissociable au mouvement dans l'espace, elle apporte des avantages sur la qualité et l'authenticité du jeu instrumental. .•O  O •. 1 Cauvin, La parole traditionnelle, Les classiques africains 8 Face à ce constat, afin de retrouver une certaine spontanéité et musicalité, je me demande de quelle façon il serait possible de relativiser la dépendance des élèves à la partition au sein des conservatoires. Pour cela, j'ai choisi de m'intéresser aux musiques de tradition orale. J'ai tout d'abord développé une réflexion accompagnée d'une analyse à partir de l'article «écrit/oral: une équation irréductible» écrit par Bruno Messina et Michel PLISSON ainsi que du livre " Le jeu moderne du piano" écrit par Karl LEIMER. Dans un second temps, je suis partie d'expériences réelles faites avec mes élèves de la classe d'accordéon de Contrexéville où j'enseigne actuellement, puis en m'appuyant sur plusieurs entretiens avec deux enseignants en conservatoire ainsi d'une ethnomusicologue. .•O  O •. 9 I- La partition et ses différents rôles I.I– définition de l'écriture Une écriture est « un système de signes à caractère duratif ayant un support visuel et spatial » ( Ducrot Oswald et Schaeffer Jean-Marie, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Paris, Seuil, 1995). Elle est un système de représentation graphique d'une langue et permet l'échange d'informations sans le support de la voix. La notation musicale n'a pas toujours existé : la transmission orale la précède dans bien des cas. Le but de tout système de notation est de transcrire les hauteurs relatives des sons mais aussi les durées et les nuances. La date précise des premiers écrits musicaux est relativement difficile à déterminer mais l'on peut affirmer que le besoin de représenter la musique par un système de notation s'est manifesté dans la plupart des civilisations qui connaissaient déjà l'écrit. Bien que l'écrit musical n'apparaisse que vers 1501, la partition garde toujours un rôle d'aide mémoire. Il faudra attendre le Xvème siècle pour voir apparaître les premières indications de nuances et d'interprétation. C'est à partir de cette période que la notation devient un outil de création, un support sur lequel les compositeurs peuvent travailler, essayer, faire des erreurs. À l'époque médiévale, l'écrit est présente principalement pour soutenir la mémoire orale défaillante. .•O  O •. 10 I.II : Place de la partition dans les musiques de tradition orale "De l'écriture des musiques non écrites en ethnomusicologie, écrit/oral: une équation irréductible"2 Cet article traite de la relation entre les musiques écrites et non-écrites en partant du point de vue de l'ethnomusicologie. En évoquant ces deux formes de traditions musicale, les auteurs associent l'écrit au savant et l'oral au populaire. L'article aborde également les problèmes liés à la transcription pour les musiques orales en posant la question du lien entre les sons et les signes. Dans une première partie les auteurs répondent à ces questions par une approche théorique puis illustrent ensuite leurs propos, par des exemples pris dans différentes traditions du monde. Ils abordent le sujet de la transcription avec conviction : pour eux, passer d'un événement sonore complexe à une écriture appauvrit et réduit la musique à ''un schéma squelettique de quelques signes''. Ils expliquent que les musiques traditionnelles sont très souvent liées à la danse, à l'énergie des corps et qu'il est compliqué de transcrire ces musiques en temps continu sur une feuille à deux dimensions et en temps zéro. Face à ces musiques de tradition orale se pose une seconde question, celle de la mémorisation. En effet, le travail de mémorisation est considérable et les auteurs expliquent que l'omniprésence de l'écrit tend à affaiblir ce travail dans les sociétés modernes. Les auteurs nuancent tout de même en abordant le fait que très souvent, dans ces cultures de tradition orale, les mélodies sont notées sommairement. L'écrit permet alors de structurer le répertoire et de la classification rapide des thèmes à jouer, la transcription voir même l'arrangement devient plus facile à faire à l'écrit qu'a l'oral. .•O  O •. 2 Article de Bruno Messina et Michel Plisson dans La revue du conservatoire de Paris 11 Sur un plan symbolique l'écrit a toujours plus ou moins sacralisé fortement la musique. Les auteurs font la remarque que, dans les conservatoires, l'expression « jouer sans musique » est souvent utilisée pour dire « sans partition » ce qui montre bien que l'on lie inconsciemment l'écrit au musical. Se forment alors des rapports écrit/oral ambigus où l'écrit semble apporter à l'oral la légitimité qui lui aurait manqué. Par la suite, les auteurs font un lien entre la musique et la parole. Ils démontrent notamment que l'absence de texte permet une créativité dans laquelle la tradition est prolongée et renouvelée en permanence. En revanche, l'écrit modifie la relation au savoir et à la mémorisation puisque celui-ci obéit à des lois qui lui sont propres. L'écrit développe tous les avantages de la logique formelle3 en la poussant également dans ses retranchements. Elle décrit le réel sur un temps zéro, non développé alors que la musique est continue et sans cesse en transformation. « le scribe peut trancher, pas le griot » 4 L'article mentionne une citation de Jack Goody, résumant bien le sujet. En uploads/Geographie/ bridonneau-marie-apprendre-la-musique-par-l-x27-oralite.pdf

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