Bernhard L’Herne L’Herne Les Cahiers de l’Herne paraissent sous la direction de
Bernhard L’Herne L’Herne Les Cahiers de l’Herne paraissent sous la direction de Laurence Tâcu Thomas Bernhard Ce Cahier a été dirigé par Dieter Hornig et Ute Weinmann Ce Cahier est publié avec le soutien de la Fondation privée Thomas Bernhard, du ministère autrichien des arts, de la culture, de la fonction publique et des sports, du département des arts et de la culture du Land Kärnten, de CY Cergy Paris Université (Laboratoire AGORA - EA 7392 et la Faculté de droit) et de l'Université Paris 8 (Laboratoire Les Mondes Allemands – EA 1577). Les Éditions de L’Herne remercient Annie et Peter Fabjan pour leur accueil chaleureux et la générosité avec laquelle ils ont accompagné la conception de ce Cahier, et Klaus Amann et Manfred Mittermayer pour leurs conseils précieux. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. © Éditions de L’Herne, 2021 Éditions de L’Herne 2, rue de Bassano - 75016 Paris lherne@lherne.com www.lherne.com Sommaire 11 Dieter Hornig et Ute Weinmann Avant-propos 14 photographies biographiques I – Invention de soi et fiction 19 Dieter Hornig De l'inconvénient d'être né : l'autobiographie de Thomas Bernhard Thomas Bernhard 24 Jeunes têtes. 25 Ma propre solitude 26 Wendelin Schmidt-Dengler Onze thèses sur l'œuvre de T. Bernhard 30 Hans Höller Le coup de maître de Monsieur Huguet II – Les débuts de « quelqu’un qui écrit » 37 Manfred Mittermayer Thomas Bernhard et Salzbourg Thomas Bernhard Chroniques judiciaires : 43 Pour quelques friandises acidulées 44 Suicide à l’hôpital psychiatrique régional 44 Tant aimée, jamais payée 45 Représentation au tribunal pénal régional 46 Ernestine contre Lucie 47 Klaus Amann Thomas Bernhard et le « Tonhof » en Carinthie 53 Walter Wagner Arthur Rimbaud – Thomas Bernhard face à la question de Dieu Thomas Bernhard Poèmes : 58 Paris 61 Délire de persécution 62 Deux lettres à Annemarie Hammerstein-Siller 63 Télégramme III – Le tournant vers la prose : « voici le nouveau » 67 Karl Wagner Bernhard, Handke et la littérature autrichienne 71 Alexander Honold Cérémonies de la mise en texte 79 ARCHIVES : Tapuscrit : der Wald auf der Straße / La forêt sur la route Manuscrit : Frost / Gel (poème) ; Frost / Gel (esquisse du roman) 81 Ingeborg Bachmann Essai sur Thomas Bernhard 83 Michel Cournot Le mal du Prince 86 Mathias Verger La haine de la langue maternelle 93 Mireille Tabah La dialectique de la déconstruction chez Thomas Bernhard 100 Martine Sforzin L’irritation bernhardienne : la fin et le fin de l’art 106 Jean-Marie Winkler Thomas Bernhard, un homme du passé ? 112 Hans Höller Extinction : une Comédie humaine de l'Histoire autrichienne 117 ARCHIVES : Phrase d’ouverture et ébauche tardive d’un roman : Neufundland Thomas Bernhard Récits : 118 Une lettre tirée d’un drame 121 Un printemps 122 Un imposteur à la campagne 125 En tant qu’administrateur de l’asile 126 La femme de la fonderie et l'homme avec le sac à dos IV – Thomas Bernhard : homme de théâtre 129 Hilde Haider-Pregler L'apprenti comédien 136 ARCHIVES : Wie ich Burgtheaterdirektor werden sollte / Comment j’aurais dû devenir Directeur du Burgtheater 137 Susanna Löffler « Tout un univers va s’ouvrir à toi ». L'art subtil des citations musicales chez Thomas Bernhard 143 Kerstin Hausbei Autant d’histoires en une ? Sur l’intertextualité dans La Société de chasse 149 Jürgen Doll De la banalité du mal : À propos d’Avant la retraite 156 Bernhard Minetti « Une inquiétante vitalité » 160 Claus Peymann Un travail réaliste 163 Claus Peymann Je suis la veuve de Bernhard 164 Thomas Bernhard Lettre à Claus Peymann 165 Bernard Freyd et David Warrilow Jouer Thomas Bernhard 167 Denis Podalydès Un maître et un pédagogue redoutable 171 Nicolas Bouchaud Maîtres anciens au théâtre : faire entendre une voix 174 Krystian Lupa Entretien avec Ute Weinmann V – Correspondances, filiations, modèles 183 Georges Felten À crise, crise et demie. Quand Thomas Bernhard rend pour de vrai hommage à Georg Büchner 189 Sarah Neelsen De drôles d’oiseaux 195 Jacques Le Rider Entre Karl Kraus et Thomas Bernhard, un air de famille 200 Juliane Werner Thomas Bernhard et Jean-Paul Sartre 205 Sarah Clément Répéter et inachever : Beckett et Bernhard 211 Gerald Stieg Qui est le père ? Elias Canetti et Thomas Bernhard PHOTOGRAPHIES : Erika Schmied 217 Herta-Luise Ott Une mutuelle admiration : Ingeborg Bachmann et Thomas Bernhard 222 Thomas Bernhard À Rome VI – Contre tous et à l’encontre de lui-même 225 Peter Fabjan Pour pouvoir écrire, il avait besoin de s'opposer – Entretien avec Peter Melichar 228 Lydie Salvayre Contre 230 Haggaï Linik À contre-courant 232 Elfriede Jelinek À bout de souffle 233 Petra Paterno Fulminations viennoises 235 Thomas Bernhard Déclaration 236 Fernando Arrabal Insulte à la France 238 Erika Tunner Triomphe, mascarade, scandale : les prix littéraires de Thomas Bernhard 142 ARCHIVES : Tapuscrit : Meine Preise / Mes prix VII – Éditer Thomas Bernhard 245 Thomas Bernhard et Siegfried Unseld Correspondance – Extraits 257 Rudolf Rach Thomas Bernhard dans une clairière 261 Thomas Bernhard Unseld 262 Raimund Fellinger « Un livre traduit, c'est comme un cadavre » VIII – Inspirations, influences, pastiches, réception 269 Antonio Fian Le lecteur idéal 271 Joël Jouanneau L’éclat du noir du rire 274 Noémi Lefebvre L’erreur de Schiller 277 Sylvain Prudhomme Leçon de tir 280 Alain Fleischer Dans l’épaisseur de la langue 283 Hervé Guibert À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie – Extrait 285 Josef Winkler Ange gardien des suicidés 287 Alejandro Zambra Thomas Bernhard et la littérature latino-américaine 289 Ute Weinmann Thomas Bernhard en France : un succès littéraire ? IX – Témoignages 297 Karl Ignaz Hennetmair Une année avec Thomas Bernhard 300 Peter Handke Sur Thomas Bernhard 301 Hélène Cixous « Je suis d’abord une lisante… » – Extrait 301 Karin Bergmann L'effet qu'il faisait aux femmes était flagrant 302 Krista Fleischmann Il était un cannibale 302 H.C. Artmann En pensant à Thomas Bernhard 304 Repères biographiques 307 Contributeurs 11 Avant-propos Dieter Hornig et Ute Weinmann Thomas Bernhard, romancier et dramaturge, indissolublement associé à son pays, l’Autriche, est désormais considéré comme un classique de la litté rature mondiale. On croit connaître cet impréca teur, cet écrivain du refus, du « contre ». Si Virgile a écrit une épopée pour légitimer l’Empire romain, Bernhard n’aura cessé d’écrire pour délégitimer l’État autrichien, celui de l’après-Shoah, dénonçant la torpeur de la société, son refoulement et sa mystifi cation d’un passé récent. L’œuvre tout entière relève non seulement d’une radicalité éthique mais égale ment esthétique. L’écriture est reconnaissable entre toutes, répétitive et musicale, elle happe, envoûte. Nombreux sont les témoignages de lecteurs qui, à l’instar d’Hervé Guibert, évoquent un sortilège. Le terreau de son œuvre est bien l’Autriche, la société autrichienne et son histoire bien particulière, où les créateurs littéraires ont été le plus souvent vus comme des marginaux perturbateurs qui révèlent les failles et les mensonges d’un État cherchant à tout prix à afficher une harmonie de façade. Alors que leurs grands prédécesseurs, Musil, Broch, Roth et Canetti ont vécu dans leur chair l’effondrement de l’Empire austro-hongrois, traitant chacun à sa façon la désagrégation d’un ordre ancien, les romanciers autrichiens après 1945 feront l’expérience d’une société de l’oubli qui préfère endosser le rôle de la première victime du nazisme plutôt qu’en assumer la complicité et la culpabilité. Ce sont les écrivains qui s’attaqueront dès les années 1950 à cette amnésie fonctionnelle, mythe fondateur de la seconde République, qui ne se fissure véritablement qu’à partir de 1986, avec l’affaire Waldheim qui provoque un véritable tournant dans la culture mémorielle autrichienne. L’œuvre et les prises de position de Bern hard sont exemplaires à cet égard et témoignent de son combat inlassable contre le refoulement et le mensonge. Les antihéros bernhardiens, les « hommes de l’esprit » sont tous des intellectuels, des chercheurs bourgeois ou aristocrates, ou encore des juifs assi milés revenus de l’exil, qui évoquent avec nostalgie un certain ordre bourgeois, celui de la culture vien noise fin de siècle pour s’opposer radicalement à la continuité « catholique-national-socialiste ». Sa pièce Place des héros sera l’apogée de ce combat qui traverse tous ses textes depuis le début, que ce soit en évoquant l’extermination, en donnant voix à des personnages de juifs exilés ou en créant le personnage d’un aristocrate qui fait don de son vaste domaine au grand rabbin de Vienne. D’après son ami de toujours, le diplomate Alexander von Üxküll, il avait souhaité être enterré dans un drap de lin blanc, dans un cercueil de bois brut comme les juifs orthodoxes. Thomas Bernhard, l’artiste de l’exagération, personnage à la fois charmant et cinglant, était resté fidèle à cette remarque mi-ironique, mi-mégalomane lâchée lors d’un entretien : « Rayonner ! Non seule ment mondialement, mais universellement. Chaque mot dans le mille. Chaque chapitre une mise en accusation du monde. Et le tout, une révolution mondiale totale jusqu’à l’extinction totale. » Ce rayonnement s’avère particulièrement intense en France et éclatant dans le monde du théâtre. En 1988, au moment où le scandale uploads/Geographie/ cahier-de-l-x27-herne-thomas-bernhard.pdf
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- Publié le Mar 23, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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