▬ Chapitre 48 ▬ Scolarisation des élèves déficients visuels Jacques Bermont 1.

▬ Chapitre 48 ▬ Scolarisation des élèves déficients visuels Jacques Bermont 1. Introduction Suite à loi de 20051 (loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées), les enfants porteurs de handicap en âge d’être scolarisés sont inscrits de droit dans l’école de référence, c’est-à-dire celle la plus proche de leur domicile. Cependant, en fonction des difficultés d’apprentissage, de la fatigabilité, inhérentes à leur pathologie, d’autres solutions de scolarisation peuvent être proposées à la famille. La scolarisation en milieu ordinaire devient la norme, mais si le cadre juridique existe, la réalité de l’accueil, les adaptations de l’enseignement ne sont pas toujours effectives. Ni les équipes de directions, ni les enseignants n’ont été informés et préparés à l’accueil et aux adaptations nécessaires pour favoriser les apprentissages des élèves différents, a fortiori des élèves déficients visuels. Les pages qui suivent ont pour ambition de présenter les structures scolaires et associatives qui vont permettre à l’élève malvoyant d’accéder à la scolarisation en milieu ordinaire. Certes, l’école en France est inclusive, mais le constat que je peux faire en tant que professionnel, est qu’elle l’est dans la terminologie offi- cielle depuis l’apparition des circulaires concernant les CLIS et les ULIS (classe d’inclusion scolaire et unité localisée d’inclusion scolaire). Pourtant, dans la réalité des pratiques, c’est l’intégration qui domine. Les élèves handicapés en général et 1. Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, version consolidée au 28 avril 2012 ; NOR : SANX0300217L ; www.legifrance.gouv.fr. 696 Les anomalies de la vision chez l’enfant et l’adolescent visuels en particulier doivent connaître et dominer les outils spécifiques d’acquisi- tion du savoir pour être admis et réussir dans l’école du XXIe siècle. Sans prétendre à l’universalité, ce document présente les caractéristiques des déficiences visuelles, les outils spécifiques utilisés par les élèves malvoyants, ainsi que les adaptations que l’école doit mettre en place et que doivent respecter les enseignants afin de favoriser la réussite de tous les élèves. En première partie, nous présenterons les structures de scolarisation, en milieu ordinaire et en milieu spécialisé. En deuxième partie, nous verrons les caractéris- tiques des élèves déficients visuels, les conséquences de la déficience visuelle sur la prise d’information. En troisième partie, seront présentées les compensations à mettre en place pour donner sa place au malvoyant au sein de la structure scolaire. En quatrième partie, nous parlerons des enseignants, des formations ordinaires et spécialisées. En cinquième partie, nous détaillerons les adaptations à mettre en œuvre dans certaines matières. Enfin, dans la sixième partie, nous présenterons les adaptations qui peuvent être mises en place aux examens et concours organisés par l’Éducation nationale. 2. Structures de scolarisation La scolarisation des enfants handicapés visuels peut se faire dans tous les milieux de scolarisation qui existent en France. Le choix du lieu de scolarisation est le choix des parents et de l’enfant porteur de handicap. 2.1. Milieu ordinaire Comme son nom l’indique, ce sont les écoles où vont aller tous les enfants ordi- naires de France : école maternelle, école primaire, collège, lycée général, tech- nologique ou professionnel. La fin d’étude est sanctionnée par le bac. Les élèves poursuivent en s’orientant vers l’université ou les grandes écoles, vers la recherche d’emploi, le monde du travail. La formation peut se faire en formation initiale, l’étudiant est à plein temps dans l’école ou l’université, ou par alternance. Dans ce cas, l’étudiant obtient un contrat de travail, il est à mi-temps dans l’entreprise et à mi-temps à l’université ou dans l’école supérieure. 2.2. Milieu spécialisé en inclusion Le terme « inclusion » nous vient des pays anglo-saxons ; il est la traduction d’inclusive education et remplace avantageusement le concept d’intégration. L’intégration scolaire, que l’on rencontre toujours dans les textes de l’Éduca- tion nationale et dans l’usage courant, implique que l’élève fasse l’effort afin de mériter l’accès à l’enseignement ordinaire. « L’intégration repose ainsi plutôt sur une conception individualisante (et déficitaire) du handicap, celui-ci étant lié aux manques du sujet, que l’on tente de compenser ou réparer » (Plaisance et al., 2007). Le concept d’inclusion postule que tous les enfants de France ont accès, de droit, à l’éducation ordinaire et que l’école (pris au sens large) doit faire en Scolarisation des élèves déficients visuels 697 sorte de pouvoir les accueillir et de permettre à chacun d’accéder aux savoirs, à la formation et, à terme, à l’emploi (Labbay, 2012). « Dans une perspective inclu- sive, on considère que c’est prioritairement à l’école de s’adapter pour prendre en compte la diversité des élèves, c’est-à-dire de s’engager dans une évolution des pratiques d’accueil et d’enseignement, pour permettre à tous les élèves d’ap- prendre » (Plaisance et al., 2007). 2.2.1. Classe d’inclusion scolaire (CLIS) 2 C’est une classe du premier degré implantée dans une école ordinaire. Elle accueille un maximum de 12 enfants présentant le même handicap. La CLIS est encadrée par un professeur des écoles spécialisé. Dans le cas de la CLIS DV, le professeur est titulaire du CAPA-SH option B. Il peut être assisté d’un auxiliaire de vie scolaire collectif (AVS-CO). Les élèves accueillis ne peuvent pas suivre tous les enseignements d’une classe ordinaire et bénéficient donc d’un enseignement adapté. En fonction du projet d’école, ils peuvent participer aux actions pédagogiques communes à l’école et/ou suivre certains enseignements dans les classes ordinaires, dans le cadre de décloi- sonnement. 2.2.2. Unité localisée d’inclusion scolaire (ULIS) 3 Les ULIS remplacent les unités pédagogiques d’intégration (UPI) depuis 2010. Il s’agit d’un dispositif d’accueil des élèves en situation de handicap dans un collège, lycée général, technologique ou professionnel. Ce dispositif complète les CLIS du premier degré. Il est destiné à faciliter l’accueil en milieu ordinaire des élèves en situation de handicap qui nécessitent un accompagnement pédagogique adapté, du fait de leur lenteur, leur fatigabilité ou qui relèvent de soins spéci- fiques. L’ULIS est pleinement intégrée dans l’établissement scolaire et apparaît dans le projet d’établissement. Il ne s’agit pas d’une classe avec une unité de lieu et d’inter- venant. Les élèves sont scolarisés dans la ou les classes ordinaires de l’établisse- ment correspondant à leur projet personnalisé de scolarisation (PPS). 2.3. Milieu spécialisé Les élèves qui présentent un handicap sévère ou un cumul de handicap peuvent tirer bénéfice d’un passage dans les établissements spécialisés. L’inscription se fait sur la demande des parents et nécessite une notification d’orientation de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). 2. Circulaire n° 2009-087 du 17 juillet 2009 ; NOR : MENE0915406C, www.education.gouv.fr/ cid42618/mene0915406c.html. 3. Circulaire n° 2010-088 du 18 juin 2010 ; NOR : MENE1015813C, www.education.gouv.fr/ cid52478/mene1015813c.html. 698 Les anomalies de la vision chez l’enfant et l’adolescent 2.3.1. École régionale d’enseignement adapté pour déficients visuels (EREA-DV ou ERDV) Il en existe deux en France, à Loos (59) et Villeurbanne (63). Ce sont des établis- sements publics locaux d’enseignement (EPLE) financés par le Conseil régional. Les enseignants sont nommés par le rectorat de l’académie. La tutelle est le minis- tère de l’Éducation nationale. Ces établissements accueillent les élèves déficients visuels de 6 ans à 20 ans dans des classes similaires au milieu ordinaire, mais avec un effectif réduit et une pédagogie adaptée. Ils disposent d’un internat. L’encadrement est assuré par des enseignants spécialisés. Ils sont structurés en école élémentaire, collège et lycée professionnel ; les programmes enseignés sont ceux des établissements ordinaires. Les élèves passent les examens de l’Éducation nationale : diplôme national du brevet (DNB) ou certificat de formation général (CFG), certificat d’aptitude profes- sionnel (CAP), baccalauréat professionnel (bac Pro). Les choix de formations professionnelles sont relativement réduits. • À l’ERDV de Loos, on peut suivre une formation pour préparer les diplômes suivants : CAP agent polyvalent de restauration, CAP assistant technique en milieu familial et collectif, CAP accord de piano, bac pro gestion administra- tion4. • À l’EREA-DV de Villeurbanne nommée Cité Scolaire René Pellet, on peut apprendre les métiers suivants : CAP cannage et paillage en ameublement, CAP agent polyvalent de restauration, CAPA travaux paysagers, bac pro ges- tion administration, bac pro électrotechnique, énergie et équipements commu- nicants. L’établissement est également un centre d’accueil en internat pour des élèves scolarisés dans des écoles ordinaires proches de l’EREA5. 2.3.2. Instituts pour déficients visuels Les appellations sont variées : Institution pour jeunes aveugles, Centre d’édu- cation sensorielle, Institut d’éducation sensorielle. Ce sont des écoles privées sous contrat, gérées par des associations à but non lucratif, sous tutelle du ministère de la Santé. Elles proposent un accueil pour déficients visuels, aveugles et malvoyants avec retard scolaire et rééducation. Les âges de scolarisation sont variables en fonc- tion des établissements, de 4 à 18 ans en moyenne. Les formations proposées sont restreintes et gravitent essentiellement autour des métiers du tertiaire, secrétariat, gestion, commerce, vente, etc. (Onisep, 2004). 2.3.3. Institut national des jeunes aveugles (INJA) L’INJA est un établissement à part dans le paysage des établissements de scola- risation pour les élèves déficients visuels. Cela tient à sa création en 1791, ce qui en fait le uploads/Geographie/ capture-d-x27-ecran-2021-11-25-a-19-48-50.pdf

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