Sriwanthi Thilakarathne Charlotte Charlotte regarde le quai se réduire à rien.

Sriwanthi Thilakarathne Charlotte Charlotte regarde le quai se réduire à rien. La tête au-dehors, fouettée par le vent. Dans le compartiment, une voix sèchese fait entendre. Mademoiselle, pouvez-vous fermer ? Charlotte s’exécute et s’assoit à sa place. Elle retient ses larmes en regardant défiler le paysage. Certains passagers lui parlent, elle répond rapidement. Tout faire pour propulser la conversation dans l’impasse. On doit la trouver impolie, ou même arrogante. Peu importe ce qu’ils pensent. Cela n’a plus d’importance. À la frontière française, on examine ses papiers. On l’interroge sur les raisons de son voyage. Je vais rendre visite à ma mamie malade. Le douanier lui adresse un grand sourire. Ce n’est pas difficile de jouer la gentille aryenne1. Dans la peau de ce personnage, tout est merveilleux. C’est un monde où personne ne vous crache dessus. C’est le monde de Barbara. On vous aime, on vous favorise, on vous honore. Bon courage, lui dit-on même. Le train arrive à Paris. Pendant quelques secondes, elle se laisse émerveiller. Par ce nom : Paris. Par la promesse de la France. Mais elle doit courir pour ne pas rater l’autre train. Elle y prend place tout juste à temps. De nouveau, on cherche à lui parler. Mais elle fait signe qu’elle ne comprend pas. C’est l’avantage d’être à l’étranger. Une fois que l’on sait que vous ne parlez pas la langue. Plus personne ne s’adresse à vous. David Foenkinos, Charlotte, 2014 La traduction Charlotte looks down at the dock. Head out, whipped by the wind. In the compartment, a dry voice is heard. Miss, can you close? Charlotte runs and sits in her place. She holds back her tears while watching the landscape. Some passengers speak to her, she responds quickly. Sriwanthi Thilakarathne Do everything to propel the conversation into deadlock. They must have found her impolite, or even arrogant. No matter what they think. It does not matter anymore. At the French border, we examine his papers. We ask him about the reasons for his trip. I'm going to visit my sick grandma. The customs officer sends her a big smile. It's not difficult to play the nice Aryan. In the skin of this character, everything is wonderful. It's a world where no one spits on you. It's Barbara's world. They love you, they favor you, they honor you. Good luck, they even said her. The train arrives in Paris. For a few seconds, she is amazed. By this name: Paris. By the promise of France. But she must run to avoid missing the other train. She sits there just in time. Again, they try to talk to her. But she signals that she does not understand. It's the advantage of being abroad. Once you know you do not speak the language. No one is speaking to you Glossary Se réduire – diminuer une taille (to reduce) Fouetter - (to whip) s’exécuter- se déterminer à faire quelque chose de pénible ou de désagréable (to comply) défiler – marcher en ligne (to march) propulser- actionner, mouvoir (to propel) impasse – rue sans issue, situation sans une issue favorable (deadlock) frontière - délimitation entre deux États (border) mamie – grand-mère (grand ma) douanier - agent de la douane (custom officer) Aryenne - La race aryenne est un concept, de la fin du XIXe siècle et milieu du XXe siècle, dans lequel les premiers peuples de langues indo-européenneset leurs descendants constitueraient une race supérieure. Le nazismeest l'application politique de cette idée. cracher – rejeter par la bouche, rejetter (to spit) Sriwanthi Thilakarathne Barbara – une chanteuse Emerveiller – fasciner, enchanter (be amazed, fill with wonder) Une courte histoire tragique inspirée par la vie de l'artiste juive allemande Charlotte Salomon, qui a été gazé à Auschwitz en 1943, avec son enfant à naître. Sa courte histoire tragique a été marquée par la persécution nazie, une famille remplie de suicides - y compris celle de sa mère quand Charlotte avait huit ans - et par un talent extraordinaire. Foenkinos écrit de manière saisissante sur Charlotte, en imaginant magistralement sa vie intérieure et décrivant ses réponses tout en la suivant dans des endroits «chargés de terreur». Accablé par le matériau, il « a ressenti le besoin de passer à la ligne suivante afin de respirer », de sorte que chaque phrase est donné sa propre ligne séparée. Tant d'espace sur la page transforme visuellement chaque paragraphe en strophe, tout en conférant aux mots un poids et une puissance solennels. « Elle quitte pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C'est toute ma vie.» Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche. » Charlotte est arrêtée, déportée, gazée en 1943. Le souffle de l’artiste s’éteint alors qu’elle attend un enfant, et dans ce chant d’amour et de désespoir, Foenkinos la suit jusqu’à l’insoutenable. Ces courtes phrases apportent une dimension particulière. La ponctuation finale semble suspendre le temps. Permet une respiration, un temps à la réflexion. J’ai trouvé que cela augmentait fortement l’intensité des propos. Ce long poème-prose est rempli de sincérité, d’authenticité, d’émotions, pour nous conter le destin tragique de Charlotte. Les questions 1. Qui est Charlotte ? 2. Expliquez «une voix sèchese ». 3. Expliquez « pouvez-vous fermer ? » 4. Charlotte aime-t-elle fermer la fenêtre ? 5. Est-ce que Charlotte aime parler avec les autres ? pourquoi ? 6. Selon le narrateur, qu’est-ce que les autres personnes pensent à elle quand elle les ignore ? 7. Quelle raison présente-elle à propos de son voyage ? 8. A la frontière française, comment décrit-elle la vie en france? uploads/Geographie/ charlotte-tute.pdf

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