Master : Langue française et diversité linguistique Module : Variation phonétiq

Master : Langue française et diversité linguistique Module : Variation phonétique Réalisé par: Encadré par BENHADIMA RABI Dr: M.Bahmad LA VARIATION Ch’ti UNIVERSITÉ IBN TOFAIL FACUL TÉ DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES DÉPARTEMENT DE LANGUE ET LITTÉRATURE FRANÇAISE PLAN I. II. III. 1) 2) INTRODUCTION CARTE DES LANGUES RÉGIONALES DE LA FRANCE LE PARLER CH’TI ORIGINE TRAITS LINGUISTIQUES IV. CORPUS 1) ANALYSE MORPHOLOGIQUE V. CONCLUSION INTRODUCTION « Le français », comme toutes les langues, se présente sous des visages diversifiés qui sont généralement traités à travers le terme de variation. Cette variation nous parait tout à fait logique quand il s’agit du « français » parlé hors de la France métropolitaine, alors que « Le français » parlé en France connait lui aussi des variations linguistiques. CARTE DES LANGUES RÉGIONALES DE FRANCE LE PARLER CH’TI Le ch’ti (parfois appelé ‘chti’ ou ‘chtimi’) est le nom pour le patois parlé dans la région française Nord- Pas-de-Calais, dans le nord de la France. Le ch’ti trouve son origine dans la langue d’oïl picarde et est parlé dans le bassin minier du Nord-Pas-de- Calais. Ce bassin est un endroit beaucoup influencé par l’exploitation du charbon. Bien qu’il tire ses origines du picard, les locuteurs ch’ti et ceux qui parlent une autre variante du picard ne se comprennent souvent pas les uns les autres. L ’ORIGINE DU PARLER CH’TI • • • Il existe différentes explications pour le nom du dialecte, une dit que « ch’ti » est un autre mot pour « petit » qui était utilisé par les mineurs, comme ils étaient en général de petits hommes. Mais cette théorie a été affaiblie par les Ch’ti eux-mêmes, étant donné que le mot en ch’ti pour « petit » n’est pas « ch’ti » mais « p’tit » « tiot » ou « tchiot ». L ’explication généralement acceptée est alors une autre expliquant qu’il s’agirait d’une onomatopée créé à cause de la récurrence du phonème /ʃ/ (ch-) et de la séquence phonétique /ʃti/ (chti) en picard : « chti » en picard signifiait « ceux » ou « celui ». Pendant la première Guerre Mondiale, les gens du Nord se cherchaient les uns les autres en demandant « ch’est ti, ch’est mi. » (« C’est toi, c’est moi »). Les soldats (les poilus) qui ne venaient pas de leur région leur ont appelés « les Ch’tis ». Le ch’ti n’est pas une langue mais un patois, par opposition au picard qui est une langue régionale. On dit que le ch’ti est un patois du français déformé, ou même une déformation du picard. Et comme la langue n’est pas enseignée à l’école, le ch’ti risque sans doute de disparaître. LES TRAITS LINGUISTIQUES DU PARLER CH’TI Ch'ti FRANÇAIS STANDARD OU NORME Binv'nuechés les chtis ! Bienvenue chez les chtis ! Bonjour pertous ! Bonjour tout le monde ! Bonjour mes gints ! Bonjour messiers dames ! énon N’est-ce pas Komint qu'i va ? Comment vas-tu ? Cha va tisot ? Ça va toi ? A l'arvoïure ! Au revoir ! Adé ! Salut ! Ad ttaleure ! A tout à l'heure ! Quo que Qu’est-ce que Unne bonne nuite ! Bonne nuit ! Parlotte Conversation LES EXPRESSIONS TYPIQUEMENT CH’TIS •   •      Les chtimis sont connus par le « mi » et le « ti » : « C’est toi qui as fait ça ? _ Non, ce n’est pas moi » « Ch’est ti qui a fait cha ? – non, ch’est mi » En chti les articles définis « la », « le » et la préposition « de » changent de forme : cv / vc La mienne = el’ mienne Le vôtre = el’vôte À force de = à forcheed' La négation ne-pas devient point : Non, moi je ne les prendrai pas =non, mi j’li prindrai point LANALYSE MORPHOLOGIQUE Présentation du corpus Le film Bienvenue chez les Ch’tis LE CORPUS • Nous avons sélectionné deux scènes prises du film. Nous avons choisi le moment où Monsieur Abrahms arrive à Bergues, la où il sera confronté au parlé ch’ti pour la première fois. C or pus O r i gi nal t r anscr i t du fil m C or pus en Fr ançai s St andar d PH I LI PPE : Monsi eur Bai l eul ? PH I LI PPE : Monsi eur Bai l eul ? A N TO I N E : O uai s, ch’ est mi . A N TO I N E : O ui , c' est moi . A N TO I N E : O uh vi ngt di ousse ! A N TO I N E : oh nom de di eu ! PHILIPPE : Bougez pas. Bougez pas. Vaut mieux appeler les secours. PHILIPPE : Bougez pas. Bougez pas. Vaut mieux appeler les secours. ANTOINE : Hein ? Cha va, cha va, cha va… ANTOINE : Hein ? ça va, ça va, ça va… PHILIPPE : Oh là là, j’aurais pu vous tuer ! PHILIPPE : Oh là là, j’aurais pu vous tuer ! ANTOINE : Non mais, ch’est pas grave. Cha va. ANTOINE : Non mais, c’est pas grave. ça va. ANTOINE : J’vous ai reconnu à vot’ plaque qu’est 13. Ichi ch’est 59. ANTOINE : Je vous ai reconnu à la plaque de votre voiture qu’est 13. Ici c’est 59. ANTOINE : Je vous ai fait signe d’arrêter vot’carète, mais vous ne m’avez rin vu. Mais cha va, j’ai rin, j’ai rin, j’ai rin. ANTOINE : Je vous ai fait signe d’arrêter votre voiture, mais vous ne m’avez pas vu. Mais ça va, j’ai rien, j’ai rien, j’ai rien. PHILIPPE : Votre mâchoire, vous êtes blessé là ? PHILIPPE : Votre mâchoire, vous êtes blessé là ? ANTOINE : – Hein ? ANTOINE : – Hein ? PHILIPPE : Vous avez mal quand vous parlez, là, non ? PHILIPPE : Vous avez mal quand vous parlez, là, non ? ANTOINE : Quo ? ANTOINE : Quoi ? PHILIPPE : Votre mâchoire, ça va là ? PHILIPPE : Votre mâchoire, ça va là ? ANTOINE : Non nonnon, j’ai mal à min tchu, c’est tout. Ch… chuis tombé sur min tchu, quo ? ANTOINE : Non nonnon, j’ai mal à mes fesses, c’est tout. C … suis tombé sur mes fesses, quoi ? PHILIPPE : Le « tchu » ? Ah là là ! C’est pas terrible quand vous parlez. Vous ne voulez pas qu’on aille montrer votre mâchoire à un médecin ? PHILIPPE : Le « tchu » ? Ah là là ! C’est pas terrible quand vous parlez. Vous ne voulez pas qu’on aille montrer votre mâchoire à un médecin ? ANTOINE : Non, cha va, j’ai rin, vingt de diousse ! ANTOINE : Non, ça va, j’ai rien, nom de dieu ! PHILIPPE : C’est pas meublé ? PHILIPPE : C’est pas meublé ? ANTOINE : Ah ben, l’anchien directeur, il est parti avec, hein. ANTOINE : Ah ben, l’ancien directeur, il est parti avec, hein. PHILIPPE : Bah, pourquoi il est parti avec les meubles ? PHILIPPE : Bah, pourquoi il est parti avec les meubles ? A N TO I N E : Ah ben ouais, chez les ch’timis tout le monde y pare ch’timi, hein. Y ANTOINE : Ah ben ouais, chez les ch’timis tout le monde y parle ch’timi, LE VOCALISME LA CHUTE DU « E » : • •  •  En syllabe initiale de mot, selon la norme du français parisien, le « e » précédé d’une seule consonne ne tombe pas cependant en parler chti on relève la variante qui est la chute du « e ». Exemple : Je viens de vous le dire = j’viens d’vous l’dire [ʒvjɛ̃dvuldiʁ] Exemple hors corpus : Demain matin !=d'main matin ! [dmɛ̃] LA VOYELLE NASALE •  •     Transformation des sons [ɑ̃] et [ɔ̃] en [ɛ̃] ou dénasalisation des voyelles nasales avec prononciation d’une consonne nasale : Exemple : Mon = min[mɛ̃] Exemple hors corpus : Il faut descendre à six cents mètres ! = Faut déchinde à six chintsmètes ! [fodeʃɛ̃dasiʃɛ̃mɛt] Argent = argint [arʒɛ̃] Embarquer = imbarquer [ɛ̃barke] Penser = pinser [pɛ̃se] LA SEMI-VOYELLE [W] •  •    Remplacement de la semi-voyelle « w » suivie d’un « a » en position finale de la syllabe et du mot par la voyelle o ([wa] = [o]). Exemple : Quoi = ko[ko] Exemple hors corpus : Roi= ro[ro] Froid = fro[fro] A trois heures du matin ! = à tros heures du matin ! [tro] LE CONSONANTISME •       •     L ’abondance du [ʃ] On relève une palatalisation de la fricative alvéolaire sifflante [s] en consonne chuintante post-alvéolaire [ʃ]. Exemple : C’est = ch’est [ʃɛ] Ça = Cha Ici = ichi Suis = chuis Ancien = anchien Sien = chien L ’abondance uploads/Geographie/ chti.pdf

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