Aprogemere 1 / 45 La Compagnie de Chinchon Table des matières 1. Quelques notes
Aprogemere 1 / 45 La Compagnie de Chinchon Table des matières 1. Quelques notes et analyses…………………………………………………………………… 1 2. Un itinéraire d’Aurillac à Valence …………………………………………………………….. 5 3. Crandelles berceau de la Cie de Chinchon………………………………………………….. 6 4. Bibliographie ……………………………………………………………………………………. 7 5. Liste des patronymes cités dans l’ouvrage de Rose Duroux………………………………. 8 6. Jugement du tribunal d’Aurillac sur la liquidation de la Cie de Chinchon………………… 14 7. Liste des patronymes cités dans ce jugement………………………………………………. 41 1. Quelques notes et analyses relevées sur l‘émigration cantalienne en Espagne et sur la Compagnie de Chinchon. 1.1 – Dictionnaire statistique du Cantal – 1855 - De Ribier « Le bourg de Crandelles a fourni le noyau de la fameuse société commerciale d’Espagne, dite de Chinchon , fondée au XVème siècle. Les membres qui en faisaient partie, au nombre de plus de deux cents, devaient être parents ou alliés, et l’on était admis dans la Société que sur l’approbation du conseil et du directeur. La révolution de 1793 et les troubles de l’Espagne ruinèrent et firent dissoudre cette compagnie si admirablement organisée et qui perdit plusieurs millions à cette époque. » 1.2 – Extrait de l’Annuaire statistique du Cantal de 1817 « C’est dans ce dernier (le chef-lieu de canton d’Arpajon) que se trouve le bourg de Crandelles, que son commerce avec l‘Espagne avait rendu très florissant avant la Révolution. Les bénéfices de ce commerce s’élevaient annuellement à plus de 150 000 francs ; ils étaient partagés entre 80 individus environ, qui dans les derniers temps, faisaient partie de l’association de commerce de cette commune. Cette association était connue sous le nom de Société de Crandelles ou de Chinchon, ville d’Espagne où elle avait établie son principal entrepôt. Ce Royaume comptait peu de villes considérables où il n’existait un de ces entrepôts qui fournissaient aux magasins de débit établis dans les villes secondaires. L’origine de cette société remontait à plus d’un siècle. Elle se composait exclusivement, depuis 25 ans, des fils et des gendres des sociétaires. Pour y être admis il fallait fournir une mise de 4000 francs, ou présenter une caution solvable pour cette somme. Chaque sociétaire, à tour de rôle, passait deux ans en Espagne et deux ans en France. La première campagne était de sept ans. L’époque de départ était autrefois au mois de novembre, et depuis 1792 en septembre, celle de la rentrée généralement en mars. Cette association, qui correspondait avec toute l‘Europe marchande, et qui n’avait jamais manqué à ses engagements, jouissait d’un très grand crédit. Elle reconnaissait quatre chefs, qui n’étaient cependant que les premiers parmi leurs égaux, et auxquels, à raison de leur expérience, elle confiait tous les achats et sa correspondance. La part des associés, soit au gain, soit aux pertes, était d’un quart à part entière, suivant l’ancienneté et la mise de fond. La guerre d’Espagne, en les forçant d’abandonner ce Royaume et la majeure partie de leurs fonds de commerce, avait porté un coup terrible à cette association. Et par suite, à la prospérité de la commune de Crandelles. Elle cherche de nouveau aujourd’hui à reprendre ses relations, mais elle ne peut y parvenir que lentement, et il est même à craindre que les circonstances extraordinaires dans lesquelles l‘Espagne s’est trouvée placée, n’aient influé sur son industrie, et ne s’opposent à ce que la société puisse jamais atteindre au degré de splendeur auquel elle était parvenue avant cette funeste époque. Aprogemere 2 / 45 Des observateurs ont remarqué que l‘émigration était en général une source de vices et de corruption dans les communes ; celle de Crandelles formait cependant une honorable exception sous ce rapport. Les enfants des sociétaires, conduits en Espagne vers l‘âge de 12 à 15 ans, y étaient élevés généralement par des ecclésiastiques respectables, et à leur retour, au bout de 7 ans, ils étaient véritablement distingués de leurs compatriotes par leurs mœurs, leur probité et leur bonne conduite. » 1.3 – Fonds Notariés et registres Paroissiaux. L'émigration auvergnate à l'extérieur de la province était quasiment un phénomène officiel et reconnu avec lequel il fallait compter, mais d'autres provinces en connaissaient aussi, donc ce n'est pas un phénomène seulement auvergnat, loin s'en faut. Ainsi, au XVIIème siècle, dans les années 1650, un notaire de Raulhac en Carladès, Pierre Froquière, s'occupait officiellement de la traduction des actes en espagnols et était sollicité devant les tribunaux le cas échéant (Abbé POULHES, l'Ancien Raulhac, 1903). A Aurillac, le marchand Jacques Delduc s'était spécialisé dans la traduction des contrats passés en langue espagnole dans les années 1665 (ADC E 353). Il faut savoir que la Haute-Auvergne n'assurait pas sa subsistance et que chaque année, elle devait acheter du blé en dehors, notamment au moment des soudures. Donc il fallait de l'argent pour acheter le blé et payer les impôts ! Voici ce qu'écrivait M. d'Albeiges, qui était intendant d'Auvergne, au contrôleur général des finances, en 1692 : "La plupart des Auvergnats qui vont en Espagne sont mariés. Ils ont femmes et enfants. Quand les garçons sont assez grands pour travailler, le père les mène avec luy. Tous ces gens-là ont l'esprit de retour. Ils rapportent des pièces de 4 pistoles. C'est par cette voye qu'il en entre en Auvergne et cela sert à payer la taille. Ce qui est à craindre, est qu'en sortant d'Espagne, on ne leur oste l'argent qu'ils avaient en revenant, car il ne faut pas craindre que ces gens là quittent leur pays tout à fait...". Mais l'intendant était contre cette émigration qui privait la province de ces éléments les plus vigoureux ce qui faisait par contre coup monter le prix de la main d’œuvre. Alors il avait envisagé de prendre des mesures contre l'émigration habituelle, mais des ordres contraires venant de Paris lui furent donnés par la suite et il dut abandonner son projet. Ce phénomène saisonnier d'émigration se retrouve dans la plupart des documents concernant la Haute Auvergne (actes notariés et registres paroissiaux). Avant de partir, les hommes mariés passaient procuration en faveur de leur femmes ce qui donnait à ces dernières par contre coup une importance considérable qu'elles n'avaient pas lorsque le mari était au pays. C'est pour cela que cette émigration n'avait été possible que parce que les femmes restaient au pays pour y gérer les biens des absents. 25 octobre 1601, Nicolas Laboria est chaudronnier, à Aurillac. Il va partir en Espagne et passe procuration à sa femme chez le notaire Navarre, de Yolet : « de gré par libre volonté... pour aller au Royaume d'espaigne ou il a coustume de fréquenter... a faict et a institué... procuration générale... à Giliberte Carrier, sa femme pour gerer, négocier et administrer ... pendant et durant son absence... les negoces et affaire d'icelluy... »(ADC E 75/51). Les futurs migrants faisaient aussi leur testament : 29 avril 1620 : testament de François Carrier, du lieu d'Yolet., célibataire. « Lequel...prethendant se absenter...pour quelques tems de la province d'Auvergne pour s'en aller au roiaume d'espaigne afin de gaignier sa vie...et craignant...le voiage...a fait son testament ». Il lègue en tout plus de 300 livres à son père et ses frères et sœurs. C'est beaucoup, c'est environ ce qu'il fallait avoir au XVIIè siècle pour vivre pendant une année. Jean Bancarel, du village de Boudieu, de Yolet, fait de même : 14 avril 1641 - Testament : « ... prethendans s'absenter quelques tems du pays et Royaume de France et aller au roiaume d'Espanhe pour gaigner sa vie et craignant deceder pendant un voiage... » Il laisse à ses frères et sœurs une centaine de livres. Jean Courbebaissse, teste en 1645 et sa succession s'élève à 450 livres On voit d'ailleurs un certain enrichissement d'un voyage à l'autre : Aprogemere 3 / 45 1er voyage de François Carrier - Testament d"une valeur de 40 livres environ. 2ème voyage en 1620 : la valeur est de plus de 300 livres... Il y a d'autres exemples significatifs. On trouve également trace de l'émigration dans les registres paroissiaux : A Cros de Montamat (aujourd’hui Cros de Ronesque) : 7 avril 1664 : Louis Lafon décéde en revenant d'Espagne « surpris d'un torrant de neige... ». Dans la même paroisse : Le parrain de Catherine Terry est Gabriel Lardou, qui doit cependant se faire représenter car : « qui est a presant au royaume d'espaigne ». idem en 1659 pour Pierre Terrisse. Mais on pouvait aussi mourir en Espagne... Dans la même paroisse de Cros de Montamat : le 13 octobre 1750, mariage de Raymond Froquières d'Escoubiac et de Gabrielle Rentière. Cette dernière est veuve de Jean Antoine Combier, décédé : « A Syville en Espagne, le lundi 28 juillet 1749, et fut enterré au sanctuaire de l'église paroissiale de Syville comme il m'a été certifié par Lorens de Andrare, notaire public... » notaire de Séville. A Labrousse, toujours en Carladès : décès le 31 octobre 1761 de Baptiste Courbebaisse, 30 ans, "le dit baptiste Courbebaisse marié quand il vivoit à Madrid, ville d'Espagne « ...enseveli le lendemain. » Mais si l'Espagne reste la grande destination, elle ne fut cependant pas uploads/Geographie/ compagnie-de-chinchon.pdf
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- Publié le Dec 02, 2021
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