Comté de Flandre Pour les articles homonymes, voir Flandre. Comté de Flandre 86

Comté de Flandre Pour les articles homonymes, voir Flandre. Comté de Flandre 866 – 1795 Le comté de Flandre vers 1350 Entités précédentes : • Pagus Flandrensis, Pagus Wasiae, Pagus Ganden- sis, Pagus Curtracensis, Pagus Tornacensis, pagus de Carembault, pagus Medenentensis, pagus de Pévèle Entités suivantes : • Escaut (département) • Lys (département) Le comté de Flandre a désigné autrefois un pagus carolingien, puis l'une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l'influence durement disputées depuis sa création au IXe siècle jusqu'en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, régné par la Maison de Flandre de 863 jus- qu'à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dam- pierre-Flandre, puis devenu l'une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l'un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite pro- gressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut fi- nalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid (1526) en faveur des Habsbourg d'Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le com- té cessa d'exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l'ouest de la province de Hai- naut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d'Anvers située à l'ouest de l'Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Haze- brouck, Douai,…). Carte du comté de Flandre en 1609 par Matthias Quad (carto- graphe) et Johannes Bussemacher (graveur et éditeur, Cologne). 1 Territoire Les possessions multiples des comtes de Flandre dé- passent le pagus originel de Flandre. Le territoire du com- té de Flandre ne correspond que très partiellement au ter- ritoire de la région flamande belge actuelle. Il était situé géographiquement plus à l'ouest et les provinces actuelles de Brabant flamand, d'Anvers et de Limbourg n'en fai- saient pas partie. Le comté de Flandre est traversé par la frontière linguis- tique entre dialecte thiois (Bruges, Gand, Ypres, Dun- kerque) et latin vulgaire (Tournai, Lille, Douai). La Flandre historique s’étend sur : • la Belgique, avec : • deux des cinq provinces flamandes de la Bel- gique et une partie d'une troisième : la Flandre- Occidentale (Bruges), la Flandre-Orientale (Gand), et, en province d'Anvers, l'actuelle commune fusionnée de Zwijndrecht (Zwijn- drecht et Burcht) et le district d'Anvers-Rive- gauche ; • la Flandre romane : le Tournaisis historique et la région de Mouscron (qui faisait partie du Courtraisis) qui ont été rattachés à la province de Hainaut ; • la France, avec la Flandre française composée de deux régions dont les territoires ont été annexés par la France après le siège de Lille par Louis XIV : 1 2 2 HISTOIRE • le Westhoek, de langue flamande, dans la partie nord-ouest du département français du Nord, composée du Blootland ou Plaine maritime (Dunkerque) et de la Flandre intérieure ou Cœur de Flandre avec le Houtland (Hazebrouck) et la Plaine de la Lys (Armentières) ; • la Flandre romane (Lille, Douai), région de culture flamande et d'expression picarde, ap- pelée, sous l'Ancien Régime, Flandre wal- lonne (wallon signifie roman) ou Flandre gal- licante, voire Flandre gallicane. • les Pays-Bas, avec la Flandre zélandaise (en néer- landais Zeeuws-Vlaanderen), une petite région en- clavée entre l'Escaut occidental et la Belgique, dans le sud de la province de Zélande. Les comtes de Flandre s’emparèrent du pagus Atrebaten- sis (l'Artois) au sud, mais il leur échappa en 1191. Le comté d'Artois (1237), apanage capétien, fit à nouveau partie des possessions du comte de Flandre Louis II en 1382, par héritage, mais fut acquis à la France en 1659 après bien des guerres dévastatrices. 2 Histoire 2.1 Époque romaine et haut Moyen Âge (avant 866) Du temps des Romains, le territoire du comté de Flandre, qui faisait partie de la Gaule belgique, était occupé par les Morins, les Ménapiens, par une partie des Nerviens et au sud les Atrébates. Ces peuples opposèrent une vive résis- tance à Jules César ; les Nerviens ont soutenu la révolte des Éburons en 54 av. J. C., avant de se soumettre com- plètement aux Romains. Le christianisme y fut introduit, sous Maximien et Dioclétien, par Piat de Tournai, Chrysole de Comines et Eucher de Maastricht, tous trois martyrs. En 445, Clodion le Chevelu, chef des Francs, vainqueur des Romains, en- vahit cette contrée et prit Tournai et Cambrai. À cette invasion succédèrent, en 449, les ravages d'Attila. Roi des Francs dans la région de Tournai depuis 486, Clovis Ier s’était emparé de tout le pays en 510. Sous ses descendants, le territoire fit partie de la Neustrie et fut administré par des gouverneurs dits Forestiers. Les Flandræ sont citées dans la Vie de saint Éloi, dont l'auteur, saint Ouen, est mort en 683[1]. Encore ne s’étendaient-elles à cette époque qu'à un territoire proche de Bruges. Aux temps des Carolingiens quelques familles puissantes occupaient les charges comtales et abbatiales dans la ré- gion (c'est le cas des Unrochides par exemple), mais elles n'étaient pas implantées uniquement dans la région. 2.2 Origines et accroissement du comté (866-1128) Les Baudouin fondent et développent le comté de Flandre. À partir de la région de Bruges, ils étendent son territoire en luttant contre les Normands, en cap- tant l'héritage des lignées carolingiennes et en s’impo- sant à leurs voisins. Les partages successifs de l'empire de Charlemagne (Verdun 843, Ribemont 880) et surtout les invasions normandes ont déstructuré et fragilisé cette région. Dans le royaume de France (Francia occidenta- lis, ouest de l'Escaut), le pouvoir s’est plus vite fragili- sé qu'à l'Est. L'incapacité royale à lutter contre les Nor- mands et leurs ravages[2] a entraîné la montée en puis- sance de pouvoirs locaux avec lesquels la population es- pérait pouvoir être protégée. Le principat de Baudouin V marque l'apogée de la première Flandre. Ses succes- seurs accompagnent l'essor économique qui s’appuie sur le tissage de la laine. 2.2.1 Baudouin Bras de Fer Pagi réunis pour former le marquisat de Flandre. Le fondateur de la lignée des comtes de Flandre est Baudouin Bras de Fer. Il s’agissait d'un comte fonction- naire, représentant le roi de Francie occidentale, et son comté primitif correspondait sans doute aux doyennés de Bruges, d'Oudenburg et d'Aardenburg, alors que d'autres fonctionnaires royaux se partageaient la région qui devint plus tard le marquisat de Flandre[3]. Baudouin obtint en outre, progressivement, plusieurs abbatiats dont celui de Saint-Pierre de Gand[4]. La Flandre semble avoir formé une zone de défense mari- time analogue au littus saxonicum romain. Quand les Nor- mands vinrent ravager la Francie, la tâche du comte de Flandre fut de les repousser ; les estuaires, nombreux à cette époque, et spécialement le Zwin et le Sinkfal, au voisinage desquels Bruges apparaît dès lors, étaient les refuges naturels de la petite flotte destinée à surveiller la côte[5]. Lorsque le traité de Verdun eut, en 843, donné l'Escaut pour limite au royaume occidental, Charles le Chauve re- 2.2 Origines et accroissement du comté (866-1128) 3 prit la tradition de Charlemagne, et, dans cet angle avan- cé de ses États, il constitua un gouvernement militaire embrassant, sous le nom de marche, toute une série de cantons. Ce fut l'origine du marquisat de Flandre dont le premier titulaire fut Baudouin[6]. Le titre de marquis de Flandre tombera en désuétude au début du XIIe siècle, à la suite de la disparition de ce titre dans la hiérarchie nobiliaire du royaume de France[7]. Baudouin avait enlevé en 862 la princesse Judith, fille du roi Charles. Ce rapt lui valut d'abord l'excommunication, mais, grâce à l'intervention du pape Nicolas, il obtint son pardon, probablement en 864 ; ce ne fut guère cepen- dant qu'en 866 que Baudouin fut investi de sa dignité nouvelle[8]. C'est probablement à son mariage avec Judith que Baudouin doit sa fortune. Enguerrand, comte de Gand, et Régnier, comte du Mempisque, venaient d'être disgraciés ; il est probable que d'autres fonctionnaires royaux se maintinrent quelque temps encore dans les pagi voisins. Le marquisat de Flandre trouve au IXe siècle son assise territoriale le long de la vallée de la Lys, à l'ouest de l'Escaut, entre Bruges et l'actuelle Saint-Omer. Il occupe des terres progressivement libérées par la mer qui recou- vraient en grande partie cette région jusqu'alors. Il com- prit en effet, dès sa formation, les pagi de Waes, de Gand, de Courtrai, de Tournai, le Carembault, le Mélantois, la Pévèle, et peut-être aussi une partie du diocèse de Thé- rouanne (Ternois, Boulonnais, Mempisque au sens res- treint, entre l'Yser et l'Aa). L'ancien pays des Atrébates (pagus Atrebatensis, Ostrevent, pagus Scarbeius et pagus Leticus) n'en faisait pas partie[9]. Ces pagi formant le mar- quisat de Flandre seront unis par le successeur de Bau- douin Bras de Fer. Vers le nord, les Quatre-Métiers faisaient partie du diocèse d'Utrecht, et avec uploads/Geographie/ comte-de-flandre.pdf

  • 35
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager