INTRODUCTION La modernisation de l'agriculture au sens large du terme, modernis

INTRODUCTION La modernisation de l'agriculture au sens large du terme, modernisation essentielle pour espérer un développement harmonieux et durable ne saurait se concevoir sans gestion. Mais qu'importent, dans un premier temps les méthodes et outils utilisés pour la gestion des exploitations agricoles. Ce qui est important, à la base, c'est d'être capable de connaître aussi bien que possible tous les paramètres qui concourent à la réussite des activités agricoles. L'observation et l'analyse des faits existants sont primordiales : pourrait-on proposer des choix, envisager des orientations, décider des actions en ignorant plus ou moins volontairement les réalités des unités de production ? Peut on créer des modèles originaux et adaptés, peut-on apporter des solutions concrètes et réalistes, même inspirées d'expériences étrangères, en dehors d'une connaissance précise de tout ce qui se conjugue pour une amélioration quantitative et qualitative de la production ? Nous ne le pensons pas. Non seulement il nous parait aberrant d'ignorer les composantes sociologiques, techniques, économiques et financières, non seulement il nous parait inconcevable de rejeter celles qui, à première vue, apparaissent comme des "freins", mais encore il nous semble évident que toutes doivent contribuer à améliorer les conditions de production et la production elle-même. L'objet du présent document est justement de mettre en évidence les facteurs de production puis de proposer les critères d'analyse de chacun d'eux et de leur combinaison. C'est un document charnière qui synthétise les enseignements antérieurs (socio-économiques et techniques) et introduit la formation en gestion de l'exploitation agricole. En ce sens nous le considérons comme essentiel. 1 I. GENERALITES SUR LES FACTEURS DE PRODUCTION Dans une économie de subsistance, il n'y a pas possibilité d'effectuer une véritable analyse économique : les points de référence n'existent pas car en fait la famille n'a pas d'objectif de production mais cherche simplement à satisfaire des besoins vitaux. II est difficile, voire impossible, de définir une unité économique qui n'a pas de limites spatiales (agriculture itinérante), qui consomme peu de moyens humains et matériels, qui utilise des techniques et des outils rudimentaires : cette unité de subsistance fait appel essentiellement aux potentialités naturelles et de ce fait se rapproche plus de la cueillette que des systèmes de production. En économie de marché par contre, l'amélioration de la production ne peut s'envisager sans une analyse préalable. Il faut donc mettre en place des indicateurs qui permettront de mesurer l'utilisation des moyens mis en oeuvre : terrains, main d'oeuvre, matériels, approvisionnements, monnaie etc... Comme nous le voyons il s'agit de tous les facteurs que l'on combine pour obtenir la production. Par convention on fera apparaître trois facteurs de production qui sont :  LA TERRE (ET SES AMÉLIORATIONS) ;  LE TRAVAIL ;  LE CAPITAL D'EXPLOITATION. Il ne s'agit pas là d'une classification au sens strict du terme, ni sur le plan comptable, ni sur le plan économique, mais de trois centres d'intérêt technique sur lesquels se concentrera l'action du gestionnaire. Nous décrirons d'abord ce que chacun de ces trois termes regroupe, proposerons ensuite les éléments permettant de les mesurer et analyserons enfin leur combinaison. II. LA TERRE 1. Définition. L'agriculture se singularise par l'utilisation de la TERRE. Aussi a-t-on cherché à étudier ce bien isolément, en l'individualisant par rapport aux autres biens dont dispose l'exploitant. On lui rattache cependant les autres éléments difficilement dissociables qui concernent certaines actions d'amélioration du terrain naturel. Par convention, ces autres éléments sont ceux qui sont faits à demeure et peuvent être en quelque sorte considérés comme définitifs. C'est le cas de toutes les opérations indispensables à la mise en valeur (défrichement, défonçage, nivellement etc.) ou d'opérations nécessaires à un système de production et dont l'implantation est permanente (gros travaux d'irrigation et/ou drainage définitifs, banquettes et terrasses, bassins piscicoles etc.). 2 Comme il arrive souvent en gestion, la limite entre "permanent" et "de longue durée" n'est pas toujours très nette et il appartient donc au chef d'exploitation de faire son choix pour classer telle ou telle amélioration dans le facteur terre. Nous proposons la définition suivante : La TERRE, richesse caractéristique de l'agriculture, est une partie des biens dont dispose l'exploitant, qui se compose de la TERRE proprement dite et des améliorations permanentes (améliorations foncières) qu'on lui a apportées'. Du point de vue de son appropriation il faut distinguer la terre et ses améliorations foncières appartenant à l'exploitant qui sont donc en faire valoir direct et constituent le capital foncier. Il s'agit des domaines bornés soit en propriété soit en location emphytéotique avec l'Etat. A ce capital foncier s'ajoutent les superficies exploitées selon un mode de faire valoir indirect (fermage et métayage). Pour le gestionnaire c'est l'ensemble des terres qui importe et pour en maîtriser l'utilisation, il faut pouvoir l'analyser. Mais au préalable, et c'est l'objet du chapitre suivant, il convient de rappeler les caractéristiques sociologiques, techniques et économiques de la terre. 2. Quels éléments caractérisent la terre. Nous n'entrerons pas dans le détail des caractéristiques sociologiques, techniques et économiques étudiées par ailleurs. Néanmoins, nous essayerons d'en faire un recensement aussi exhaustif que possible pour mieux appréhender l'ensemble des composantes de ce facteur. a) Les aspects sociologiques. En économie de subsistance la terre ne peut pas être considérée comme un facteur de production : elle est la "terre nourricière des ancêtres", simple support non modifiable. Dés lors s'expliquent tous les paramètres sociologiques qui subsistent, même en économie de marché. Ceci est également valable, pour les aménagements fonciers dont le caractère permanent est souvent mal perçu par la société traditionnelle. Les conséquences se répercutent au plan technico-économique : réticences à faire des aménagements ou à fertiliser, difficultés à fixer les limites d'une exploitation etc. Tout ceci est intimement lié à l'aspect législatif d'acquisition et/ou de faire valoir des terres plus particulièrement au hiatus entre dispositions légales proprement dites et coutumes. Sans développer plus avant cet ensemble de problèmes sociologiques fondamentaux dont il ne faut pas minimiser l'importance, rappelons cependant que la gestion ne peut être faite convenablement que dans un cadre précis, en répondant aux questions suivantes :  quelles sont exactement les Limites de l’exploitation ? 3  à qui appartient la terre, et qui l’utilise ?  y a t il des interdits d'ordre sociologique ? b) Les aspects techniques. La terre est l'objet d'actions techniques dont on ne dira jamais assez l'importance : elle n'est pas un simple support et le travail technique qu'on y apporte en quantité comme en qualité, est le fondement même de la réussite. . , La terre, c'est d'abord connaître les caractéristiques naturelles du terrain. Nous verrons plus loin les améliorations apportées à long terme. En ce qui concerne le court terme, il faut dans un premier temps s'attacher à observer les potentialités naturelles de façon très pragmatique : état de la végétation naturelle, aspect de la terre à la vue et au toucher, hydrographie sommaire, relief, zones d'érosion etc... De telles analyses suffisent la plupart du temps à conduire un système de production ,: ce n'est , dans un deuxième temps, que lorsque celui-ci fonctionne, qu'il faut envisager une plus grande précision dans l'étude des sols : des profils culturaux permettront d'améliorer les ^techniques de, travail du sol et la rotation, des analyses pédologiques plus ou moins fines permettront de raisonner précisément la fertilisation, seule une étude topographique rigoureuse permettra l'implantation de casiers rizicoles etc.. Ceci nous amène aux améliorations à long terme car le facteur terre, c'est aussi l'aménagement du terrain (améliorations foncières) à caractère permanent et irréversible. C'est pourquoi on devra s'assurer de l'opportunité des travaux entrepris. Parmi ceux-ci on peut citer :  des aménagements préalables à toute activité agricole tels que défrichement, nivellement, sous-solage et défoncement, réalisation de chemins d'exploitations etc.  des améliorations permanentes pour accroître la production agricole : barrage, forage, captage (irrigation, abreuvement) canal collecteur de drainage etc. De par leur caractère irréversible, ces aménagements fonciers, tout comme la terre, orientent le choix des spéculations et du système de production. c) L'aspect économique. Ce que nous appelons ici aspect économique de la terre se borne à caractériser sa valeur; nous verrons au chapitre suivant son analyse micro économique. La terre possède-t-elle une valeur ? Certainement, mais cette valeur ne se traduit pas toujours de façon monétaire. C'est d'abord une valeur affective qui relève plus du domaine sociologique que de l'économie. 4 Mais c'est aussi une valeur intrinsèque liée à la fertilité naturelle et pouvant s'extérioriser par un certain potentiel de production. On dit qu'une terre a plus de valeur qu'une autre, si on l'estime plus fertile, c'est à dire si elle donne de meilleurs rendements dans des conditions de culture identiques. Mais le marché de la terre est presque inexistant en Côte d'Ivoire et si on se place d'un point de vue purement économique on ne peut établir un coût ; il n'y a pas de valeur marchande. Ce n'est pas la terre elle même qui fait l'objet de tractations monétaires mais plutôt ce qu'elle porte (essentiellement des cultures pérennes). Les améliorations foncières, par contre, ont acquis de par les dépenses qu'on y a effectuées une véritable uploads/Geographie/ cours-de-facteurs-de-production.pdf

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