1 | P a g e Sous-Développement 2 | P a g e INTRODUCTION Un pays sous-développé

1 | P a g e Sous-Développement 2 | P a g e INTRODUCTION Un pays sous-développé est un pays dont l’économie est en retard ; c’est le cas de l’Angleterre du XVII è siècle, la France du XVIII è siècle, des Etats-Unis du XIX siècle, etc. Le sous-développement a donc toujours existé en ce sens que jamais dans l’histoire économique du monde tous les pays n’ont atteint en même temps un niveau identique de développement. Pour comprendre ce qu’est le sous-développement, il faut d’abord s’interroger sur la notion même de développement qui est une notion ambiguë. Lorsqu’un auteur parle de pays sous-développés, il le compare à celle des pays développés, considérés comme le modèle à atteindre, ce qui sous-entend l’idée d’un modèle de développement unique, celui des pays capitalistes développés. Plusieurs notions sont liées au sous-développement. A côté des pays parvenus à un stade de consommation de masse, sinon d’abondance absolue, subsistent ce que certains ont qualifié « d’immenses plages de misères, de famine, de sous- alimentation » et que Pierre George appelle « une berge maudite » sur laquelle se tiennent les ¾ des habitants de la planète. La notion de « pays sous-développé » est utilisée pour la première fois par le président américain Harry Truman en 1949, lors de son discours sur l’état de l’Union. Il y justifie l’aide que doivent apporter les pays riches aux pays pauvres afin d’endiguer la montée du communisme. C’est donc dans un contexte de guerre froide que se forge le débat sur les appellations des pays les plus pauvres. Par la suite, plusieurs dénominations vont se succéder. En 1952, le démographe et économiste français Alfred Sauvy utilise la notion de « tiers-monde » pour qualifier les pays sous-développés. Mais le sous-développement ne recouvre pas un monde homogène comme le laissait croire le concept de tiers-monde dans les années 1950 et 1960. Il regroupe les nouveaux pays industrialisés (NPI), un ensemble de pays en plein essor économique qui rattrape les pays développés, et les pays les moins avancés (PMA) qui eux s’enfoncent dans le sous-développement. Ainsi, les indicateurs de développement, comme l’indicateur de développement humain (IDH), reflètent cette grande variété de situations des pays en développement (PED). À partir des années 1950, la plupart des PED vont adopter des stratégies d’industrialisation au détriment du secteur agricole. Devant les nombreux échecs de ces stratégies, les institutions financières internationales (Fonds monétaire international et Banque mondiale) vont élaborer un modèle de développement accompagnant l’obtention de prêts pour les PED : « l’ajustement structurel ». Ce modèle libéral impose la stabilisation de la situation macroéconomique et la libéralisation de l’économie des PED (le « consensus de Washington »). Les crises financières que connaissent de nombreux pays ayant suivi ce modèle dans les années 1990-2000 amènent de nombreuses critiques. En conséquence, l’élaboration d’un nouveau paradigme du développement existe depuis la fin des années 1990 autour de plusieurs idées fortes : s’appuyer sur les institutions locales, accompagner les mesures économiques de politiques sociales et démocratiques pour accroître les libertés, refonder les stratégies de développement selon les principes d’un développement durable et, enfin, assurer une gouvernance mondiale du développement à travers des partenariats internationaux. 3 | P a g e Chapitre 1 : Définition des concepts de sous-développement et de développement Le sous-développement c’est le phénomène d’extrême pauvreté existant dans de nombreuses régions se trouvant hors du monde développé. Les régions qui connaissent ce phénomène se trouvent en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Qualifier la situation des pays ne connaissant pas de trajectoire de développement similaire aux pays occidentaux est apparu comme une nécessité lorsque, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il s’est avéré qu’une grande partie des nations du globe était de fait exclu du processus de développement, et que cette situation constituait un enjeu économique et politique. Le développement est un phénomène très récent. Il n’a concerné qu’un petit nombre de pays à partir du XVIIIe siècle lors de la révolution industrielle des pays d’Europe de l’Ouest. L’état qualifié aujourd’hui de « sous- développement » était donc la situation normale du monde avant cette époque. 1.1 Le sous-développement Compte tenu de la complexité du phénomène, plusieurs définitions existent. Certaines mettent l’accent sur la situation démographique, d’autres sur la situation économique et sur les relations de dépendance. La notion de « sous-développement » a d’abord été définie en creux, comme une situation de non-développement. Un pays « sous-développé » connaîtrait donc des blocages qui empêchent le processus de développement de se mettre en place, en particulier l’industrialisation. Lever ces blocages par des stratégies de développement basées sur l’industrialisation et la sortie de la spécialisation agricole permettrait donc de sortir du sous-développement. Ainsi, le sous-développement se définit comme l’ensemble des blocages qui empêchent le processus d’industrialisation et d’amélioration du niveau de vie de se réaliser dans un pays. Malgré le débat encore d’actualité sur la pertinence des définitions et de la légitimité de la notion, un large consensus politique et théorique s’est opéré au cours de la seconde moitié du XXe siècle sur la nécessité de sortir les pays pauvres de leur situation : structure économique et sociale désarticulée, croissance démographique vécue par plusieurs pays comme un fardeau pour la croissance, place mineure dans le commerce international. Le sous-développement est un état complexe et propre à chaque territoire, où il se manifeste par une imbrication de déséquilibres économiques, démographiques et sociologiques. Ce « non-développement n’est pas seulement dû à la domination des pays développés mais aussi à la mauvaise conduite des stratégies de développement par les Etats concernés. Selon Yves Lacoste « le sous-développement est une situation caractérisée par une distorsion durable entre croissance démographique relativement forte et une augmentation relativement faible des ressources dont dispose effectivement la population ». 4 | P a g e Le sous-développement peut s’apprécier aussi comme un retard de développement et une étape balbutiante mais préalable au « décollage » (qu’ont connue jadis, les pays industrialisés eux-mêmes (ROSTOW W. W, 1963). Mais le sous-développement ne peut se réduire au seul critère de la sous- industrialisation. La théorie des « besoins essentiels » met l’accent sur la notion de « manque » : un pays sous-développé est un pays où les besoins fondamentaux de l’homme ne sont pas couverts (alimentation, sécurité, santé, éducation…). Mais il faut aussi insister sur les fortes inégalités internes dans les PED. De ce fait, selon Sylvie Brunel, le sous-développement se manifeste par quatre critères : - une pauvreté de masse ; - de fortes inégalités par rapport aux pays développés mais aussi à l’intérieur du pays lui-même (hommes/femmes, urbains/ruraux…) ; - l’exclusion du pays du commerce international, des connaissances scientifiques mondiales… mais aussi d’une partie de la population au sein même du pays (femmes, populations rurales…) ; - l’insécurité, qu’elle soit environnementale, sanitaire ou encore politique, dans laquelle vit la majorité de la population.  L’évolution du concept de sous-développement La notion de « pays sous-développé » est utilisée pour la première fois par le président américain Harry Truman en 1949. En 1952, le démographe et économiste français Alfred Sauvy utilise la notion de « tiers-monde » pour qualifier les pays sous- développés. En faisant référence au tiers état de l’Ancien Régime, il entend dénoncer la marginalité dans laquelle se trouve ce troisième monde à côté des deux blocs en conflit et annoncer son émergence imminente en force politique mondiale : « Car enfin ce tiers-monde ignoré, exploité, méprisé comme le tiers état, veut, lui aussi, quelque chose ». C’est l’époque où les pays pauvres s’allient dans un but commun : dénoncer la logique des blocs et revendiquer leur voix dans le concert mondial des nations. Ainsi, en 1955, la conférence de Bandoeng voit naître le tiers-monde comme mouvement politique : c’est le début du mouvement des « non-alignés », voie médiane entre les deux blocs américain et russe, qui revendique un « nouvel ordre économique international » (NOEI). Cette revendication amènera la création de la CNUCED (conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) en 1964 au sein de l’ONU, qui se fait le porte-voix des revendications du tiers-monde pour un commerce plus équitable. Dans les années 1970, à côté de la notion politique de tiers- monde, l’ONU avance la notion de « pays en voie de développement » (PVD), la notion de pays sous-développé étant considérée comme trop stigmatisant. Puis, dans les années 1980, s’impose l’appellation « pays en développement » (PED) qui est censée traduire le processus de progrès économique et social dans lequel sont engagés les pays pauvres. Elle traduit la volonté d’une approche optimiste et positive du développement. La notion de PED cohabite aujourd’hui avec celle du « Sud », qui insiste sur la localisation géographique des PED en opposition avec le Nord, ou bien encore avec la notion de « pays émergent » qui insiste sur le caractère imminent de leur développement, en particulier pour les pays les plus avancés dans leur 5 | P a g e développement. La dénomination du sous-développement a donc suivi une uploads/Geographie/ cours-semestre-3-geo-206-2021.pdf

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