CNRD Entre mai et juillet 1940, la France doit faire face à un effondrement san
CNRD Entre mai et juillet 1940, la France doit faire face à un effondrement sans précédent. En deux mois, elle connaît la plus grande déroute de son histoire, l’occupation ou l’annexion d’une partie de son territoire par le vainqueur, la disparition de la République et son remplacement par un État français autoritaire et collaborateur. Dans ce contexte de chaos, des individus conservent l’espoir et veulent résister au cours des événements. Certains tentent d’éviter la défaite, d’autres, souvent les mêmes, essaient de préserver la possibilité d’une revanche. Peu nombreux enfin sont ceux résolus à faire quelque chose et à trouver les moyens d’y parvenir. Des individus d’origines très différentes et aux itinéraires personnels très contrastés se retrouvent dans la dénonciation de l’occupation et de la collaboration. Cela les conduit souvent à commettre des actes de refus, dont la forme la plus ultime et la plus délicate est la résistance. Qu’ils luttent à l’intérieur ou à l’extérieur, ceux qui franchissent le pas rompent avec leur vie d’avant pour permette à la France d’obtenir la victoire. Comment les Français, malgré la terrible débâcle de 1940, ont-ils permis à la France de reprendre la lutte ? Si je compose aujourd’hui, c’est pour rendre hommage à ces pionniers, du général dissident au paysan insoumis, en passant par la militante antifasciste ou le patriote nationaliste, qui payèrent souvent de leur vie le fait d’avoir défendu plus tôt que leurs compagnons de lutte et d’espérance la liberté et l’honneur de la France. Pour ce faire, nous aborderons l’effroyable défaite de l’armée française mais aussi les premiers refus spontanés d’une population sous le choc, avant d’évoquer les débuts balbutiants de la résistance. Enfin, nous étudierons les liens étroits entre les Français Libres et les résistants de l’intérieur. PARTIE I : L’EFFONDREMENT ET LE SURSAUT. A) Une défaite incroyable ■ Le 3 septembre 1939, en réaction à l’invasion de la Pologne, la France déclare la guerre à l’Allemagne, quelques heures après le Royaume-Uni. La France est confiante en ses capacités, c’est une grande puissance redoutée par les Allemands. L’armée française est considérée depuis sa victoire de 1918 comme la meilleure du monde ! Les chefs de l’armée sont confiants en sa capacité à « tenir le choc » comme elle l’avait fait à Verdun. La France peut également compter sur son Empire. La propagande officielle, dont le principal slogan, « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts », rassure l’opinion sur la certitude d’une victoire. ■ La rapidité de la victoire allemande en mai-juin 1940 provoque un choc dans le monde entier. C’est un véritable « traumatisme » pour les Français parce qu’aucun signe avant-coureur n’avait permis d’envisager un tel désastre : la double offensive le 10 mai 1940 (des Pays-Bas et de la Belgique + percée des Ardennes) permet à la Wehrmacht (= armée allemande) d’isoler les armées alliées bloquées dans le nord de la France. Ensuite les forces allemandes reprennent l’offensive vers le sud et franchissent la ligne de défense sur la Somme. Le 14 juin, les troupes allemandes pénètrent dans Paris. →un des exemples les plus réussis de la guerre dite « Blitzkrieg » (= guerre-éclair). B) La chute de la France et la résignation ■ Les événements de mai-juin 1940 ne se résument pas à une simple défaite militaire mais c’est un effondrement du pays, dont les conséquences sont fondamentales pour comprendre les comportements des Français et les débuts difficiles d’une résistance. EX : L’historien Marc Bloch évoque le « plus atroce effondrement de notre histoire » dans son livre L’étrange défaite qu’il écrit « à chaud » pendant l’été 1940. Il analyse la défaite pour mieux aider le pays à se libérer et à se redresser ; il exprime son attachement aux valeurs républicaines et son patriotisme, appelant la jeunesse française à combattre. En 1942 il rejoint le mouvement de Résistance Franc-Tireur. Arrêté et emprisonné à Lyon, il est fusillé le 16 juin 1944. →On voit, à travers cet exemple l’importance de « comprendre » pour « résister » ! ■ La panique gagne tout le pays, jusqu’aux plus hauts sommets de l’État! Le gouvernement de Paul Reynaud, est divisé et il perd totalement le contrôle de la situation : il quitte Paris le 13 juin et finit par se réfugier à Bordeaux. ■ l’exode La débâcle des armées s’accompagne d’un gigantesque mouvement de population (= exode), qui s’explique par la panique devant l’avancée des troupes allemandes mais aussi par le souvenir de l’invasion du nord de la France en 1914 (exactions, bombardements aériens …). L’exode de début juin est le plus important : le mouvement se transforme en sauve-qui-peut. Les convois de civils, où se mélangent toutes les catégories sociales, se pressent sur les routes menant vers le sud avec de nombreux drames (ex : enfants perdus) et les mitraillages des Stukas. En tout l’exode concerne entre sept et huit millions de personnes ! →Ainsi l’exode participe du traumatisme et crée un désir d’ordre et de paix. EX : Jean Moulin : un préfet actif au coeur de l’exode Jean Moulin est préfet d’Eure-et-Loir. Il ne fuit pas lors de l’exode et tente, en tant que serviteur de l’État, de faire face à l’effondrement du pays dans la ville de Chartres vidée de la quasi-totalité de ses habitants. Il veille à ce que les blessés soient soignés et les morts enterrés, et assure contre vents et marées le bon fonctionnement des services publics. Jean Moulin, c’est le témoignage d’un homme, animé par un sens aigu du devoir et de l’honneur, qui s’oppose à l’occupant sans être encore un résistant. ■ la possibilité d’un armistice est évoquée très tôt (fin mai !) mais ce serait trahir les Britanniques nos alliés. - le gouvernement de Paul Reynaud est divisé : certains sont favorables à un armistice (Pétain) et d’autres développent des plans pour poursuivre la lutte comme De Gaulle. Le 16 juin 1940 Pétain remplace Reynaud, il refuse de quitter le territoire car il veut négocier un armistice avec les Allemands. ■ L’armistice signée le 22 juin 1940 est un choix lourd de conséquences. ATTENTION, ce choix de l’armistice fait par Pétain répond aux attentes d’une majorité de Français ! Le gouvernement s’engage à respecter les conditions très dures imposées par l’Allemagne : contraintes économiques, administratives + démilitarisation et bien sûr occupation d’une partie de la France par les Allemands. C) Les 1° refus : le sursaut ■ Il est important de replacer les 1° refus (qui sont rares !) dans le contexte : l’opinion publique est sous le choc de la défaite et sous contrainte (occupation allemande, gouvernement de Vichy) et les préoccupations quotidiennes (survivre, se mettre en sécurité, s’alimenter, …) prennent le pas sur les préoccupations politiques. ■ Colonel au début des offensives, Charles de Gaulle devient général puis sous-secrétaire d’État chargé à la Défense jusqu’à la démission de Paul Reynaud le 16 juin. Il rejoint alors l’Angleterre. Deux jours plus tard, en un appel, il entre dans l’histoire. Enregistré vers 18 heures au siège de la BBC, l’appel est diffusé le 18 juin à 22 heures, puis de nouveau quatre fois le lendemain. Très peu entendu par les Français, il est seulement repris par extraits, le 19 juin, par de rares journaux de la presse régionale. Cet appel se place sur le terrain de la lutte et s’adresse à tous les combattants sans distinction. De Gaulle désigne cependant les responsables de la défaite : « Les chefs qui, depuis de longues années, sont à la tête des armées françaises ». Un mot, un seul, dans cet appel, éclaire le présent et l’avenir : « résistance » présentée comme une posture morale (un devoir). C’est un discours de liberté (pas politique). L’appel du 18 juin est un acte fondateur qui bouleverse autant le cours de la guerre que la vie de De Gaulle. ■ La situation de la France ne favorise pas la résistance qui se développe beaucoup plus dans des pays où l’État a été totalement supprimé (ex Pologne, Tchécoslovaquie) ou lorsque les gouvernements sont partis en exil (ex Belgique, Luxembourg, Pays-Bas). Or le cas de la France est particulier puisqu’elle est en partie occupée par l’Allemagne et que la zone sud est contrôlée par le gouvernement français qui s’installe à Vichy et qui représente une sorte de continuité de l’État. DONC résister ne va nullement de soi, surtout en zone Sud (pas le poids de l’occupation. MAIS cela n’empêche pas, dès les tous premiers jours, des gestes isolés, des sursauts de celles et ceux qui ne s’appellent pas eux-mêmes des résistants. Ex : diffusion de tracts réalisés de façon artisanale ou la multiplication des inscriptions contre l’occupant. ■ Les 1ers refus de la présence allemande en zone occupée : - Étienne Achavanne, ouvrier agricole qui sabote en solitaire le 20 juin 1940 les lignes téléphoniques reliant la base aérienne à la Kommandantur de Rouen. Les liaisons internes allemandes sont désorganisées et ce sabotage facilite le bombardement de la base par l’aviation anglaise (RAF). Il est dénoncé, arrêté, condamné à uploads/Geographie/ crnd-swann-term.pdf
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- Publié le Jul 25, 2022
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