Mlle FAYE Mbéne Sujet : La croissance conduit-elle à la convergence des Nations

Mlle FAYE Mbéne Sujet : La croissance conduit-elle à la convergence des Nations ? Le développement des statistiques nationales a permis une mesure plus précise du phénomène de croissance économique, lequel est un fait majeur de ce siècle. La croissance économique, selon François Perroux, désigne l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels. Autrement dit c’est l’accroissement durable de la production globale d’une économie. Grâce à elle, les revenus des pays se sont considérablement accrus durant l’ère industrielle. Ainsi, permet-elle un rattrapage des économies pauvres sur les économies riches ? Certains économistes considèrent que la croissance permettrait aux pays en retard de tendre vers les pays les plus développés (i), d’autres par contre remettent en cause ce phénomène de convergence (ii). (i) La croissance : un canal pour une convergence des Nations ? Les premiers économistes à avoir avancés cette hypothèse, sont Gerschenkron en 1952 et Abramovitz en 1986. Ils soutiennent que, dans certaines circonstances, les pays en retard tendent à croître plus rapidement, comblant ainsi leur retard avec les pays les plus développés. Les transferts de technologie sont l’une des raisons qui plaident en faveur de la convergence. Dans cette approche, nous avons aussi les auteurs néoclassiques tels que Robert Solow. Solow en 1956, construit un modèle qui engendre un déplacement au cours du temps de l’équilibre économique ; le niveau de l’activité devenant de plus en plus élevé. La succession d’équilibres de plus en plus stable est appelée le sentier de croissance. On est dans une économie fermée donc l’investissement est égale à l’épargne. Le taux de croissance de l’économie ne dépend pas du comportement d’épargne des agents. Son modèle est composé d’une fonction de production à la Cobb-Douglass et d’une équation d’accumulation de capital. L’accroissement de la richesse par tête n’est permis que par une accumulation du capital par tête. Mais la productivité marginale du capital est décroissante, c'est-à-dire que plus on investit du capital plus son rendement diminue jusqu’à s’annuler à l’état stationnaire. La croissance de long terme n’est possible qu’en intégrant le progrès technique. Ainsi, dans le modèle toutes les économies convergent vers un unique état stationnaire. Plus un pays est loin de cet état stationnaire, plus il va croître très rapidement. Ricardo en 1819 expose une approche économique qui souligne la possibilité d'un État stationnaire, autrement dit d'une économie sans croissance, en lien avec l'existence de rendements décroissants. Ainsi, il constate que la répartition des revenus dans l'économie va tendre à être plus favorable à la rente foncière et à l'augmentation des salaires au détriment du profit et donc de l'investissement. Cela peut ainsi conduire à l'état stationnaire. Afin de repousser ces limites (État stationnaire), Ricardo propose comme solution l'ouverture aux échanges internationaux. Avant Ricardo, Adam Smith avait déjà présenté la théorie des avantages absolus selon laquelle un pays doit se spécialiser dans la production pour laquelle il détient un avantage sur les autres. Cela signifie que le pays va se consacrer à la production dans laquelle il est le plus efficace et importer les autres produits. Va ainsi apparaître une division internationale du travail consécutive à la répartition des spécialisations entre les différents pays. Ricardo va ensuite considérer le cas d'un pays qui ne dispose d'aucun avantage absolu dans aucune production par rapport aux autres pays. Ce pays pourra néanmoins se spécialiser dans la production dans laquelle il dispose d'un avantage comparatif. La théorie des avantages comparatifs stipule donc que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle son avantage est le plus élevé, ou encore son désavantage est le plus faible et à s'ouvrir aux autres produits. De fait, les pays participant à l'échange vont tous les deux y gagner, y compris celui qui ne disposait d'aucun avantage absolu. Cette spécialisation conduit à une allocation optimale des ressources, une augmentation de la production mondiale et la réalisation d'économies d'échelle consécutives à la mise en œuvre du libre-échange. C’est William Baumol en 1986 qui fut l’un des premiers à produire des données statistiques prouvant la présence d’une convergence selon les groupes de pays étudiés. Il présente le PIB (produit intérieur brut) par tête initial des pays en 1885 en fonction de leur taux de croissance entre 1885 et 1994. Il en ressort qu’il existe une corrélation négative entre les deux variables : les pays comme l’Angleterre et l’Australie qui étaient relativement riches en 1885, ont eu la croissance la plus lente alors que d’autres pays comme le Japon, qui étaient relativement pauvres ont eu la croissance la plus rapide. Ainsi, la convergence entre les pays semble expliquer les écarts de taux de croissance, au moins pour les pays industrialisés. Néanmoins, dans les statistiques de Baumol si on prend un échantillon plus large, rien n’indique que les pays pauvres ont une croissance plus rapide que les pays riches. (ii) La non-convergence des Nations La convergence conditionnelle La convergence s’entend, ici, comme la convergence de chaque économie vers son propre sentier d’équilibre ; il n’est pas question de convergence entre pays. Mankiw, Romer et Weil ainsi que Barro et Sala-i-Martin en 1992 ont qualifié ce phénomène de convergence conditionnelle car cette convergence ne s’observe que si l’on tient compte des différences d’états réguliers. En effet, on voit bien que la convergence absolue entre pays se réalise si les pays ont le même sentier d’équilibre de long terme. Pour cela, il suffit qu’ils aient les mêmes caractéristiques structurelles (taux d’investissement, taux de croissance de la population, niveau de la technologie...) puisque ce sont ces caractéristiques qui déterminent, selon le modèle de Solow, les sentiers d’équilibre de long terme. En revanche, si les pays n’ont pas les mêmes caractéristiques structurelles, leurs sentiers d’équilibre diffèrent. Dès lors, il se peut que la croissance du pays pauvre soit moins rapide que celle du pays riche si le pays pauvre est plus proche de son équilibre de long terme que le pays riche du sien. Les études empiriques valident cette hypothèse de convergence conditionnelle, autrement dit confirment qu’il existe bien une relation inverse entre taux de croissance par tête et PIB par tête initial dès lors que sont prises en compte les différences de caractéristiques structurelles entre pays. On peut envisager que les pays pauvres s’enfoncent dans la pauvreté alors que certains pays à revenus intermédiaires rejoignent le groupe des plus riches. Par ailleurs Lant Pritchett en 1997 disait qu’il y a un million d’années, tous les hommes vivaient de chasse et de cueillette. Aujourd’hui, certaines économies sont très riches, alors que d’autres ne parviennent pas à décoller du niveau de subsistance. N’est-ce pas l’indication d’une divergence de la répartition mondiale des revenus à long terme ? uploads/Geographie/ croissance 1 .pdf

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