GUIDE DES ESPÈCES VÉGÉTALES EXOTIQUES ENVAHISSANTES (EEE) DE MARTINIQUE Photos

GUIDE DES ESPÈCES VÉGÉTALES EXOTIQUES ENVAHISSANTES (EEE) DE MARTINIQUE Photos couverture : Miconia calvescens et Pistia stratiotes © Delnatte C. GUIDE RÉALISÉ PAR LA DEAL MARTINIQUE Rédaction: Clarisse Courty et Manon Lasalle. Création graphique et mise en page: Mélanie Nancey/Le Studio Mouette Ce travail n'aurait pas pu aboutir sans l'aide de César Delnatte (ONF Martinique) et Guillaume Viscardi (Conservatoire botanique national de Martinique), un grand merci à eux. Un grand merci également aux membres du Comité français de l'UICN pour la relecture attentive : Madeleine Freudenreich, Emmanuelle Sarat, Clara Singh et Yohann Soubeyran ainsi qu'à l'ensemble des membres de l'Initiative sur les EEE en Outre-mer pour leurs corrections et contributions photographiques. Merci à l'ensemble des partenaires ayant œuvré de près ou de loin à la réalisation du guide : Conservatoire botanique national de Martinique, ONF Guadeloupe, ONF Martinique, Parc national de la Guadeloupe, Syndicat Mixte de Traitement et de Valorisation des Déchets de Martinique ainsi qu'à toutes les personnes ayant fourni les photographies. 3 4 PRÉAMBULE Ce guide décrit les principales espèces végétales exotiques envahissantes (EEE) de Martinique. Il recense 25 espèces présentées sous forme de fiches indiquant leurs carac- téristiques bio-écologiques, leurs ori- gines, leurs observations en Martinique et les mesures de gestion à entreprendre pour les maîtriser. Destiné aux gestionnaires, aux techni- ciens et aux acteurs de terrain, ce guide a vocation à proposer des techniques concrètes et adaptées à chaque EEE pour pouvoir les gérer efficacement. Cet ouvrage vise également à sensibili- ser le grand public à la problématique des EEE et permettre au plus grand nombre de les identifier et de prendre conscience de leurs multiples impacts sur les écosystèmes indigènes, l'écono- mie et la santé. 5 SOMMAIRE • CONTEXTE • QU’EST-CE QU’UNE EEE ? • CONSÉQUENCES DES EEE • VOIES D’INTRODUCTION ET PROCESSUS D’INVASION • LES EEE VÉGÉTALES EN MARTINIQUE • CADRE RÉGLEMENTAIRE • MÉTHODES DE LUTTE CONTRE LES EEE • GESTION DES DÉCHETS D'EEE ET BONNES PRATIQUES • VALORISER LES ESPÈCES LOCALES • LECTURE DES FICHES • FICHE 1 : MICONIA Miconia calvescens • FICHE 2 : PETITE CITRONNELLE Triphasia trifolia • FICHE 3 : JACINTHE D’EAU Pontederia crassipes • FICHE 4 : LAITUE D’EAU Pistia stratiotes • FICHE 5 : SALVINE GÉANTE Salvinia molesta • FICHE 6 : HYDRILLE VERTICILLÉE Hydrilla verticillata • FICHE 7 : BAMBOU COMMUN Bambusa vulgaris • FICHE 8 : LANGUE DE BELLE-MÈRE Dracaena hyacinthoides • FICHE 9 : SONDE, MISERE, RHOEO Tradescantia spathacea • FICHE 10 : VERGERETTE FAUSSE PÂQUERETTE Erigeron bellioides • FICHE 11 : LIANE MAUVE Thunbergia grandiflora • FICHE 12 : ZÈB MALTÈT Kalanchoe pinnata • FICHE 13 : TULIPIER DU GABON Spathodea campanulata • FICHE 14 : POTHOS DORÉ Epipremnum aureum • FICHE 15 : SYNGONIUM Syngonium podophyllum p.8 p.9 p.9 p.11 p.12 p.14 p.15 p.16 p.18 p.19 p.22 p.24 p.26 p.28 p.30 p.32 p.34 p.36 p.38 p.40 p.42 p.44 p.46 p.48 p.50 6 • FICHE 16 : SPATHOGLOTTIS Spathoglottis plicata • FICHE 17 : OECEOCLADES Oeceoclades maculata • FICHE 18 : ALLAMANDA POURPRE Cryptostegia madagascariensis • FICHE 19 : SAINT SACREMENT Heliocarpus donnellsmithii • FICHE 20 : COURONNE DE MARIÉE Clerodendrum paniculatum • FICHE 21 : CAOUTCHOUC Funtumia elastica • FICHE 22 : ACACIA DE SAINT-DOMINGUE Dichrostachys cinerea • FICHE 23 : SANCHEZIA Sanchezia speciosa • FICHE 24 : LONGOSE BLANC Hedychium coronarium • FICHE 25 : PEUPLIER D’AFRIQUE Gmelinea arborea • GLOSSAIRE • BIBLIOGRAPHIE • ANNEXE : TABLEAU BILAN Note : Les cartes de localisation des EEE figurant dans ce guide sont basées sur des observations. Elles ne représentent pas la répartition exacte des espèces et ne sont donc pas exhaustives. p.52 p.54 p.56 p.58 p.60 p.62 p.64 p.66 p.68 p.70 p.73 p.78 p.82 7 Schéma représentant une invasion biologique © J. Thevenot, UMS 2006 Patrinat, 31/05/2017, site internet EEE-FIF (eee.mnhn.fr) CONTEXTE TOUT AU LONG DE SON HISTOIRE, L’HOMME A MODIFIÉ LA NATURE EN IMPORTANT DES VÉGÉTAUX LOIN DE LEURS AIRES D’ORIGINE POUR DES ENJEUX AGRICOLES ET FORESTIERS ET ENSUITE POUR EMBELLIR LES JAR- DINS. À PARTIR DU XXE SIÈCLE SOUS L’EFFET DE LA MONDIALISATION DES ÉCHANGES ET DU DÉVELOPPEMENT DES TRANSPORTS, LES DÉPLACEMENTS D’ESPÈCES ET LES PHÉNOMÈNES D’INVA- SIONS BIOLOGIQUES SE SONT CONSIDÉ- RABLEMENT ACCÉLÉRÉS. Ces invasions biologiques provoquées par les espèces exotiques envahissantes (EEE) appelées également espèces invasives sont considérées comme l’une des plus grandes menaces pour la biodiversité à l’échelle mondiale. Pour les plantes, d'après Williamson & Filter (1996), il est admis que pour 100 espèces introduites dans le milieu naturel, 10 se maintiennent et 1 devient envahissante, c’est-à-dire qu’elle va pro- liférer et étendre son aire de répartition. Sur les îles, l’impact de ce phénomène est amplifié en raison notamment de la super- ficie limitée et de l’isolement évolutif qui a généré un fort taux d’endémisme (c’est- à-dire la présence d’espèces existantes uniquement sur un territoire délimité). Ayant évolué dans des milieux très spé- cifiques, ces espèces endémiques* n’ont pas développé les moyens de défense adaptés pour résister à des plantes plus compétitives. Par ailleurs, les îles sont souvent sou- mises à une pression anthropique forte en raison d'une densité de population importante, ce qui induit une dégrada- tion et une fragmentation des habitats naturels, propices à l’installation des EEE. Enfin, les milieux insulaires rencontrent également une occurrence plus élevée de catastrophes naturelles (cyclones, glissements de terrains, éruptions vol- caniques et séismes) qui peuvent pro- voquer des perturbations favorisant ces invasions biologiques. 8 QU’EST-CE QU’UNE EEE? Selon les définitions retenues au niveau international (UICN, 2000 ; McNeely et al., 2001), une EEE est une espèce introduite par l'homme en dehors de son aire de répartition naturelle, volontairement ou accidentellement, dont l'implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes, avec des conséquences écologiques, écono- miques ou sanitaires négatives. À l'inverse, une espèce autochtone est, pour une zone géographique et une période donnée, une espèce origi- naire de cette zone, ayant formé une ou des populations sans l'intervention volontaire ou involontaire de l'homme. On parle aussi d'espèce indigène. Pour la Martinique, on considère que toutes les espèces présentes avant l’arrivée des premiers européens sont autochtones. Il peut s’avérer compliqué de déterminer pour certaines espèces si elles sont autochtones ou exotiques, on parle alors d’espèces cryptogènes*. CONSÉQUENCES DES EEE Les espèces exotiques n’ont pas toutes des conséquences graves sur les écosys- tèmes dans lesquels elles s’installent. Mais certaines d’entres elles sont à l’origine d’impacts majeurs directs ou indirects. Ainsi, les EEE ont des incidences sur : • LA BIODIVERSITÉ : POUR LES ANIMAUX : en consommant les espèces locales, en entrant en com- pétition avec elles pour leurs habitats et les ressources alimentaires, en trans- mettant des maladies et en s’hybridant avec, ce qui fait disparaître à terme l’espèce autochtone. Elles peuvent également avoir un impact sur les éco- systèmes. On peut citer l’exemple de l’Iguane commun (Iguana iguana) appelé également Iguane rayé, qui d'une part menace l'Iguane peyi par compétition pour les ressources et hybridation, et d'autre part cause des dommages aux mangroves par son régime herbivore. POUR LES VÉGÉTAUX : en colonisant l’ha- bitat et en « prenant la place » des végé- taux autochtones, en ayant un comporte- ment allélopathique négatif (en diffusant des substances chimiques qui exercent des effets néfastes sur les autres plantes), en bloquant l’accès à la lumière aux espèces indigènes (ex. du Bambou qui développe des couverts très denses). SUR LA POLLINISATION : certaines EEE détournent les pollinisateurs au détriment des espèces autochtones qui ne peuvent plus se reproduire. LES CYCLES BIOGÉOCHIMIQUES : la modification de la composition des communautés végétales par les EEE peut avoir une incidence sur la captation de l’azote ou du carbone atmosphérique et avoir des répercussions sur ces cycles biogéochimiques. LA TRANSFORMATION DE LA MATIÈRE ORGANIQUE EN HUMUS : la présence d’EEE peut également avoir des inci- dences sur le processus de décomposi- tion de la matière organique et la com- position de l’humus. Une récente étude (Waller et al., 2020) a mis en évidence que les EEE favori- seraient le relargage de carbone dans l'atmosphère et contribueraient au réchauffement climatique. • LES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES : 9 Le cocotier, bien que non indigène, fait partie intégrante du paysage des plages de l’île comme à la plage des Salines à Sainte-Anne . © DEAL Martinique Ces bambous penchent dangereusement vers la route. © Parc national de la Guadeloupe • LA SANTÉ HUMAINE : Certaines EEE peuvent avoir des consé- quences pour la santé humaine : elles peuvent être urticantes, allergisantes, toxiques ou présenter des risques de coupures. Les EEE animales peuvent également transmettre des maladies (exemple de la leptospirose transmise par le rat noir (Rattus rattus) ou la salmonellose par l’Iguane commun). • LES PAYSAGES : Certaines espèces exotiques introduites depuis plusieurs siècles ont provoqué la perte de l’authenticité des paysages originels. On peut citer l’exemple du Flamboyant (Delonyx regia) et du Coco- tier (Cocos nucifera) fortement plantés par les européens au XVIe siècle ce qui a contribué à l’homogénéisation des paysages de la Martinique. • L’ÉCONOMIE : Les EEE peuvent avoir des incidences : uploads/Geographie/ deal-guidevegetal-web-md.pdf

  • 31
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager