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PAT R I M O I N E R U R A L H I V E R 2 0 14 1 9 4 +6::0,9 iJVYLZ[H\YH[PVU tJVJVUZ[Y\J[PVU TRIMESTRIEL - DÉCEMBRE 2014 - 9 € M . P . F . n ° 1 9 4 - 4 T . 2 0 1 4 X 5 M . P . F . n ° 1 9 4 - 4 T . 2 0 1 4 X Écorestauration, écoconstruction : histoire d’une renaissance L es anciens avaient un comporte- ment écologique en positionnant et concevant les bâtiments, en utili- sant les matériaux locaux bruts ou faiblement transformés, en élaborant et transmettant les savoir-faire, en se regroupant, en échangeant, bien sûr dans des conditions de vie, de temps, et de valeurs… différentes des nôtres. Si aujourd’hui, l’écoconstruction semble un concept neuf, c’est parce que depuis presque cent ans, les matériaux et les techniques issus de l’industrie ont fait fi de ces principes qui fon- daient l’art de bâtir de nos ancêtres. À l’évidence, les militants de Maisons Paysannes « éco-restaurent » depuis 50 ans les bâtisses qu’ils aiment, et nos travaux sur l’amélioration thermique des bâtiments anciens (ATHEBA) leur ont donné des clés pour rendre leur habitat plus conforme aux désirs actuels de confort thermique. Mais, il faut le reconnaître, la moderne « écologie » souffl e sur l’art de construire et d’habiter un esprit d’innovation qui renouvelle le genre… Les anciens diront : « Nous l’avons toujours dit, mais nous étions peu entendus ! ». Les jeunes diront : « Mais pourquoi avoir abandonné ces techniques… ? ». L ’essentiel, c’est que tous s’entendent pour rassembler ce qui peut encore l’être des savoir-faire traditionnels et pour poursuivre intelligemment cette évolution millénaire des techniques de construction et des pratiques. Un impératif reformulé : respecter les trois principes du développement durable, qui sont la rentabilité économique, le bénéfi ce social et l’équilibre de l’environnement. Petit tour d’horizon des savoir-faire, des labels, des enseignements, des acteurs, des formes d’entraide et des exemples stimulants ! M . P . F . n ° 1 9 4 - 4 T . 2 0 1 4 X 5 DOSSIER Bref historique et paysage actuel de l’écoconstruction Écorestauration, écoconstruction Si l’histoire est un perpétuel recommencement, la construction n’échappe pas à ce principe. Quoi qu’il en soit l’ecoconstruction poursuit inexorable- ment son chemin de renaissance tout en (re)dévoilant de plus en plus ses multiples intérêts. Une révolution à petit pas Le développement de l’écoconstruction s’est fait parallèlement à la prise de conscience écologique, et plus particulièrement à ce qu’on appelle l’écologie humaine : prise de conscience du fait que l’homme, par sa croissance et ses acti- vités (habitat, agriculture, industrie, pêche..), est devenu un facteur écologique majeur. A la fn des Trente Glorieuses Le début des années 70 marque une accélé- ration de cette prise de conscience : mai 68, TEXTE : JEAN-PAUL GLEIZES - MARGUERITE-MARIE POIRIER - PHOTOS : JEAN-PAUL GLEIZES rapport du Club de Rome, rapport Meadows, conférence de l’ONU à Stockholm, avec son slogan « penser globalement, agir locale- ment » sont autant d’étapes déterminantes. La crise pétrolière de 1973 ou le syndrome du bâtiment malade (mis en évidence par exemple par le scandale de la mousse urée formol) en sont des concrétisations percep- tibles par le grand public. Mouvements parallèles Alors vont se développer distinctement, bien que parfois de façon imbriquée, deux mouve- ments qui concourent au changement des Dans ce dossier, nous utiliserons le terme écoconstruction en englo- bant tout naturellement l’écores- tauration, puisqu’aussi bien, ces activités procèdent du même esprit, reposent sur les mêmes principes et utilisent quasiment les mêmes matériaux. Nous vous proposons en p.24 un tableau des structures actuelles de l’écoconstruction en France. Les chantiers participatifs sources d’intelligence collective • HQE : Haute Qualité Environnementale • BBC : Bâtiment Basse Consommation • Fiches FDES : Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire • Biomatériaux : appelés par les techniciens à présent « biosourcés » Glossaire : mentalités. D’une part, l’action institution- nelle produit des réglementations thermiques successives, des référentiels (HQE, BBC…), des fches FDES, des labels, des aides et plus récemment le Grenelle de l’Environnement. Et d’autre part, l’action que l’on peut qualifer de « militante » est menée par des pionniers, des auto-constructeurs et des associations : architecture bioclimatique, utilisation des matériaux de proximité tels que la terre et les déchets agricoles comme la paille, chan- tiers participatifs, formations, publications… Maisons Paysannes est bien représentée chez ces passionnés, au rang desquels fgurait bien sûr Jean-Pierre Oliva. Le Grenelle de l’Environnement consacre la reconnaissance des « biomatériaux » (art.4 de la loi du 3/8/2009) et entraîne un rapproche- ment des deux courants qui essayent désor- mais de faire le chemin ensemble, comme le montrent certains articles de ce dossier. Abondance de bonnes causes Aujourd’hui, on accède à l’éco-construc- tion et l’éco-restauration via des entrées très variées, toutes légitimes : on y vient pour des motivations de santé humaine et de mieux être, de proximité avec la nature, de réduc- tion des coûts de construction, de défense des entreprises et matériaux locaux, de philo- sophie alternative, de renouveau des coopé- rations citoyennes et solidaires, de valorisa- tion individuelle et d’épanouissement créatif, d’économies d’énergie, de droit au logement pour tous … Dès lors, le paysage d’ensemble est difcile à brosser, et la diversité des struc- tures ne nous y aide pas. Si l’on ajoute à ce foisonnement la difculté pour les profession- nels de se situer dans les nouveaux métiers de la construction écologique, on comprend la nécessité d’étudier attentivement ces mouvements qui ont déjà des conséquences tangibles dans le monde du bâtiment. Dans les années 70, de nombreuses publications alternatives prônent des modes de vie et d’habitat ecolo- giques Les « bibles » de l’ecoconstruction La terre et ses enduits fers de lance du Développement Durable 8 X M . P . F . n ° 1 9 4 - 4 T . 2 0 1 4 M . P . F . n ° 1 9 4 - 4 T . 2 0 1 4 X 9 DOSSIER Écorestauration, écoconstruction Du torchis au terre-paille : une évolution moderne et prometteuse TEXTE : AYMONE NICOLAS, NICOLAAS OUDHOF, OLIVIER SCHERRER (ECOTERRE SCOP), ALAIN MARCOM, MARY JAMIN, THIBAULT CHASLERIE ET ALII (INVENTERRE SCOP). L ongtemps, le torchis, grand-père du terre-paille, a abrité les humains. As- sembler des pièces de bois, des végé- taux et de la terre argileuse a été une des premières activités humaines. Quand Jules César envahit la Gaule, tous les Gaulois habitent dans du torchis. Jusqu’à la Révo- lution, en France, c’est le mode constructif urbain le plus répandu. C’est entre la Renais- sance et la fi n du XVIIIe siècle, du fait de la pénurie du bois et des risques au feu, que le torchis cède la place aux constructions en pierre massive/terre. constructifs conventionnels : ressources en terre à bâtir abondantes, ressources en bois et en paille largement disponibles et renouvelables, savoir faire aisément transférable, très faible énergie incorporée, fi xation de carbone, forte intensité sociale, confort d’été, confort d’hiver, correction hygrométrique, recyclabilité à 100 %… Une famille de matériaux Le mélange terre-paille fait partie, comme le terre-copeaux de bois, ou le terre-minéraux légers, de la famille des terres allégées. Ce terme français, seule traduction acceptable du terme allemand Leichtlehmbau, évoquer les matériaux de remplissage mis au point dans les années 30, – à l’époque des écrits de Bachelard – en Allemagne et en Europe. Il dé- signe le caractère composite et contemporain de ce matériau, souvent comparé à d’autres bio-sourcés comme le chaux-chanvre ou la botte de paille avec enduits terre. Le terme « terre-paille » est peu disert sur les propor- tions des deux composants, alors que là réside la richesse de ce matériau, dont la densité peut varier de 250 à 1 200 kg/m3. Car il s’agit bien d’alléger la terre, en l’utilisant à l’état de barbo- tine argileuse enrobant les composants fi brés Une solution pour réduire l’impact écologique Aujourd’hui, nous consommons chacun-e beaucoup plus d’énergie qu’il y a deux siècles et nous sommes sept fois plus nombreux sur la planète. Consommer moins relève de la conscience individuelle. C’est aussi disposer de solutions économiques. La construction en terre-paille est une pro- position fi able pour construire en impactant beaucoup moins l’environnement que les modes (paille de blé dur ou d’orge le plus souvent). Cette utilisation liquide de la terre distingue nettement le terre-paille des autres techniques de construction en terre « lourde », comme la bauge, le pisé ou la brique de terre crue. Comment le terre-paille répond-il aux enjeux actuels ? Les atouts sont multiples tant sur le plan constructif, économique, environnemental que social. En premier lieu, en tant que ma- tériau banché, le terre-paille peut être utilisé dans différents systèmes de structure bois (poteaux poutres, ossature bois), en éléments coffrés en place (murs, cloisons, planchers, Un matériau de l’ombre et de la lumière, composé de grains et de fi bres alliant intimement l’humide et le uploads/Geographie/ dossier-ecorestauration-ecoconstruction-extrait-de-maisons-paysannes-de-france-194-hiver-2014.pdf
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- Publié le Jan 21, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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