Dossier Energies Marines Renouvelables FACE A L’OBJECTIF 2020, LE SERPENT DES M
Dossier Energies Marines Renouvelables FACE A L’OBJECTIF 2020, LE SERPENT DES MERS EMERGERA-T-IL ENFIN ? Lorsqu’il présente, en novembre dernier, son pro- gramme de développement des énergies renouve- lables, Jean-Louis Borloo s’attarde sur les énergies marines... Il se dit même, dans les couloirs du mi- nistère, que lorsqu’on lui présente les différentes PPI (programmations pluriannuelles des investisse- ments pour l’électricité, le gaz et la chaleur, toujours en attente de parution officielle), il interroge : « et les énergies marines ? ». Nouveau fantasme d’un ministre d’Etat plus "écolo" que nature ? Pas seule- ment. Les engagements européens seront difficiles à réaliser, nul n’en doute, et toutes les pistes sont à envisager pour atteindre l’objectif français d’une part de 23 % pour les énergies renouvelables dans la consommation d’énergie à l’horizon 2020. Le BIP et ENERPRESSE se sont penchés sur la question. Dès mars 2007, l’Ifremer lance, avec les principaux acteurs institutionnels, industriels et scientifiques, une réflexion prospective sur les énergies marines renou- velables à l’horizon 2030, qui s’achève au printemps 2008. Les conclusions sont présentées en octobre à Brest où se tient la 2ème conférence internationale sur les énergies marines renouvelables et font l’objet d’un livre publié en début d’année, dont deux des auteurs, Michel Paillard et Denis Lacroix, nous présenteront dans notre prochaine édition les tenants et aboutis- sants. Simultanément ou presque, les Pouvoirs publics lancent le Grenelle de la Mer, dont l’un des groupes de travail, le n° 2, a pour vocation d’évaluer les ressources énergétiques du domaine maritime. PAS DE PÉTROLE MAIS UN POTENTIEL IMPORTANT EN ÉNERGIES MARINES Si la France n’a pas de pétrole (et très peu de gaz), en tant que nation maritime, elle dispose d’un poten- tiel important pour exploiter les sources d’énergie ma- rine. La mer est un milieu riche en flux énergétiques qui peuvent être exploités sous différentes formes : l’éolien offshore, l’énergie des vagues (houlomotrice), l’énergie des courants, l’énergie thermique des mers grâce à la différence de température entre les eaux de surface et les eaux profondes, l’énergie marémotrice liée au flux et reflux de la marée ou encore l’énergie osmotique (voir en pages Documents). « Disposant du second potentiel d’Europe pour l’hy- drolien et l’éolien marin, d’une excellente ressource houlomotrice et de grandes étendues marines tropi- cales, la France peut jouer un rôle important en re- cherche comme en développement », observe l’Ifremer en introduction de son étude. Pourtant, dans le Gre- nelle de l’Environnement, cet éventuel potentiel n’a pas été pris en compte. Le "Comop Energies Renouvelables" a identifié, rap- pelons-le, l’équivalent de 20 millions de tonnes équi- valent pétrole d’énergies renouvelables à créer pour parvenir à l’objectif de 23 % d’ENR dans la consom- mation d’énergie fixé par l’Union européenne à l’hori- zon 2020 (contre 10 % en 2005). Il a cherché à la répar- tir entre les différentes filières, mais sans tenir compte des énergies marines, hormis l’éolien en mer, pour le- quel un objectif de 6 000 MW en 2020 a été fixé, ce qui permettra une production de 18 TWh, soit l’équivalent de la consommation domestique (chauffage compris) de 8 millions de Français. A venir : ●●●Entretien avec Michel Paillard et Denis Lacroix, ingénieur et chercheur à l’Ifremer, deux des auteurs de l’étude prospective à l’horizon 2030 publié aux Edi- tions Quae - Annexe : une première plate-forme d’es- sais en mer au large des côtes des Pays de la Loire ●●●Le rôle de l’Ademe - Document : la Commission recommande le déploiement à grande échelle de l’éo- lien en mer ●●●EDF, en haut de la vague/Total : la technologie pétrolière au service des vagues et des courants ●●●Entretien avec Philippe Gouverneur, directeur d’Enertrag, Président de la commission offshore du Syndicat des Energies Renouvelables ●●●La Réunion sa lance dans l’énergie thermique des mers ●●●Microalgues : le nouvel or vert ? BIP N°/ 1 Dossier Energies Marines Renouvelables UNE PART DE 7,7 % EN 2020 ? L ’Ifremer a voulu aller plus loin. Sachant qu’en l’état actuel des technologies et des développements, l’ob- jectif 2020 sera difficile à atteindre, il s’est demandé qu’imaginer de plus pour y parvenir. D’où sa réflexion prospective sur les énergies marines renouvelables. A l’arrivée, un scénario "normatif", intégrant des hy- pothèses concrètes et équilibrées de réalisations fait ainsi apparaître « un apport net possible des énergies marines de 1,5 million de tonnes d’équivalent pétrole (Mtep) par an (17,2 TWh/an) pour l’horizon 2020, ce qui représente 7,7 % des 20 Mtep d’augmentation de la production d’énergie renouvelable », estime l’Ifremer. Dans ce scénario, ces 7,7 % se décomposeraient en 5,2 % pour l’éolien marin et 2,5 % pour les autres énergies marines. En tonnes, cela équivaut à 1,5 million de tep au total, 1 Mtep pour l’éolien offshore, 0,5 Mtep pour les énergies marines autres que l’éolien offshore. Un blog dédié ●●● Sous l’adresse, http//energiesdelamer.blog- spot.com, un blog publie tous les jours des articles sur le sujet. C’est à la demande de 3B Conseils, bureau d’études et cabinet conseil spécialisé dans la commu- nication technique et financière que Francis Rousseau, ancien journaliste de LIBÉRATION puis de RADIO FRANCE, crée, en août 2007, ce blog qui compte aujourd’hui, nous précise-t-il, 950 lecteurs quotidiens. De cette veille internationale de plusieurs mois, il retire l’impression qu’il est bien dommage que la France n’ait pas encore fait le choix de ces énergies marines, alors qu’elle a été « au départ des choses » : c’est en effet un industriel français, Georges Claude, qui, le premier, démontra la faisabilité de l’énergie thermique des mers à Cuba, en 1930, avec ses propres deniers. Mais la France a ensuite laissé tomber, et ce sont les Américains qui ont pris le relais en 1979 à Hawaï. Pour Francis Rousseau, les actions, en France, sont encore loin des intentions affichées... DES MESURES DE SOUTIEN INDISPENSABLES Malgré un développement soutenu de ces filières "ma- rines" dans quelques autres pays d’Europe et dans le monde, aucun dispositif, hormis en éolien marin, n’a encore été qualifié au niveau industriel. Il est donc en- core temps, pour la France, de prendre une place dans ce marché en devenir tout juste émergent. Reste à ce que soit mis en place un dispositif de soutien, qui pas- sera forcément par une augmentation du tarif d’achat de l’électricité produite de cette façon. Certains l’ont bien compris qui, comme la Grande-Bretagne, offre 275 euros le MWh, alors que le régime français pro- pose timidement 150 e. Le développement de ces filières est bien évidemment aussi lié à la recherche et à l’innovation, à l’arrivée d’investisseurs pour développer la production. Depuis le grand "show" qu’a été la deuxième conférence inter- nationale, les initiatives se multiplient. La manifesta- tion de Brest a été l’occasion pour plusieurs régions françaises (Basse-Normandie, Bretagne, Haute Nor- mandie, Pays de la Loire, Région Paca, La Réunion et Rhône-Alpes) de créer, aux côtés du Meeddat, de l’Ademe, de l’Ifremer, d’EDF et de DNCS Ipanema, Initiative Partenariale nationale pour l’émergence des énergies marines. Quelque 70 autres entités se sont de- puis montrées intéressées pour rejoindre les 12 signa- taires fondateurs. Le groupe de travail ainsi fondé a pour mandat de pro- poser les modalités rendant accessibles le développe- ment des énergies marines renouvelables et en parti- culier étudier la pertinence et la faisabilité de créa- tion d’une structure d’envergure nationale, à vocation de recherches et d’essais, sur le sujet. Les conclusions sont attendues dans les semaines qui viennent. UNE ÉVOLUTION D’IMPORTANCE POUR L’ÎLE DE LA RÉUNION Brest a aussi été l’occasion pour DCNS et la région Réunion de se rapprocher autour d’un projet commun : une étude de faisabilité en vue de l’implantation d’un démonstrateur énergie thermique des mers, qui a été officiellement lancée le 7 avril. Pour l’île, le challenge est tout autre qu’en métropole, son objectif étant d’être autosuffisante en énergie à l’horizon 2025, un objectif lancé officiellement dès 1999 par le président de ré- gion Paul Vergès. Laurent Gautret, directeur technique d’Arer, l’agence régionale de l’énergie de la Réunion, nous explique les enjeux dans ce dossier. Pour les industriels que nous avons pu interroger, d’autre part, le sujet "énergies marines renouvelables" n’est pas qu’un gadget de plus. EDF, qui a été pré- curseur dans ce domaine, en exploitant la seule usine marémotrice (ou presque) du monde à La Rance, en Ille-et-Vilaine, se propose aujourd’hui d’aller plus loin et d’installer entre 2011 et le début 2012 une première hydrolienne au large de Paimpol-Bréhat, dans les Côtes d’Armor, avant de se pencher sur la perspective d’exploiter l’énergie des vagues. Total, pour sa part, est actif dans deux expérimenta- tions, l’une dans le domaine de l’énergie de la houle et BIP N°/ 2 Dossier Energies Marines Renouvelables des vagues, au large de l’Espagne, l’autre dans le do- maine de l’énergie des courants marins, dans les îles Orcades, en Ecosse. Le groupe réfléchit d’autre part à l’énergie thermique des mers. Enfin, Alstom, on l’a vu (CF. BIP DU 29.05) vient d’annoncer le lancement d’une offre hydraulienne. Le consortium a conclu un accord exclusif de licence mondiale avec Clean Current uploads/Geographie/ dossier-energies-marines-renouvelables.pdf
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- Publié le Jui 26, 2022
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