L’immigration berbère en France L’actualité sur la question de l’intégration de

L’immigration berbère en France L’actualité sur la question de l’intégration des populations d’origine étrangère, est aujourd’hui dominée par des sujets amenés sur l’espace public par des Français issus de l’immigration nord-africaine. Ils réinterrogent la société explicitement ou par des comportements ou des attitudes, sur des sujets liés au manque ou au déficit de l’intégration individuelle : - échec scolaire et surreprésentation dans les statistiques du chômage - discriminations subies dans l’accès à l’emploi, au logement, au loisir… - recherche de valeurs (notamment religieuses) liée à l’affaiblissement de l’attractivité des valeurs républicaines, sur des sujets liés au fait qu’il existe en France des communautés sociologiques qui ont des besoins et des demandes en souffrance dans notre république : - besoin de prise en compte des cultures et langues d’origine, comme éléments d’apport légitime du paysage pluriculturel français, au titre du principe de traitement égalitaire dû à chaque citoyen - prise en compte et organisation de la pratique cultuelle C’est le modèle traditionnel de l’intégration individuelle des personnes, qui se confronte ainsi à la réalité d’aujourd’hui où l’existence de la diversité culturelle et le nombre des personnes à intégrer impliquent que de nouvelles modalités de vivre ensemble soient débattues. Au même moment où ces débats envahissent la société médiatique, dans la quotidienneté se tissent des histoires qui amènent à des processus d’intégration – qui tout en acceptant l’expression des différences- essaient de reconstruire du lien social sur le principe de la confiance. C’est l’histoire des associations franco-berbères, qui agissent lentement mais sûrement pour inscrire la légitimité de ces nouveaux citoyens dans un rapport de confiance qui ne nie rien, autant sur les dynamiques identitaires et culturelles, que l’action socio-éducative interculturelle et l’implication citoyenne. Qui sont ces français de culture et d’origine berbère ? ✓ ✓ ✓ ✓ Données quantitatives Les berbérophones constituent l'une des plus importantes communautés d'origine étrangère en France. Confondus dans l'ensemble de l'immigration maghrébine, les berbérophones font partie, dans la catégorisation courante, de la population dite maghébine. Le critère de la nationalité tend à accentuer cette indistinction puisque les berbérophones en France sont d'abord décomptés comme Algériens, Marocains, voire Tunisiens et... Français. L'instrument juridique de la nationalité ne permet donc pas de cerner cette population. Rappelons aussi que les recensements de la population en France ne s'intéressent pas à la langue maternelle des enquêtés. Aussi est-il assez difficile d'avancer des chiffres précis quant au nombre de berbérophones en France. Tout essai de quantification de la berbérophonie en France ne peut donc être qu'approximatif. Ce qui est sûr, c'est que l'immigration maghrébine vers la France (et l'Europe) a d'abord été berbérophone, aussi bien à partir de l'Algérie que du Maroc : les foyers d'émigration les plus anciens sont la Kabylie (dès le début du siècle) et le Souss (après 1945). Ces régions ont été rejointes par d'autres zones berbérophones à date plus récente : les Aurès pour l'Algérie, le Rif et la province Orientale pour le Maroc. Les berbérophones d'origine algérienne C’est la Kabylie qui a fourni les premiers contingents d’immigrés nord-africains. Le mouvement migratoire externe commence après l’insurrection de 1871 et devient significatif au début du siècle. En 1914, on compte déjà 13 000 Algériens en France, dont plus de 10 000 sont originaires de Kabylie. La première guerre mondiale, par la mobilisation et la réquisition de travailleurs coloniaux, va accentuer cette mobilité et l'étendre à tout le territoire algérien : durant la période 1914 – 1918, 240 000 Algériens sont mobilisés ou requis. Aussi, après 1920, l'émigration algérienne sera-t-elle plus diversifiée dans son origine et moins nettement kabyle. Elle atteint 212 000 personnes en 1954, dont une bonne moitié est kabyle : on avance à cette date le chiffre de 120 000 Kabyles. Après l'indépendance, le mouvement migratoire va s'accélérer ; de ± 350 000 personnes en 1961, on atteint ± 900 000 en 1975, après les décisions algérienne (1973) et française (1974) d'arrêter l'émigration-immigration. Cette population semble avoir légèrement baissé ces dernières années puisque les sources officielles françaises l'évaluent maintenant à moins de 750 000 personnes. Mais le code de la nationalité française, qui reste l’un des plus libéraux d’Europe, explique en partie cette diminution. Aux immigrés "classiques", il faut évidemment ajouter les nombreux Kabyles (et leur descendance) ayant acquis la nationalité française à date ancienne, soit par obtention du statut civil français avant 1958, soit par option en 1962 à l’indépendance de l’Algérie. Au total, la population d'origine algérienne en France doit avoisiner les deux millions et demi de personnes1, dont la nette majorité est désormais de nationalité française. Sur ce chiffre, une proportion de 30 à 40 % doit être berbérophone : une estimation de l'ordre d’un million de berbérophones d’origine algérienne – en majorité de Kabylie – est certainement un seuil minimum. Les berbérophones d'origine marocaine Au Maroc aussi, les régions berbérophones sont des foyers anciens et importants d'émigration, en particulier le Souss (région d'Agadir), le Rif et la province "Orientale". Ce sont les Chleuhs du Souss qui initient le mouvement de départs vers la France. Le phénomène démarre à partir de 1945, mais reste faible jusqu'à l'indépendance. Il s'accélère très rapidement après 1960 et avoisine actuellement les 450.000 personnes. Bien que dans la dernière période, l'émigration se soit étendue à tout le territoire marocain, avec une forte proportion de néo-urbains et d'originaires des plaines arabophones, les régions berbérophones ont continué à fournir une part considérable de ce flux (probablement près de la moitié). Dans le seul Rif, on dénombrait 100 000 émigrés en 1975, en majorité installés en France, mais aussi en Belgique, aux Pays-Bas et en RFA. Ainsi, d'après les sources les plus récentes (Otten & De Ruitter 1993), 70 % des 170.000 Marocains vivant aux Pays-Bas sont des Rifains ! Pour la France, on admettra qu’une petite moitié (40 à 50%) de l'immigration marocaine est berbérophone, soit un total d’environ 250.000 personnes sur la base des chiffres officiels. Au total, le nombre de berbérophones en France doit donc se situer aux alentours de 1.250.000 personnes et de deux millions si l’on considère simplement l’origine, composés pour 3/4 de berbérophones d'origine algérienne et pour 1/4 de berbérophones d'origine marocaine. Sur cette population, une nette majorité est de nationalité française et cette proportion va en augmentant avec le temps par l’effet mécanique de l’intégration. Autre indice de la berbérophonie en France : la délégation générale aux langues de France (ministère de la culture) estime sur son site internet qu’il y a en France environ 700 000 personnes parlant le berbère (550 000 le Kabyle et 150 000 le tamazight du Maroc) et 1,1 millions de personnes parlant l’arabe maghrébin. 1 Certains observateurs l’évaluent même à trois millions d’individus. Identitairement les Français d’origine nord-africaine se répartissent schématiquement en deux sensibilités qui transcendent les origines nationalitaires : - les populations dont la langue maternelle ou des parents est l’arabe maghrébin, qui se dénomment Arabes, et sont communément désignés sous le terme générique de BEURS - les populations dont la langue maternelle ou des parents est le berbère (plusieurs variantes), qui se dénomment Berbères, et sont souvent désignés sous le vocable réducteur de kabyles. uploads/Geographie/ l-x27-immigration-berbere-en-france 1 .pdf

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