LES ACTIVITES INFORMELLES EN CONTEXTE DE CRISE SANITAIRE : ENTRE VULNERABILITE

LES ACTIVITES INFORMELLES EN CONTEXTE DE CRISE SANITAIRE : ENTRE VULNERABILITE ET RESILIENCE Par Dr Fati HOUSSAÏNA, Enseignante/Chercheuse, Histoire économiques et sociales Université de Maroua (Cameroun) Contrôleur adjoint au Ministère des Marchés Publics Professeur des lycées d’enseignement général Tél. : (237) 6 76511897/ 698881370, E-mail : housfatoumar@yahoo.fr B.P. : 755 FALSH/Département d’Histoire Axe 4 : aspects économiques et de gestion Résumé : Cet article vise à mettre en exergue l’impact de la covid-19 sur la vie économique. Les difficultés auxquelles font face les opérateurs du secteur informel ainsi que les méthodes de contournement feront l’objet de ce travail. L’avènement de la covid-19 va accroitre la vulnérabilité de certaines activités notamment informelles. Face à cette situation, de nombreux camerounais vont perdre leurs activités et se retrouveront au chômage. Une catégorie va muter d’activités et l’on va assister à la naissance d’une activité ; une autre catégorie va trouver des moyens de contournement afin de continuer dans leurs activités, malgré les interdictions gouvernementales. C’est donc par une méthode d’observation et de collectes de données recueillies auprès de nombreux opérateurs du secteur informel que ce travail a bien pu être mené. Les résultats obtenus montrent que malgré les mesures restrictives prises par le gouvernement, les camerounais ont trouvé d’autres moyens pour survivre à cette crise. Au-delà d’une analyse du problème de la survie en contexte de crise sanitaire, nous proposons des solutions pouvant être capitalisées non-seulement au Cameroun, mais aussi dans certains pays du monde. Les résultats de ce travail proviennent de l’observation, des sources orales et écrites. Mots clés : Activités informelles, crise sanitaire, vulnérabilité, résilience. Abstract: This article aims to highlight the impact of covid-19 on economic life. The challenges faced by informal sector operators and the methods of circumvention will be addressed. The advent of covid-19 will increase the vulnerability of certain activities, particularly informal ones. Faced with this situation, many Cameroonians will lose their activities and find themselves unemployed. A category will mutate into activities and one will witness the birth of an activity; another category will find ways to bypass them in order to continue in their activities, despite government bans. It is therefore through a method of observation and data collection collected from many informal sector operators that this work has been carried out. The results show that despite the restrictive measures taken by the government, Cameroonians have found other ways to survive this crisis. Beyond an analysis of the problem of survival in the context of a health crisis, we propose solutions that can be capitalized not only in Cameroon, but also in some countries of the world. The results of this work come from observation, oral and written sources. Keywords: Informal activities, health crisis, vulnerability, resilience. INTRODUCTION L’épidémie de coronavirus (COVID-19) a été déclarée comme pandémie mondiale le 11 mars 2020 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L’Afrique Subsaharienne, longtemps épargnée, a connu son premier cas le 27 février 2020 au Nigéria. Le Cameroun, 2ème pays le plus touché d’Afrique Subsaharienne après l’Afrique du sud a déclaré son premier cas le 06 mars 2020. Pour empêcher la propagation du coronavirus, le Cameroun a pris certaines mesures (13) en date du 17 mars 2020 (Kakdeu et Kamdem, 2020 : 4). Ces mesures ont d’ailleurs été complétées en avril de la même année. Les acteurs du secteur informel et les salariés non protégés sont les personnes les plus vulnérables face à cette crise. Tandis que la vulnérabilité désigne la propension d’une entité à souffrir de changements, la résilience se rapporte à sa capacité à se réorganiser face à ces changements (Folke et al., 2007 ; Turner et al., 2003). C’est dans cette logique de vulnérabilité et de résilience que s’inscrit ce travail qui étudie les activités informelles en contexte de crise sanitaire. Cette dernière constitue une situation particulière, parfois difficile à gérer en termes d’information des usagers et de leur participation à la gestion de la crise. Il se pose ainsi le problème de résilience des acteurs de ce secteur face aux mesures édictées par le gouvernement. Autrement dit, comment les acteurs de ce secteur ont réussi à s’en sortir dans un contexte où il devenait difficile de vaquer normalement à ses occupations ? De cette problématique, découlent plusieurs hypothèses de recherche : le recours à la délinquance est une alternative aux mesures gouvernementales face à la crise ; la mise sur pied de nouvelles activités est un palliatif ; d’autres moyens de contournement comme la ruse sont une manière pour les acteurs du secteur informel de contrecarrer les décisions étatiques. Il s’agit en première partie de faire une analyse de la vulnérabilité des acteurs du secteur informel et en seconde partie, nous verrons un plan de redynamisation des acteurs de ce secteur. C’est par une méthodologie de collecte des données recueillies auprès de certains informateurs que nous avons pu mener à bien cette étude. Une étude empirique et exploratoire a permis de mieux appréhender le niveau de vulnérabilité de ces activités et de constater par-là que la vulnérabilité diffère d’une activité à une autre. Une rencontre permanente avec les opérateurs du secteur informel, nous a servie dans la réalisation de ces travaux et a permis d’aboutir au résultat selon lequel la mise sur pied de nouvelles activités et la pratique sous-marine des anciennes activités malgré les mesures restrictives du gouvernement, sont un palliatif à la situation qui sévit au Cameroun. I- ANALYSE DE LA VULNERABILITE DES ACTIVITES DU SECTEUR INFORMEL Du latin vulnus, vulneris (la blessure) et vulnerare (blesser), le vulnérable est, selon le dictionnaire Larousse, celui « qui peut être blessé, frappé », « qui peut être facilement atteint, qui se défend mal ». Le terme a pour synonymes « fragile » et « sensible ». La vulnérabilité convoque, comme l’a montré Hélène Thomas, deux notions : la fêlure d’une part (la zone sensible, fragile, par où arrivera l’atteinte) et la blessure d’autre part (qui matérialisera l’atteinte) (Thomas, 2010 : 43). La vulnérabilité désigne ainsi « une potentialité à être blessé » (Soulet, 2005 : 24). Les activités informelles quant à elles sont celles qui font partie du secteur informel. On peut dire dans le cadre de ce travail qu’elles désignent un ensemble de métiers de production, de services ou de distributions détenues soit par un individu (entreprise individuelle), soit par des entreprises de petites tailles. Elles sont plus ou moins reconnues par les institutions étatiques parce qu’elles réussissent parfois à se dissimuler. En contexte de Covid 19 pourtant, ces activités deviennent plus vulnérables qu’elles ne l’étaient déjà et ceci à cause de la précarité ou du statut non officiel qu’elles occupent. Il est difficile d’énumérer toutes les activités vulnérables de ce secteur, juste quelques-unes seront prises en exemple. Nous n’allons pas mettre de côté l’aspect genre dans cette première sous-partie étant donné qu’elles font partie de la population vulnérable la plus touchée. A- Décryptage de la vulnérabilité du secteur informel en période de crise L’un des secteurs les plus touchés est le transport en commun, notamment celui des engins à deux roues communément appelé « moto taxi » et les taxis à proprement parler. Outre les mesures restrictives d’entrée et de sortie du territoire national, des mesures limitant les déplacements internes ont également été prises. A ce titre, un système de régulation des flux des personnes a été instauré dans tous les établissements recevant du public, ajustant les horaires d’ouverture et de fermeture, respectivement à 6h00 et16h00. Dans la même veine, les usagers ont été invités à effectuer des déplacements urbains et interurbains qu’en cas d’extrême nécessité. Les opérateurs du secteur des transports en communs (conducteurs de bus, de taxis d’opep1 et de mototaxis) ont été appelés de manière coercitive à éviter des surcharges dans les transports publics, sous le contrôle des Forces de 1 Au Cameroun, l’opep désigne des véhicules qui très souvent, effectuent des lignes qui sont dans les périphéries du centre-ville ou encore, même si elles sont dans la ville, elles sont difficilement accessibles ou moins fréquentées par des taximen. Maintien de l’Ordre (Tene Prisca et Olinga Joseph, 2020 : 3). Cette situation a davantage mis à mal l’activité qui était déjà précaire avant les mesures restrictives. Les acteurs de ce secteur pour la plupart vivent au quotidien c’est-à-dire rationnent en fonction de la recette du jour2. Pour maximiser leurs revenus journaliers, les chauffeurs de taxi et les conducteurs de moto préfèrent procéder par la surcharge. Ainsi, le véhicule prévu pour cinq places peut servir pour sept places et les engins à deux roues prévus pour deux personnes peuvent alors servir pour trois, voire quatre places. Les voitures d’opep quant à elles vont jusqu’à neuf places alors qu’elles ont également une capacité de cinq places y compris le chauffeur. Ces pratiques qui existaient bien avant l’arrivée du Covid-19 était une conséquence des difficultés que rencontraient les chauffeurs de transport en commun. Depuis le mois de mars, ces mesures ont commencé à être appliquées et les opérateurs du secteur ont très tôt commencé à ressentir les effets des mesures prises par uploads/Geographie/ article-ucac.pdf

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