CORRESPONDANCE DE NICÉPHORE GRÉGORAS SOCl&ri FRANÇAISB D'IMPRIMERI. D'ANGlIBS,
CORRESPONDANCE DE NICÉPHORE GRÉGORAS SOCl&ri FRANÇAISB D'IMPRIMERI. D'ANGlIBS, 4, Rn G.uuun, ANGERs. -- COLtEC-TJCfN BYZANTINE publiée sous le patronagt( de ['ASSOCIATION GUILLAUME EUDE CORRESPONDANCE DE NIC~PHORE GR~GORAS TEXTE ÉDITÉ ET TRADIDT PAR R. GUILLAND Docteur ès lettres. PARIS SOCIÉTÉ D'ÉDITION Il LES BELLES LETTRES D 95, BOULEVARD RASPAIL 1927 Tous droits réservés. A MONSIEUR CHARLES DIEHL Membre de l'Institut. Hommage de très respectueuse reconnaiuance. INTRODUCTION l LA VIE ET L'ŒuVRE DE NICÉPHORE GRÉ GORAS. Nicéphore Grégoras est l'un des écrivains les plus grands du XIVe siècle Byzantin. Sa vie nous est surtout connue par ce qu·n nous en dit lui-même, dans son œuvre et dans sa correspondance, en partie l'une et l'autre encore inédites aujourd'hui1• Grégoras naquit à Héraclée de Pont vers 1295. TI perdit~ tout jeune, ses parents, et fut élevé par son oncle maternel, Jean, évêque d'Héraclée. Celui-ci lui donna les premières notions de l'instruction «( ency- clopédique », et, voyant les heureuses dispositions de son neveu, l'envoya, à vingt ans, à Byzance pour y parfaire ses connaissances. Grégoras entra en relations avec le Patriarche Jean Glycys, savant grammairien et rhéteur, qui l'initia surtout aux études grammaticales, et avec le Premier ministre d'Andronic II, le Grand Logothète, Théodore Métochite, le plus grand savant peut-être du· XIVe siècle Byzantin. Métochite se prit d'affection pour Grégoras; il lui enseigna la philosophie, lui fit lire Aristote et l'initia à l'astronomie, qui était alors presqu'ignorée. Grégoras, pour témoigner à Méto- chite sa reconnaissance, se fit le précepteur bénévole de sa fille Irène et de l'un de ses fils, Nicéphore. 1. Je me permets et suis obligé de renvoyer pour la vie et l 'œuvre de Grégoras à mon étude: Essai sur Nicéphore Grégoras. L'horrune et l'œuvre. IfICBPROU GRÉGOlU.S f Il INTRODUQTION Grégoras avait vingt-sept ans. Métochite le présenta à Andronic II, souverain médiocre mais prince éclairé et protecteur des lettres et des science SI. Grégoras fit l'éloge de ce dernier en un discours très fleuri, qu'il a inséré dans son Histoire2• Andronic II honora, dès lors, Grégoras de son amitié. Pour mettre fin aux murmures des courtisans, le souverain voulut nommer son protégé Chartophylax ou Archiviste du Patriarcat3• Grégoras, arguant de sa jeunesse et de son inexpérience, refusa et adressa à cette occasion un nouveau discours à l'empe reurl• Grégoras se consacra alors tout entier à l'étude. Il avait déjà écrit plusieurs ouvrages: un « Éloge de sa patrie », ouvrage perdu5, et, vraisemblablement, son premier ouvrage, et différentes œuvres de circonstance: Exercices préparatoires (n poyu p. v&:ap.a:ta.), par lesquels on formait à cette époque le futur rhéteur: Déclamations, comme celle-ci : « Les Lacédémoniens et les Thébains se sont portés contre Platées. Les Platéens leur députent des envoyés, car ils estiment qu'il n'y a pas lieu de faire la guerre »8; Éloges, comme l' « Éloge de l'amandier »7, Réfutations, comme la « Réfutation de ceux qui pré tendent qu'il n'y a pas d'humilité chez l'homme »8; Dia logues philosophiques, comme le C( Philomathès » 9 , Suppliques, Prières fictives, Introductions de chryso bulles, de sigillia, de testaments, tous o.puscules Grégoras COIJlID.ence à être connu : il est en relations avec le moine Joseph le Philosophe, le savant thessa- 1. Ch. Diebl, Hist. de l'emp. byz., p. 194. 2. Grég., Hist., VIII, 9. 3. Id., id., id. 4. Id., id., id. 5. Lettre 7 à Démétrios Cavasilas. 6. Cod3 Vatic. gr. 1086, 67v-74v. 7. Id., 46v-49v. 8. Id., 49v-54r. 9. Bezd., pp. 356-364. 10. Cod. Vatic. gr. 1086, 210r-217v. INTRODUCTION III lonicien Thomas Magistros, Nicéphore Chumnos, Théo lepte, métropolite de Philadelphie, Andronic Zaridas, Démétrios Cydonès, etc. En 1324, grâce à la protection d'Andronic II, Grégoras exposa devant une assemblée 1 de savants sa « Méthode pour fixer la date de Pâques »1. Tous l'approuvèrent, mais pour des raisons politiques et religieuses, Andronic II ne donna aucune suite à la réforme. Les idées de Grégoras ne devaient triompher qu'en 1578 avec Grégoire XIII. Cette période est l'une des plus fécondes de la vie de Grégoras. De cette époque datent son opuscule « Sur la grammaires D, deux Éloges d'Andronic II, l'un, où Grégoras loue le Platonisme de l'empe reurs, l'autre, écrit en dialecte ionien, où il célèbre l'intelligence du souverain', une étude sur « la construc tion de l'astrolabe »5, et un ouvrage d'une plus grande étendue, entrepris vraisemblablement sur l'initiative de Métochite, le Commentaire dû traité des Songes de Synésios8• De cette époque datent également la plupart de ses ouvrages hagiographiques, presque tous inédits : Vie de Cauléas7, de Michel le Syncelle8, de Théophano9, de Basilissa10, Éloge de saint Démétriusll, de Mercurell, 1. Grégoras l'a insérée dans son Histoire, VIII, 13. TI l'envoie aussi à ses amis, comme le Philosophe Joseph et Démétrios Cava silas. 2. Édité sous le nom de Manuel Moschopoulos, avec ses E,tê- mata, Bâle, 1640, pp. 255-257. 3. Bezd., pp. 364-369. 4. Id., pp. 369-372. 5. Cod. Par. gr. 2409, 18v-23r. 6. Migne, P. G., t. 149, coll. 521-64:2. 7. Id., t. 106, coll. 177-182, latin seulement, sous le nom de Nicéphore. 8. Isvestia, Inst. Arch. russe de CP. 1906, 260-279. 9. Mém. Ac. Sc. St-Pétersb., VIlle sér., III, 2 (1898) 25-45. 10. Cod. Hamilton gr. 453, 89r-95r. 11. Cod. Angelic. gr. 82, 43r-51r. 12. Id., 51r-55r. IV INTRODUOTION martyre de Codrail , Panégyrique de ConstantinB• Gré- goras est dès lors un personnage connu. Andronic Il l'e.nvoie en ambassade en Serbie, en 1326, auprès du tsar Étienne Detchanski a. Sur les instances de ses amis Grégoras ouvre des cours de philosophie et d'astronomie: il étudie Platon, Aristote et Ptolémée. Il goûte à la célébrité. Mais le malheur fond sur Jui à l'improviste: le 24 mai 1328, son protecteur, .A.ndronic II, est obligé d'abdiquer en faveur de son petit-fils, Andronic III, Théodore Métochite est exilé, et son oncle Jean d'Héra- clée meurt. Abattu par ces malheurs, Grégoras se retire chez lui TI écrit la Vie de Jean d'Héraclée, encore inédite'. Il étudie l'œuvre de Ptolémée, et en, particulier les H ar- monîques, qu'il complète et commente5 • Les événements. le forcent, du reste, dès 1329, à sortir du silence où il voulait vivre.. Il réfute de stupides prophéties parvenues à Byzance sous forme de lettres, venant d'Italie et de Colchide', et il commence sa lutte contre les faux savants ou sophistes. A cette époque, il se lie d'amitié avec Jean Cantacuzène, premier ministre d'Andronic III, qui devait devenir quelques années plus tard son ennemi le plus acharné après avoir été son ami le plus intime. En 1330 arrivait à Byzance le moine calabrais Bar- laam. C'était un savant, qui avait étudié la philosophie, la théologie surtout occidentale et les sciences. C'était avant tout un intrigant. Barlaam possédait assez bien la langue grecque. Il voulut essayer de supplanter à Byzance Grégoras et Métochite qui, pour des causes 1. Migne, P. G., 149, coll. 506-521. 2. Cod. Hamilton gr. 453, 8r-62v. 3. Grégoras a raconté cette ambassade dans la lettre 12 à Zaridas, qu'il a insérée en grande partie dans son Histoire, VIII, 14. 4. Cod. Par. gr. 3040, 3r-17r. 5. Cod. Vatic. gr. 185, 69r-201r. 6. Lettre 19 à Pépagomène, reproduite en partie dans l'Histoire, XI, 11. INTRODUCTION v diverses, se condamnaient au silence. Barlaam provoqua Grégoras à un débat public, que celui-ci finit par accep ter et qui tourna à la confusion du Calabrais. Grégoras nous l'a raconté dans son Dialogue, intitulé cc Floren. lios »1. Ce succès accrut encore la notoriété de Grégoras. Sa renommée s'étend au-delà des murs de la capitale; il reçoit alors le surnom de Philosophe, qui devait lui rester, sa vie durant. De ce-t:te époque datent l' c( Ex posé des calculs relatifs aux éclipses solaires d'après Ptoléméel et le cc Comput Pascal »3. Le 13 février 1332, Andronic II, devenu le maine Antoine, mourait dans le plus complet dénuement, et, un mois après, le 13 mars, s'éteignait à son tour Théo , dore Métochite. Grégoras prononça l'oraison funèbre :dn. BGUV.,ain' et du ministrei et composa une courte jpitaphe en l'bonneur 4u second', L'ann ée suivante, en ;2'4tas nt l'occa sion de montrer à Andronic III ,.,,!3nt: Xénè, la mère de l'empereur, venait .. .... .;Grigoras adressa au Basileus un discours IjJIlIpr le: OOtlsa}ér de 80B malheur 7 , mais il y faisait surtout lOB éloge. Grégoras est désormais très en faveur à la CoUr, et l'on fait appel à lui dans les cas délicats. Au début de 1334, par exemple, le pape Jean XXII, ayant envoyé à Byzance deux. légats pour traiter de l'éternel problème de l'union des deux Églises, Grégoras fut choisi pour leur répondre. Il conseilla de ne pas entrer en relations avec les légats, et son avis prévalut8• Gl'égoras est presque à l'apogée de sa gloire. Il est en 1. Éd. A, Jahn, Jahns Jahrb. Supplmtbd 10 (1844) pp. 485-536. 2. Cod. Marc. gr. 325. 3. Cod. Par. gr. 2494, 122v. 4. Hist., IX, 1. 5. Hist., IX, 2. 6. Ed. S. J. Mereati, Sulle poesie di Nice/oro Gregora. Estratto dal Bessarione, 1918. 7. Hist., X, 6. 8. Hist., uploads/Geographie/ ed-guiland-correspondance-de-nice-phore-gre-goras-pdf.pdf
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- Publié le Nov 07, 2021
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