R. MICHALIAS ESSAI DE GRAMMAIRE AUVERGNATE AMBERT IMPRIMERIE J. MIGEON 1907 ÈLÉ

R. MICHALIAS ESSAI DE GRAMMAIRE AUVERGNATE AMBERT IMPRIMERIE J. MIGEON 1907 ÈLÉMENTS ABRÉGÉS DE GRAMMAIRE AUVERGNATE Du même auteur Èrs dc lous Suts (Chants des Montagnes) 1904 avec lettre préface de F. MlSTRAL Pour paraître prochainement : Ers dc païsaij (Chants de paysan) (suite aux « Chants des Montagnes ») Et : Couptis pcr rcirc Contes amusants, suivis de Maréjoutou î o i?o batuito ep lc bialaáe (Margoutou! Ou une bataille au village) Scènes burlesques de la vie rustique par 1'.... J., revue, corrigée et adaptée R. MICHALIAS ÉLÉMENTS ABRÉGÉS DE . GRAMMAIRE AUVERGNATE — DIALECTE des Environs d'Ambert (Puy-de-Dóme) C.I.D.O.) BÈZIERSj AMBERT IMPRIMERIE J. MIGEON 1906 FONS MIQUÈU CAMELAT CIRDOC CAB 469 PRÉFACE En entreprenant la tâche ardue, parfois malaisée, de rassembler et d'exposer les principes élémentaires de notre dialecte, c'est comme un hommage et un dernier salut que je rends à ce parler qui va mourir et que peut-être nos descendants rìentendront plus. Si j'aime notre langue, irrévérencieusement qualifiée de « patois » et trop injustement dédaignée de ceux qui l'ignorent, c'est qu'elle me rappelle les prcmiers souvenirs de mon enfance et semble me rattacher par un lien plus intime au sol de la petite patrie; mais je l'aime aussi, dans sa rudesse na'ìve, pour sa concision, sa verdeur, sa malice narquoise et sa pittoresque orìginalité. Toutefois, mes efforts de grammairien improvisé seraient restés stériles si je rìavais eu pour me guider la " Grammaire Catalane " de M. FouiXHÈ DEI.BOSC , professeur à l'Ecole des hautes études commerciales, ainsi que les encouragements et les conseils de mon excellent ami et savant linguiste J. RONJAT. Que ces collaborateurs reçoivent ici mes sincères remerciements pour la part due à chacun d'eux. A mes Comŷatriotes romanisants, A tout le " Félibrige " dòdie ce livre. R. M. CHAPITRE I PRONONCIATION I. — ALPHABET 1. — L'alphabet de notre dialecte peut se composer des mêmes lettres que l'alphabet français, à l'exception de x qui se prononce invariablement s. Ex. : estroudinàri, extraordinaire. esamen, examen. II. ACCENTS 2. — II y a deux accents, l'accent aigu et l'accent grave; ces accents ne peuvent être placés que sur une voyelle tonique. (Voir § 22.) 3. — L'accent aigu peut être placé sur les voyelles e, 0 : il en indique le son fermé et les transforme en voyelles toniques. 4. — L'accent grave peut être placé sur les voyelles a, e, 0, qui se prononcent alors avec un son plus ouvert, fortement appuyé, et deviennent voyelles toni- ques. — 10 — III. VOYELLES LEUR PRONONCIATION 5. — Les voyelles so'nt : a, e, i, 0, u, y. 6. — a se prononce de deux manières : 1° Avec un son légèrement voilé mais assez sembla- ble à celui de Va ordinaire français. Ex. : ama, aimer; clar, clair; sa, sel. II0 Avec un son assourdi, intermédiaire entre a et 0; il constitue la terminaison du participe passé des verbes en a de la première conju- gaison, au masculin singulier, et correspond à Ve' fermé du participe français des verbes en er. II est tonique et ne s'élide pas devant les voyelles. Si l'on considère que sa prononciation le rappro- che de l'a, principalement dans la région Nord du Livradois, et que toujours il se change distinctement en a, au féminin singulier des participes, lorsqu'il devient voyelle tonique de l'avant dernière syllabe, il serait bon d'adopter, pour le représenter, le signe â qui. avertirait le lecteur du changement et de la différence de prononciation. Ex: eifranlhá, déchiré, eifranlhado, déchirée. C'est la notation que nous appliquerons au cours de cet abrégé. — II — II est à remarquer, d'ailleurs, que dans notre dialecte, le son net de Va français, ne se répète deux fois de suite, comme dans ama, aimer, que très exceptionnellement, et que les deux sons a et â alternent presque toujours dans le même mot et souvent même dans deux mots consécutifs. C'est ainsi que l'on doit écrire et prononcer : nâda, nager; bràma, crier. lá prado, la ŷrairie; las prádas, les prairies. 7. — e se prononce de quatre manières : 1° Avec le son de Ve muet français et s'élidant comme lui devant une voyelle. Ex.: Vene embei se, Je viens avec. lui, se prononce : Ven' embei se. II0 A la fin de quelques mots, avec une émission de voix muette encore, mais d'un son très appuyé; il ne s'élide pas devant les voyelles. Cette prononciation accentuée le rapproche du son eu du que français, et on pourrait ainsi l'écrirc eu. Cependant il s'écrit plus ordinairement et (e insonore). Ex.: Aquet, cc; aret, bélier; bouret, taureau; chalet, lampe; cheudelet, échaudé; det, doigt; foulet, vent en tourbillon; set, soif; soulet, seul; vet, il vient, etc, ainsi que tous les — 12 — mots correspondants des mots français en et: chapelet, valet, etc. De même qu'en français, cette terminaison donne ordinairement à l'ad- jectif un sens diminutif. 111° Avec un son très ouvert, marqué par l'accent grave, comme dans le mot français, clientèle. Ex.: barantèlo, écervelée; redèlo, il rouie. IV0 Avec un son très fermé, marqué par l'accent aigu, comme dans les mots français obéré, effarc. Ex. : badarè, niais. Remarque : e, suivi de m ou de n se prononce inva- riablement comme im, in, français. 8. — o se prononce de trois manières : 1° Avec un son très ouvert, comme dans les mots français port, effort. Ex.: ort, jardin; eipor, cloison. II0 Avec un son plus fermé, comme dans les mots français chose, sot. Ex.: drole, garçon; pelharot, chiffonnier; i\o,feu. 111° Avec un son plus ouvert, dans les mots qu'il termine, et où il représente la désinence féminine; il correspond à Ye muet féminin — 13 — français. Dans ce cas, il est toujours atone et s'élide devant les voyelles. Ex.: Aquelo drolo ei gento e bravouno — Cette jeune fille est jolie et aimable, qui se prononce : Aquelo drol' ei gent' e bravouno. g. — i, y, se prononcent comme en français, sauf qu'à la fin de certains mots ils peuvent devenir atones, lorsqu'ils sont précédés d'une syllabe tonique et former ainsi un mot grave. (Voir § 23). Ex.: armàri, armoire; bàrri, mur Loy, Louis (prononcez : Lo-ye.) 10. — u se prononce comme en français, sauf pour la diphtongue décroissante au, dans laquelle il se prononce ou. Ex.: fau, hêtre, se prononce faou, monosylla- bique. Dans la diphtongue décroissante èu, l'u a une prononciation en quelque sorte pro- longée, euu, et qu'il est impossible de repro- duire exactement. Ex.: jèu, jeudi. IV. CONSONNES LEUR PRON'ONCIATION 11. — Les consonnes se prononcent généralement comme — 14 — leurs correspondantes françaises , sauf les exceptions suivantes : i° ch se prononce tch ou ts. Ex.: chabro, chévre, se dit tchabro ou tsabro. 12. — 2° g clonx et j, se prononcent dj. Ex.: ge ou gi, ýas, fioint, se prononce dge, dgi; geire, se coucher, se prononce dgeire. jài, coq, se prononce djài. Jo, Job, se prononce Djo. 13. — c, k, q, devant i ou u, se prononcent t, mouillé. Ex.: quaucu, quelqu'un; eicu, écu, se pro- noncent quautiu, eitiu. kiloumètre, kilomêtre, se prononce tiloumètre. quienze, quinze, se prononce tienze. de qus, les uns, se prononce de tius. aqui, là, se prononce ati. g devant u, se prononce d. Ex.: dengu, nul, personne, se prononce dendu. On doit du reste considérer ces prononciations comme absolument défectueuses et les bannir du dialecte écrit : 14. — c, d, 1, n, q, t, prennent le son mouillé devant u. Ex.: dilu, lundi; anu, aujourd'hui; nut, nuit; tu, tu, se prononcent diliu, aniu, niut, tiu. 15. — 1, placé devant h suivi de a, e ou de 0 prend le son mouillé. Ex.: eifranlha, déchirer; eifranlhe, je déchire; fèlho, feuille; ilho, elle; filho, fille. - 15 — 16. — Les deux consonnes sifflantes labio - dentales f, v, lorsqu'elles sont suivies de la voyelle i, prennent toutes les deux (avec une Jégère différence entr'elles cependant), un son analogue à celui de Vh aspiré français. On obtient très exactement le son de chacune de ces deux lettres, en les prononçant sans appuyer l'éxtrémité des dents supérieures sur le bord de la lèvre inférieure, ainsi que l'exige la prononciation française deiy"etduz>. ' Ex.: Filho, tiâ de fio, se prononce assez exactement : Hilho, tiá de hio — Petite, allume du feu. Beilo me un virre de vi, se prononce à peu près : Beilo m'un hirre de hi — Donne-moi un verre de vin. Vido, vie — hido. Avio, il avait — àhio, etc. Remarqueí Cette prononciation est plus spéciale aux habitants de la rive gauche de la Dore, dans le bassin du Livradois. CONSONNES CHUINTANTES 17. — On appelle chuintantes les consonnes c, ss ct s dur qui prennent le plus souvent, devant la voyelle i, lc son voisin, mais adouci, de ch français; de même pour s doux qui se prononce à peu près j ou g doux. Ex.: cimo, cime, se prononce : c/úmo cinq, cinq, — chin uploads/Geographie/ elements-abreges-de-grammaire-auvergnate-dialecte-des-environs-d-x27-ambert-puy-de-dome-regis-michalias.pdf

  • 12
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager