pétr le de A jusqu’à Z Petit dictionnaire Maurice Ezran Le A Accord d’Achnacarr

pétr le de A jusqu’à Z Petit dictionnaire Maurice Ezran Le A Accord d’Achnacarry À la fin de la Première Guerre mondiale, le marché international est surabondant en hydrocarbures. Les très riches gisements de Perse, du Texas, du Venezuela et du Mexique ont fonctionné à plein rendement pour alimenter les armées alliées, par contre la demande est encore faible à l’établissement de la paix : l’automobile est encore un objet de luxe, l’aviation commerciale démarre doucement. Le prix du baril fluctue dangereusement. De plus, l’URSS a nationalisé toutes les entreprises pétrolières du pays, elle a repris péniblement la production et perturbe le marché en bradant les prix pour se faire une clientèle. En août 1928, Henri Deterding, président de la Royal Dutch Shell, loue le château d’Achnacarry en Écosse et y invite Walter Teagle, président de la Standard Oil (New Jersey), John Cadman, président de l’Anglo-Persian Oil, et William Mellon, président de la Gulf Petroleum Company. Le but de cette réunion entre collègues est de chasser le coq de bruyère (la grouse écossaise) et, accessoirement, de parler des problèmes du pétrole. Mais personne n’est dupe. La rumeur d’une réunion des grands patrons du pétrole se répand dans le monde. Après deux semaines de discussions ardues, de confrontation des points de vue, l’accord se fait sur la nécessité de réguler le marché, ajuster la production du pétrole brut à la consommation, stabiliser le prix du pétrole brut. Le résultat est connu sous le nom des accords d’Achnacarry : 1)Partage précis du marché entre les compagnies, chacune gardant les positions acquises avec le même chiffre d’affaires 2)Accroissement de la production dans un secteur uniquement si la demande croît, diminution en cas contraire 3)Fixation des prix dans chaque partie du monde, en y joignant des normes de qualité Un organisme de contrôle est créé à Londres qui publiera les prévisions de commande et fixe les quotas de production. C’est un grand cartel qui est établi. L’accord est publié en 1930 et d’autres compagnies y adhèrent : Texas, Atlantic, Sinclair. La principale difficulté qui survient rapidement, c’est le non-respect des décisions prises, dues à l’âpreté de la concurrence. Par exemple : – La Shell prend pied aux États-Unis, chasse gardée de la Standard Oil. Ce qui provoque une crise aiguë entre les deux compagnies. – En 1934, une réunion se tient à Londres entre la Standard Oil (New Jersey), Shell, Anglo-Persian, pour réformer, les accords d’Achnacarry et uniformiser les prix. Cela satisfait pleinement l’Anglo-Persian dont les prix d’extraction du pétrole sont très faibles et qui doit le vendre aux prix du marché, donc sur le plus cher. C’est une décision d’unification des prix à la hausse, au détriment du consommateur, ce qui soulève la réprobation de tous les milieux politiques. On peut faire le bilan des résultats des accords d’Achnacarry : 1)Après ces accords, les prix du pétrole brut se stabilisent pendant près de quarante ans, malgré les perturbations causées par la Seconde Guerre mondiale. Il se situe à un ou deux dollars le baril (soit 10 dollars actuels). 2)Après la Seconde Guerre, il n’est plus possible au cartel d’avoir le monopole des prix. Le Mexique et l’URSS les fixent par décision gouvernementale. 3)La concentration de la production est aux mains de sept sociétés surnommées les Sept Sœurs produisant près de 80 % du pétrole brut mondial. 4)Parallèlement à cette concentration de la production, il se crée un grand réseau bancaire de soutien de ces sociétés, par exemple la Chase Manhattan du groupe Rockefeller, ou la banque Mellon qui fonde la Gulf Petroleum Company Alaska En 1956 éclate la crise du canal de Suez. Le colonel Nasser, président égyptien, en représailles au refus américain d’octroyer à l’Égypte les crédits nécessaires pour la construction du haut barrage d’Assouan, décide de nationaliser le canal. Les répercussions dans le monde occidental, l’expédition ratée franco-anglaise pour le récupérer aboutissent à une fermeture du canal qui va durer de nombreuses années. Les démocraties occidentales et les États-Unis mis devant le fait accompli recherchent des régions du globe, à l’abri des tourments politiques et qu’il serait possible d’explorer puis d’exploiter, si on y découvre des hydrocarbures. Le problème est encore plus angoissant pour les États-Unis qui dépendent du golfe Persique pour leurs approvisionnements en pétrole. La fermeture du canal de Suez oblige les navires à faire le tour de l’Afrique pour atteindre aux ports de l’Atlantique. Exploration Les États-Unis s’intéressent alors à l’Alaska, devenu en 1959 un des États de l’Union et qui est peu exploité à cause de la rigueur de son climat. Des forages d’exploration sont entrepris dans le sud de l’Alaska au climat plus doux que dans le reste du pays. Ils sont localisés dans le Cook Inlet, grand golfe sur l’océan Pacifique, près de la capitale Anchorage. De 1959 à 1966, on y découvre cinq gisements de pétrole et dix de gaz avec l’estimation totale d’un milliard de barils de pétrole et 140 milliards de mètres cubes de gaz. C’est une découverte d’importance moyenne. Des forages d’exploration sont entrepris dans le Grand Nord, à Prudhoe Bay, sur la mer de Beaufort au sud de l’océan glacial Arctique. En 1964, l’exploration commence, les conditions de travail sont très dures. En hiver, on opère par moins 35 degrés. Les risques financiers sont énormes. Les sociétés s’unissent pour partager les risques, la BP avec Sinclair, Atlantic avec Richfield sous le nom d’Arco. Le 26 décembre 1967, par -35°, un puits d’exploration Arco entre en éruption. Le gisement est évalué en 1968 : c’est un réservoir géant de 10 milliards de barils. Il est le troisième au monde, après ceux de Ghawar en Arabie saoudite et Burgan au Koweït. L’Arco, qui a de faibles moyens, s’associe avec EXXON. Le gouvernement des États-Unis est très satisfait, car cela diminue sa dépendance aux pétroles du Moyen-Orient. L’Alaska, territoire américain, possède 1/3 des réserves totales du pays et on pense déjà à doubler la capacité de cet immense réservoir par l’utilisation des nouveaux moyens techniques d’extraction appelés « récupération secondaire ». Exploitation Après les découvertes, il faut commencer à exploiter le gisement. Les conditions de travail sont très difficiles. Le sol, appelé toundra, est dur en hiver, mais spongieux en été sur 50 centimètres, en dessous c’est le permafrost gelé en permanence. La circulation des camions est impossible, on se déplace en hélicoptères. De plus, les technologies des grands froids n’existent pas. Les appareils fonctionnent mal à basse température. Le personnel se fatigue rapidement sous le blizzard en hiver et sur la boue en été. Lorsque commence l’exploitation du gisement, on remarque que les coûts de production sont énormes, la seule consolation est que la sécurité politique est totale. Le problème du transport du pétrole brut du nord au sud de l’Alaska se pose immédiatement. On imagine des sous-marins géants passant sous la banquise ou d’immenses avions- citernes. La solution raisonnable est l’oléoduc. Deux projets sont en concurrence. 1)Oléoduc Trans Alaska de Prudhoe Bay à Valdez sur l’océan Pacifique. Mais il faut passer par-dessus une chaîne de montagnes, celle des Brooks culminant à 3 000 mètres. Le pétrole qui doit s’écouler chaud risque de faire fondre le permafrost. De plus, il sera un obstacle aux migrations des grands mammifères. 2)Oléoduc transcanadien, plus long, plus facile à construire et arrivant aux centres industriels de l’Ouest canadien vers Edmonton ou Calgary. Il traverse plusieurs États de l’Union canadienne et les autorisations de passage sont difficiles à obtenir. Le gouvernement des États-Unis en accord avec les compagnies pétrolières choisit la première solution. Le TAP (Trans Alaska Pipeline) est prévu arrivant à Valdez où le pétrole brut sera chargé sur de gros navires pour les raffineries de l’Ouest ou du Japon. L’oléoduc construit aura 120 kilomètres de long, 1,20 m de diamètre, et sera surélevé pour ne pas dégeler le permafrost et pour permettre le passage des animaux. Il sera mis en service en 1978 après le blocage de sa construction pendant cinq ans par les sociétés de défense de la Nature, s’opposant devant les tribunaux à sa pose. Anticlinal Le pétrole ainsi que le gaz naturel se sont formés il y a des millions d’années à partir des résidus de végétaux ou d’animaux. Ils se sont accumulés dans des régions maritimes peu agitées, des golfes ou des marécages, se sont décomposés et enfouis sous terre par des mouvements de l’écorce terrestre et ils ont donné naissance à des hydrocarbures liquides ou gazeux, à l’intérieur de ce que l’on nomme la roche-mère. Ces composés de gaz, de pétrole et d’eau, enfouis sous grande profondeur, migrent ensuite vers des lieux proches de la surface où la pression est plus faible. Ils risquent de se perdre définitivement s’ils aboutissent à la surface du sol. Dans de nombreux cas, ils sont arrêtés par un piège constitué de roches poreuses appelées « roches réservoirs », si celui-ci est recouvert d’une structure imperméable, le plus souvent du calcaire en forme de dôme. D’autres pièges sont formés par des glissements de terrain. Cette structure en forme de dôme est appelée « anticlinal ». uploads/Geographie/ extrait-lettre-a-dictionnaire-petrole.pdf

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