Yves Grafmeyer ­ Jean-Yves Authier SOCIOLOGIE URBAINE 4e édition sous la direct

Yves Grafmeyer ­ Jean-Yves Authier SOCIOLOGIE URBAINE 4e édition sous la direction de François de Singly © Armand Colin, 2015 pour la 4e édition. Armand Colin est une marque de Dunod Édi­ teur, 5 rue Laromiguière, 75005 Paris ISBN : 978‑­ 2-200‑60170‑6 3 Sommaire Introduction . ................................................................................ 5 1. Figures de la ville .................................................................. 8 1. La rencontre . ...................................................................... 8 2. La mosaïque . ...................................................................... 10 3. La centralité ....................................................................... 11 4. La cité et ses institutions . .................................................... 13 5. Personnalité urbaine ou cultures citadines ? . ....................... 15 2. Approches du monde urbain . .................................................. 17 1. Populations ........................................................................ 17 2. Espaces .............................................................................. 24 3. Systèmes ............................................................................ 27 4. Processus ........................................................................... 28 3. Différenciations, divisions, distances ........................................ 30 1. La division sociale de l’espace urbain ................................. 31 2. Ségrégations ....................................................................... 34 3. Manières d’habiter et usages de la ville ............................... 38 4. Peuplement et mobilités ......................................................... 48 1. Les mécanismes du tri urbain . ............................................ 48 2.  Mobilité des ménages et évolution du parc immobilier ............................................................ 58 3. Mobilités et trajectoires de vie ............................................ 63 Sommaire 5. Intégration et socialisation ..................................................... 75 1. Territoires sous contrôle . .................................................... 76 2.  L’intégration à la ville comme processus d’assimilation ..................................................................... 80 3. Identités et mobilités .......................................................... 82 4. La ville, espace de socialisation . .......................................... 88 6.  Transformation des espaces urbains et politiques de la ville . ........................................................... 94 1. Agents et acteurs .................................................................. 94 2. Enjeux . ............................................................................... 100 3.  Procédures d’intervention et processus de changement . .................................................................. 106 4. Les cités à l’épreuve de l’internationalisation ...................... 116 Conclusion ................................................................................... 120 Bibliographie ............................................................................... 122 Index des auteurs ....................................................................... 126 5 Introduction Dans la France métropolitaine d’aujourd’hui, plus de trois personnes sur quatre (77,5 %) habitent en ville. Si l’on considère plus largement « le nouveau zonage en aires urbaines » construit par l’INSEE en 2010, c’est, au total, près de 95 % de la population française (hors Mayotte) qui se trouve distribuée dans des espaces « sous l’influence des villes »1. La réalité territoriale du fait urbain se brouille. En tant que configuration ­ socio-spatiale, la ville contemporaine s’inscrit bien encore, pour l’essentiel, dans la continuité de quelques images fortes : concentration du peuple- ment, primat du cadre bâti sur l’environnement naturel, etc. Mais, en tant que processus, l’urbanisation tend à affecter de façon beaucoup plus large l’ensemble des activités sociales, des populations et des espaces. Ce mouve- ment en voie de généralisation imprègne les conditions d’existence, les manières de vivre et les mentalités, jusque dans les rares communes rurales que l’on peut encore qualifier de « traditionnelles ». Il n’y aurait donc pas grand sens à délimiter le domaine de compétence de la sociologie urbaine sur la base d’un partage qui devient ­ lui-même de plus en plus incertain entre « les villes » et « les campagnes ». D’une certaine manière, la ville est aujourd’hui partout, sinon dans sa matéria- lité, du moins comme fait de société. La sociologie urbaine n’est pas pour autant la sociologie de tout « ce qui se passe dans la ville ». Elle s’inter- roge sur la manière dont les divers aspects de la vie sociale se déploient, s’agencent et interagissent dans un contexte urbanisé que tous ensemble concourent à façonner, mais qui leur est en même temps une sorte d’en- veloppe commune. Elle s’interroge, d’autre part, sur la manière dont la ­ ville-milieu est aussi constituée en objet d’enjeux qui structurent de façon 1. Voir ­ INSEE-Première no 1364 (2011), 1374 (2011) et 1483 (2014), et infra chapitre 1. 6 Introduction 6 spécifique les rapports entre les acteurs, les institutions et les groupes sociaux. À l’image des délimitations territoriales, les frontières entre les disci- plines ne sont pas toujours très opérantes lorsqu’il s’agit de parler de la ville. Les pages qui suivent donneront plusieurs exemples de convergences ou d’ajustements avec d’autres sciences sociales (en particulier la géogra- phie, l’économie, l’histoire et la science politique). Mais elles s’efforceront, aussi, de situer la perspective et les démarches qui sont propres à la sociolo- gie. Elles montreront, en particulier, que les savoirs sociologiques produits sur l’urbain tendent de plus en plus à s’enrichir à la faveur de multiples croi- sements avec les recherches sur la famille, l’éducation, le logement, la socia- lisation, les sociabilités, l’immigration, les relations dites « interethniques », le travail, les politiques publiques… Réciproquement, ces diverses spécia- lités de la sociologie ont été largement nourries, au cours des dernières décennies, par une meilleure prise en compte de la dimension spatiale, et notamment urbaine, de leurs objets d’étude. L’extrême diversité des formes urbaines dans l’histoire et dans le monde, l’abondance des travaux qui leur ont été consacrés, imposaient des choix très contraignants. C’est ici la France contemporaine qui a été retenue comme principal cadre de référence. Cette nouvelle édition mentionne toutefois quelques publications récentes qui illustrent l’essor actuel des comparaisons internationales. Aussi restreint ­ soit-il, le champ ainsi couvert demeure encore très large. Faire leur part à toutes les écoles, toutes les approches et tous les thèmes, c’était se résigner à réduire leur présentation à un pur et simple inventaire. C’est pourquoi il a paru préférable de prolonger et d’étayer le cadrage géné- ral des grandes orientations de la sociologie urbaine par un nombre limité de développements plus étoffés. Cette sélection comporte forcément une grande part d’arbitraire. Elle n’a d’autre visée que de montrer, sur la base de quelques exemples significatifs, comment des concepts et des modes d’ana- lyse familiers au sociologue peuvent être mobilisés pour l’étude des phéno- mènes urbains. Un court chapitre liminaire s’attachera à définir, sinon de véritables inva- riants de la citadinité, du moins ­ quelques-uns des traits les plus typiques de la ville, ­ par-delà l’extrême diversité de cette forme d’organisation Introduction  ­ socio-spatiale. Le deuxième chapitre est plutôt d’ordre méthodologique. Il distingue des « entrées » ou des échelles d’analyse qui définissent autant de modes d’investigation spécifiques, tout en dessinant l’espace des croise- ments possibles entre ces différentes approches du monde urbain. Chacun des chapitres suivants est centré sur une famille particulière de processus. La vie urbaine sera ainsi saisie dans les tensions qui la travaillent et qui la constituent : tensions entre la distance et la proximité, entre la localisation et la mobilité, entre l’hétérogénéité et l’intégration, entre les lignes de force qui commandent le devenir des villes et la gestion collective des enjeux de la cité. Ces tensions existent depuis qu’il y a des villes. Mais elles prennent aujourd’hui des formes nouvelles, qui alimentent régulièrement l’actualité et les débats de société propres à notre temps. L’accroissement des mobilités, qui est souvent célébré comme le signe même de la modernité, ­ consacre-t-il le déclin inexorable des ancrages terri- toriaux et des liens de proximités ? Avec ses « quartiers sensibles », ses quartiers « gentrifiés », ses espaces résidentiels « sécurisés », la ville d’au- jourd’hui ­ tend-elle au contraire à se structurer de façon dominante selon des logiques et des processus de ségrégation ? Comment s’organisent concrète- ment de nos jours les coexistences en milieu urbain ? La ville ­ fait-elle encore société ? Sur ces différents sujets, de très nombreux travaux ont été publiés au cours des toutes dernières années. Cette nouvelle édition leur accorde une large place. Elle montre en particulier combien nos connaissances sur les comportements résidentiels se sont enrichies, en situant mieux les indivi- dus et les ménages dans l’univers plus large des constellations familiales qui les entourent et dans le temps long des biographies personnelles ou intergé- nérationnelles. Elle montre, aussi, comment la dimension politique, inhé- rente à la ville jusque dans son étymologie, se redéfinit actuellement autour de nouveaux modes d’intervention et de nouveaux concepts, par exemple celui de « gouvernance urbaine ». 8 1 Figures de la ville La ville est à la fois territoire et population, cadre matériel et unité de vie collective, configuration d’objets physiques et nœud de relations entre sujets sociaux. On peut décider de s’intéresser plus particulièrement à l’un plutôt qu’à l’autre de ces deux ordres de réalités. Mais ils n’en demeurent pas moins indissociables. Et c’est bien leur interaction même qu’il convient de considérer si l’on veut s’accorder sur une définition générale de la ville, ou du moins sur ses traits les plus significatifs et les plus constants. 1. La rencontre La ville se présente toujours à l’observation immédiate comme un regroupement de populations et d’activités durablement stabilisées sur un territoire restreint. La proximité physique permet aux êtres sociaux d’entrer en relation, et favorise le développement de nouvelles relations. Dans la mesure où elle concentre dans un même lieu un grand nombre de ces processus cumulatifs de rencontre, on a parfois cru pouvoir défi- nir la ville comme le dispositif le mieux approprié aux divers rapports d’échange et de coopération qui s’instaurent entre les hommes. C’est en tout cas bien en milieu urbain, par excellence, que se nouent, s’ampli- fient et se démultiplient les interactions de tous ordres qui sont au prin- cipe de la vie uploads/Geographie/ feuilletage-1666.pdf

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