Arènes ardentes Flora Kidd Résumé : Brûlant soleil de Colombie. Chaleur, poussi
Arènes ardentes Flora Kidd Résumé : Brûlant soleil de Colombie. Chaleur, poussière, tumulte, jeux d’ombres et de lumières des arènes, où l’homme seul, dans son costume étincelant, fait face à la bête, à la mort… Un torero n’est pas un homme comme les autres. Sorrel en fait la dure expérience avec Juan Renalda, tour à tour passionné ou lointain, autoritaire ou émouvant, tendre ou cruel. Faut-il s’abandonner à l’amour, avec un être aussi dédaigneux du danger, physique ou moral ? Faut-il lutter contre lui, comme le taureau dans l’arène ? Cet ouvrage a été publié en langue anglaise sous le titre : SWEET TORMENT © 1978, Flora Kidd. 1 La route de Manizalès, ville perchée sur une colline, à la station de ski d'El Sombrero, traversait des plantations de caféiers, au pied des montagnes. A l'ombre des bananiers, le feuillage des arbustes soignés avec amour luisait au soleil matinal. En chemises rouges et chapeaux de paille, les paysans cueillaient les baies mûres qu'ils mettaient dans de grands paniers accrochés à leur ceinture. Tout en admirant les différentes nuances de vert de la végétation, Sorrel Preston avait peine à croire que, dans une heure environ, elle verrait de la neige. Elle était en Colombie depuis six semaines et elle n'était pas encore habituée à l'idée que dans ce pays sud- américain, le climat était fonction de l'altitude. Le dernier week- end, elle se dorait au soleil tropical sur une plage éblouissante, le long de la mer des Caraïbes, d'un bleu turquoise frangé d'écume. Cette fois-ci, elle allait skier sur les hauts sommets des Andes. Elle était partie ce matin de Medellin, assise à l'arrière de la luxueuse Cadillac conduite par son patron. Ramon Angel. Tout d'abord la voiture avait paru bondir de crête en crête, le long de l'autoroute. Pour arriver à la station de ski, la route était bien différente : étroite et en lacets. Plus elle montait, plus elle s'enroulait sur elle-même. Elle semblait suspendue au-dessus des gorges étroites, creusées au flanc de la montagne. Leurs murailles boisées descendaient à pic sur les minces filets d'argent des rivières. —- Je ne voudrais pas conduire de nuit sur cette route, confia Sorrel à Laura Angel qui était près d'elle. — Ma mère y conduisait seule, toutes les semaines, quand elle allait skier avec ses amis, répliqua Laura. La jeune fille avait quinze ans, et c'était l'aînée des deux enfants. Grande et mince, le teint clair et les yeux bleus, elle ressemblait à sa mère qui était Anglaise. Elle parlait et comprenait parfaitement l'espagnol et l'anglais. — Mais, vous savez, ma mère conduisait très bien. — Je ne comprends pas, protesta Gabriela qui était devant, à côté de son père. Elle avait douze ans, était petite et potelée avec des yeux noirs étincelants et une peau brune et satinée. Elle pariait anglais avec un accent des plus adorables, en glissant sur les consonnes. — Si maman conduisait si bien, comment a-t-elle pu avoir un accident? Un lourd silence suivit sa question. On ne parlait jamais de l'accident qui avait fait de Monica, sportive pleine d'entrain, une invalide qui avait de la peine à réapprendre la marche. Sorrel avait remarqué que la famille ne semblait pas vouloir regarder la vérité en face. — Elle a fait une erreur, répliqua durement Ramon. Combien de fois faudra-t-il te le dire? En tant que mari et père il était strict, et Sorrel, depuis qu'elle était arrivée chez eux, s'était rendu compte peu à peu que Monica et ses deux filles tremblaient de lui déplaire. Elle s'était aussi aperçu que les relations entre les époux étaient très chancelantes, et pas seulement du fait de l'infirmité de Monica. Sorrel était sûre que quelque chose était arrivé avant l'accident. La route montait en tournant parmi les conifères aux troncs noirs et élancés, qui disparurent ensuite dans un désert de rochers et de plantes rabougries. Virage après virage, elle entrait dans un monde totalement différent, un monde de neige et de glace, de crêtes qui s'élançaient dans un ciel bleu traversé de légers nuages. — Etes-vous gênée par l'altitude? demanda Ramon. — J'ai un peu mal à la tête, c'est tout, répondit Sorrel. — Le souffle vous manquera peut-être quand vous sortirez de la voiture. Nous ne ferons pas grand-chose ce matin, juste quelques exercices sur les pistes pour débutants. Nous passerons aux choses sérieuses cet après-midi. La voiture prit un dernier virage entre des talus de neige, et devant eux apparut un bâtiment semi-circulaire de cinq étages : c'était l'hôtel, centre de la station. Au loin les pentes blanches étaient déjà parsemées de silhouettes noires. L'intérieur de l'hôtel était luxueux, avec des boiseries et d'épaisses moquettes partout. Un ascenseur les amena au troisième étage où les jeunes filles partageraient une chambre à deux lits. Sorrel et Ramon avaient chacun la sienne. Comme Ramon l'avait proposé, ils passèrent le reste de la matinée sur les pentes faciles. Sorrel s'aperçut vite que les jeunes filles et Ramon Angel étaient de bien meilleurs skieurs qu'elle et apprécia leur patience. Ils déjeunèrent au bar de l'hôtel, où Laura et Gabriela surveillaient les allées et venues des autres skieurs. Elles jacassaient entre elles en espagnol, pouffant de rire, tant et si bien qu'elles mirent Ramon en colère. Il leur ordonna de parler tout haut. — Nous ne faisions que reconnaître quelques-uns des jeunes que nous avons déjà rencontrés ici, confia Laura à Sorrel, quand elles regagnèrent le hall de l'hôtel pour y prendre leurs skis. — Papa ne nous permet aucune relation avec les garçons. Il nous donnerait un chaperon s'il pouvait, mais c'est démodé. —- C'est pour ça que nous avons Sorrel, zézaya Gahriela. Oh ! regarde, Laura. Cet homme là-bas. Elle chuchota à l'oreille de sa sœur. — Que Papa ne t'entende pas parler de lui ! fit Laura vivement. — Pourquoi? s'écria l'incorrigible Gabriela. Oh! tu te rappelles, Laura. La fois où nous avons dû passer la nuit au refugio? — Chut! fit Laura en enfonçant son coude dans les côtes de sa sœur. — Qu'est-ce qu'un refugio? demanda Sorrel pour détourner l'attention de Ramon Angel. — Une hutte où l'on peut s'abriter du blizzard, répondit-il. Il y en a plusieurs sur les pentes pour les skieurs qui aiment s'éloigner des sentiers battus. Venez par ici. Voici une carte de la région qui montre où elles sont situées. Elles sont rudimentaires mais bien pourvues de lits de camp, de couvertures, d'un poêle et de boîtes de conserves. Devant l'hôtel, ils fixèrent à nouveau leurs skis et glissèrent vers le remonte-pente. « L'ascension est aussi exaltante que la descente promet de l'être », pensait Sorrel qui regardait les skieurs se frayer un chemin dans un jaillissement de cristaux étincelants. Arrivée au sommet, elle respira et promena un regard un peu effrayé sur les sommets : leurs pics déchiquetés resplendissaient comme des statues d'argent sur le ciel gris pâle. Ils étaient lointains et majestueux, éternel défi aux hommes. — C'était la piste préférée de ma mère, remarqua tristement Laura. — Je comprends pourquoi, fit Sorrel. La vue est magnifique. — Les nuages semblent chargés de neige, intervint Ramon. Nous ferions mieux de descendre dès maintenant. Gabriela ouvrira la marche. Sorrel, suivez-la, le plus près possible. Laura et moi partirons ensuite. Si l'une de vous tombe, je la verrai et je pourrai lui porter secours. — Mais à supposer que tu tombes, papa, nous ne le saurions pas. lança Gabriela. — Je ne tomberai pas, répliqua Ramon avec cette assurance que Sorrel avait remarquée chez tous les Colombiens qu'elle avait rencontrés. Ils ne commettaient pas d'erreur ou, s'ils en faisaient, ils n'en convenaient pas. Après tout, ils appartenaient au sexe fort! — Ayez l'œil sur les rochers qui peuvent dépasser, recommanda Ramon. Prêtes? Sorrel ajusta ses lunettes et enfonça sur ses cheveux acajou le bonnet vert émeraude qui allait avec son costume de ski. — Partez! ordonna Ramon. — Suivez-moi de près, Sorrel! s'écria gaiement Gabriela. Nous ne voudrions pas vous perdre! Les yeux fixés sur la jolie petite silhouette orange vif, Sorrel enfonça ses bâtons dans la neige et partit. Swish! La neige glissait sous ses skis, et, à chaque tournant, les cristaux jaillissaient en une gerbe étincelante au soleil. Heureusement, Gabriela portait un costume clair facile à voir, car elle fonçait rapidement en avant. Sorrel vit soudain l'arête d'un rocher qui se dressait dans la neige, mais trop tard pour l'éviter. Elle écarta les jambes au maximum et rapprocha les pointes de ses skis dans un effort désespéré pour freiner, tomba et glissa sur le côté presque au pied du rocher. Mieux valait tomber que de s'écraser dessus, pensa Sorrel en examinant le granit gris. Fff! Une silhouette élancée passa près d'elle. Elle ne s'était pas rendu compte que Laura était si près derrière elle. Elle ne devait pas l'avoir vue tomber : elle n'avait pas l'air de s'arrêter et continuait sa course en zigzags sur la pente. Sorrel se releva avec précaution et se redressait tout juste lorsqu'une autre silhouette uploads/Geographie/ flora-kidd-arenes-ardentes.pdf
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- Publié le Nov 29, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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