1 2 3 4 TABLE DES MATIERES Chronologie 7 Préface de Franz J. Leenhardt 8 I. Enf
1 2 3 4 TABLE DES MATIERES Chronologie 7 Préface de Franz J. Leenhardt 8 I. Enfance et jeunesse 10 II. Avocat. Défenseur des églises 20 III. Inspirateur du mouvement de réveil et de résistance 32 IV. En terre hospitalière : au service des réfugiés 41 V. En terre hospitalière : au service des églises de France 54 VI. Pasteur du désert, en Cévennes 65 VII. Des pays du refuge au centre de la France 82 VIII. Dernier voyage missionnaire. 94 IX. Arrestation, jugement et martyre 109 Appendice. — Extraits de quelques écrits de Claude Brousson 121 Bibliographie 132 Table des illustrations 136 5 6 PRÉFACE Novembre 1698... Il y a deux cent cinquante ans, l'avocat nîmois Claude Brousson rendait son âme à Dieu du fait des tortures et du supplice à lui infligés pour avoir exhorté l'Eglise sous la croix. Quelques-uns connaissent encore le nom de cet homme. Presque tout le monde ignore son existence héroïque. En conjuguant leurs talents pour nous présenter la figure de Claude Brousson, Madame Rauzier-Fontayne et Monsieur S. Mours rendent à ce témoin de l'Evangile un hommage fervent, et ils nous convient, par là même, à éclairer notre route de l'éclat de cette vie. La liberté de servir Dieu dans une Eglise réformée selon sa Parole a été lentement conquise, en France, par un peuple de martyrs. Nous devons ce privilège à une fidélité qui ne signifiait rien moins qu'angoisses constantes, séparations cruelles, souffrances, galères ou prisons. Nous ne pouvons pas oublier le prix dont fut ainsi payé l'héritage spirituel qui est notre seule richesse véritable. Nous ne pouvons pas l'oublier si nous regardons au passé. Et moins encore, si nous regardons à l'avenir. On n'aurait pas prévu, il y a un demi-siècle, que les chrétiens de l'Europe Verraient s'ouvrir à nouveau des temps où la fidélité à la Parole de Dieu signifierait l'angoisse, la séparation, l'exil, la torture et la mort lente ou violente. C'est cependant dans l'héroïque fidélité que plusieurs d'entre nous devront peut-être demain conserver à leurs enfants l'héritage qu'ils ont reçu, le trempant de leurs larmes et le scellant de leur sang. La voix de Claude Brousson a quelque chose à nous dire. Rien n'avait préparé cet avocat, sinon le Saint-Esprit, qui se choisit ses hommes. Alors que le pouvoir royal prépare l'extermination de ce qu'il appelle avec mépris la Religion prétendue réformée, il faut organiser la résistance, et pour cela prendre le maquis. L'avocat s'engage dans la lutte, parcourt les campagnes, cherche des appuis à l'étranger, écrit pour relever le courage des uns, pour éclairer la conscience des autres, et, pendant des années, il mène la vie de la clandestinité la plus dangereuse. Sa tête est mise à prix, son signalement affiché dans toutes les provinces. Cent fois il échappe de justesse, se cache dans des grottes, dans des puits, sur les toits, et toujours tient des assemblées interdites et console l'Eglise sous la croix. Un avocat, défenseur des évangéliques, est ainsi devenu prédicant de l'Evangile. C'est un avertissement pour nous à ne pas contrecarrer les choix imprévus de l'Esprit qui fait vivre l'Eglise. On peut toujours objecter qu'on n'est 7 pas préparé pour les tâches de l'Eglise, quand Dieu les propose, et c'est plus facile souvent de s'en tenir à ce refus motivé. Tout comme c'est aussi plus facile pour ceux qui sont responsables du bon ordre dans l'Eglise, de contester les vocations exceptionnelles et de les faire rentrer dans le rang... Aux uns et aux autres, la voix de Claude Brousson a quelque chose à dire. Novembre 1948... L'actualité de Claude Brousson n'est pas celle d'une vie aventureuse et héroïque, qui parle à l'imagination. C'est l'actualité d'un confesseur de l'Evangile, qui parle à l'Eglise de sa fidélité d'aujourd'hui et de demain. Franz J. LEENHARDT. 8 CHAPITRE I ENFANCE ET JEUNESSE « Nîmes... ville romaine », lit-on sur les affiches des gares. Nîmes fut, en effet, dans l'antiquité, une cité typiquement romaine et elle conserve, sertis dans un cadre moderne, les vestiges encore prestigieux de sa splendeur passée. Aussi a-t-on pu graver à juste titre, au pied de la statue d'Antonin, imperator, ces vers d'un poète local1: 1. Jean REBOUL. « Le Nîmois est à demi romain. Sa ville fut aussi la ville aux sept collines, Un beau soleil y luit sur de grandes ruines.., » Nîmes, ville romaine... Oui. Mais on peut dire, avec autant d'exactitude : Nîmes, ville huguenote. Entièrement gagnée à la Réforme, dès le XVIe siècle, elle fut et demeura depuis lors un centre huguenot important. Vers le -milieu du XVIIe siècle, les deux tiers de sa population étaient protestants. Elle vit se dérouler entre ses murs ensoleillés la tragique épopée de nos pères et fut témoin de tant de ferveur, d'héroïsme et de douleur que chacune de ses vieilles maisons, de ses ruelles tortueuses, de ses garrigues pierreuses est un lieu historique. C'est dans cette capitale du protestantisme français méridional que naquit un des plus grands pasteurs du Désert, Claude Brousson. 9 * ** Par un beau jour de l'année 1647, la sage-femme sortait, son travail terminé, d'une demeure cossue, celle de Jean Brousson, « bourgeois de Nismes». Dans quelle rue du vieux quartier s'élevait cette maison ? Etait-ce dans la rue de la Fleur-de-Lys, près de la porte de la Madeleine ? Dans la rue des Flottes, de la Colonne, de la Boucarié ? Nous ne pouvons le dire, mais ce que nous savons, c'est que c'était une rue étroite, aux pavés pointus, pleine de soleil et de mouches, c'est que la maison ressemblait à tous ces beaux hôtels anciens, encore debout aujourd'hui, avec sa façade régulière, sa lourde porte au heurtoir de cuivre, au cintre de pierre élégamment sculpté. Cette porte se referma sur la commère qui s'éloigna, tandis que, par les fenêtres ouvertes, des voisines l'interpellaient en leur verte langue nîmoise, au vif accent, engageant avec elle un dialogue que nous pouvons aisément imaginer: — Et alors ? c'est fait ? — Pardi! si c'était pas fait, j'y serais encore. — Et qu'est-ce qu'elle a, la dame Brousson ? — Un beau petit, bien solide, et qui braille bravement. — Comment « on y dit » ? — On y dit : Claude. — Claude Brousson... ça ne va pas mal... c'est un nom bien de chez nous... — Allez, je me sauve ! On m'attend ailleurs. Et la sage-femme s'en allait, sans se douter que le nom de ce petit enfant, prononcé pour la première fois au cœur de la cité, serait un jour célèbre bien au delà de cette ville, dans tout le midi huguenot et jusqu'en Suisse et en Hollande. Cependant, à l'intérieur de la maison Brousson aux vastes chambres dallées de briques rouges, la joie régnait auprès de la bercelonnette, blottie à l'ombre des grands rideaux du lit maternel, dans laquelle dormait maintenant le nouveau-né. Soulevée sur ses oreillers, Jeanne de Parades, la jeune mère, regardait son fils avec ravissement et rêvait... Sans doute comme toutes les mères, essayait-elle d'imaginer ce que serait cette vie qui venait d'éclore, sans doute évoquait-elle, pour son enfant, une existence paisible, heureuse, partagée entre sa famille, honorable et aisée, son beau temple de la Calade, son « mas » aux environs de la ville, sa profession... Le petit Claude serait comme tous les siens, magistrat ou commerçant, ou notaire, ou fabricant de soie... 10 Rêvez, Madame Brousson... rêvez, dans la joie de ce jour où l'on peut dire de vous, avec l'Ecriture Sainte : « Elle ne se souvient plus de ses douleurs, toute joyeuse de ce qu'un homme est né au monde »... Rêvez... Si vous saviez... si vous saviez! Mais comment pourriez-vous soupçonner que l'orage gronde- au loin et va fondre sur le peuple huguenot de France ? Tout est si paisible en ce pur matin ! La rumeur tranquille de la cité entre par la fenêtre ouverte, faite de mille bruits familiers : le bourdonnement des métiers à tisser, la chanson des ouvriers, le carillon de la cathédrale toute proche, dont les voix d'airain ne couvrent pas encore les gémissements des martyrs et, dans le ciel si bleu, les longs cris délirants des hirondelles, filant comme des flèches vers leurs nids, suspendus aux pierres antiques des arènes... Non... vous ne pouvez pas savoir que ce tout petit, endormi près de vous et qui entr'ouvre sur la courtine de soie ses petites mains fripées de nouveau-né, ne connaîtra pas longtemps la vie heureuse et sans soucis que vous souhaitez. Vous ignorez toutes les traverses, les fatigues, les angoisses, les sacrifices qui rempliront son existence et vous ne voyez pas... là-bas... très loin dans le temps, l'échafaud qui attend le martyr. Si vous saviez, Madame Brousson, si vous saviez... vous seriez triste, vous pleureriez, sans doute... mais vous pourriez être fière aussi, parce que si la vie que vous venez de donner à cet enfant ne doit pas être riche en joies humaines et en terrestres honneurs. elle sera belle, noble, utile, comblée des vraies richesses, celles « qui uploads/Geographie/ fontayne-lucie-rauzier-biographie-de-claude-brousson-defenseur-des-eglises-opprimees-1941 1 .pdf
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- Publié le Mai 04, 2022
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