FMI | Finances publiques | 1 Série spéciale sur la COVID-19 Les notes de la sér

FMI | Finances publiques | 1 Série spéciale sur la COVID-19 Les notes de la série spéciale sont rédigées par des experts du FMI dans le but d’aider les pays membres à faire face aux conséquences économiques de la COVID-19. Les avis exprimés dans ces notes n’engagent que leurs auteurs et ne sauraient être attribués au Fonds monétaire international, à son conseil d’administration ou à sa direction. 29 juin 2020 Les marchés des denrées alimentaires en temps de COVID-19 Tewodaj Mogues1 En plus des problèmes de santé et des décès liés à la COVID-19, l'une des conséquences les plus importantes des perturbations de la production et de la perte de revenus sur le bien-être pourrait être l'accès réduit à l'alimentation. L'augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition durant cette pandémie est une menace potentielle qui pèse avant tout sur les pays à faible revenu mais n'épargne pas les pays avancés. Il y a une dizaine d'années, la crise mondiale des prix des denrées alimentaires a rendu les ménages urbains d'Afrique particulièrement vulnérables face à l'insécurité alimentaire, a provoqué des troubles qui ont éclaté dans plusieurs pays et conduit à la prise de mesures qui ont certainement exacerbé la volatilité des prix. Le contexte actuel est à la fois similaire et différent sur certains plans importants. La présente note donne un aperçu des principaux enjeux pour les marchés des denrées alimentaires en temps de COVID-19 et examine les implications essentielles pour les politiques de dépenses, qui devront être adaptées aux circonstances propres à chaque pays. Elle présente les informations connues à ce jour concernant 1) la production agricole en tant qu'étape des chaînes d'approvisionnement, 2) les composantes à mi-parcours et en aval des chaînes d'approvisionnement, 3) la demande, l'évolution des prix et la sécurité alimentaire, 4) les tendances et les recommandations en matière de commerce international des denrées alimentaires, et 5) les politiques existantes et proposées, et les interventions visant à améliorer l'accès à l'alimentation. I. LA PRODUCTION AGRICOLE : ÉTAPE DE LA CHAÎNE D'APPROVISIONNEMENT2 La production mondiale des produits agricoles de base devrait rester stable. De fait, les dernières projections, qui tiennent compte de la COVID-19, montrent une légère augmentation de leur production 1Pour toute question ou tout commentaire concernant cette note, veuillez vous adresser à cdsupport-spending@imf.org. 2Cette partie porte principalement sur les cultures agricoles. L'incidence de la COVID-19 sur les produits d'origine animale, à mi-parcours et en aval des chaînes d'approvisionnement, sera traitée dans la Section 2. FMI | Finances publiques | 2 mondiale en 2020/21 par rapport aux années précédentes, et les prévisions pour les céréales semblent favorables (voir graphique 1; Département de l'agriculture des États-Unis, 2020a; Glauber et al., 2020). Ce sont les conditions dans une poignée de pays qui détermineront la production mondiale. En effet, l'Union européenne et quatre pays (Argentine, Chine, Brésil et États-Unis) représentent les trois quarts de la production mondiale de maïs (Département de l'agriculture des États-Unis, 2020b). Il sera donc particulièrement important d'y suivre la situation pour établir des prévisions3. GRAPHIQUE 1. Production agricole mondiale Source : d'après les données du Département de l'agriculture des États-Unis (2020a). Note : La production totale de céréales correspond à la somme de la production de blé, de céréales secondaires et de riz. Les céréales secondaires comprennent le maïs, le sorgho, l'orge, l'avoine, le seigle, le millet et les mélanges de céréales. Le riz est blanchi. Dans la majorité des cas, la saison des semis a été lancée avant que la perturbation des échanges ne complique l’importation d'intrants. Cette perturbation due à la pandémie pourrait, à l'avenir, influer sur l'accès aux intrants des pays à faible revenu qui achètent leurs engrais, produits chimiques et semences améliorées à l'étranger. Les marchés fournisseurs d'intrants (en particulier d'engrais), qui sont fortement concentrés, peuvent, à ce stade, aggraver le risque encouru par les importateurs d'intrants (Opazo, Pound et Weber, 2020). Toutefois, à ce jour, rien n'indique que les pénuries d'intrants provoqueront une baisse générale et majeure de la production des produits de base. La saison des semis s'étendant principalement de mars à mai, avec des variations selon la géographie et les semences (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, 2010), la plupart des pays se sont procuré les intrants nécessaires avant que l'apparition récente de signes de perturbation due à la COVID-19 ne limite ces importations. Les agriculteurs de Chine, où la crise sanitaire a frappé des semaines et des mois avant le reste du monde, comptent parmi les exceptions : une enquête réalisée en février auprès d'agriculteurs et d'entreprises chinois révèle que 60 % des agriculteurs ont subi une pénurie d'intrants, le manque de fourrage ayant entraîné la mort d'une partie des animaux d'élevage (Zhang, 2020)4. 3FAOSTAT, la base de données statistiques de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, fournit des informations détaillées sur la production. Des renseignements sur la consommation, les importations et les exportations par pays, et les produits de base sont disponibles dans la base de données sur les bilans alimentaires de FAOST AT . Le site de l'Organisation propose des fiches de présentation des pays détaillées. 4Dans certaines régions, la COVID-19 amplifie d'autres grandes catastrophes naturelles qui auront une incidence plus grande encore sur la production de denrées alimentaires et la logistique : l'invasion de sauterelles dont souffre l'Afrique de l'Est depuis cinq mois est à l'origine de la destruction massive des FMI | Finances publiques | 3 La pénurie de main d’œuvre due à la maladie pourrait perturber les récoltes à l'automne. Si, dans les pays avancés et plusieurs pays émergents, la culture des produits agricoles de base est largement mécanisée, ce n'est pas le cas des pays à faible revenu où la récolte exige encore de la main d’œuvre, des bêtes et des biens d'équipement. À ce jour, les zones rurales de ces pays ne sont pas encore massivement touchées par la maladie. Mais elles pourraient avoir à faire face à une pénurie de main d’œuvre si des agriculteurs sont contaminés d'ici à la récole des principales cultures (de septembre à novembre). La production mondiale étant dominée par quelques grands pays à revenu élevé et quelques pays émergents qui recourent de manière intensive à la mécanisation pour les cultures de base, elle ne sera pas nécessairement entamée par ces tendances. En revanche, on pourrait assister à des pénuries de production, précisément dans les pays où de telles pénuries viendraient aggraver l'insécurité alimentaire5. La récolte des produits de base de grande valeur est davantage pénalisée par les pénuries de main d’œuvre que celle des cultures de base. Les répercussions de la maladie et des mesures de confinement sur l'activité agricole ne seront pas les mêmes en fonction des types de cultures. La récolte des produits de base de grande valeur, tels que les fruits et les légumes, nécessite considérablement plus de main d’œuvre que celle des céréales telles que le riz, le blé et le maïs, même dans les pays avancés. En Europe, le cycle de récolte pâtit déjà de la fermeture des frontières, qui empêche les travailleurs saisonniers d'Europe centrale et de l'Est de se rendre dans d'autres pays européens pour y récolter les fruits et les légumes (Organisation internationale du Travail, 2020a). Cela peut s'avérer être une contrainte majeure pour l'agriculture de grande valeur, en particulier dans les pays à revenu élevé, où les travailleurs saisonniers migrants représentent une part importante des heures travaillées dans le secteur agricole. Toutefois, les migrations des villes vers les campagnes au sein des pays pourraient partiellement compenser le déclin de la main d’œuvre agricole. Ces migrations temporaires ont, par exemple, été observées à grande échelle en Inde6 et ailleurs. II. APRÉS LA PRODUCTION : PERTURBATIONS À MI-PARCOURS ET EN AVAL DES CHAÎNES D'APPROVISIONNEMENT AGROALIMENTAIRES Les acteurs qui se trouvent en aval de la chaîne d'approvisionnement rencontrent davantage de difficultés que ceux chargés de la production. Les étapes qui suivent la production ont généralement lieu dans des zones urbaines et périurbaines avec une plus grande densité de population, et présentent donc un plus grand risque d'infection et sont soumises à des mesures gouvernementales limitant l'activité. Les chaînes d'approvisionnement transitoires, notamment les petites et moyennes entreprises informelles du secteur alimentaire qui sont prévalentes en Afrique et en Asie, dépendent davantage des travailleurs que des machines pour des activités telles que la transformation, le transport et le stockage. La viabilité de ces entreprises est donc particulièrement mise à mal par le confinement des travailleurs (Reardon et al., 2020). Leur faible capacité logistique et financière de garantir le respect des normes d'hygiène et de santé sur les lieux d'activité accroît leur relative vulnérabilité. Dans de nombreux pays, les entreprises qui vendent, transforment et font commerce des denrées alimentaires sont considérées comme essentielles, et, par conséquent, bénéficient, en partie du moins, d'un assouplissement des restrictions liées à la COVID-19 qui leur sont imposées. Mais les petites entreprises informelles qui dominent ce secteur dans les pays à faible revenu peinent à encaisser les pertes cultures et du bétail, et une grave sécheresse en uploads/Geographie/ food-markets-during-covid-19.pdf

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