Gérard Fussman I. Inscriptions de Gilgit In: Bulletin de l'Ecole française d'Ex

Gérard Fussman I. Inscriptions de Gilgit In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 65 N°1, 1978. pp. 1-64. Citer ce document / Cite this document : Fussman Gérard. I. Inscriptions de Gilgit. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 65 N°1, 1978. pp. 1-64. doi : 10.3406/befeo.1978.3904 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1978_num_65_1_3904 INSCRIPTIONS DE GILGIT PAR Gérard FUSSMAN Abréviations Bagchi Prabodh Chandra Bagchi, Le canon bouddhique en Chine, Les traducteurs et les traductions, I (= Sino-Indica, tome I), Paris 1927; II (= Sino- Indica IV), Paris, 1938. Bultetin de V École Française d'Extrême Orient, Paris. Ahmad Hasan Dani, Indian Palaeography, Oxford, 1963. F. Edgerton, Buddhist hydrid sanskrit grammar and dictionary, vol. II, Dictionary, William Dwight Whitney Linguistic Series, Yale University, réim pression Delhi, 1970. idem, vol. I, Grammar. Journal Asiatique, Paris. K. Jettmar, Die Religionen des Hindukusch ( = Die Religionen der Menschheit, 4, 1), Stuttgart, 1975. Journal of the Royal Asiatic Society, London. Sten Konow, Corpus Inscriptionum Indicarum, II, 1, Kharoshihï Inscriptions with the exception of those of Ašoka, Calcutta, 1929. H. Lůders, A list of brâhmï inscriptions from the earliest times to about A.D. 400, Calcutta, 1912, réimpression Delhi, 1973. Lůders, Mathurâ H. Lůders, Mathurâ Inscriptions, unpublished papers edited by Klaus L. Janert (Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Gôttingen, Philologisch-Historische Klasse, III, n° 47), Gôttin gen, 1961. BEFEO Dani Edgerton, Diet. Edgerton, Gr JA Jettmar JRAS Konow Lûders, List 2 Naudou Snoy Stein, Ráj. Târanâtha GÉRARD FUSSMAN J. Naudou, Les Bouddhistes Kasmïriens au Moyen Age, Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d'études, vol. LXVIII, Paris, 1968. Peter Snoy, Bagrot, Eine Dardische Talschaft im Karakorum (Bergvôlker im Hindukusch und Karakorum, Band 2), Graz/Austria, 1975. Aurel Stein, Kalhana's Râjataranginî, A chronicle of the Kings of Kašmír, translated with an introduct ion, commentary and appendices by M. A. Stein, 2 vol., Westminster, 1900, réimpression Delhi, 1961. Taranulhďs History of Buddhism in India, transla ted from the Tibetan by Lama Chimpa Alaka Chattopadhyaya, edited by Debiprasad Chatto- padhyaya, Simla, 1970. Signes conventionnels aksara disparu, lettre disparue, restitution, correction. signe(s) suppléé(s). Des hautes vallées creusées par Г Indus et ses affluents dans le flanc Sud de l'Hindou-Kouch et du Karakorum, celle de Gilgit est l'une des plus larges, des plus riches et des plus peuplées1. Jusqu'à l'arrivée de l'Islam, ce pays faisait partie du monde indien2. Si l'on y parlait autrefois burushaski, selon toute vraisemblance3, on y parle maintenant et depuis plusieurs siècles le Shina, langue darde. Le rattachement de la vallée au Pakistan et la présence d'officiels et de troupes venus de la plaine font qu'on y comprend aussi l'Urdu et le PanjSbï. A l'Ouest, dans la vallée de l'Ishkoman, le Khowâr, autre langue darde, parlée surtout au Chitral, semble s'implanter par le jeu des mariages entre Khos et Shins. Gilgit a toujours été en contact avec le monde indien, par le Swat (Udyâna, peut-être Uddiyâna)4 où le bouddhisme était implanté dès l'époque indo-grecque, par la vallée d'Astor ou de la (1) On trouve de bonnes descriptions dans Biddulph, Tribes of the Hindoo Koosh, Calcutta 1880, Graz 1971, pp. 19-23 ; Jean Fairley, The Lion River, The Indus, London, 1975, pp. 70-94. (2) Jettmar, pp. 198-202 ; G. Fussman, « Pour une problématique nouvelle des religions indiennes anciennes», Journal Asiatique, 1977, pp. 21-70. (3) G. Fussman, Atlas linguistique des parlers dardes et kafirs, Paris, 1972, II, pp. 398- 399, carte IV ; K. Jettmar, Bolor, a contribution to the political and ethnic geography of North Pakistan, Zentralasiatische Studien... der Universitát Bonn, 11, 1977, pp. 428-430 ; infra, p. 19. (4) Sur ces termes, voir en dernier lieu Naudou, pp. 35-38. INSCRIPTIONS DE GILGIT 3 Kishanganga et le Cachemire1, par Chilas, la passe de Babusâr, la vallée de Kâghân et Taxila enfin2. Mais Gilgit n'était pas un point d'aboutis sement; c'était une étape sur la route la plus directe, mais aussi la plus difficile, entre l'Inde et la Chine par le Pamir (vers Kashgar) ou les cols du Karakoram (vers Yarkend et Khotan)3. On a très peu de témoignages anciens sur cette route, que Fa-Hsien semble avoir en partie empruntée4, mais depuis une cinquantaine d'années des trouvailles archéologiques et épigraphiques permettent de restituer peu à peu le passé de la région5. Le site le plus anciennement connu est celui de Naupur, quelques kilomètres à l'Ouest de Gilgit, au débouché du torrent de Kargha dans la rivière de Gilgit, sur la rive droite de cette rivière (point 3 de la carte PL 1,1). Dans la falaise est taillée une grande image de Buddha debout6. Tout près se trouvaient trois petits stupa très ruinés dont l'un contenait les fameux manuscrits de Gilgit, encore en cours de publication. Ces monuments semblent dater des vie-vne siècles de n. è. Ce n'étaient pas les seuls monuments bouddhiques de la vallée : Biddulph y signale d'autres stupa7 et l'on trouve assez souvent des pastilles de terre crue portant la « profession de foi » bouddhique semblables à celles que nous publions ci-dessous. A peu près contemporaine des manuscrits de Gilgit est l'inscription sanskrite de Hatun8, sur la rive droite de l'Ishkoman (point 1 de la carte PL I, 1), publiée par Chakravarti à partir de mauvaises photos et d'un estampage, et dont le déchiffrement doit être repris sur certains points apparemment mineurs9. Elle commémore le creusement d'un canal et la fondation d'une ville en cet endroit par le mahârâjâdhirâja Patoladeva Sâhi. De cette région proviennent aussi un bol et un rhyton de bronze10. Le bol est d'un type courant au Pamir où l'on en a trouvé un exemplaire très semblable11. Cette trouvaille prouve l'existence de relations entre le (1) Route actuellement coupée par la ligne de cessez-le-feu entre Pakistan et Inde, moderne selon A. Stein, Innermost Asia, Oxford, 1928, I, pp. 4-7. (2) Route décrite par A. Stein, loc. cit. (3) Sur les difficultés, voir Biddulph, op. cit., pp. 1-3 ; Fairley, op. cit., pp. 70-72 ; E. O. Lorimer, Language hunting in the Karakoram, London, 1939, pp. 48-73. (4) Biddulph, op. cit., pp. 110-112. Selon A. Stein, Innermost Asia, Oxford, 1928, I, pp. 30-31, Fa-Hsien serait passé par la vallée de Darel (affluent de la rive droite de Г Indus débouchant en face de Chilas), évitant de passer par Gilgit. Voir à ce sujet Jettmar, op. cit. supra (n. 3, p. 2) p. 418, qui se montre très sceptique à cet égard. (5) Jettmar, pp. 294-323 (version remaniée en anglais, Jettmar, op. cit. supra n. 3, p. 2). (6) Biddulph, op. cit., pp. 108-110. A. Stein, Ancient Khotan, Oxford 1907, I, pp. 17 sq. (7) Op. cit., p. 109. (8) A. Stein, JRAS, 1944-45, pp. 5-14; N. P. Chakravarti, Epigraphia Indica, vol. XXX [1953/54], pp. 226-231 (n° 38). (9) Nous disposons de photos récentes de l'inscription, que nous devons à l'amabilité de M. et Mme Fremont. Elles montrent que l'inscription est menacée de disparition par l'élargissement des fissures qui la traversent. Elles permettent de vérifier de nombreuses lectures de Chakravarti et Sircar, d'en corriger d'autres, mais non de republier entièrement l'inscription comme il serait nécessaire. (10) A. Stein, Archaeological Notes from the Hindukush Region, JRAS, 1944-45, pp. 14-16. (11) B. A. Litvinskij, Drevnie Kočevniki Krgši Mira, Moskva, 1972, pp. 44-50. 4 GÉRARD FUSSMAN Pamir et la haute vallée de Gilgit aux ne-ier siècles avant n. è.1, et montre que la vallée de Gilgit a pu servir de route aux tribus saka du Pamir qui s'infiltrèrent en Inde aux alentours de n. è.2. Les trouvailles épigraphiques tendront, sans aucun doute, à se multiplier au fur et à mesure que le pays deviendra plus accessible. L'exploration du pays par des missions allemandes sous la direction du Prof. Friedrich puis du Prof. Jettmar a déjà amené la découverte de nombreux documents. A Gakutch, au confluent de la rivière de Gilgit et de l'Ishkoman (point 2 de la carte PI. I, 1), M. Jettmar a relevé des inscriptions tibétaines et des dessins de stupa qui attendent encore une publication plus complète3. En 1958, les grimpeurs de l'expédition autrichienne à l'Haramosh découvrirent près de Danyôr, village situé au confluent des rivières de Hunza et de Gilgit, sur la rive gauche de la rivière de Hunza (point 4 de la carte PI. I, 1), une grande inscription gravée sur un bloc erratique. Ils en envoyèrent une photographie prise par le Dr. Eduard Pifîel, zoologue de l'expédition, au Prof. Jettmar grâce à qui j'en eu connaissance. Le 29 avril 1976, je pus me rendre en cet endroit et y passer juste le temps suffisant pour prendre des estam pages de la pierre. Il s'agit d'une grande inscription (4,40x0,60 m; 5 lignes) en sanskrit, de même époque que celle de Hatun, peu profondé ment gravée sur une surface irrégulière et traversée de petites fissures, ce qui complique la lecture des estampages. Les conditions d'éclairage et le manque de recul rendent difficile l'obtention d'une bonne couverture photographique complète de la pierre. Dans ces conditions, je préfère retarder l'édition du texte jusqu'à ce que j'aie pu retourner sur place pour y vérifier et compléter mes lectures. Il faudra pour cela attendre que uploads/Geographie/ fussman-g-inscriptions-de-gilgit-i-1978-befeo.pdf

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