Géologues n°157 Introduction générale Pourquoi une filière Géophysique au milie

Géologues n°157 Introduction générale Pourquoi une filière Géophysique au milieu des filières Hydrocarbures,Mines,Hydrogéologie,Géotechnique, Environnement ? La géophysique en effet,comme la géo- chimie est un outil,une discipline au sein des Géosciences et non un domaine d’application.Seuls les anciens de l’UFG qui ont participé à la création des sections profession- nelles pourraient nous éclairer sur cette question. Peut- être cela tient-il à la forte personnalité des premiers géophysiciens de l’Union ? Peut-être cela témoigne-t-il des relations quelquefois ambiguës qui existent entre géologues et géophysiciens ? Concurrence ? Indépendance ? Complémentarité ? En matière d’exploration,c'est-à-dire dans le domai- ne privilégié de l’UFG, c’est à mon avis le géologue natu- raliste qui prime sur le géophysicien.Lui seul en effet sait poser le problème et lui seul sait le résoudre,en réalisant la synthèse des données des différentes disciplines des géosciences.En matière de physique du globe en revanche, comme la terminologie le suggère, le géophysicien prime,ou du moins garde-t-il toute son autonomie vis-à- vis du géologue classique naturaliste. En tout état de cause,la géophysique est une scien- ce à part entière et elle a donné lieu au développement d’un ensemble de méthodes et de techniques,qui condui- sent à de superbes métiers de technicien, d’ingénieur, d’enseignant et de chercheur. Le domaine professionnel La géophysique,comme l’indique l’étymologie,se définit comme la discipline qui permet l’étude du globe ter- restre à toutes les échelles spatiales et temporelles,par des méthodes dérivées de la Physique. On distingue classi- quement,selon l’échelle spatiale et selon la finalité d’ap- plication, deux domaines professionnels, que l’on peut intituler de manière pragmatique, donc réductrice, (1) la physique du globe et (2) la géophysique appliquée. La physique du globe est elle aussi souvent divi- sée en deux domaines, (i) la géophysique interne, dont l’objet d’étude s’étend de la surface terrestre jusqu’au centre de la Terre et (ii) la géophysique externe,qui s’inté- resse à ce que l’homme a au dessus de la tête ; la limite externe étant mal définie,du fait des interactions entre les planètes. Ces deux domaines d’étude ne sont d’ailleurs pas indépendants.Du point de vue des métiers,la physique du globe relève presque exclusivement de la recherche et de l’enseignement. La géophysique appliquée concerne plus directe- ment tous les domaines de l’activité humaine et de la socié- té,qui ontdes relations avec le sous-sol.Les métiers couvrent en particulier l’exploration et la production des ressources naturelles ou anthropiques – ressources minérales, eau, agriculture – l’environnement,l’aménagement,la protection et la valorisation du territoire, etc. La composante « Recherche et Enseignement » est, elle aussi bien enten- du,présente et importante en géophysique appliquée. Les activités du géophysicien Quelle que soit l’échelle spatiale à laquelle on tra- vaille,ce sont les mêmes lois physiques qui s’appliquent. Par conséquent les activités et la succession des tâches sont très proches dans les deux domaines. D’une maniè- re plus structurée en géophysique appliquée, cette succession peut être découpée en 7 phases. 1 - Exposé du problème à résoudre : La finalité pra- tique est toujours clairement définie ; elle est toujours intimement liée à la géologie locale ou régionale. La meilleure façon de poser le problème au géophysicien est de lui proposer un ou plusieurs modèles géologiques a priori de la situation à étudier. Le premier rôle du géo- physicien consistera à tenter de valider l’un ou l’autre de ces modèles ou à les transformer,voire à les infirmer.Il ten- tera ensuite de mieux les contraindre du point de vue géométrique et de la nature des formations, ce qui per- mettra de les relier à la géologie historique et dynamique. Inversement, la meilleure façon d’obtenir des résultats nuls ou décevants du géophysicien est de prétendre que l’on ne connaît rien de la géologie et que c’est à lui de tout découvrir.Comment bâtir alors un programme d’in- vestigation géophysique pertinent ? 2 - Choix des paramètres physiques adaptés,puis des méthodes et techniques géophysiques à mettre en œuvre. Définition des programmes de mesure et moyens asso- ciés, matériels, humains et financiers. 3 - Acquisition des données, c'est-à-dire mise en œuvre selon les règles de l’art d’équipements spécialisés. Contrôle en temps réel et différé de la qualité des fiches métiers Filière Géophysique Pierre Andrieux. 80 Géologues n°157 enregistrements. Propositions éventuelles de modifica- tion des paramètres initialement retenus, voire des programmes de mesure. 4 - Traitement des données : amélioration du rapport signal / bruit, filtrage, déconvolution… 5 - Interprétation géophysiquedes résultats,avec ou sans introduction de contraintes a priori.Aujourd’hui cet- te étape prend souvent la forme d’inversions, au sens mathématique du terme. Propositions d’un ou de plu- sieurs modèles quantitatifs quasi équi-probables, puis- qu’en effet la solution du problème inverse est plus que rarement unique. 6 - Contrôle et calibration par des moyens directs d’investigation : tranchées, galeries, puits, forages…Mise en œuvre de techniques de géophysique de forage et de diagraphies. Cette étape – forages et mesures complé- mentaires – est inévitable. Elle doit être programmée financièrement et dans le temps,comme partie intégrante de l’investigation géophysique. 7 - Interprétation géologique synthétique par mise en commun des informations et discussion entre les dif- férents spécialistes. Réponse au problème posé. Lorsqu’il s’agit d’exploration de ressources naturelles, le résultat bien sûr… peut être négatif, en dépit d’un travail de grande qualité de la part des géophysiciens ! Ce déroulementlinéaire estquelque peu caricatural. Il est appliqué de manière différente selon que l’on est en phase d’exploration stratégique ou tactique en exploration minière (voir “Géologues”, N°153). Il y a des interactions régulières entre les différents spécialistes et entre le labo- ratoire etle terrain,lorsqu’on réalise un forage d’exploration pétrolière (voir “Géologues”, N° 146). En physique du globe, les programmes se déroulent sur plusieurs années, voire des décennies avec de nombreuses interactions entre les différentes disciplines et avec des forages de contrôle particulièrement profonds (voir les programmes nationaux et internationaux : « Géologie profonde de la France », « Ocean Deep Drilling Programme »….) Selon la nature et la taille de la société à laquelle il appartient, selon sa propre nature, ses compétences, ses goûts et vraisemblablement selon les potentialités du marché de l’emploi,un géophysicien sera chargé d’une ou de plusieurs de ces tâches. Il est important de bien prendre la mesure des spécificités de chacune d’elles avant de faire le choix des métiers qui leur sont associés. Les principaux acteurs professionnels En physique du globe, les principaux acteurs sont essentiellementdes établissements publics ou semi-publics, auxquels s’associent parfois, sur des thèmes particuliers d’intérêt commun,des sociétés privées,grandes ou petites. Citons,en France,parmi les établissements publics : L’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP). Des observatoires :École et Observatoire des Sciences de la Terre de Strasbourg (EOST),les Observatoires de Phy- sique du Globe de Clermont-Ferrand (OPGC) et de Gre- noble (OPGG), l’Observatoire de Midi-Pyrénées (OMP). Des établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) : CNRS, IRD… Des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) : IFREMER, BRGM. La plupart des universités, en association en général avec l’un des organismes nommés ci-dessus, sous la forme d’unités mixtes de recherche (UMR) ou d’instituts de recherche, par exemple : Grenoble, Nancy, Nantes, Orsay, Paris VI, Rennes… En géophysique appliquée, on peut distinguer, pour simplifier, quatre types d’acteurs. Cette classification s’ap- plique plus ou moins bien à chacun des domaines d’activité. 1 - Les sociétés d’exploration/production lorsqu’il s’agit des ressources naturelles, les maîtres d’ouvrage ou les maîtres d’œuvre lorsqu’il s’agit de grands travaux et d’hydrogéologie. Citons pour les premiers :TOTAL pour les hydrocarbures, la Compagnie Française de Géothermie (CFG),filiale du groupe BRGM, puis les sociétés ERAMET et AREVA NC pour la Mine. Et pour les seconds :la société LTF (Lyon Turin Ferroviai- re),SNCF,EDF,RATP… pour les ouvrages ;les agences de bassin,les directions départementales,les collectivités territoriales et les grandes entreprises spécialisées (Véo- lia, Suez …) pour l’hydrogéologie. 2 - Les sociétés spécialisées de services géophysiques et les sociétés spécialisées d’ingénierie et d’assistance Citons pour les premières :CGG/Véritas,Schlumberger, Sobesol, Européenne de géophysique, Calligée… Et pour les secondes, Georex, Amex SpieOil & Gas Services, Ajilon Engineering. 3 - Les bureaux d’étude et les consultants Beicip-Franlab pour les hydrocarbures,Burgéap et Antéa pour les plus grands en hydrogéologie.Et quelques consultants individuels. 4 - Les établissements publics ou semi-publics de recherche et les universités Ce sont pratiquement les mêmes établissements qu’en physique du globe, mais avec des équipes de cher- cheurs différentes. fiches métiers 81 Géologues n°157 Les Formations Formation initiale Géophysiciens techniciens Il n’existe aucune formation de technicien géo- physicien,alors que l’acquisition des données sur le terrain et une bonne partie des traitements constituent des métiers de choix pour quiconque a le goût du terrain, de la mesure et… de l’aventure. Toute formation initiale,inférieure ou égale au Bac et à plus forte raison à Bac +1,+2 ou +3,voire +4,est accep- table surtout si elle inclut l’une des composantes suivantes :mécanique,électronique,mesure physique ou génie civil, hydrogéologie, environnement, voire géolo- gie. Une embauche sans diplôme est donc envisageable si la motivation et les qualités requises sont au rendez- vous. Un BTS, une licence classique ou professionnelle dans des disciplines proches des ces mêmes composantes sont de très bons points de départ qui permettent d’envisager une promotion ultérieure.Le complément de formation géophysique uploads/Geographie/ geologue-geophysique-metiers.pdf

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