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-PC ~~C A~S /<17(. VI \ I - i GEORGES BATAILLE ~ CEuvres completes VII L'ECONOMIE A LA MESURE DE L'UNIVERS LA PART MAUDITE LA LIMITE DE L'UTILE (FRAGMENTS) THEORIE DE LA RELIGION CONFERENCES 1947- I 948 ANNEXES ~ GALLIMARD II a ete tire de ce tome septibne des (Euvres completes de Georges Bataille trois cent dix exemplaires sur Alfa. Ce tirage) constituant I'Mition originale, est rigoureusement identique a celui du premier tome qui seul est numerote. II a ete tire en outre vingt-cinq exemplaires reserves ala Librairie du Palimugre. f(~ ~.~<"(::. - -''''- - -, ~- r. Taus droits de traduction, de reproduction et d'adaptation. resel'ves pour tous les pays. © Editions de Minuit, 1949, pour La Part maudite. © Editions Gallimard, 1974, pour Theone de la religion. C> Editwns Gallimard, 1976, pour ['ensemble de la presente editwn. <:! t""'t '" ~ ~ c' ;::s ~ l:l ~. <:>- l:l ~. ;::s §- s ~ ~, - NOTE DE L'EDITEUR : Le signe / indique un ou plusieurs feuil1ets manquants. Dans les deux premiers chapitres, les fragments donnes entre deux lignes de pointilles correspondent a des x:edactions anterieures ou poste- rieures au manuscrit que nous suivons principalement, dOn! ils pallient les lacunes. Nous renvoyons au texte de La Part maudite pour certains passages qui s'y trouvent repris sans changement notable. Chapitre I LA GALAXIE, LE SOLEIL ET L'HOMME La folie de l'homme conscient Ii tout instant que la terre tourne. Kierkegaard. I. LES CONDITIONS DE LA VIE HUMAINE ISOLEE DE L'UNIVERS On dit souvent que les donnees de science sont abstraites et vides de sens. Mais de telles verites faciles n'enferment rien.J'imagine un esprit enclin a l'interiorite mais n'admettant rien que la science ne fonde (encore qu'il la considere de sang-froid, comme il convient). La science lui paraitrait sans doute unpiege : il dirait aux savants son effroi de les voir vains, sans angoisse. Mais ce qu'il apprend du monde dans les livres ne pourrait lui sembler vide. II lirait ce qui suit dans ses etudes 1. I. La Galaxie et son mouvement. En un point perdu de l'espace inintelligible, nous allons et venons a la surface d'un globe fuyant qu'habitent avec nous les plantes et les betes. Ce globe est anime, nous disent les livres, d'un mouvement de rapidite vertigineuse : un obus est mille fois plus lent que la Terre gravitant autour de l'axe galactique. Ce globe OU nous vivons ne peut etre dissocie de sa fuite : sa realite meme tient au mouvement qui l'anime (autant qu'a la masse dont il est forme). Le Soleil emportant la Terre dans l'essaim des planetes accomplit un si vaste tour qu'en deux cent cinquante millions d'annees seulement, quand une seconde Ie porte a trois cent mille metres de la, il en accomplit Ie parcours. .* Le nom appartient en particulier au tourbillon d'etoiles dont Ie systeme solaire fait partie. La Voie Iactee est I'aspect sous Iequel nous apercevons son developpement dans l'espace. ** Dans The Rotation ofthe Galaxy, Oxford, 1930 • Mais ce voyage qui nous entraine n'est pas seulement immense et rapide. Si Ie Soleil et les etoiles tournaient sta- blement autour d'un centre, cet Univers oil nous sommes serait tout entier ce qu'est Ie tourbillon des planetes (seul l'ordre des grandeurs aurait change); autant qu'il semble, il n'en est rien : Ie tourbillon des etoiles a l'apparence d'une £leur qui s'ouvre. Si dans un au-dela des limites du ciel nous decouvrons l'un des mondes geants qui sont ordonnes comme Ie notre, il n'a pas la structure fermee de Saturne entoure d'anneaux : il a l'aspect d'une explosion qui toumoie. La science dit de la Galaxie * au sein de laquelle tournoie la Terre, qu'elle est composee de myriadesd'etoiles. Lalumiere (a ses trois cent mille kilometres-seconde) met cent mille ans a la traverser. De cette ronde d'etoiles ou nous nous melons nous ne saurions meme pasla forme si nous n'avions decou- vert d'autres mondes de meme nature. Situes loin au-dela des etoiles les plus lointaines, ces tourbillons que reveIe une photographie lente ont l'aspect de disques renfles au centre. 11 en est qui nous apparaissent de profil et rappellent Saturne dans ses anneaux (la sphere centrale est cependant aplatie et, relativement, tres petite). Mais vus de face, comme une chevelure de Meduse ils etendent des bras lumineux deroules en spires a partir du noyau (d'ou les noms de « spirales )) et de « nebuleuses spirales )) qui leur sont donnes). Le noyau central et les spIres sont composes de grumeaux d'une matiere formee par l'amas de multitudes d'etoiles, aussi distantes l'une de l'autre que les etoiles de notre ciel. Ces nebuleuses rappellent les soleils tournoyants de nos fetes de nuit, elles ont l'aspect d'une explosion animee d'un mouvement de rotation'rapide. 11 se peut que l'appa- renceexplosive soit trompeuse, mais au jugement d'Edding- ton ** ces nebuleuses n'auraient pas de stabilite : la longueur du temps d' «( explosion II repondrait a l'immensite de son etendue : Ie monde serait un tourbillon de matiere en explo- sion. 3. Le don du soleil et la division de la plripherie terrestre en parti- cules avides. 187 La limite de l'utile 2. L'erreur fondamentale du sol immobile. Si je continue d'en passer par la science, je suis amene a voir ces galaxies entrainant des etoiles sans nombre (ou des systemes stellaires qu'un « mouvement d'ensemble II unit). Le systeme solaire ajoute a la rotation de l'etoile-noyau Ie tourbillon des planetes : ces planetes tournent elles-memes parfois doublees d'anneaux ou de satellites. Chacun des corps celestes du systeme, en plus du mouvement qui l'unit a l'ensemble, est anime d'un « mouvement intime ", d'une activite particuliere a la masse qui Ie forme. L'etoile-noyau, Ie Soleil, rayonne : Ie rayonnement du soleil est l'incessante projection dans l'espace d'une partie de sa substance, sous forme de chaleur et de lumiere (l'energie ainsi prodiguee procederait d'une destruction interieure de Sans nul doute, ces images ont garde de leur origine savante une nature superficielle. 11 faut reconnaitre de plus que leurs donnees sont fragiles et que Ie changement incessant des sciences les modifiera un jour quelconque. L'image n'en a pas moins de sens si je l'oppose a la conception commune qui fait du sol un fondement des choses reelles : sa beaute invite a rire de notre condition apparente. Au milieu de cet univers fait de splendeur mobile notre monde immobile semble dechu. L'independance que les hommes s'attribuent echappe comme celie du vassal au pouvoir du suzerain. Au milieu du ciel un petit domaine s'est donne son autonomie. L'immobilite illusoire et la reelle pesanteur de notre sol se sont detachees du mouvement ou se perd l'ensemble. Au moment ou j'ecris, je reconnais la verite du monde qui me porte, mais l'existence pesante qui m'apparci.ent ne peut s'evader de ses lois: cette verite n'est encore qu'un spectacle exterieur! Comment pourrais-je, en dfet, participer a l'ivresse du ciel? Je regarde : regarder demande rna presence petrifiee en ce point du monde. Chacune des verites sensibles reconnues de moi, rna condition d'homme la rapporte a l'erreur dusol fixe, a l'illusion d'un fondement immuable. 1 (Euvres completes de G. Bataille 186 ................................. " "." .. ........................................................................................................ 2 [ ...J Le « mouvement intime » de la terre est a rebours de ce1ui du soleil. Le soleil rayonne et notre sol est froid. Le -soleil semble avoir l'unitl des flammes, Ie soleil prodigue eperdument ses forces : notre sol se divise en particules avides de force. L'avidite des particules est sans mesure: elles absorbent l'energie solaire et l'energie du sol a. l'etat libre. Les plus fortes s'emparent de l'energie amassee par les plus faibles. Les hommes font la moisson des forces disponibles : ils absorbent, utilisent, accumulent les ressources de tous ordres - solaires, minerales, animales, vegetales. Les plus forts enfin s'emparent du travail des plus faibles. 18g La limite de l'utile II. L'UNIVERS RETROUVE PAR L'HOMME NAIF I. La conscience naive. Sans la science, je n'aurais pu dire ce qui precede et la science m'autorise am'attarder. La suite du livre se developpe a. partir de ces premices : elle fait voir dans la vie humaine a. la fois l'avidite economique, propre aux elements divises de la terre, et la nostalgie d'une gloire qui n'appartient vrai- ment qu'aux cieux. En verite, chaque voie mene au meme debat. Mais que la voie des sciences, exterieure a la dogma- tique, par Ie detour quej'ai choisi, conduise au drame spirituel, ceci ne peut manquer de consequences pour les hommes. En principe c'est la religion, c'est l'autorite qu'elle a toujours, qui pose les termes du debat. L'autorite renvoie au sentiment naif, dont I'homme Ie plus savant demeure imbu. A cet egard, une separation rigoureuse est de regIe : dans la meme personne, la part savante ignore la part naive, ce manque a savoir de la science dut-il rendre un homme etranger a. lui-meme. Au contraire, j'ai voulu montrer l'accord de sentiments nans et de donnees elaborees. En un certain point de son deve1oppement, la science uploads/Geographie/ georges-bataille-la-limite-de-l-x27-utile.pdf

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