Jean-François Blondel Guide des GRANDS SITES SACRÉS en France 7 Q u’est-ce que
Jean-François Blondel Guide des GRANDS SITES SACRÉS en France 7 Q u’est-ce que le sacré ? Le mot qui le définit ne révèle-t-il pas l’idée d’une « séparation » entre les différents éléments constituant le monde qui nous entoure ? Le sacré caractérise alors ce qui est séparé du monde dans lequel nous vivons, et représente ce qui est inaccessible. C’est quelque chose qui est en dehors… Mais qu’est-ce qui est séparé du créé, du manifesté, si ce n’est le monde de l’Esprit, en un mot : le Divin ? Un lieu sacré devient alors un lieu où souffle l’Esprit, un lieu de la manifestation de la Parole. C’est ainsi que dans les temps bibliques, l’Éternel se manifesta à Moïse dans le buisson ardent, en lui disant : « Retire tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Exode, 3, 2). Mais comment atteindre le sacré ? Depuis l’origine des temps, les sociétés initiatiques traditionnelles ont donné différents moyens d’y accéder : par l’initiation aux mystères, mais aussi par la compréhension du mythe, et du monde des symboles. La mythologie dans l’Antiquité, mais aussi les religions, de religare en latin, nous « relient » avec les entités célestes, an- géliques, divines. Depuis quand le sacré ? Peut-être depuis le jour où l’homme prit conscience de l’existence d’une dimen- sion qui dépasse son entendement. Une dimension avec laquelle il lui est néanmoins possible de com- muniquer. Ce jour-là est né ce que l’on nomme le sacré. Qu’ils soient d’origine païenne ou christianisés par l’Église, il existe un peu partout dans notre pays, des lieux où cette rencontre fut possible, lieux prédestinés, peut-être, ou lieux choisis par des « puissances invisi- bles ». Nous découvrons alors, en ces endroits, une source d’eau vive, une forêt profonde, une caverne ou grotte obscure, où il se passe « quelque chose »… Mais il peut s’agir aussi d’une construction humaine, qui deviendra un site sacré, un temple bâti quelque part où, un jour, il s’est déroulé un phénomène inex- pliqué : une apparition, une manifestation du divin. En ces lieux de « mystère », baignés très certainement de courants énergétiques inconnus, se sont vus asso- ciés des cultes traditionnels et des croyances ances- trales. Mais dès qu’un lieu sera reconnu comme sacré, c’est-à-dire comme manifestation du divin, les hommes voudront lui rendre un culte particulier – le culte étant un moyen d’adoration et de communica- tion avec le sacré. L’homme y élèvera une pierre, qui deviendra un autel où l’on offrira peut-être un sacri- fice (= « créer du sacré ») à une entité transcendantale qui sera interprétée alors comme une divinité. Quels sont, en France, les lieux de ces différentes manifestations du sacré ? Les dolmens et enclos pa- roissiaux de Bretagne ; les arbres sacrés de la forêt de Brocéliande ; les grottes et cavernes préhistoriques de la Dordogne ou de l’Ardèche, et leurs peintures rupestres ; les églises où l’on découvre ces mystérieuses Vierges noires ; la pierre noire « des fièvres » de la ca- thédrale du Puy ; la cathédrale de Chartres et son la- byrinthe ou le « puits des Saints-Forts » ; les curieuses lanternes des morts de la Haute-Vienne ou de la Creuse ; l’église de La Chaise-Dieu avec sa Danse ma- cabre et son étrange sarabande ; les étapes de Saint- Jacques sur les chemins de Compostelle, où l’on dé- couvre une géographie sacrée parsemée de lieux sacrés conservant des reliques de saints ; la figure de proue du Mont-Saint-Michel, surgissant de la mer ; etc. Tels sont les lieux sacrés, innombrables lieux de mystères que recèle notre pays… Un monde, que l’on croyait disparu, semble resurgir sous nos yeux d’un univers parallèle au pays de Des- cartes et d’Auguste Comte… Un monde qui aurait donc subsisté à l’ombre du rationalisme ? Au début de notre ère, l’Église, ne pouvant triom- pher complètement du paganisme, essaya bien de contrôler les pratiques superstitieuses des populations, Avant Propos 8 Guide des grands sites sacrés en France en assimilant et christianisant, petit à petit, les cultes païens du feu, de l’eau ou des pierres. Une chapelle sera bâtie et l’on mettra une croix près d’un lieu de culte druidique, près d’une source miraculeuse, ou d’une divinité du panthéon celte ou romain. Les feux de la Saint-Jean remplaceront l’adoration de l’astre du jour et le vieux culte solaire du dieu Janus des Ro- mains, au jour des solstices. Mais cela n’empêchera pas ces anciens rites païens de continuer d’exister, d’une manière souterraine, en marge du christianisme. 9 Nous avons voulu présenter notre Guide des sites sacrés de la France région par région, c’est-à-dire selon les vingt-deux régions administratives qui découpent notre pays : Alsace – Aquitaine – Auvergne – Bourgogne – Bretagne – Région Centre – Champagne-Ardenne – Corse – Franche-Comté – Île-de-France – Languedoc-Roussillon – Limousin – Lorraine – Midi-Pyrénées – Basse-Normandie – Haute-Normandie – Nord-Pas-de-Calais – Pays de la Loire – Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA) – Picardie – Poitou-Charentes – Rhône-Alpes. C omme en France tout commence à Paris, et tout y aboutit, ce guide s’ouvre sur la région Paris-Île-de-France. Les autres régions sont rassemblées par secteurs géographiques. Le Centre regroupe : Région Centre, Auvergne, Limousin. – L’Ouest : Bretagne, Basse et Haute-Normandie, Pays de la Loire. – L’Est : Champagne-Ardenne, Lorraine, Alsace, Bourgogne, Franche-Comté. – Le Nord : Picardie et Nord-Pas-de-Calais. – Le Sud-Ouest : Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées. – Le Sud-Est : Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Corse. C’est dans cet ordre que vous les trouverez présentées. Pour chacune de ces régions, nous avons décrit un certain nombre de sites sacrés particuliers, que l’on peut ranger sous les catégories suivantes : Cathédrales, abbayes, monastères et églises re- marquables. – Lieux de culte des saints et de pèle- rinage. – Cloîtres. – Calvaires. – Labyrinthes. – Pierres levées (menhirs et dolmens), grottes pré- historiques. – Sources, fontaines et forêts sacrées. – Vierges noires. – Lanternes des morts. – Danse macabre. Tous les types de sites ne sont pas obligatoirement présents dans une région donnée. Nous pouvons, dans une région, en rencontrer quelques-uns, mais rarement la totalité. Un index par type de sites (ex. : les lanternes des morts, les Vierges noires, la Danse macabre, etc.) est placé en fin d’ouvrage. Cet index étant classé par thème, le lecteur pourra facilement orienter sa recherche en fonction d’une thématique qui l’in- téresse en particulier. Par exemple, s’il veut en savoir plus sur les « Vierges noires », il trouvera dans l’index toutes les églises et tous les lieux où l’on a rencontré ces vénérées madones. Mais, un problème se posait : ces Vierges noires se rencon- trent en des lieux forts divers, en Auvergne, essen- tiellement, mais aussi à Chartres (Eure-et-Loir), à Rocamadour (Lot), à Guingamp (Côtes- d’Armor), etc. Il eût été peu pratique de répéter chaque fois ce que nous savons sur elles, sur leur origine possible, leur sens symbolique, ce qu’elles représentent, leur histoire… Aussi avons-nous réuni ces généralités avant chaque index thématique (pierres levées, Danse macabre, labyrinthes, etc.) ; le lecteur pourra facilement s’y reporter et trouvera dans le cours de l’ouvrage les descriptions particu- lières de chaque site. Ce « tour de France » des lieux du sacré, région par région1, auquel nous invitons le lecteur, nous fera découvrir des constructions dédiées au sacré : temples chrétiens (églises, abbayes, cathédrales, basiliques), mais aussi appartenant à d’autres reli- gions ; mosquées, synagogues, temples bouddhistes. Au fil des pages, nous découvrirons aussi d’anciens cultes populaires toujours bien vivants, en des lieux environnés de mystère, véritables réceptacles du sacré, tels que les sources, les pierres levées (ou mégalithes), que le christianisme n’a pas réussi à éclipser. Et l’on pourra finalement se demander si l’homme, depuis la nuit des temps, ne cultiverait pas un jardin secret lui permettant de communiquer avec les puissances célestes, en des lieux mystérieux reliant le Ciel et la Terre. Introduction 1 Il y a vingt-deux régions métropolitaines. La région Île-de-France regroupe huit départements : l’Essonne, les Hauts-de-Seine, Paris, la Seine-Saint-Denis, la Seine-et-Marne, le Val-de-Marne, le Val-d’Oise, les Yvelines. C ette région est surtout dominée par la présence de Paris, la Ville lumière, capitale historique de la France, et trésor de sites religieux de toutes confes- sions, dont certains étaient déjà présents au début de notre ère. C’est en Île-de-France que virent le jour les premières voûtes d’ogives, qui sortirent des chan- tiers « gothiques » dans les premières décennies du XIIe siècle. N’oublions pas que c’est à Saint-Denis, la basilique du premier évêque (martyr) de Lutèce, que Suger avait fait bâtir en 1144 le tout premier édifice conçu selon « l’art nouveau » de l’époque, c’est-à- dire « l’art gothique », qui fera école par la suite. La basilique de Saint-Denis deviendra plus tard la « né- cropole des rois de France ». Mais Paris recèle bien des sites sacrés apparus à différentes époques de son histoire. On ne peut manquer d’évoquer le Sacré-Cœur de Montmartre, le monument le uploads/Geographie/ guide-des-grands-sites-sacres-en-france-jean-francois-blondel.pdf
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- Publié le Jul 09, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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