II. Enjeux diplomatiques et coopérations (Axe 2) Introduction Problématique p.6

II. Enjeux diplomatiques et coopérations (Axe 2) Introduction Problématique p.60 + Carte p.62-63. Les puissances navales et spatiales dans le monde- Le second axe s’intéresse, à travers les exemples de la station spatiale internationale et de la gestion internationale des mers et des océans, aux négociations diplomatiques qui permettent d’encadrer les rivalités interétatiques ainsi qu'aux coopérations internationales rendues nécessaires par des intérêts communs. La conquête des espaces océaniques et extra-atmosphériques est historiquement une source de rivalités, de tensions et d’inégalités entre États. L’absence de statut juridique de ces espaces renforce dans un premier temps les enjeux diplomatiques et nécessite de définir leur gouvernance. Tant pour leur découverte et leur exploitation qui appellent des efforts technologiques et financiers considérables, que pour leur gestion et leur préservation, les États ont été amenés, et le sont encore aujourd’hui, à coopérer par intérêts communs. Les États sont à la fois les acteurs de la conquête, mais aussi les législateurs d’une gestion négociée de ces nouveaux espaces. Ils participent à des négociations internationales à l’échelle mondiale sous l’égide de l’Organisation des Nations unies, mais aussi à l’échelle continentale dans le cadre d’organisations de coopération régionale. L’appropriation et l’usage de nouveaux espaces océaniques et extra-atmosphériques appellent une gestion concertée et la définition commune d’un cadre légal pour réguler leur exploration, leur exploitation et leur protection. Les négociations diplomatiques permettent de réguler les rivalités entre États, alors que les intérêts communs pour développer la Station spatiale internationale ou gérer de façon globale les océans appellent des coopérations internationales. Comment répondre aux enjeux géopolitiques de la découverte et de l’exploitation de l’espace, des mers et des océans ? A. Coopérer pour développer la recherche : la station spatiale internationale Introduction Jalon p.68-69- Alors que le jalon sur la course à l’espace insiste sur la concurrence comme moteur de la conquête, ce jalon vise à analyser comment l’impossibilité de résoudre seuls certains défis (aussi bien financiers, techniques, scientifiques que géopolitiques) conduit les États à coopérer. Dans une approche classique coûts-bénéfices, les coopérations internationales permettent d'abord de mener à bien des projets ambitieux, notamment sur le plan scientifique, qu'aucun acteur ne pourrait lancer seul. En étudiant l’assemblage et l’exploitation de la Station spatiale internationale depuis 1998 -doc.1 p.68. Un projet ambitieux et multinational, nous soulignerons ici que l’espace, n’est pas qu’un motif de rivalité dans les relations internationales, mais peut également œuvrer à l’enrichissement de la connaissance humaine et, tel un symbole, à la coopération entre les nations. Quels défis techniques et économiques obligent à coopérer pour développer et exploiter la Station spatiale internationale ? En quoi témoigne-t-elle de l’évolution des rapports entre puissances ? 1. Le défi technologique et scientifique Doc.2 p.68. L’ISS en 2019- Avec une masse de 420 tonnes et une surface de 108 mètres par 74 mètres, la station spatiale internationale (ISS) -Vocabulaire p.64, orbite basse est la plus grande construction en orbite de l’histoire du monde. Son montage a nécessité l’association de 16 nationspendant une dizaine d’années -sa structure continue d’évoluer. C’est donc un immense défi technologique, qui n’a pu être relevé qu’avec l’invitation adressée en 1992 par le président George Bush à son homologue russe, Boris Eltsine. Il s’agit de faire bénéficier au projet des compétences inégalées de l’héritière de l’URSS dans le domaine des stations orbitales. En effet, si les autres partenaires occidentaux ne sont pas en reste d’un point de vue technique], les expériences soviétiques dans ce domaine sont anciennes et donnent aux Russes une position hégémonique jusqu’après la guerre froide : Saliout 1, première station spatiale satellisée (1971), est suivie par six autres stations qui accueillent des cosmonautes pour une durée de plus en plus longue et dans lesquelles se matérialisent les premières coopérations dès 1978, d’abord limitées aux pays communistes (Vietnam, RDA, Pologne, Cuba, Hongrie...), puis ouvertes aux pays occidentaux (l’astronaute français Jean-Loup Chrétien prend pied sur Saliout 7 en 1982). L’apothéose russe est atteinte avec la mise en orbite de Mir en 1986, où se multiplient les expériences scientifiques et les défis techniques comme l’assemblage de pièces en orbite. Concernant le défi scientifique, en plus d’accueillir un observatoire terrestre et astronomique, l’ISS est aujourd’hui un laboratoire en microgravité dans lequel sont développées les expériences nécessaires au succès d’une future mission sur Mars (notamment le programme états-unien Journey to Mars). On y teste aussi bien la protection contre les radiations, la production d’oxygène et de ressources énergétiques autonomes, que la robotique ou les nouvelles combinaisons spatiales des astronautes. Pour ces recherches, les États-Unis ont veillé à s’attacher dès le milieu des années 1980 les services des autres grandes puissances scientifiques alliées de l’époque : Européens, Japonais et Canadiens. Aujourd’hui, l’Europe, par le biais de l’ESA, joue un rôle de plus en plus nodal. Grâce à l’assemblage depuis 2008 du laboratoire de recherche Colombus, elle s’est spécialisée : Dans les études en sciences de la vie (physiologie et biologie) à travers différents programmes tels qu’Energy, qui porte sur la nutrition spatiale. Des missions plus récentes ont permis de déterminer les conditions de survie de microorganismes dans des environnements extrêmement hostiles, proches du vide spatial. Le retour des astronautes sur Terre et la capacité du corps humain à se régénérer sont impressionnants. Sébastien Barde, sous-directeur au sein du CNES (le Centre national d’études spatiales) rappelle « un séjour de 6 mois dans l’espace, sur les artères, c’est comme si elles prenaient 20 ans. » Mais une fois de retour sur Terre, le corps humain retrouve des capacités quasiment identique à celles qu’il avait avant de partir en orbite. Si cette régénérescence est encore assez mal comprise, elle est très étudiée, notamment en médecine dans la recherche de traitements contre le cancer ou le virus du Sida. Dans les études en physique (mécanique des fluides et science des matériaux). Le travail autour de la physique des fluides a permis d’analyser le comportement de ces derniers dans un environnement de microgravité et de leur découvrir de nouvelles propriétés - doc.3 p.69. Des tests dans l’espace. Ils sont aujourd’hui utilisés dans le bâtiment ou la construction de grandes structures architecturales. 2. Le défi financier Concernant le défi financier, la Station spatiale internationale, bien qu’en projet dès les années 1960, n’est assemblée que trois décennies plus tard, victime dans un premier temps de la priorité donnée au programme Apollo et à la conquête de la Lune, puis, comme tous les programmes spatiaux, des conséquences de la crise économique des années 1970. L’ISS prend le relais du premier laboratoire états-unien Skylab qui, envoyé en orbite en 1973, a dû être abandonné en 1979 pour des raisons budgétaires. Le coût de ce projet oblige les États-Unis à chercher la collaboration de partenaires privilégiés (et solvables !) dès le milieu des années 1980. Ainsi, l’Europe, le Japon et le Canada, sont associés au projet. Quand la Russie rejoint le programme en 1993, elle voit dans la collaboration avec les États-Unis la possibilité de résoudre en partie son impécuniosité dans un contexte d’après-guerre froide : ce n’est que grâce à des financements étatsuniens qu’elle a pu effectuer les lancers des deux derniers modules de Mir (Spektr en 1995, Piroda en 1997), qui avaient été annulés précédemment par Roskosmos, privée de capitaux par l’effondrement de l’URSS. Depuis 20 ans qu’elle est habitée, le coût complet de la station est estimé à 150 milliards de dollars. À titre de comparaison, le budget de la défense est d’une trentaine de milliards d’euros par an en France. C’est donc une somme colossale, qui peut paraître excessive pour faire tourner 6 astronautes dans 450 tonnes d’acier à plus de 350 kilomètres au-dessus de nos têtes. D’un point de vue purement comptable, l’ISS n’est pas rentable… Mais ce n’est pas son but : même si la NASA commence à promouvoir le voyage touristique vers l’ISS, les défenseurs de la station spatiale internationale rappellent qu’elle est un lieu de science, pas de business. Mais les 150 milliards de dollars engagés depuis la création de l’ISS en 1998 restent en travers de la gorge de ses détracteurs. Selon l’ESA, les Américains financent à hauteur de 3,5 milliards d’euros annuels l’ISS, contre 300 millions pour les Européens. La contribution française s’élève à 30 millions d’euros par an La station spatiale internationale est le fruit de la collaboration entre quinze pays : les Etats-Unis, la Russie, le Japon, le Canada et onze pays européens. Elle a vu le jour grâce à la fusion de trois projets plus anciens : la station spatiale américaine Freedom, la station soviétique Mir 2 et le laboratoire européen Columbus. Concernant le défi géopolitique, la participation russe est perçue comme une des réponses à la plus grande rupture de la fin du XXe siècle, l’implosion de l’URSS en 1991. Avec la fin du monde bipolaire, les États-Unis endossent le « fardeau du leadership » (Bill Clinton). Ils souhaitent imposer au monde une Pax Americana qui s’appuie tant sur leur hégémonie militaire que sur la promotion du multilatéralisme, auquel ils décident d’associer la Russie pour éviter toute velléité vindicative. Cette coopération commence avec la mise en place uploads/Geographie/ hggsp-axe-2-et-3-espace.pdf

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