Première S, histoire LMA, 2011-2012 Thème 1 – Croissance économique, mondialisa
Première S, histoire LMA, 2011-2012 Thème 1 – Croissance économique, mondialisation et mutation des so- ciétés depuis le milieu du XIXe siècle Question 1 – Croissance et mondialisation Cours 1 La croissance économique et ses différentes phases de- puis les années 1850 (2h) I Les fluctuations de la croissance (1850-1945) 1. Les moteurs de croissances • Le XIXe siècle et le premier XXe siècle sont marqués par deux phases d’industrialisa- tion en Europe et aux Etats-Unis. La première, amorcée en Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle, s’accompagne du développement des industries textiles et du chemin de fer. A partir des années 1860-1870, une seconde révolution industrielle, fondée sur l’utilisation de l’électricité et du pétrole et de nombreuses innovations techniques dé- veloppe de nouveaux secteurs d’activités. L’Europe occidentale et les Etats-Unis sont les principaux foyers de cette croissance. • Le développement des grandes entreprises et d’un secteur financier puissant contribue largement à expliquer la croissance économique. Les entrepreneurs ont besoin de ca- pitaux. Ils font donc appel à des banques d’affaires et créent des sociétés anonymes. Dans le même temps, des banques de dépôts investissent l’épargne des particuliers, ce qui contribue encore à nourrir la croissance. • Les progrès de la productivité accélèrent ce processus. Dans un premier temps, ils sont dus à l’utilisation de machines et aux innovations techniques. Mais à partir du début du XXe siècle, les gains de productivité sont obtenus grâce à de nouvelles méthodes de production. L’organisation scientifique du travail (OST) est fondée sur la division et le chronométrage des tâches dans le processus de fabrication. Le travail à la chaîne reprend ces principes, associés à une politique de salaires élevés. 2. Les conséquences de la croissance • La croissance économique permet à l’Europe d’imposer sa domination sur le monde. Les Européens contrôlent les échanges commerciaux internationaux. Cette domination est également financière, puisque les Etats européens prêtent de l’argent à de nom- breux Etats (la Chine, l’Empire ottoman). Cette domination financière, associée à une supériorité dans les domaines technologique et militaire, explique le mouvement de colonisation lancé par l’Europe dans la deuxième moitié du XIXe siècle. • En Europe occidentale et aux Etats-Unis, la croissance économique entraîne une élé- vation du niveau de vie des populations. L’urbanisation s’accélère et permet le déve- loppement d’une classe moyenne qui consomme des produits de plus en plus variés. Dans les années qui suivent la Première Guerre mondiale, les Etats-Unis voient s’épa- nouir une société de consommation. Une large partie des ménages américains s’équipe d’une automobile, de produits électro-ménagers. En Europe, le niveau de vie augmente également. • Toutefois, la croissance économique est loin de profiter à tous : la pauvreté persiste dans les zones rurales et les quartiers populaires des villes industrielles s’apparentent Jean-Christophe Delmas 1 II Les « Trente Glorieuses » (1945-1970) souvent à des taudis. Les inégalités sociales et la misère sont dénoncées par des mou- vements politiques et des syndicats qui se réclament d’idéologies dénonçant le capita- lisme libéral (communisme, socialisme, anarchisme) ou qui s’émeuvent des conditions de vie et de travail des plus pauvres (catholicisme social). 3. Crises et dépressions : les fluctuations de la croissance • Si le trend de la croissance économique est haussier pendant l’ensemble de la période, la croissance connaît des périodes de rupture. Il s’agit de crises ponctuelles ou de pé- riodes de dépression lors desquelles la croissance ralentit durablement. Les crises dé- butent généralement par une baisse des cours de la bourse, qui ruine les épargnants et entraînent des faillites de banques et d’entreprises. Elles entraînent un chômage massif. Les Etats mettent alors en place des politiques protectionnistes. • Une Grande Dépression frappe ainsi les pays industrialisés entre 1873 et 1896. Elle dé- bute par un krach de la bourse de Vienne qui a pour conséquence la faillite de plusieurs banques d’affaires. La crise s’étend aux autres pays d’Europe et aux Etats- Unis. Les faillites se multiplient et un chômage de longue durée s’installe. • La seconde grande dépression de la période a des causes similaires. Elle débute avec le krach de la bourse de New-York, le 24 octobre 1929, et se propage en Europe et dans le reste du monde. Cette dépression a des conséquences sociales mais également poli- tiques : elle est en partie responsable de l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne. La France se replie sur son empire colonial et le Front populaire tente une relance par la consommation. L’Italie fasciste adopte des mesures protectionnistes. Aux Etats-Unis, le gouvernement du président Roosevelt met en place le New Deal. II Les « Trente Glorieuses » (1945-1970) 1. Les causes de la croissance • La croissance économique de la période est due à plusieurs facteurs. Les accords de Bretton Woods, signés en 1944, fondent un système monétaire international plus stable. La même année, le FMI (Fonds monétaire international) est créé : il a pour objectif de veiller à la stabilité monétaire internationale et d’aider les Etats en difficultés. En 1947, enfin, 23 pays signent à Genève les accords du GATT, dont le but est de favoriser le libre-échange. Le début de la période est également marqué par la reconstruction de l’Europe et du Japon, grâce à l’aide américaine. • L’accroissement du pouvoir d’achat des populations est assuré par le développement de l’Etat-providence, qui protège les individus et assure une redistribution des richesses. Les Etats jouent également un rôle dans le développement économique, comme en France, avec la planification, ou au Japon, avec l’investissement massif dans l’innova- tion et la recherche. La hausse des revenus est aussi due à la généralisation du fordisme. • Enfin, le développement d’innovations contribue à dynamiser la croissance : aéronau- tique, nucléaire civil, téléphone, télévision, industries chimique et pharmaceutique, etc. D’autres secteurs, comme l’automobile et l’électro-ménager, se démocratisent. La mo- dernisation de l’agriculture et de l’industrie ainsi que le développement des services participent également à la croissance de l’économie. 2. Croissance économique et plein emploi • De 1945 aux années 1970, les pays industrialisés bénéficient d’une forte croissance. Le taux moyen de croissance des PDEM (pays développés à économie de marché) est de 5% par an environ, alors que celui des pays en développement est proche de Jean-Christophe Delmas 2 III Les bouleversements li´ ees ` a la mondialisation 3%. L’URSS et les Etats communistes d’Europe de l’Est connaissent également une croissance économique. • Le taux de chômage demeure pendant toute la période à un niveau très faible : 1,3% au Japon et 1,8% en France, par exemple. Il s’agit d’un chômage frictionnel et non structurel, ce qui permet de parler de « plein emploi ». • Cette croissance comporte néanmoins des limites. Tout d’abord, elle ne concerne qu’un nombre restreint de pays. L’écart se creuse entre les pays industrialisés du Nord, et les pays du Sud, que l’on commence à désigner sous le terme de « tiers monde ». D’autre part, au sein même des pays industrialisés, l’écart se creuse entre les revenus des ménages les plus riches et ceux des ménages les plus pauvres. Et plusieurs groupes demeurent en marge du progrès économique et social : immigrés et minorités ethniques, petits paysans, travailleurs des industries en déclin. 3. Augmentation des revenus, consommation et mutations sociales • Dans les PDEM, la croissance est soutenue par une élévation constante du niveau de vie des populations. Les causes en sont évoquées plus haut (augmentation de la pro- ductivité, généralisation du fordisme, Etats-providence, qualification accrue des popu- lations). Grâce à la croissance, le pouvoir d’achat moyen des habitants des pays indus- trialisés triple au cours des Trente Glorieuses. • La société de consommation se diffuse dans l’ensemble des pays industrialisés (multi- plication des grandes surfaces, production de masse, essor du crédit, etc.). Par la suite, le développement du temps libre et des loisirs amplifie ce mouvement. Certains pro- duits deviennent les symboles de ce nouveau mode de vie : automobile, électromé- nager, télévision, puis diffusion de produits hi-fi. Ce phénomène s’accompagne d’une urbanisation des populations et en particulier du développement des banlieues. • Dans les pays occidentaux, l’évolution la plus importante concerne la répartition socio- professionnelle des populations. On observe tout d’abord une chute de la population active agricole. Ce phénomène est dû à la modernisation des agricultures. A l’inverse, jusqu’aux années 1970, la population active industrielle augmente. Enfin, on observe une progression constante du secteur tertiaire : les services représentent 38% des em- plois dans les pays industrialisés en 1950, et dépassent les 60% au cours des années 1980. III Les bouleversements liées à la mondialisation contemporaine (1970 à nos jours) 1. La rupture des années 1970 • Dès le début des années 1970, on assiste à une rupture de la croissance. Les causes en sont également multiples. Tout d’abord, le dérèglement du système fondé sur le for- disme : les salaires augmentent plus rapidement que les profits, les charges et l’endette- ment des entreprises augmentent et les investissements diminuent. La crise monétaire vient aggraver cette situation : le déficit de la balance des paiements américaine en- traîne la fin de la parité uploads/Geographie/ histoire 22 .pdf
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- Publié le Jul 03, 2021
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