Bien avant de s’appeler « France », notre territoire a vu des peuples d’origine

Bien avant de s’appeler « France », notre territoire a vu des peuples d’origines très diverses se mêler, laissant chacun des traces de leur culture. La population de notre futur pays est donc indéniablement le résultat de métissages et – pour faire écho aux manuels d’histoire de la IIIe République – nous pourrions démarrer ce récit par « Nos ancêtres les Celtes, les Romains et les Francs ». La Gaule Des Celtes aux invasions barbares Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César, Lionel Royer, huile sur toile, 482 × 321 cm, 1899, (musée Crozatier, Le Puy-en-Velay). 12 Les débuts du peuplement Les plus anciennes traces humaines sur notre territoire remontent à au moins un million d’années. Entre - 6500 et - 4000, ces hommes, qui vivent de la chasse, se convertissent à l’agriculture. Cette première civilisation est progressivement supplantée par celle des Celtes qui, d’Europe centrale, arrivent en plusieurs vagues à partir du VIIe siècle av. J.-C. Cette société hiérarchisée, dominée par des chefs guerriers, maîtrise le travail du fer et donne naissance aux premières villes. Le temps des Gaulois Au Ier siècle av. J.-C., les Romains désignent du nom de « Gaulois » (Gallii) les habitants du territoire qui s’étend entre Marseille, les Pyrénées, l’Atlantique et le Rhin. La civilisation gauloise est alors à son apogée. Grands défricheurs, les Gaulois mettent en culture de vastes régions. Leur artisanat est réputé jusque dans l’Empire romain. D’ailleurs, des marchands italiens sillonnent déjà les routes jusqu’au Rhin et à l’Atlantique. Les Romains puis les « barbares » Entre 58 et 52 av. J.-C., Jules César conquiert ce territoire auquel il donne le nom de « Gaule » (Gallia). Sujets puis citoyens de l’Empire romain, les Gallo- Romains en adoptent la culture, le latin notamment, l’urbanisme, les institutions et finalement la nouvelle religion officielle, le christianisme. Au IVe siècle après J.-C., la Gaule gallo-romaine est progressivement occupée par des peuples germaniques. Plus que des invasions violentes, dites « barbares », ce sont des migrations de petits groupes d’hommes qui s’installent sur le territoire, souvent avec l’accord des autorités romaines. Parmi eux, les Francs, qui se mêlent progressivement aux populations gallo-romaines. - 700 /- 600 Migrations des Celtes en Gaule - 200 /- 100 Apogée de la Gaule pré-romaine - 700 50 500 Gaule celtique Gaule romaine 371 Martin, évêque de Tours - 600 Fondation de la cité grecque de Marseille - 390 Invasion de Rome par les Gaulois - 121 Alliance des Éduens avec Rome - 12 Autel des Trois Gaules à Lyon 48 Entrée de Gaulois au Sénat romain v. 80 Fortification de la frontière du Rhin - 58 /- 51 Guerre des Gaules 100 / 200 Essor de la civilisation gallo-romaine 400 / 500 Invasions des peuples germaniques 0 -700 14 Gaule celtique - 700 /- 600 Migrations des Celtes en Gaule - 200 / -100 Apogée de la Gaule pré-romaine VIIe s. av. J.-C. Migrations celtes en Gaule Des migrants celtes s’installent sur notre territoire Entre le VIIe et le IVe siècle avant notre ère, des tribus celtes venues de l’Est investissent le territoire qui correspond aujourd’hui à la France. Ils créent une civilisation originale dont les archéologues ont retrouvé de nombreuses traces. Des immigrants à la recherche de terres Vers le VIIe siècle avant notre ère, arrive sur notre territoire, en petits groupes menés par leurs chefs, une première vague de Celtes originaires de l’est de l’Eu- rope. Poussés par les peuples ger- maniques, ils sont à la recherche de terres fertiles. Ils veulent éga- lement se rapprocher des routes commerciales qui relient le nord de l’Europe à la Méditerranée. Les nouveaux arrivants se mêlent progressivement à une popula- tion plus ancienne mal connue des historiens. Des princes guerriers Dans la société qui se met en place, le pouvoir appartient à des princes qui, entou- rés d’une aristocratie guerrière, dirigent de leur citadelle les campagnes alentour et dominent une population de paysans et d’artisans. Des artisans et des marchands La civilisation celte correspond à la période de l’âge du fer – une période qui débute en Europe au VIIIe siècle avant notre ère. Les Celtes maîtrisent la fabrication du fer, plus complexe que celle du bronze, qu’ils utilisent pour l’armement, l’outillage et les parures des vêtements. Le développement de l’artisanat leur permet d’établir très tôt des relations commer- ciales avec les Grecs (! p. 16). Témoins de ces échanges, les objets précieux avec lesquels les aristocrates celtes se font enterrer, tels les vases de bronze ou les bijoux de corail. VIIe siècle av. J.-C. Au ve siècle av. J.-C., le terme « Celtes » (Keltoi) est employé pour la première fois par le géo- graphe grec Hérodote pour désigner les peuples situés au nord de Marseille. Mais, au moment de la conquête romaine, au ier siècle av. J.-C., les Romains distinguent par le nom de « Gaulois » (Gallii) les Celtes situés entre le Rhin et les Pyré- nées et inventent ainsi, en quelque sorte, la Gaule. Les Celtes désignent alors l’ensemble des peuples d’Europe de l’Ouest ou des Balkans par- lant des langues celtiques. Parmi eux, les Gaulois ont en commun d’habiter un territoire qui corres- pond peu ou prou à celui de la France actuelle. Celtes ou Gaulois ? 50 500 15 Gaule romaine 100 / 200 Essor de la civilisation gallo-romaine 400 / 500 Invasions des peuples germaniques - 58 / - 51 Guerre des Gaules Mont Lassois Vix Glauberg Hohenasberg Mont Beuvray Hochdorf Manching Hallstatt Marseille Rome Pithécusses Himères Carthage Athènes Cadix Emporion Heuneburg Sicile Afrique 300 km Zone des tombes aristocratiques celtes des VIe-Ve siècles av. J.-C. Zone d’expansion de la culture celtique Fondations phéniciennes Fondations grecques Principaux sites celtes CELTIBÈRES IBÈRES CELTES GERMAINS THRACES (Massalia) Les sociétés celtes du viie siècle av. J.-C nous ont laissé de magni- fiques tombes princières enfouies sous des tumuli. En 1953, des archéologues mettent au jour la tombe de Vix (Côte-d’Or). La défunte, sans doute une prin- cesse, y fut enterrée vers 500 av. J.-C. sur un char, parée de nom- breux bijoux en or et entourée de pièces de vaisselle luxueuse. C’est de cette tombe que pro- vient le vase de Vix, un immense cratère de bronze de style grec, qui servait à mélanger vin, eau et aromates lors des banquets. La tombe de Vix ❝ Ceux qui, dans leur propre langue, s’appellent Celtes, nous les appelons Gaulois. » ■Jules César, 58 av. J.-C. Les Celtes en Europe La civilisation celte naît dans une région correspon- dant aujourd’hui à l’Autriche et au sud de l’Allemagne. Par l’effet conjugué de la surpopulation, du change- ment climatique que connaît le continent aux vie et ve siècles av. J.-C., et de la pression des Germains, les habitants de cette région migrent vers l’Europe occidentale et diffusent ainsi leur culture. Les trésors de Vix Intégralement en bronze, le vase de Vix a un dia- mètre de 1,27 mètre, pèse 208 kg et mesure 1,64 mètre de haut. Il est orné de repré- sentations de chevaux et de soldats grecs. Le torque en or, un collier typiquement celte, était porté sur la nuque. Musée du Pays châtillonais, Châtillon-sur-Seine. trésors -700 16 Gaule celtique - 700 /- 600 Migrations des Celtes en Gaule - 200 / -100 Apogée de la Gaule pré-romaine Les Grecs fondent Marseille Au VIIe siècle avant notre ère, des Grecs s’installent dans le sud de la Gaule. Par leur intermédiaire, celle-ci s’ouvre au commerce méditerranéen et à la culture grecque. Des colons grecs créent le comptoir de Massalia En 600 avant notre ère, des Grecs quittent la cité de Phocée en Asie mineure. À la recherche d’un site favorable à co- loniser sur les rivages de la Gaule, ils choisissent de s’installer dans la baie de Lacydon. Protégé par les calanques, le lieu est propice à l’aménagement d’un port. Situé à l’embouchure du Rhône et sur la route conduisant à la côte espagnole, il paraît idéal pour développer le commerce. Et bientôt une puissante cité Rapidement, Massalia contrôle tout le commerce de la Méditerranée occidentale, notamment après la victoire de sa flotte sur celles des Carthaginois et des Étrusques à Alalia vers 540 av. J.-C. Elle exporte du vin et de la vaisselle étrusque et grecque en Espagne et en Gaule (! p. 14) tandis que l’essentiel de l’étain ou de l’ambre du nord de l’Europe transite par son port. Les Massaliotes fondent des villes-comptoirs sur la côte méditerranéenne, dont Agde, Antibes, Nice, mais aussi Avignon sur le Rhône. Des échanges intenses avec les Gaulois Le Languedoc et la Provence actuels sont alors peuplés d’Ibères et de Ligures aux- quels se mêlent des Celtes (! p. 14). Au Ve siècle av. J.-C., les habitants de ces régions construisent des habitations fortifiées, souvent en hauteur. Des fouilles archéolo- giques ont permis d’y retrouver de nombreux objets grecs ou étrusques, signe d’un commerce intense avec Massalia. Les Grecs introduisent également dans la région les cultures méditerranéennes typiques de l’Antiquité : la vigne, l’olivier et le blé. Le sud de uploads/Geographie/ histoire-de-france-les-gaulois.pdf

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