The Project Gutenberg eBook of Histoire du Canal de Suez, by Ferdinand de Lesse
The Project Gutenberg eBook of Histoire du Canal de Suez, by Ferdinand de Lesseps This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you will have to check the laws of the country where you are located before using this eBook. Title: Histoire du Canal de Suez Author: Ferdinand de Lesseps Release Date: April 17, 2021 [eBook #65092] Language: French Character set encoding: UTF-8 Produced by: Laurent Vogel (This file was produced from images generously made available by the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) *** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK HISTOIRE DU CANAL DE SUEZ *** LECTURES ET CONFÉRENCES DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES (Séance du 10 avril 1870) HISTOIRE DU CANAL DE SUEZ PAR FERDINAND DE LESSEPS D’après la Sténographie de M. Sabbatier, sténographe au Corps législatif EXTRAIT DE L’ÉCHO DES LECTURES ET CONFÉRENCES Prix: 1 franc SE VEND AU PROFIT DE LA CAISSE DE RETRAITE DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DE LETTRES PARIS PICHON-LAMY ET DEWEZ LIBRAIRES-ÉDITEURS, 15 RUE CUJAS 1870 IMPRIMERIE GÉNÉRALE DE CH. LAHURE Rue de Fleurus, 9, à Paris HISTOIRE DU CANAL DE SUEZ Mesdames et Messieurs, Je me suis rendu avec empressement à l’aimable invitation de mes collègues de la Société des gens de lettres. D’ailleurs, c’est toujours avec un grand plaisir que je reviens dans ce quartier des Écoles. Je ne puis oublier que c’est à l’École de médecine que j’ai eu, pour la première fois, l’honneur d’entretenir le public du canal de Suez. J’ai commencé par la jeunesse patriotique et fougueuse, car si l’on a pour soi la jeunesse et les femmes, on est sûr de réussir. (_Vifs applaudissements._) Dans cette dernière conférence, je serai heureux de retracer les faits historiques du percement du canal de Suez. Ce qui concerne les négociations a été publié; les conventions avec le gouvernement égyptien sont connues de tout le monde; pour le travail des ingénieurs, M. Lavalley a fait des rapports à la Société des ingénieurs civils. Ces diverses questions ont été bien comprises du public, qui sait par cœur l’isthme de Suez, comme si cet isthme était aux environs de Paris. Je me bornerai donc à vous raconter sommairement les circonstances qui ont amené ou accompagné l’exécution du canal. Mon récit aura peut-être quelque utilité et pourra servir à ceux qui veulent se rendre compte de l’enchaînement des faits et qui étudient le cœur humain.--Rien n’est logique comme les faits. Je vous les dirai sans préparation, et tels qu’ils me reviendront à la mémoire, ne choisissant que les principaux ou ceux qui me paraîtront devoir vous intéresser. (_Très-bien! très-bien!_) On me demande tous les jours, dans le monde, comment m’est venue l’idée du canal; rien d’utile ne se fait sans cause, sans étude et sans réflexion. Un illustre homme d’État, M. Guizot, a dit que le temps ne respectait que ce qu’il avait fait. C’est après cinq années d’études et de méditations dans mon cabinet, cinq années d’investigations et de travaux préparatoires dans l’isthme et onze années de travaux d’exécution, que nous sommes arrivés au but de nos efforts. En 1849, je fus envoyé, par le gouvernement, en mission extraordinaire à Rome, sous l’inspiration du vote d’une Assemblée souveraine. Je devais suivre une ligne de conduite déterminée par ce vote. Quand l’Assemblée législative remplaça la Constituante, on voulut me faire suivre une autre ligne de conduite que je n’ai pas à blâmer, mais que je ne pouvais admettre. Ne voulant pas trahir ma mission, j’abandonnai vingt-neuf années de service diplomatique. La politique m’ayant ainsi fait des loisirs, je me livrai à mes études premières sur l’Orient et l’Égypte, tout en me construisant une ferme dans le Berry; cette situation se prolongea. Beaucoup de personnes m’ont jeté la pierre à cette époque et se sont détournées de moi, me reprochant de n’avoir pas changé d’opinion et de conduite. Les événements ont démontré, je crois, que la politique contraire à celle que j’avais l’ordre de suivre, et qui était conforme à mes idées, n’a pas été heureuse pour les intérêts de notre pays. Appliqué à l’étude des questions orientales, mon esprit se reporta naturellement vers l’isthme de Suez. Il n’y a pas un enfant intelligent qui, à la première vue d’une carte géographique, n’ait demandé à son professeur pourquoi l’on n’allait point aux Indes en traversant l’isthme de Suez. Le maître répondait qu’il y avait une différence de niveau entre la mer Rouge et la Méditerranée; qu’il était impossible de creuser dans le désert un canal qui ne fût rempli aussitôt par le sable, etc., etc. Mais aujourd’hui tous ces fantômes ont disparu: ce qui était impossible, il y a cinquante ans, est devenu facile avec la vapeur, le télégraphe électrique et tous les moyens que la science a mis à notre disposition. De 1849 à 1854, j’ai étudié tout ce qui se rattachait au commerce entre l’Occident et l’Orient; j’ai reconnu que son mouvement doublait tous les dix ans, et que l’époque était venue où la formation d’une compagnie pour le percement de l’isthme de Suez pouvait le développer d’une façon merveilleuse. En 1852, lorsque mes études étaient déjà complètes et que je me vis dans l’alternative de gagner à ma cause un vice-roi d’Égypte que ses plaisirs absorbaient, ou de m’adresser à Constantinople, je pris ce dernier parti. Mes relations de famille et d’amitié permirent à ma demande d’être examinée, et me valurent la réponse que la solution de cette question ne concernait pas du tout la Porte; qu’elle était plutôt l’affaire de l’Égypte. Remarquez que, plus tard, lorsque l’Égypte eut pris l’initiative du canal, l’Angleterre, qui avait fait faire, sans l’intermédiaire du Divan, le chemin de fer entre Alexandrie et Suez, réclama à la Porte, au nom de ses droits méconnus. Je gardai alors mon projet et je continuai à m’occuper de mes bestiaux et de ma ferme. (_On rit._) Un jour que j’étais sur le toit d’une maison en construction, au milieu des poutres et des charpentiers, on me présente un journal où étaient annoncés la mort du pacha et l’avénement de Mohammed-Saïd, fils de Méhémet-Ali. Lorsque je résidais, comme agent français, auprès de Méhémet-Ali, ce grand prince m’avait témoigné beaucoup d’affection, à cause du souvenir de mon père qui avait représenté la France en Égypte, après la paix d’Amiens, et qui avait concouru à l’élévation du binbachi Méhémet-Ali-aga, venu de la Macédoine, avec un contingent de mille hommes. Le premier consul Bonaparte et le prince de Talleyrand, ministre des relations extérieures, avaient donné pour instruction à leur agent de chercher parmi les milices turques un homme hardi et intelligent qui pût être désigné, pour être nommé, par Constantinople, pacha au Caire, titre à peu près nominal, dont il pourrait se servir pour abattre la puissance des mamelouks, contraires à la politique française. Un des janissaires de mon père lui amena un jour Méhémet-Ali-aga, qui, à cette époque, ne savait ni lire ni écrire. Il était parti de la Cavalle avec sa petite troupe, et il se vantait quelquefois d’être sorti du même pays qu’Alexandre. Trente ans plus tard, le corps consulaire venant complimenter, à Alexandrie, Méhémet-Ali-Pacha, sur les victoires de son fils Ibrahim-Pacha, en Syrie, le vice-roi d’Égypte se tournant vers moi, dit à mon collègue: «le père de ce jeune homme était un grand personnage, quand j’étais bien petit; il m’avait un jour engagé à dîner, le lendemain j’appris qu’on avait volé un couvert d’argent à table, et comme j’étais la seule personne qui pût être soupçonnée de ce larcin, je n’osais pas retourner dans la maison de l’agent français, qui fut obligé de m’envoyer chercher et de me rassurer.» Ce qui est très-beau dans la bouche d’un homme qui triomphait, avouant qu’on aurait pu avec raison l’accuser de larcin (_on rit_).--Telle a été l’origine de mes relations avec l’Égypte et la famille de Méhémet-Ali et par suite de ma liaison avec Saïd-Pacha. Son père était un homme extrêmement sévère qui le voyait avec peine grossir d’une manière effrayante, (_nouveaux rires_), et qui, pour prévenir un embonpoint excessif chez un enfant qu’il aimait, l’envoyait grimper sur les mâts des bâtiments, pendant deux heures par jour, sauter à la corde, ramer, faire le tour des murailles de la ville. J’étais la seule personne qui fût alors autorisée à le recevoir; quand il entrait chez moi, il se jetait sur mon divan, tout harassé. Il s’était entendu avec mes domestiques, ainsi qu’il m’en fit l’aveu après, pour obtenir d’eux de se faire servir en cachette du macaroni, et compenser ainsi le jeûne qu’on lui imposait. Le prince était élevé dans les idées françaises: tête impétueuse et grande sincérité de caractère. Quand Saïd-Pacha fut arrivé au pouvoir, mon premier soin fut de le uploads/Geographie/ histoire-du-canal-de-suez-by-ferdinand-de-lesseps.pdf
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- Publié le Jan 01, 2023
- Catégorie Geography / Geogra...
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