Fukushima, un an après Premières analyses de l’accident et de ses conséquences

Fukushima, un an après Premières analyses de l’accident et de ses conséquences Rapport IRSN/DG/2012-001 du 12 mars 2012 R A P P O R T Fukushima 1 an après Premières analyses de l’accident et de ses conséquences Rapport IRSN/DG/2012-001 2/189 Editorial Dès le 11 mars 2011, l’IRSN s’est mobilisé pour contribuer à analyser le déroulement et les conséquences radiologiques probables de l’accident nucléaire que le séisme puis le tsunami venaient de provoquer sur le site de Fukushima Dai-ichi à environ 200 km au nord-est de Tokyo. Les analyses de l’IRSN, menées en temps réel à partir des informations disponibles communiquées par l’exploitant ou les autorités japonaises, ont servi pendant la phase aigüe de l’accident à éclairer les autorités françaises, au niveau de la Présidence de la République et du Gouvernement, de l’Autorité de sûreté nucléaire, des élus, ainsi que de l’ambassadeur de France au Japon, dans la perspective de la protection des membres de la communauté française de plusieurs milliers de personnes présente dans ce pays. L’IRSN a assuré ce rôle d’éclairage et d’anticipation de manière totalement transparente, en rendant systématiquement publics les résultats de ses analyses et en facilitant l’accès des medias à ces informations. Un an plus tard, cette mobilisation se poursuit, sur plusieurs fronts. Le suivi de la situation au Japon tout d’abord, qu’il s’agisse du devenir des réacteurs endommagés, ou des conséquences radiologiques des rejets radioactifs pour les travailleurs, l’environnement ou la population dans les territoires contaminés. Le présent rapport rend compte des travaux entrepris dans ce domaine, souvent en étroite interaction avec les partenaires scientifiques de l’Institut au Japon ou au plan international. Les conséquences à tirer de cet accident, qui pour la première fois a montré qu’un évènement naturel cataclysmique pouvait entraîner un accident nucléaire majeur, constituent un autre volet de la mobilisation continue de l’IRSN. C’est ainsi que l’IRSN, dans le cadre de l’approche européenne dite des « stress tests », a formulé des propositions ambitieuses, désormais retenues par l’Autorité de sûreté nucléaire, pour renforcer la protection des installations nucléaires contre des aléas extrêmes, jusqu’ici considérés comme trop improbables pour devoir être pris en compte. Ces réflexions sur la nécessité de renforcer la prévention des risques conduisent aussi à identifier le besoin de nouveaux programmes de recherche, qui vont être entrepris pour l’essentiel dans un cadre international, et à chercher à renforcer, à l’échelle européenne, l’efficience du dispositif de gestion d’une crise nucléaire majeure, qui aurait inévitablement des répercussions majeures pour une grande partie du continent. Le rapport de l’IRSN remis à l’ASN sur les résultats et propositions suite aux « stress tests » a été rendu public. Toujours avec le même souci de transparence, l’IRSN rendra également publics les résultats de ses recherches sur le renforcement de la prévention des risques d’accidents nucléaires. Jacques Repussard Fukushima 1 an après Premières analyses de l’accident et de ses conséquences Rapport IRSN/DG/2012-001 3/189 Résumé Le séisme de magnitude 9 survenu le 11 mars 2011 à 80 km à l’est de l’île de Honshu au Japon, et le tsunami qui s’en est suivi, ont affecté gravement le territoire japonais dans la région de Tohoku, avec des conséquences majeures pour les populations et les infrastructures. En dévastant le site de la centrale de Fukushima Dai-ichi, ces événements naturels ont été à l’origine de la fusion des cœurs de trois réacteurs nucléaires et de la perte de refroidissement de plusieurs piscines d’entreposage de combustibles usés. Des explosions sont également survenues dans les bâtiments des réacteurs 1 à 4 du fait notamment de la production d’hydrogène lors de la dégradation des combustibles. De très importants rejets radioactifs dans l’environnement ont eu lieu. L’accident a été classé au niveau 7 de l’échelle INES. Ce rapport fait le bilan et met en perspective les connaissances réunies par l’Institut durant les douze premiers mois suivant cette catastrophe pour comprendre la situation des installations, évaluer les rejets et analyser et évaluer les conséquences de l’accident sur les travailleurs et l’impact sur la population et l’environnement. Sur la base des informations disponibles, une première analyse de l’enchaînement des événements est présentée. Il est à noter qu’un an après l’accident, le déroulement complet de la séquence échappe encore à la compréhension précise. Le retour d’expérience de l’accident de Three Mile Island (Etats-Unis) en 1979 où la réalité de l’endommagement du cœur du réacteur n’a été constatée qu’en 1986, laisse penser qu’il faudra plusieurs années pour reconstituer le scénario détaillé de l’accident qui a conduit aux rejets radioactifs. Pour cela, l’accès aux installations accidentées sera un préalable nécessaire. La situation sur le site est encore précaire (inétanchéité des cuves et des enceintes, rejets diffus…). Si elle s’est nettement améliorée grâce aux moyens importants déployés par TEPCO pour reprendre le contrôle des installations, cet effort devra être maintenu dans la durée pour, dans les délais annoncés, débuter l’évacuation des combustibles des piscines (2 ans) et démarrer le retrait du combustible dégradé des réacteurs (à l’horizon de 10 ans). Pour ce qui concerne les rejets radioactifs, les travaux sur l’évaluation des quantités rejetées dans l’air et en mer ainsi que sur leur dispersion sont présentés mais doivent encore être considérés comme provisoires. Il est à noter qu’un effort important a été accompli au Japon pour caractériser la contamination environnementale. Celle-ci a fortement diminué dans les semaines et les mois qui ont suivi l’accident, en raison de la quasi-disparition des radionucléides à vie courte. Les risques les plus élevés pour la population se sont concentrés sur le premier mois. Aujourd’hui et pour de nombreuses années subsiste une contamination de l’environnement par le césium radioactif ; ceci aura pour effet de compliquer le retour dans les territoires évacués les plus contaminés. Le retrait des dépôts rémanents sera un chantier lourd, long et générateur de déchets. Un autre impact durable pourrait subsister sur certaines productions agricoles dans les territoires les plus contaminés ; il pourra peut-être être réduit par des pratiques adaptées et le maintien d’une surveillance étroite. Les milieux naturels (forêts) resteront les plus vulnérables dans la durée avec une dépollution difficile. Fukushima 1 an après Premières analyses de l’accident et de ses conséquences Rapport IRSN/DG/2012-001 4/189 Pour ce qui concerne le volet sanitaire de la catastrophe, les travaux de l’IRSN ont porté sur des premières évaluations des doses potentiellement reçues par la population japonaise pendant la phase des rejets et par l’exposition externe aux dépôts radioactifs au cours de la première année après l’accident. Les différentes études épidémiologiques de suivi de la population, qui ont été lancées au Japon, sont présentées. D’après les autorités japonaises, les doses reçues seraient inférieures à 100 mSv. Bien qu’il ne soit pas sûr qu’à ce niveau de dose un excès de risque puisse être décelé par les études épidémiologiques, ces études sont néanmoins indispensables car elles correspondent à une attente légitime de la population. Elles permettront également d’acquérir de nouvelles connaissances dans le domaine des expositions aux faibles doses de rayonnements ionisants. Cependant on note dès à présent un déficit de mesures chez les personnes exposées, notamment les enfants exposés aux iodes radioactifs. A ce jour, les Autorités japonaises n'ont fait état d'aucun cas de conséquences sanitaires constatées sur les travailleurs. Les seules informations sur les doses reçues par les travailleurs disponibles à ce jour sont celles fournies par la société TEPCO concernant les employés de TEPCO ou de sociétés sous-contractantes, impliqués dans les opérations menées à la centrale de Fukushima Dai-ichi. Aucune information précise quant aux doses reçues par les autres catégories de travailleurs exposés (pompiers, policiers, employés municipaux, agents de la sécurité civile) n’a pu être obtenue à ce jour, alors qu’au moins certains d’entre eux ont fait l’objet d’un suivi dosimétrique. S’il est fait état qu’aucun effet déterministe attribuable à une exposition aigüe à la radioactivité n’aurait été observé à ce jour, il est pour le moment très difficile d’obtenir des informations précises quant à l’exposition des travailleurs et aux effets sur leur santé. Le présent rapport présente également les travaux lancés en 2011 par le Comité des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) en vue de la rédaction d’un premier rapport consacré à l’évaluation des niveaux d’exposition de l’environnement et des populations liés à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi et des conséquences pour la santé des personnes. Fukushima 1 an après Premières analyses de l’accident et de ses conséquences Rapport IRSN/DG/2012-001 5/189 SOMMAIRE PREAMBULE........................................................................................ 8 1. LE CENTRE TECHNIQUE DE CRISE DE L’INSTITUT ....................................... 8 2. PRESENTATION D’UN REACTEUR A EAU BOUILLANTE .................................10 2.1. DESCRIPTION GENERALE........................................................................................ 10 2.2. LES BARRIERES DE CONFINEMENT............................................................................. 10 2.3. LES SYSTEMES DE SAUVEGARDE ............................................................................... 12 2.3.1. Isolation condenser - IC ................................................................................... 12 2.3.2. Reactor core isolation cooling system – RCIC.......................................................... 13 2.3.3. High Pressure Core Injection system - HPCI ........................................................... 14 2.3.4. Safety relief valves – SRV ................................................................................. 14 2.3.5. Hardened Venting System................................................................................. 15 3. LE SEISME DE TOHOKU DU 11 MARS 2011 ...............................................16 4. CONSEQUENCES SUR LES REACTEURS DE FUKUSHIMA DAI-INI, ONAGAWA, TOKAI, HIGASHIDORI ET HAMAOKA ....................................................................21 5. ACCIDENT DE FUKUSHIMA DAI-ICHI .......................................................22 5.1. SEQUENCE ACCIDENTELLE uploads/Geographie/ irsn-rapport-fukushima-1-an-apres-032012.pdf

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