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Digitized by the Internet Archive in 2010 witii funding from University of Ottawa littp://www.arcliive.org/details/lespliilosopliiespOOwalil LES PHILOSOPHIES PLURALISTES D ANGLETERRE ET D'AMÉRIQUE A LA MEME LIBRAIRIE DU MÊME AUTEUR Du Rôle de l'Idée de l'Instant dans la Philosophie de Descartes 3 f, . 50 LES PHILOSOPHieS PLUIULISIËS D'ANGLETERRE ET D'AMÉRIQUE JEAN WAHL Agrégé de Philosopliie Docteur es lettres Ancien élève tle l'École Normale Supérieure Ancien pensionnaire de la Fondation Thicis Professeur au Lvcée du Mans (7^3- JZi' PARIS LIBRAIRIE FÉLIX ALGA.N 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, iW) 1920 Tous droits de traducliou, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. MONSIEUR EMILE BOUTROUX LIVRE PREMIER LE MONISME EN ANGLETERRE ET EN AMÉRIQUE C'est surtout après 1870 que l'enseignement philosophique dans les Universités anglaises s'inspira du monisme idéaliste de la philosophie allemande. Néanmoins, Tinfluence de la phi- losophie allemande sur la pensée anglaise s'était fait déjà sentir dès les premières années du siècle. Goleridge s'était inspiré de Schelling; il avait chanté le « tout miraculeux», l'esprit «omni- fique », l'unité saisie par la raison et l'imagination, l'âme humaine annihilée en Dieu(l). De Quincey avait étudié Kant et Herder. Plus tard Carlyle conseillait aux jeunes Anglais d' « ouvrir leur Gœthe » et proposait à l'admiration silencieuse l'indivisible Nature de la philosophie allemande. De plus en plus les idées allemandes d'abord adoptées par des poètes et des écrivains se répandirent dans les milieux philoso- phiques. Gaird se mettait à l'école de Garlyle(2). Stirling célé- brait Hegel en deux volumes d'un style obscur et tumultueux; l'hégélianisme seul pouvait selon lui servir à vaincre le mou- vement de réaction violente contre les tendances transcendan- talistes que préparaient Buckle et ses amis (3). La raison con- crète seule pouvait ramener les Anglais au Ghristianisme. Il croyait en une nécessité unique, un devoir-être éternel. Il écri- vait résumant sa croyance : Une seule proportion absolue est le tout L'Un est multiple et le multiple est Un Là est la paix divine, et la Grande Vie Qui est le tout (4). L'influence de Stirling fut réelle. Green recommandait le Secret de Hegel comçae une exposition fidèle et complète du (1) Bcligious Musings, Works p. 13 et 14. (21 Walson, Philos. Rovlcw 1909 p. 147. (3) Lettre citée dans Lifr of SUrling p. 249. (4) Lifo of Stirling p. 271. 2 LE PLURALISME ANGLO-SAXON développement de la philosophie allemande (1). Et en Amérique Harris saluait en Stirling un écrivain « qui sait éveiller la foi philosophique » (2). L'helléniste Jowett inspirait à quelques âmes, l'idée d'une philosophie qui pourrait victorieusement lutter contre l'empi- risme de Mill, et surtout contre le « monisme spencérien ». En 1874 et 1875, Hili Green et ses amis opposaient au monisme matérialiste un monisme idéaliste. Green est préoccupé avant tout de montrer dans la moindre perception l'unité du sujetpen- sant, et dans le moindre être vivant l'unité de la conscience universelle ; étant donné un fait, il ne peut l'envisager que par rapport au tout dont il fait partie. Il a, très vifs, le besoin et le sens de la totalité (3). Il ne peut concevoir l'existence de rela- tions entre les choses sans admettre l'existence d'un sujet unique, lien spirituel de ces relations. Il envisage toute idée en fonction du tout. Les livres des philosophes, les journaux, les revues, même la revue créée par Maudsley (Journal of Mental Science), sont envahis par les idées hégéliennes (4). On comptait à l'aide des idées allemandes pouvoir triompher de l'agnosticisme en meta- physique, de l'associationnisme en psychologie, de l'utilitarisme en morale. « De plus en plus, disait Eucken en 1897, parlant de l'Angleterre, de plus en plus le système hégélien est le point de ralliement de tous ceux qui sentent le besoin d'un schème com- préhensif destiné à combattre le scepticisme, le dualisme et l'utilitarisme » (5). Les besoins métaphysiques, les besoins moraux, les besoins religieux semblaient concorder : la philosophie néo-kantienne et néo-hégélienne apportait le salut. Mais bientôt le monisme qui s'était développé sous l'influence des besoins religieux, apparaissait finalement à un certain nombre de philosophes comme la négation de la religion. La religion n'est-elle pas conçue par Bradley, disaient-ils, comme un stade de la pensée qui doit être dépassé? Bosanquet n'af- firme-t-il pas que l'univers ne doit pas être considéré comme gouverné par une personne morale toute puissante ? Ne critique- t-il pas l'idée d'expiation ? Ne critique-t-il pas l'idée d'un purga- toire ? Ainsi le monisme semblait s'être transformé; sous sa première (1) Life of Stirlincj p. 169. (2) Life of Stirling p. 187. (3) Prolcg. p. 72. (4) Jlogelisms, Mind 1882, p. 186. (5) Slonisl 1896-97, p. 321. LE MONISME EN ANGLETERRE 3 forme, — avec Green. ses amis et ses disciples, (1) — il se refu- sait à réduire la philosophie à une sorte de mouvement de la pensée absolue. Jowett voulait entre l'homme et la divinité « une harmonieuse proportion ». Pour Jones, pour Baillie, pour Haldane, l'absolu se présentait comme une individualité ou comme un ensemble d'individualités et leur philosophie se rapprochait plus parfois de celle de Lotze que de celle de Hegel; ils restaient dans l'ensemble fidèles à la pensée de Coleridge; l'Absolu des penseurs et le Dieu des croyants s'identifiaient d'après eux, leur absolutisme était l'adversaire du scepticisme et sans doute aussi du spinozisme, était un absolutisme de ten- dances théistes. Mais quelques années après, une doctrine, la doctrine pragmatiste, la doctrine pluraliste s'élevait au nom de la pensée religieuse, de la pensée religieuse des âmes naturelle- ment et simplement croyantes, contre les idées absolutistes. Les pragmatistes montraient en elles l'union d'uu dogmatisme desséchant et d'un scepticisme plus desséchant encore, d'un optimisme amollissant et d'un pessimisme incurable et en somme la négation même de la religion et de la foi. C'est que Bradley semblait avoir donné au monisme idéaliste une forme nouvelle. Il avait d'abord présenté des idées qui pou- vaient paraître purement hégéliennes, mais dès sa Logique de 1883 et surtout dans Appearance and Reality il expose un mo- nisme, un absolutisme qui au premier abord du moins se distin- guent très nettement des aspects antérieurs de la doctrine. L'idée de la réalité absolue, vers laquelle tend la métaphy- sique de Bradley, l'idée de l'expérience dont elle part, l'idée de la méthode qu'elle emploie, peuvent se trouver dans VEthiqtce, dans le Traité de la Nature Humaine, dans la Logique, et dans l'antique pensée des sophistes ; il n'en est pas m-)ins vrai que toutes les doctrines sont transformées, transmuées, comme il dit, dans son système à la fois compréhensif. précis et plein d'inconnu; tantôt on se sent près delà pensée de James et tantôt de celle de Hegel. Foi et expérience, totalité et diversité, prag- matisme et anti-pragmatisme, transcendance et immanence semblent s'unir en elle; cette union d'un absolutisme intransi- geant, d'un scepticisme ironique, du souci de l'expérience et du fait particulier, enfin peut-être d'un certain sensualisme, suivant une remarque de Sturt, font la difficulté et l'originalité de cette philosophie dont nul ne saurait nier la profondeur. Il ne faudrait pas sous l'infiuence de cette idée de la diversité (1) Pourtant Netllesliip écrivait « I think thaï I shall end my days as something like a Spinozist » (Philosoplu'cal Lectures, p. XLVII). 4 LE PLURALISME ANGLO-SAXON des tendances qui se rencontrent chez Bradley, perdre le fii conducteur de la doctrine, et laisser dans l'ombre ses concep- tions fondamentales. Nous devons les exposer brièvement pour comprendre les critiques qu'ont dirigées contre elles les plura* listes et l'effort qui est nécessaire pour tâcher de la comprendre vraiment. Nous nous servirons surtout pour en donner une idée de Appearatice and Reality, complétant pourtant cet ouvrage sur certains points par les Essays on Truth and Reality. Dans une première partie de Appearance and Reality, Bradley montre comment les concepts dont nous nous servons ordinai- rement pour nous rendre compte de l'expérience, comment les distinctions que nous faisons, comment les touts que nous for- mons sont finalement non-satisfaisants pour la raison, sont contradictoires, ne peuvent être par conséquent que des appa- rences. Les distinctions entre les qualités premières et les qua- lités secondes, entre les substantifs et les adjectifs, les notions de relations et de qualités, d'espace et de temps, de causalité et d'activité, -de chose et de moi, de corps et d'âmes sont cri- tiquées. Partout nous voyons les choses, les termes se briser, se mor- celer en relations qui ne peuvent trouver leurs termes. C'est que l'illusion qui consiste à distinguer les choses en relations et en qualités est la source de toutes les autres illu- sions ; c'est elle qui nous rend la réalité inintelligible ; car d'une part les qualités ne sont rien sans les relations, puisqu'il n'y a qualités que s'il y a distinctions et rapports: et d'autre part elles ne peuvent être comprises si on admet précisément l'idée de relation. Bien plus, la qualité apparaît à la fois comme une condition et comme un résultat des relations et cette double afïirmation est contradictoire. Une pensée « relationnelle » ne peut que nous donner l'appa- rence, ne peut uploads/Geographie/ j-wahl-les-philosophie-pluraliste-d-x27-angleterre-et-d-x27-amerique.pdf
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- Publié le Jul 29, 2022
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