TÉLÉGRAMME Magazine Qu’est-ce qui vous amène à Batz, où vous passez vos vacance

TÉLÉGRAMME Magazine Qu’est-ce qui vous amène à Batz, où vous passez vos vacances depuis longtemps ? Mon beau-père alsacien a acheté une maison dans le bourg il y a quarante ans, et j’y viens en effet depuis une trentaine d’années. Nos trois enfants y ont grandi en vacances, et y reviennent chaque été. C’est une île un peu secrète, que j’aime et que je respecte, mais Batz est surtout une île authenti- que, de pêcheurs et d’agriculteurs. A la fois tradi- tionnelle avec ses chevaux de trait, et d’avant-gar- de, avec sa culture biologique. Je suis normand, et j’ai découvert la mer grâce à cette île. Vous êtes vétérinaire de formation, que vous a apporté cette longue pratique ? Oui, j’ai été vétérinaire pour les chevaux dans l’Or- ne durant douze ans. En 1976, je défilais d’ailleurs en blazer dans le stade olympique de Montréal, comme vétérinaire de l’équipe de France des sports équestres, ce sont des moments que l’on n’oublie pas. L’art vétérinaire correspond en fait à une logique de l’analyse, il s’agit d’observer et d’écouter, puis de poser un diagnostic. Cela m’a rendu très pragmatique, et peu idéologue, ça m’a également appris l’humilité, parce que parfois le diagnostic n’est pas le bon ! Ensuite, vous changez de cheval en quelque sorte, pour vous lancer dans la politique, comment expliquez-vous cette évolution ? Je suis un homme de la terre et de la forêt, mon père était déjà un élu local de l’Orne, radical-socia- liste, dans la grande tradition rurale. Je suis né à Flers, ville détruite à 75% durant la Seconde Guer- re mondiale, et la geste gaulliste fait partie de mon enfance. Je me suis engagé très tôt dans l’aumônerie étudiante, puis dans le gaullisme social, et je suis devenu maire de Rambouillet à 34 ans, un peu à la surprise générale… Oui, mais trois ans plus tard, vous faites votre entrée au Sénat, par surprise enco- re ? Presque, vous allez rire, mais c’est vrai. On m’avait proposé d’être député en 1986, mais j’ai choisi le Sénat par goût des collectivités locales. Marc Loriol m’avait pris comme numéro deux de sa liste, et j’ai été élu d’une manière inattendue, car j’étais jeune sans doute, et grâce à mes idées. Je crois en effet à l’économie de marché, mais je pense qu’elle doit être régulée. Je suis un militant du service public, pas en tant que statut, mais par- ce que c’est un service qui doit être disponible et accessible sur l’ensemble du territoire. D’une manière générale, j’exècre les extrêmes. Vous vous présentez à la présidence du Sénat, qui se jouera le 2 octobre, et on dit même que vous êtes le candidat de Sarko- zy ? J’ai en effet refusé, le 19 juin 2007, d’être ministre de l’Agriculture pour mieux me préparer à cette candidature. Le Sénat souffre d’un double déficit de légitimité et de visibilité, alors que c’est une ins- titution utile à l’élaboration des lois. Ce n’est pas l’assemblée de la pomme de terre et de la châtai- gne, ni un clone de l’Assemblée nationale. Il joue le rôle d’un balancier stabilisateur, moins soumis aux pulsions brusques de l’opinion, et ne va donc pas au même rythme que le reste du pays. Je dirais aussi qu’il est en pointe sur les libertés, après avoir créé la Cnil (Commission nationale informatique et liberté), et bloqué les tests ADN pour les étrangers dans le cadre du regroupement familial. Quant au soutien de Nicolas Sarkozy, je ne vais pas faire parler le président de la Républi- que à sa place, ce sera de toutes les façons un vote, une décision des seuls sénateurs. Et je ne suis pas Vatel (*), ce n’est pas la corde qui m’at- tend si la sauce ne prend pas ! Thierry Dussard * Vatel, intendant du prince de Condé, se suicida à Chantilly en 1671, après avoir attendu en vain la « marée » qui devait apporter les poissons du ban- quet donné pour Louis XIV. J’ai refusé d’être ministre de l’Agriculture pour mieux me préparer à cette candidature ». Gérard Larcher, candidat à la présidence du Sénat. REPÈRES 14 septembre 1949: naissance à Flers (Orne). 1974: vétérinaire de campagne. 1983: maire de Rambouillet. 1986: sénateur des Yvelines (RPR). 1997-2001: vice-président du Sénat. 2004: ministre délégué aux relations du tra- vail de Raffarin. 2005: ministre délégué à l’emploi, au tra- vail et à l’insertion de Villepin. 2008: réélu maire de Rambouillet (UMP) avcc 57 % des voix. Gérard Larcher passe ses vacances à l’île de Batz depuis une trentaine d’années. L’occasion de recharger ses batteries pour celui qui mène sa barque avec sérénité dans les méandres du Gulf Stream de l’UMP. Photo T.D. Un gourmand à la mer Guy Cabioch, maire de l’île de Batz, qui vient d’être décoré par Gérard Larcher du Mérite national, le qua- lifie de « vrai îlien», et tous le décrivent comme « toujours dévoué pour son île, sans jamais se met- tre en avant». Tôt le matin, en fonction de la marée, on le voit partir à la pêche sur son petit bateau à moteur, le Gipytoche, et il s’accorde une fausse répu- tation d’« incapable de prendre des bars, mais imbat- table pour le maquereau». Qu’il cuisine souvent lui- même, pour décharger sa femme Christine, et parce que ce grand chasseur ne laisse à personne d’autre le plaisir de préparer ses plats favoris. La Poste et l’hôpital ses sujets de prédilection La Poste évolue, le courrier à la Madame de Sévigné ne représente plus que 5% de son activité, et il a lan- cé l’idée de la Banque postale pour lui donner des relais de croissance, et en même temps offrir un meilleur service à nos citoyens. « Je dis donc oui à la fin des monopoles, et l’Union européenne nous y oblige, mais tout n’est pas marchandisable». Nico- las Sarkozy lui a confié aussi un rapport sur la réfor- me hospitalière qui doit être débattue au Parlement à l’automne, et « j’ai proposé une organisation en communautés hospitalières pour maintenir les diffé- rentes spécialités autour d’une équipe médicale, ce qui est indispensable comme on l’a vu à Carhaix». Le pacte Gaudin-Raffarin Un accord entre les deux sénateurs centristes cher- che à bloquer la route du gaulliste Larcher, pas de primaires donc entre le sénateur des Bouches-du- Rhône et celui de la Vienne. Les deux hommes pous- sent en outre la candidature du gaulliste libéral Phi- lippe Marini pour émietter le gâteau de Larcher. En 1998, les divisions de la droite avaient cependant abouti à l’élection du RPR Christian Poncelet contre l’UDF René Monory, avec le soutien de quelques socialistes. Depuis les municipales de 2008, six Fran- çais sur dix vivent dans une commune de gauche, le corps électoral des sénateurs (50.720 grands élec- teurs, dont 95% de conseillers municipaux), a méca- niquement viré à gauche. L’UMP s’attend ainsi à la perte d’une dizaine de sièges, et le groupe pourrait passer sous la barre des 150 membres, tandis que le PS devrait progresser d’autant et dépasser le seuil des 100 sièges. Bref, la bataille pour le « plateau », l’équivalent sénatorial du « perchoir » de l’Assem- blée, ne sera pas de tout repos. Un ministre du Travail suractif Ministre du Travail de Raffarin, puis de Villepin, il fai- sait équipe avec Jean-Louis Borloo, qui ne prenait la parole sur ce sujet que lorsque le taux de chômage à annoncer était à la baisse, laissant à Gérard Larcher les mauvaises nouvelles. Mais le plan de cohésion sociale et les départs à la retraite des baby-boomers ont ramené le taux des demandeurs d’emploi en des- sous des 11% de l’époque. Membre depuis long- temps du groupe d’amitiés France-Liban, Gérard Lar- cher appartient aussi au groupe d’information sur le Tibet du Sénat. T.D. « Dévoué pour son île, sans jamais se mettre en avant » Histoire Lamennais Page 20 Gérard Larcher. Un sénateur transcourant Savoir Les Etrusques Page 22 Candidat à la présidence du Sénat, il est en campagne, mais passe ses vacances à la mer, à l’île de Batz (29). Breton de cœur mais Normand, Gérard Larcher appartient au gaullisme mais social. Portrait d’un poids lourd de la politique qui se révèle subtil. Edition Les aventuriers Page 21 uploads/Geographie/ l-archer.pdf

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