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JOURNAL OF The General Union OF Arab Archaeologists (2) ــــــــــ ـــــــــــــ ـــــــــــــــــــــــــــ 104 L’Art rupestre de l’atlas saharien (Algérie) Essai d’analyse spatiale Dr. Merouane Rabhi Mr. Hocine Bellahreche Abstract: Rock art represents one of the most important archaeological remains in the Algerian Saharan Atlas. The various classical attempts for its study and interpretation led to the proposal of a methodological framework based on the description and classification of this archaeological record in chronological stages. The spatial distribution of rock art in the landscape as well as the related geographical context required the application of new and innovative approaches such as spatial archaeology and Geographic Information Systems (GIS). The main goals of this paper are to illustrate the impact of the geographic, topographic and the environmental context on these cultural manifestations, as well as to propose behavioral hypotheses based on the analysis of their spatial distributions. Keywords : Algeria, Saharan Atlas, Rock Art, Spatial Archaeology, GIS.  Maitre de conférences, institut d’archéologie, Université Alger2. mrabehi1@gmail.com  Maitre-assistant, département d’histoire et d’archéologie, Université Setif2. JOURNAL OF The General Union OF Arab Archaeologists (2) ــــــــــ ـــــــــــــ ـــــــــــــــــــــــــــ 105 Introduction Science humaine par excellence, l’archéologie aspire à restituer et interpréter les cultures matérielles anciennes. Par le biais des techniques d’acquisition de données sur le terrain, l’archéologue tente de faire des inférences tant sur l’échelle du comportement humain, que sur le plan du peuplement à des échelles micro et macro régionales. Au-delà de l’aspect chronologique des données recueillies, leur nature géospatiale a suscité chez les chercheurs le besoin d’inclure de nouvelles méthodes de recherche, sachant que les êtres humains ne se comportent pas de façon aléatoire dans l'espace et utilisent le paysage d’une manière raisonnée(1). Le choix des emplacements et les modèles d’activités sont conditionnés par des facteurs culturels mais aussi environnementaux. Les influences dues à la proximité avec d'autres groupes humains, le contrôle physique de l’espace, la sécurité et la perception culturelle du paysage, sont les plus importantes variables culturelles. D’autres critères liés à l’environnement comme la disponibilité des ressources alimentaires et hydriques, la topographie (visibilité, accessibilité, pentes), la facilité de mouvement et la disponibilité d'autres ressources naturelles sont aussi des facteurs déterminants(2). L’identification et la compréhension de ces critères passe par une vision spatiale de l’archéologie et l’apport de la géomatique, cette dernière transforme profondément les manières de représenter et d'analyser l'espace(3). (1) Hodder I., Orton C. « Spatial Analysis in Archaeology ». (2) Torres J. « Geographical Information Systems (GIS) » p.6. (3) Barge O. et al. « L'Utilisation des Systèmes d'Information Géographique », p.16. JOURNAL OF The General Union OF Arab Archaeologists (2) ــــــــــ ـــــــــــــ ـــــــــــــــــــــــــــ 106 1- Archéologie spatiale Sous l’impulsion d’un certain nombre de chercheurs, véritables pionniers de l’analyse spatiale en archéologie, une vision nouvelle dans l’étude des établissements anciens et des territoires a vu le jour. La recherche archéologique a pris un nouvel essor avec l’introduction de méthodes modernes et l’implication d’une panoplie de disciplines jusqu’alors inexploitées dans ce domaine. De nombreuses publications témoignent de la complémentarité entre les méthodes de l’archéologie classique et certaines disciplines comme l’archéologie spatiale(4),(5), l’analyse spatiale intrasite et intersites(6),(7), site catchment analysis(8) et l’archéogéographie(9). L’évolution de l’informatique et l’avènement des systèmes d’information géographique (SIG) et du positionnement satellitaire (GPS), ont permis aux archéologues d'accéder à des outils de gestion et d'analyse des données spatialisées récoltées sur le terrain. L'utilisation archéologique de ces outils donne lieu à des systèmes d'information archéologique, qui ont leur propre production d'information spatiale, structures de données, thèmes, échelles et méthodes d'analyse(10). 2- L’art rupestre L’art rupestre de l’Atlas Saharien Algérien a connu depuis le début du 20ème siècle de nombreux travaux de recherche. Ces derniers ont mis en évidence le génie de l’homme préhistorique dans l’exécution de ses œuvres. Les efforts remarquables fournis (4) Clarke D-L. « Spatial Information in Archaeology ». (5) Harris T. « Geographic Information System Design ». (6) Clark P.J., Evans F.C. «Distance to Nearest Neighbour ». (7) Hietala, H. « Inrasite Spatial Analysis ». (8) Vita-Finzi C., Higgs S. « Prehistoric Economy». (9) Higgs E.S. «Palaeoeconomy». (10) Barge O. et al. Op. Cit., p. 23. JOURNAL OF The General Union OF Arab Archaeologists (2) ــــــــــ ـــــــــــــ ـــــــــــــــــــــــــــ 107 par les différentes générations de chercheurs se sont soldés par d’importants résultats. L’intérêt des chercheurs portait principalement sur la découverte de nouvelles stations et l’enrichissement de la carte de répartition de l’art rupestre, ainsi que l’instauration d’une méthodologie d’étude. Les premières tentatives d’analyse de cet important patrimoine se sont orientées vers l’identification de critères discriminants, afin de classer ces figurations, exprimant des styles et des techniques de différentes factures, en étages chronologiquement distincts(11), (12),(13). Rares sont les approches qui ont tenu compte du contexte géographique et spatial, ainsi que le cadre environnemental dans lequel gisent ces manifestations culturelles. La zone ciblée par cette étude renferme plusieurs stations mondialement connues telles que Theniet Bou Mediouna, Zaccar, Ain Naga et Safiet Bou Renan. Les circonstances des découvertes et la description des parois gravées sont évoquées par quelques auteurs(14),(15), d’autres spécialistes ont tenté de les dater(16). L’application d’autres approches pour l’interprétation de ce phénomène culturel dans son contexte s’impose. Les nouvelles technologies notamment la cartographie numérique, la télédétection, le télépositionnement GPS ainsi que les SIG pourraient offrir de nouvelles modalités d’exploitation des données archéologiques. D’autre part, ces fonctionnalités facilitent l’accès aux outils d’analyse de la géographie quantitative et qualitative dont le potentiel interprétatif offre un apport considérable aux méthodes classiques de l’archéologie(17). (11) Flamand G. B. M. « Deux Stations Nouvelles ». (12) Lhote H. « Les Gravures Rupestres du Sud-Oranais ». (13) Hachid M. « La Chronologie Relative ». (14) Huard P., Allard L. « Les Figurations Rupestres ». (15) Lhote H. « Les Gravures Rupestres de l’Atlas Saharien ». (16) Aumassip G. « Chronologies de l’Art ». (17) Barge O, et al. Op. Cit., p.15. JOURNAL OF The General Union OF Arab Archaeologists (2) ــــــــــ ـــــــــــــ ـــــــــــــــــــــــــــ 108 3- Problématiques La présente étude s’inscrit dans le cadre d’un essai d’analyse basé sur une recherche empirique menée sur une échelle géographique locale. Le but étant d’appréhender l’impact du contexte environnant sur les établissements liés au phénomène d’art rupestre dans l’Atlas Saharien. Le second objectif de cette recherche est de proposer des hypothèses comportementales sur la base de l’étude des vestiges matériels, leurs répartitions dans l’espace ainsi que l’influence du cadre environnemental sur cette structure spatiale. Pour atteindre ces objectifs, une zone à fort potentiel d’art rupestre a été sélectionnée et a fait l’objet d’un essai d’analyse. La région d’étude couvre une partie du territoire de la wilaya de Djelfa appartenant à l’Atlas Saharien central. Une approche archéogéographique a été testée par le biais de l’utilisation des SIG et ce pour tenter de répondre à certaines interrogations liées à ce phénomène culturel. - Quel est le rôle de la topographie dans le choix des établissements humains liés à l’art rupestre Atlasique ? - Peut-on faire une lecture claire des sites dans un contexte spatial et environnemental par le biais de l’élaboration de la cartographie thématique ? - Quels sont les rapports entre les zones d’activités et les ressources naturelles alentour à partir d’un tracé cartographique ? - Peut-on concrétiser des réseaux de contacts et des liens chrono- culturels entre les sites d’art rupestre et sites d’habitat ? Ce sont là les plus importantes problématiques ciblées par cette présente étude. 4- Présentation de la région d’étude A quelques 300 km au sud d’Alger, la région de Djelfa se situe au centre de la chaine de l’Atlas Saharien Algérien, occupant une partie des massifs montagneux des Ouled Nail. JOURNAL OF The General Union OF Arab Archaeologists (2) ــــــــــ ـــــــــــــ ـــــــــــــــــــــــــــ 109 La zone concernée par cette étude est constituée administrativement de trois communes : Ain El Bel, Zaccar et Moudjbara. Elle est délimitée par les coordonnées géographiques suivantes : 2,95° et 3.67° longitude Est, 34.76° et 34.20° latitude nord, s’étendant sur une superficie de 1700 km² (fig.1). Dix stations d’art rupestre ont été sélectionnées et sont réparties comme suit: - Ain El Bel : 1- Hadjerat sidi Boubkeur ; 2-Rouguib ben Hadid ; 3-Thniet Boumediouna. - Zaccar : 4- Zaccar (Dir Dargaouin). - Moudjbara : 5-Dhayet Estel; 6-Hadjret Erbeg; 7-Hadjra Mekhetma; 8-Safiet Bourenane; 9-Boudbib ; 10-Ain Naga. De par sa position géographique et son caractère tellien et steppique au nord et saharien au sud, cette région ne présente aucune homogénéité du point de vue topographique(18). Schématiquement, on distingue quatre massifs montagneux qui déterminent fondamentalement l'organisation générale de la géomorphologie (fig.2) : - Les djebels Djellal Gharbi et Chergui au N-NW. - Djebel Zerga-Tafara orienté SW-NE. - Djebel Bou kahil à l’Est. - La bordure sud-Atlasique qui forme une barrière avec la zone saharienne. Véritable couloir reliant l’Est et l’Ouest, cette partie centrale de l’Atlas Saharien a suscité une attention particulière du fait qu’elle renferme une très grande concentration de stations d’art rupestre. Elle est par ailleurs une zone clé pour la compréhension de l’interaction de l’homme avec son milieu, surtout pour la période de l’Holocène très bien représentée par les sites uploads/Geographie/ l-x27-art-rupestre-de-l-x27-atlas-saharien-algerie-essai-d-x27-analyse-spatiale.pdf

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