L'auguraculum de l'arx à Rome et dans d'autres villes In: Jus imperium auctorit
L'auguraculum de l'arx à Rome et dans d'autres villes In: Jus imperium auctoritas. Études de droit romain. Rome : École Française de Rome, 1990. pp. 193-207. (Publications de l'École française de Rome, 133) Citer ce document / Cite this document : MAGDELAIN André.L'auguraculum de l'arx à Rome et dans d'autres villes. In: Jus imperium auctoritas. Études de droit romain. Rome : École Française de Rome, 1990. pp. 193-207. (Publications de l'École française de Rome, 133) http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1990_ant_133_1_3957 L'AUGURACULUM DE L'ARX À ROME ET DANS D'AUTRES VILLES Sommaire. - A Rome, à Iguvium d'après les tables Eugubines, à Cosa et à Bantia d'après de récentes découvertes archéologiques, un «templum minus», dit «augura- culum», est le quadrilatère de dimension très réduite dans lequel se placent les augur es pour observer le vol des oiseaux sur l'«arx». La formule qui sert à Rome à la délimitation de ce «templum» (Varr., 1. 1., 7, 8) révèle qu'une médiane découpe d'abord ce quadrilatère et ensuite le champ visuel qui s'étend devant lui. Comme le montrent les tables Eugubines et comme le confirme l'expression «auspicia urbana», ce champ visuel au delà de l'«arx» est constitué par «l'urbs» à l'intérieur du périmèt re pomérial. Vient ensuite l'étude du mot «tescum». Enfin divers indices tendent à établir que l'«arx» est à l'extérieur du «pomerium». On sait qu'à Rome les augures se placent sur l'auguraculum de Varx pour observer le vol des oiseaux (Fest. 17 L; Cic, Off. 3, 66) Κ Varron (/. /. 7, 8) précise qu'il s'agit d'un templum in terris, c'est-à- dire d'un quadrilatère sur Varx (in arce), à l'intérieur duquel officie l'augure. Il rapporte la formule rituelle qui en délimite le périmètre (locus . . . conceptis verbis finitus). Car tout templum, sur Varx ou ail leurs, est défini par la parole grâce au rite de Veffatio (Serv., Aen. 1, 446; Varr., /. /. 6, 53; Liv. 10, 37, 15; Fest., minora templa, 146 L). Veffatio n'est pas accomplie une fois pour toutes; il convient de la renouveler (Cic, leg 2, 21). C'est ce qui explique que la formule archaïque du templum de Varx, enregistrée par Varron, conserve son actualité. Tout cela est bien connu. Mais de récentes découvertes archéolo giques ont renouvelé le sujet. On sait maintenant qu'à Cosa et à Bant ia il existe aussi un templum sur Varx. Le phénomène n'est pas pure ment romain, c'est une donnée assez répandue de la civilisation urbai ne en Italie, sans qu'on soit toutefois en mesure d'apprécier la portée exacte de sa diffusion. Déjà les tables Eugubines laissaient pressentir que cet aspect du droit augurai n'était pas propre à Rome. Au début de la table VI a un passage justement célèbre décrit avec une certaine 1 II y avait un autre auguraculum sur le Quirinal et un auguratorium sur le Palatin : Wissowa, Religion un Kultus der Römer, 1912, p. 524, η. 6. 194 DROIT SACRÉ minutie la délimitation d'un templum qui, selon l'interprétation la plus probable, se situe sur Varx. Les découvertes archéologiques de Cosa et Bantia permettent une explication plus rigoureuse du texte. Tous ces rapprochements donnent au dossier une certaine ampleur. L'auguraculum de Varx à Rome a son équivalent sur Varx d'Iguvium, de Cosa, de Bantia. La colonie latine de Cosa, en Toscane, à proximité de Port'Ercole, fondée en 273 avant J.-C, a fait l'objet de fouilles récentes qui ont été publiées par M. Frank E. Brown dans deux volumes distincts des Memoirs of the American Academy in Rome, l'un en 1951, vol. XX, portant sur l'ensemble de la topographie de la ville, l'autre en 1960, vol. XXVI, relatif à Varx. Celle-ci, bordée par l'enceinte urbaine, est au sud de la ville le point le plus élevé. A son sommet se situe une plate-forme carrée d'environ 11 mètres sur 11, qui domine la ville et permet de l'embrasser du regard. M. Brown ne se trompe sûrement pas en interprétant cette plate-forme comme l'auguraculum de Varx de Cosa et la voie qui y conduit comme la via sacra, semblable à celle de Rome (Varr., /. /. 5, 47). A Bantia, en 1962, furent découverts six cippes équidistants (3m30) d'époque républicaine. Ils forment un rectangle : les quatre angles sont marqués par quatre cippes; au milieu des deux côtés les plus longs se trouvent deux cippes; la ligne qui les rejoint trace une médiane. M. Mario Torelli a publié cette découverte dans les Rendi conti de l'Académie des Lincei, vol. XXI (1966), fase. 7-12, p. 293-315. Il suppose avec beaucoup de vraisemblance que restent à découvrir trois autres cippes à égale distance, parallèles aux premiers, complét ant la figure. Elle formerait un carré, avec ses médianes le coupant à angle droit. M. Torelli évalue le côté à 7m50, compte tenu de la largeur des cippes. Il a sûrement raison de voir dans cette figure un templum. Il précise (p. 3.02) que ce templum est situé sur Varx de Bantia et domin e, comme celui de Cosa, la ville qu'il permet de contempler. Ainsi, à Bantia comme à Cosa, sur Varx un templum de dimension réduite sert à l'observation des oiseaux. Celui de Bantia a cette particularité de tracer les médianes. L'AUGURACULUM DE L'ARX À ROME 195 Ces découvertes archéologiques éclairent le droit augurai. Une certaine incertitude régnait jusqu'à présent sur les rapports mal connus entre le templum in terra, où se place l'augure, et le champ visuel in caelo de son observation. La taille extrêmement réduite du templum de Cosa et de Bantia (11 mètres de côté dans le premier cas, 7m50 dans le second) interdit de penser que le vol des oiseaux interve nait à l'intérieur du carré augurai. Certes, les regiones caeli2 de l'ob servation sont délimitées en fonction du tracé du templum (nous y reviendrons), mais elles lui sont extérieures. Les données romaines du problème conduisent à la même conclusion. L'auguraculum est in arce, in terris (Varr., /. /. 7, 8); c'est un petit quadrilatère, peut-être un carré, sur la citadelle; c'est le templum minus (Fest, minora); mais l'observation s'étend bien au delà; on fit abattre une maison sur le Caelius qui gênait le regard des augures placés sur l'arx (Cic, Off. 3, 66; Val. Max. 8, 2, 1). C. Marius, quand il fit construire le temple de l'Honneur et de la Vertu, en réduisit la hauteur : ne, si forte officerei auspiciis publicis, augures earn demoliri cogèrent (Fest, summissiorem, 466 L). Le templum minus a pour condition d'assurer à l'observateur une vue parfaitement dégagée à l'entour : Paul-Fest. 34 L, contemplari dictum est a tempio, id est loco, qui ab omni parte aspici, vel ex quo omnis pars videri potest, quem antiqui templum nominabant. Ainsi, à Rome et dans d'autres villes d'Italie, le droit augurai distingue nett ement d'une part le petit templum in terra où se met l'augure, d'autre part le champ d'observation in caelo (Varr., /. /. 7, 7; Serv., Aen. 1, 92) beaucoup plus étendu qu'il a devant lui, dit aussi templum abusive ment3. * * * Cette distinction apparaît clairement dans les tables Eugubines. Elles décrivent successivement le quadrilatère augurai (VI a, 8-10) et le champ visuel (VI a, 1 1 et suiv.) dans lequel est circonscrit le vol des oiseaux. A propos du templum, le texte fait état d'un angle supérieur (an- gluto somo) et d'un angle inférieur (angluto hondomu). Nous avons le regret de ne pas comprendre ces indications comme on le fait habi tuellement. On admet en général avec des variantes d'interprétation qu'il y aurait une différence d'altitude entre ces deux angles : l'angle supérieur se situerait à la hauteur de l'arx, l'angle inférieur à celle du 2 Wissowa op. cit. p. 525, n. 3. 3 Wissowa op. cit. p. 527, n. 7. 196 DROIT SACRÉ sol de l'urbs*. Le texte ainsi compris décrirait non le templum in ter ra, mais le templum in caelo, le champ visuel. Plusieurs objections s'opposent à cette explication. Le champ visuel est défini ensuite (VI a, p. 11 et suiv.). Surtout la notion d'angle est propre au templum in terra: Fest, minora templa, 146 L, itaque templum est locus ita effatus aut ita septus ut ex una parte pateat, angulosque adfixos habeat ad ter- ram. De plus, l'expression angluto somo des tables Eugubines se retrouve en latin : summus angulus (Cic, Nat. deor. 2, 125). Il s'agit de l'angle au sommet d'une figure géométrique plane. Toutes ces remar ques conduisent à voir dans le templum des tables Eugubines, à l'ima ge de ceux de Cosa et Bantia, un quadrilatère de taille réduite sur l'arx, le templum minus in terra. La proximité de Vara divina (VI a, 9, asa deveia) n'est pas faite pour étonner et il n'y a pas lieu de situer cet autel sur le forum de la ville. A Rome aussi il devait y avoir un autel sur l'arx, puisque les augures accomplissaient in arce un sacrifice tenu pour mystérieux (Paul Fest, arcani, 14 L). Les tables Eugubines (VI a, 8-10) décrivent le tracé du templum. Sans doute, comme à Rome, il y avait lieu de uploads/Geographie/ l-x27-auguraculum-de-l-x27-arx-a-rome-et-dans-d-x27-autres-villes.pdf
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- Publié le Jul 04, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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