L’HOMME HONNÊTE INTRODUCTION ’histoire suivante se déroule à la Caserne des Rat

L’HOMME HONNÊTE INTRODUCTION ’histoire suivante se déroule à la Caserne des Ratés dans le Métier d’Enseignement du Français. Toute ressemblance avec des personnes, faits existants ou ayant existé serait purement fortuite. L’école était accrochée à un flanc de coteau, surplombant un village vieux de trois jours. Le premier, sa terre témoigna le piétinement de quelques troupeaux humains venant de toutes parts. Le deuxième, chaque tribu se faisant place au milieu de la jungle, l’on se disputa le droit du règne. Le troisième, la horde gagnante, après avoir pillé les environs civilisés, décida d’élever une cabane où sa descendance apprit l’art de se prendre pour les maîtres du monde. S’ils, ancêtres et héritiers, avaient choisi le français comme étendard, c’est qu’ils l’auraient trouvé adéquat avec leurs mâchoires. Ça ne voulait pas dire que la langue de Molière séduit seulement les connards, loin s’en faut ! Peut-être tombât-elle bien sur des crânes vides. Notre héros était originaire de la plaine avoisinante, convoitée par les barbares en pouvoir, nouvelle mise à jour de despotes éclairés. Son pays natal regorgeait de denrées qui alimentèrent ventres et esprits. Grandi au sein d’un terroir généreux, le jeune diplômé, admis au centre d’instruction des vandales, buta contre un fossé pourri, imbibé de conceptions faussées. Les merlins enchanteurs n’auraient su l’y tirer. Malheureusement, quand on pousse légitimement, les bâtards, qui ignorent leurs races et leurs origines perverses, vous en veulent. Alors la rumeur : pauvre arme aux mains des crapules, demeure la seule susceptible d’effleurer l’homme honnête. Différent, tolérant, Youssouf, jeté dans la gueule du loup, voué aux profondeurs abyssales d’un conformisme aberrant, s’en sortit vainqueur. C’est bizarre comme les temps changent : la vertu, autrefois digne de louanges, devient condamnable ; le vice, aujourd’hui roi, a vite oublié qu’il ne peut tenter que les âmes faibles. En fait, la force de l’homme n’est guère le fruit des biens qu’il accapare cahin-caha. Bien au contraire, le fardeau de la conscience qui pèse sur ses épaules les rend balèzes, en lui octroyant le monopole d’être fort, critique, ne répondant qu’à l’appel de la Raison. L L’HOMME HONNÊTE I Minuit. Youssouf s’apprête à dormir. Nouveau message : « J’aurais tout donné juste pour goûter à ta bite : apparemment elle est longue et dure comme ta carrière. » Appel masqué. De l’autre bout du fil, l’on entend les soupirs d’une femme désespérée : - Écoute-moi pour l’amour de Dieu ! tu me rends vraiment folle de toi, à ton insu… - Mademoiselle, madame, je crains que vous m’ayez pris pour quelqu’un d’autre, répond-il. - Mais arrête Youssouf ! ce vouvoiement stérile m’agace. Je veux que tu me fécondes ! emmène-moi dans tes bras ! fonce mes entrailles ! dedans, sème tes graines bénies ! j’aimerais être une pierre sur ton chemin. Tu n’as qu’à me foutre une raclée. J’adore tes yeux, ta pudeur, ton indifférence, ton caractère de merde… supplie-t-elle Il met fin à son monologue nocturne, après avoir activé le mode avion. Cette discussion unilatérale n’a pas pu voler au-dessus de sa paix antérieure, ni voler son envie de se reposer. Le lendemain. Empruntant la même route où ses pas résonnent chaque jour, direction café le succès, une voiture de police vient de s’arrêter avec beaucoup de bruit non loin de lui. L’on dirait qu’il s’agit de l’arrestation de je ne sais quel mafieux qui avait plongé le monde dans la pauvreté, l’ignorance et la méfiance. - Carte d’identité… Youssouf, avec son sourire éternel, présenta aux inspecteurs les pièces demandées. - Vous faites quoi dans la vie ? - De mon mieux. - Comme travail ? - Vous voulez savoir comment je gagne de l’argent ? c’est Allah qui donne. L’HOMME HONNÊTE - Votre métier, monsieur ! - Enseignant de français. - Mais vous vous foutez de nos gueules ? arborez une barbe, habillé de djellabas… - Et alors ? Un musulman ne peut pas enseigner une langue étrangère sans être esclave de la culture qu’elle véhicule ? - Bizarre… vous pensez quoi de Daesh ? - C’est un épouvantail. - Quoi ? - Vous ne l’avez jamais vu, le petit bâton couvert en haillons rabrouant les oiseaux ? - Si. Quelle relation ? - Rien de plus simple, les gars. Les oiseaux sont nés libres, non pas pour périr dans des cages, camps de mort. - Étrange… jamais croisé un esprit pareil, murmura dans ses dents l’un des policiers. - Y en a plusieurs, mon frère. C’est un don du Ciel. Nous ne sommes pas responsables de ce que les gens veulent que nous soyons, mais de ce que l’on est. - Adieu, mon professeur ! dit l’autre condé en remettant les papiers à leur propriétaire. Le souvenir de cette enquête non officielle laissa sa trace, tandis que l’on aspirait à ce qu’il tourna en cicatrice. Notre barbu francophone ne cesse de contrarier la digestion aux poucaves. Ce n’est point la première fois qu’il se sent dans le collimateur des services de renseignements, soucieux de monter les échelons des cafardeurs en essayant de le descendre, lui qui se fout carrément de ce qu’on dit à propos de son profil jugé paradoxal. Dites donc, chers lecteurs, le passeport bordeaux, champagne, jambon, bars- tabacs, athéisme, costume-cravate, donjuanisme… feraient-ils en sorte que vous maîtrisiez, enseigniez la langue française ? Encore est-ce drôle comme la représentation figée du français, que notre société (gouvernement et gouvernés confondus) s’est plantée, ne relève guère des idéaux de ce dernier. Je sais qu’il vous échappe que Dieu merci ! l’homme libre restera à jamais fidèle aux valeurs dans lesquelles il était élevé, que vous confondiez liberté et libertinage, que finalement l’on a échoué à relever le grand défi d’être soi-même au milieu d’une foule de pies, de copies. L’HOMME HONNÊTE II - Trouve-toi un vrai métier, espèce de cafteur ! tonna Youssouf. Ce jour-là, avant de prendre sa dose habituelle de caféine, le professeur s’irrite contre l’espion qui le suit des yeux. Normalement il choisit ses mots. Mais le contexte présent l’oblige à afficher l’autre version de lui, un sacré chicaneur. D’ailleurs quand votre personnalité, et votre attitude en découlant, cassent les chaînes des standards pourris d’une société quelconque, l’on cherche toujours à vous mettre en colère, dans le seul but de vous ramener à l’étable, comme quoi l’homme est synonyme de bétail. Heureusement, ils n’ont pas dit in-chaa-Allah : rien ne passe en dehors de la Volonté Divine. L’attachement de notre personnage principal à son Créateur, à la Religion, à la Morale enfin n’est pas passé par le trou noir des organisations dites terroristes. Al-Qaïda, Daesh, Boko Haram… ces marionnettes ridicules sont bizarrement dotées de tout ce dont elles ont besoin : artillerie, munitions, ingénieurs militaires, plateformes web, etc. quant à la véritable force, celle de convaincre, elle leur manquera à jamais. Peut-être oublie-t-on l’histoire de Youssouf, pourtant connue, résonante aux couloirs froids des commissariats, badigeonnés d’un jaune blafard ; ironie du sort, il s’agit de la même couleur qui remonte les gueules des civs. Loin des faux-culs et des profiteurs, le suspect a beaucoup d’amis : gens illettrés, chômeurs, gangsters, oulémas, colonels de brigades, commandants de forces spéciales, formateurs de futurs enseignants, instructeurs supérieurs en treillis trop épaulé de galons. Il ne s’en vante pas : la vanité, pour lui, est mère de tous les vices. Du coup, ça ne rime à rien de s’enorgueillir des personnes qui vous servent de compagnie. Le Prophète ne se prenait pas pour la meilleure créature qui soit conçue dans le ventre d’une immortelle. Il était entouré de belles âmes, pures, empathiques et serviables. En cherchant à les imiter, à reproduire l’âge d’or de l’Islam, rien que pour purger son cœur des malaises des temps nouveaux, Youssouf, le personnage, soupçonné, poursuis, en proie aux incertitudes circulant sur son compte, marche toujours droit, la tête haute, l’esprit libre. L’HOMME HONNÊTE III À en croire l’étymologie du verbe cafter, il s’agirait d’une façon plus éloquente d’entendre cafarder. Mais l’auteur pense que cette version est moins vraisemblable que la sienne. Dans l’arabe dialectal maghrébin, riche en emprunts, le terme cafte signifie se masturber. En redéfinissant donc les contours du mot cafteur, l’on déduit que c’est une personne qui tire sur l’élastique. À vrai dire, à force de zieuter pendant toute la journée, les espions, la nuit, n’ont plus de zizis capables de satisfaire leurs salopes. Infirmes sexuellement, bornés mentalement, ils se contentent alors d’une pauvre auto branlette, clôturant un autre jour dans leur corvée lamentable. L’idée comme quoi l’inhibition du corps se veut liée proportionnellement à la réserve dont on fait preuve devant des stimuli donnés est totalement erronée. Chargée, la kalash crible sa cible. Tir cadré. But ! il pleut des hat- tricks et d’orgasmes chez les mariés. Les bastos ne font pas défaut. Par contre, regarder partout où les excitants apparaissent avec préméditation portera le coup fatal au système neuronal. Effet boomerang : dysfonctionnements, voire taraudage de l’appareil génital. Autrement dit, détourner le regard des provocations profitera à vous, à votre partenaire et à toute l’humanité qui en a uploads/Geographie/ l-x27-homme-honnete.pdf

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