L’Intégration Africaine Page 1 PLAN Introduction I. L’intégration économique de
L’Intégration Africaine Page 1 PLAN Introduction I. L’intégration économique des indépendances aux années 2000 II. Les initiatives d’intégration économique de l’indépendance aux années 1980 III. La réorientation de l’intégration et la dynamique continentale des années 1990 IV. Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique dans les politiques d’intégration économique 1. Les axes principaux du NEPAD a. L’axe économique b. L’axe politique du NEPAD c. Le NEPAD à l’épreuve des défis de la gouvernance africaine Conclusion Introduction L’idée que les pays africains doivent aller vers une intégration économique s’est développée en quatre moments, en plus de s’inspirer également des idées précoces d’intégration politique. Le premier moment de l’intégration est antérieur à l’indépendance des États puisqu’il commence à l’époque coloniale, notamment dans les colonies françaises regroupées, comme nous l’avons rapidement mentionné, en deux grands ensembles politico-économiques : l’Afrique occidentale française (AOF) et l’Afrique équatoriale française (AEF). Ces ensembles ont été dissous à la veille des indépendances des années 1960. Mais non seulement sur le plan politique les indépendances ont-elles vu la naissance de l’organisation de l’Unité africaine présentée au chapitre précédent, mais sur le plan économique d’importants héritages ont subsisté, symbolisés notamment par le franc CFA (communauté financière africaine), la monnaie commune à la quinzaine de pays qui constituent cette zone et qui sont majoritairement d’anciennes colonies françaises ayant gardé la monnaie instituée avant les indépendances en AOF et en AEF. Trois autres moments peuvent être déterminés dans le processus d’intégration en Afrique : les initiatives de création d’organisations régionales dans les années 1970 et 1980 ; la réorientation de ces organisations et les débuts de la dynamique d’intégration continentale dans les années 1990 ; l’émergence du NEPAD liée à celle de l’UA en 2000. Nous passons brièvement en revue les deuxième et troisième moments pour nous arrêter plus longuement sur le NEPAD et nous interroger sur sa capacité à répondre aux défis de la gouvernance en Afrique. I. L’intégration économique des indépendances aux années 2000 Cette période correspond aux deuxième et troisième moments de l’intégration économique, à savoir les années d’indépendances caractérisées par la création tous azimuts d’organisations dans une logique généralement régionale ; et les années 1990 caractérisées d’une part, pas la réorientation de la philosophie de l’intégration et d’autre part, par les débuts de sa continentalisation. II. Les initiatives d’intégration économique de l’indépendance aux années 1980 L’émergence tous azimuts d’institutions régionales après les indépendances constitue le deuxième moment dans la dynamique de l’intégration économique sur le continent. Les États, étant conscients de leur faiblesse, tentent d’y remédier en s’associant pour former des ensembles plus larges et plus efficaces. On assiste alors à une véritable prolifération des organisations régionales. À la fin des années 1980, qui correspond à la fin de cette deuxième vague, le continent comptait pas moins de 160 organisations consacrées à cette intégration régionale, qu’il est donc impossible d’étudier de manière exhaustive ici. On se contentera de recenser les principaux ensembles régionaux. L’Intégration Africaine Page 2 CARTE 11.1. Quelques organisations d’intégration régionale III. La réorientation de l’intégration et la dynamique continentale des années 1990 Le troisième moment de l’intégration économique est à cheval sur les années 1980 et 1990. Il s’explique d’abord par la faiblesse des résultats des initiatives précédentes. En réponse à ces faiblesses, on a soit créé de nouvelles organisations, comme la Communauté des États sahélo- sahariens regroupant 23 pays et créée à l’initiative de la Libye qui abrite son siège, soit réformé certaines des organisations existantes mentionnées ci-dessus pour les adapter à ce qu’on a appelé « le nouveau régionalisme ». Tel que le montre Kennes, ce nouveau régionalisme induit un changement des caractéristiques des politiques d’intégration et se traduit, entre autres, par l’harmonisation des politiques macroéconomiques (monétaire et fiscale) ; la standardisation des normes et procédures techniques ; ou encore la libéralisation des échanges dans le domaine financier. L’Intégration Africaine Page 3 À titre d’exemple, l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) s’est transformée en Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), ce qui implique notamment une politique de surveillance multilatérale des politiques macroéconomiques au sein des États membres, qui ont signé un pacte afin d’harmoniser leurs économies. L’UEMOA a créé un mécanisme communautaire de définition et de suivi de la mise en œuvre des politiques économiques dans les États membres en établissant des critères de convergence auxquels chaque pays devait s’efforcer de satisfaire sous peine de sanctions. LES CRITÈRES DU PACTE DE CONVERGENCE, DE STABILITÉ, DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITÉ ENTRE LES ÉTATS MEMBRES DE L’UEMOA EN 2005 Le Pacte de convergence définit huit critères que les États doivent satisfaire pour créer la convergence de leurs économies respectives. Ils sont présentés et chiffrés comme suit. Article 18 Les critères de premier rang sont au nombre de quatre (4). Ils se présentent comme suit : – Ratio du solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal (critère clé) : il devrait être supérieur ou égal à 0 % en l’an 2005 ; – Taux d’inflation annuel moyen : il devrait être maintenu à 3 % au maximum par an ; – Ratio de l’encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au PIB nominal : il ne devrait pas excéder 70 % en l’an 2005 ; – Arriérés de paiement : • arrières de paiement intérieurs : non-accumulation d’arrières sur la gestion de la période courante ; • arriérés de paiement extérieurs : non-accumulation d’arrières sur gestion de la période courante. Article 19 Les critères de second rang, au nombre de quatre (4), sont les suivants : – Ratio de la masse salariale sur les recettes fiscales : il ne devrait pas excéder 35 % ; – Ratio des investissements publics financés par les ressources internes rapportés aux recettes fiscales : il devrait atteindre au moins 20 % ; – Ratio du solde extérieur courant hors transferts publics par rapport au PIB nominal : il devrait être supérieur ou égal à-5 % ; – Taux de pression fiscale : il devrait être supérieur ou égal à 17 %. Source : Acte additionnel no 03/2003 modifiant l’acte additionnel no 04/99 du 8 décembre 1999 portant Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les États membres de l’UEMOA. TABLEAU 11.1. Aperçu de la transformation de quelques institutions régionales dans le sens du nouveau régionalisme Institution Année de la réforme SAADC Devient la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) en 1993 Zone d’échanges préférentiels (ZEP) Devient le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) en 1993 CEDEAO Traité révisé en 1993 Union monétaire ouest-africaine (UMOA) Devient l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en 1995 UDEAC Devient la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) en 1994 L’Intégration Africaine Page 4 Communauté des États sahélosahariens (CEN-SAD) Créée en 1998, devient une communauté économique régionale en 2000 Source : Tableau construit en partie à partir de Walter Kennes, « African Regional Economic Integration », p. 31. Sous l’impulsion du nouveau régionalisme, ce processus de transformation a affecté la plupart des organisations régionales, comme l’illustre bien le Tableau 11.1. Capitale économique du Nigeria. Ce troisième moment de l’intégration s’explique ensuite par l’émergence de dynamiques d’intégration à l’échelle mondiale qui ont eu un effet de contagion sur la dynamique de l’intégration en Afrique en provoquant l’émergence de programmes d’envergure non plus régionale, mais continentale. On pense notamment aux leçons de l’intégration européenne avec l’accélération des politiques extérieures communes, des politiques de défense et monétaire, ou encore à la création de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Ces idées ont été diffusées très tôt en Afrique, parfois dès le début des années 1980, et ont entraîné non pas la création d’institutions, mais des initiatives et des plans. On peut retenir trois d’entre eux. Le premier est le Plan d’action de Lagos pour le développement de l’Afrique : 1980-2000, le plus connu, né du sommet économique de l’OUA tenu au Nigeria en 1980. Le deuxième est le Programme prioritaire de redressement économique en Afrique (PPREA), adopté en 1985 par l’OUA. Et le troisième est le traité d’Abuja sur la Communauté économique africaine (CEA) datant de 1991. Ces trois projets étaient à la fois différents et interdépendants. Partant du constat que la crise africaine venait de l’extraversion du continent et d’un ordre économique international défavorable, le plan d’action de Lagos avait pour but de favoriser le développement, de lutter contre le sous-emploi, et surtout de favoriser une croissance endogène par la création d’un marché commun de l’Afrique et d’une communauté économique africaine. Quant au PPREA, il visait, entre autres priorités, à s’attaquer à la sécheresse et à la désertification en vue de diminuer la pénurie alimentaire grâce à l’aide de la communauté internationale. Enfin, l’AEC, qui concrétise en quelque sorte un des objectifs tracés lors de l’adoption du plan d’action de Lagos 10 ans plus tôt, donnait ainsi forme à ces objectifs économiques (avec un horizon fixé à 2025), en prônant la mobilisation des ressources sur le plan continental et la coordination et l’harmonisation des politiques économiques entre pays africains. L’Intégration Africaine Page 5 CARTE 11.3. Trois des plus grands ensembles uploads/Geographie/ l-x27-integration-africaine.pdf
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- Publié le Fev 24, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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