1 S O M M A I R E zone franc La lettre de la N° 6 • Janvier 2016 http://www.ban

1 S O M M A I R E zone franc La lettre de la N° 6 • Janvier 2016 http://www.banque-france.fr/eurosysteme-et-international/zone-franc.html Retrouvez ici les actualités de la zone franc www.banque-france.fr É D I T O R I A L 2015 aura été une année très différenciée pour les pays d’Afrique subsaharienne. D’un côté, les pays les plus dépendants des exportations de produits de base, notamment les pays exportateurs de pétrole, ont accusé de fortes réductions de leurs recettes d’exportations qui ont fragilisé leurs comptes courants et budgétaires. Ces évolutions pèsent sur leur croissance et amplifient les vulnérabilités structurelles, souvent nées de la trop faible diversification de leurs économies. De l’autre, les pays importateurs d’énergie ont bénéficié, grâce à la baisse des cours mondiaux, de substantielles réductions de leurs factures d’importations qui leur ont permis d’afficher une croissance soutenue. Au-delà de ces évolutions de court terme, ce sont bien tous les pays d’Afrique subsaharienne qui sont très vulnérables à la menace du changement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre (GES). Selon un récent rapport de la Banque mondiale 1, le changement climatique pourrait fortement accroître la pauvreté dans le monde. Les catastrophes météorologiques (sécheresses, inondations, etc.), plus fréquentes, feront flamber les prix des denrées alimentaires, lesquelles représentent la plus grosse part du budget des plus pauvres. Le réchauffement climatique est également en passe de modifier les écosystèmes et les capacités de rendements agricoles de certaines régions, avec des conséquences sur le plan sanitaire (développement du paludisme, retard de croissance des plus jeunes) et productif (réduction des surfaces de terres cultivables, baisse de la productivité agricole et humaine). Sans compter que les changements climatiques sont aussi un facteur de migration des populations et par ce biais, de déstabilisation dans certaines régions. Les scénarios de la Banque mondiale illustrent la grande précarité de la situation de l’Afrique subsaharienne : sans mesure immédiate de réduction des émissions et sans la mise en place rapide de politiques de développement inclusives, ils prévoient une augmentation du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté de 2 % à 6 % d’ici à 2030 dans les pays de la zone franc, en raison du seul changement climatique. Lors de la COP21 qui s’est tenue à Paris en décembre 2015, les pays développés se sont engagés à désormais allouer 100 milliards de dollars par an aux pays en développement (PED) pour la lutte contre les changements climatiques. En 2014, ces financements se seraient élevés à 62 milliards de dollars (OCDE). Cependant, l’aide pour le climat accordée aux PED est principalement dédiée à la limitation du réchauffement climatique (à hauteur de 75 %) et très peu, à l’adaptation aux changements climatiques (15 %). En conséquence, l’Afrique, faible émetteur de GES, ne reçoit qu’une part négligeable de l’aide totale pour le climat. En supposant une hausse des températures ne dépassant pas les 2°C, les mesures nécessaires à l’adaptation au changement climatique pourraient coûter entre 250 et 500 milliards de dollars par an »  Éditorial 1 »  Faits saillants 2 »  Ralentissement sensible de la croissance économique en Afrique subsaharienne 2 »  Poursuite d’une croissance vigoureuse en UEMOA 4 »  Zoom sur... la situation économique des pays exportateurs de pétrole 6 »  Repli de la croissance économique dans la CEMAC 8 »  Tableau de bord Principales données 10 1 Banque mondiale (2015), « Shock waves: managing the impacts of climate change on poverty », novembre. http://www.banque-france.fr/eurosysteme-et-international/zone-franc.html 2 N° 6 • Janvier 2016 Faits saillants • L’année 2015 aura été marquée par un net ralentissement de la croissance en Afrique subsaharienne. Celle‑ci pourrait n’avoir atteint que 3,4 % selon la Banque mondiale et le FMI, soit une révision à la baisse de près d’un point sur les six derniers mois. • Le recul de ces prévisions touche davantage les pays exportateurs de pétrole et les pays à revenu intermédiaire, plus intégrés à l’économie mondiale, que les États dits « fragiles » à faible revenu. Il s’explique largement par un contexte international moins favorable et la baisse généralisée du prix des produits de base, notamment ceux du pétrole, mais aussi par la persistance de facteurs internes (goulets d’étranglement productifs, conflits et instabilité politique). La croissance devrait néanmoins se raffermir en 2016, de plus d’un point de pourcentage par rapport à 2015. • En Afrique de l’Ouest (UEMOA), l’activité économique continue de profiter du raffermissement de la croissance dans les deux principales économies de la sous‑région (Côte d’Ivoire et Sénégal), et plus généralement, du dynamisme de la demande intérieure et du rebond de la production industrielle, favorisée par de vastes programmes d’investissement public. • En Afrique centrale (UMAC), en revanche, l’activité économique pâtit de la chute des prix du pétrole et du repli de l’activité pétrolière, mais aussi du moindre dynamisme de l’économie dans son ensemble, freinée par les mesures de restrictions budgétaires mises en œuvre dans les pays exportateurs de pétrole. • Si le scénario d’un rebond en 2016 est commun aux deux régions, il reste entouré de nombreux aléas baissiers : risques sécuritaires, calendriers électoraux, incertitudes sur les évolutions de prix des produits de base, ralentissement continu des pays émergents et resserrement des conditions de financement sur les marchés internationaux. aux pays en développement d’ici 2050, dont 50 milliards au continent africain 2. L’objectif est donc d’ici là de trouver les moyens d’atténuer les effets d’une menace inéluctable. Cela passe, plus que jamais, par des stratégies de développement économique qui intègrent, dès aujourd’hui, les questions environnementales et favorisent l’inclusion sociale en constituant de filets de protection sociaux et sanitaires, en facilitant l’accès à une énergie efficiente et en favorisant une croissance largement inclusive. Selon le FMI, en dépit du dynamisme de la demande intérieure dans les pays à faible revenu, l’activité économique de l’Afrique subsaharienne dans son ensemble a sensiblement ralenti en 2015, avec un taux de croissance estimé à 3,8 %, après 5,0 % en 2014 (graphique 1) 3. Ces estimations rejoignent celles de la Banque mondiale, qui anticipe la croissance subsaharienne à 3,6 % en 2015. Selon le FMI, cet affaiblissement général s’explique principalement par la chute des cours du pétrole et de nombreux autres produits de base exportés par les pays africains (graphique 2), en lien avec le ralentissement sensible de la demande des grands pays émergents, et par des conditions de financement sur les marchés internationaux qui se sont durcies, suite à l’anticipation d’une hausse des taux d’intérêt aux États‑Unis et à une réévaluation des risques associés à plusieurs pays pré-émergents de la région, cela dans un contexte de marges de manœuvre budgétaires jugées restreintes. Ralentissement sensible de la croissance économique en Afrique subsaharienne 2 Programme des Nations Unies pour l’Environnement (2015) : « Africa’s adaptation Gap 2: bridging the gap-mobilising sources ». 3 Les données et les informations concernant la situation économique de l’Afrique subsaharienne sont tirées des Perspectives Économiques en Afrique du FMI, octobre 2015. http://www.banque-france.fr/eurosysteme-et-international/zone-franc.html 3 N° 6 • Janvier 2016 G1  Croissance économique selon les régions du monde (en glissement annuel) Économie mondiale Pays avancés Pays émergents et en développement Afrique subsaharienne 0 2 4 6 8 2011 2012 2013 2014 2015 2016 1 3 5 7 2010 Source : FMI. G2  Cours mondiaux des produits de base (indexés 2005 = 100 sauf pétrole en USD) Pétrole Produits alimentaires Matières premières agricoles Métaux et minerais 0 50 150 250 2011 2012 2013 2014 2015 100 200 2010 Source : FMI. Dernières publications Aide au développement et croissance : une étude sur données d’entreprises (en anglais) Chauvet (L.) et Ehrhart (H.), Document de travail de la Banque de France, n° 563, juillet 2015. Les hedge funds, les pays émergents et l’Afrique Brack (E.), Diop (S.) et Lamriki (G.), Techniques financières et développement, n° 119, juin 2015. Mégarégionales : Quelles conséquences pour les pays d’Afrique subsaharienne ? (en anglais) Guimbard (H.) et Le Goff (M.), Document de travail de la Banque de France, n° 569, septembre 2015. L’évolution du système bancaire en zone franc Diop (S.), Techniques financières et développement, n ° 121, décembre 2015. 4 Dont notamment l’Afrique du Sud, le Ghana et la Zambie. C’est dans les économies les plus dépendantes des exportations de pétrole que les estimations de croissance ont été le plus fortement révisées à la baisse au cours des derniers mois (il y a un an, les prévisions de croissance pour 2015 étaient d’environ 7 %). Selon le FMI, cette importante correction tient principalement à la chute des cours du pétrole mais aussi à la contraction de la demande domestique (consommation privée et investissement public) causée par les nécessaires mesures d’ajustement budgétaire. Dans les pays à revenu intermédiaire 4 dont les économies sont plus diversifiées, la croissance devrait se maintenir en 2015 (2,6 % en moyenne, après 2,7 % en 2014), mais à un niveau très modéré compte tenu de la croissance démographique. Cette croissance relativement faible tient, d’après le FMI, à une conjonction de facteurs internes et externes, dont la persistance des difficultés d’approvisionnement en électricité qui paralysent uploads/Geographie/ la-lettre-de-la-zone-franc-06-2016-01.pdf

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