Remerciements Cet ouvrage n’aurait pas pu voir le jour sans les multiples renco

Remerciements Cet ouvrage n’aurait pas pu voir le jour sans les multiples rencontres que j’ai pu avoir avec les responsables des systèmes d’éducation et de formation de par le monde qui se sont engagés dans une réforme des curricula selon la pédagogie de l’intégration, que ce soit en Europe, en Afrique, en Amérique centrale, au Moyen-Orient ou dans le Pacifi que. Parmi ceux-ci – et je voudrais encore en citer tant d’autres –, Latifa El Abida (Maroc), Youssef El Azhari (Maroc), Tahina Razafi ndramary (Madagascar), Floridalma Meza Palma (Guatemala), Farid Adel (Algérie) m’apparaissent, de par leur engagement, leur compétence et leur modestie comme les chefs de fi le incontestables de cette nouvelle génération de décideurs et de gestionnai- res responsables, qui ont l’équité et la qualité comme priorités. Qu’ils voient ici l’expression de mon admiration la plus profonde. Ils m’inspirent une question : les attitudes responsables en éducation se trouve- raient-elles aujourd’hui au Sud ? Je voudrais également remercier les collègues et amis qui ont accepté de lire le manuscrit : Monique Kizika, Mohamed Miled, Omar Ben Khadra, Martin Compaoré, Pierre Gbenou, Nassim Haidar, François-Marie Gerard, Tahar Amri, Nahed Mustapha, Ioan Ratziu. Je voudrais enfi n rendre hommage à Jean-Marie De Ketele pour sa lec- ture avisée, qui témoigne de ses qualités scientifi ques. Sommaire Remerciements 5 Préambule 9 Introduction 11 Chapitre 1 Qu’est-ce que la pédagogie de l’intégration ? Comment se décline-t-elle aux différents niveaux d’enseignement et dans la formation ? 17 Chapitre 2 Les fondements la pédagogie de l’intégration 83 Chapitre 3 Pédagogie de l’intégration et enjeux de contenus 181 Chapitre 4 Les principaux concepts sur lesquels repose la pédagogie de l’intégration 225 Chapitre 5 La pédagogie de l’intégration et l’évaluation des acquis 273 Conclusion 299 Annexe : un historique de la pédagogie de l’intégration 301 Bibliographie 305 Index 319 Liste des fi gures 321 Table des matières 325 Préambule En décembre 2009, une jeune maman immigrée, retenue pendant des heu- res par des formalités policières, arrive en retard à la porte d’embarquement de l’aéroport, et est empêchée de prendre l’avion qui ramène dans son pays le cercueil de son enfant de deux ans et demi. Elle voit l’avion. Il est là. Il n’est pas encore parti, mais une porte blindée, dite impossible à ouvrir, lui en interdit l’accès. À ce stade, il est trop diffi cile et trop coûteux d’interrompre la procédure. Ce fait divers tragique, dont j’ai été témoin – et en partie acteur –, n’en est qu’un parmi tant d’autres qui illustrent les dérives du système dans lequel nous évoluons de plus en plus : les procédures et les normes de rentabilité restent aveugles et sourdes aux cris d’une mère qui demande cette chose aussi élémentaire que d’accompagner son enfant à sa dernière demeure. La raison est simple : l’humain n’est pas rentable, il consomme du temps, et il ne rapporte rien. Au mieux, l’homme est perçu comme un consommateur passif, au pire, comme un objet encombrant. Impuissants face à de telles manifestations de force de la logique mar- chande, à une telle violence invisible, essentiellement motivées par le pro- fi t, certains répondent par une violence visible, mais bon nombre d’entre nous capitulent, et semblent devenir petit à petit indifférents. D’autres disent « Non, cette déshumanisation n’est pas inéluctable. Il suffi t que nous déci- dions ensemble qu’il en aille autrement pour qu’il en aille autrement ». Le secteur de l’éducation n’échappe pas à l’infl uence de ce type de mon- dialisation. La marchandisation de l’éducation gagne chaque jour du terrain. Les mécanismes de marketing de l’innovation en éducation sont devenus tellement subtils qu’il devient de plus en plus diffi cile d’analyser les enjeux d’une innovation présentée comme un progrès. Un progrès sans doute, mais 10 La pédagogie de l’intégration un progrès au profi t de qui ? L’écart grandit entre les discours politiques et les pratiques. Sur le terrain, les résultats de la majorité des jeunes qui sortent de l’école sont loin d’être à la hauteur des espérances, quand ils ne sont pas en chute libre. Et surtout, les considérations humaines, sociales, culturelles, éthiques et même pédagogiques sont reléguées au deuxième plan. Dès lors, il semble clair aujourd’hui que ce n’est pas ce type de mondia- lisation qui peut contribuer à une amélioration de l’éducation et de la forma- tion à une large échelle dans les pays industrialisés, ni permettre d’atteindre les objectifs de l’éducation pour tous dans les pays en développement1. Le défi est de taille : face à un déploiement de moyens sans précédent, souvent présentés comme la seule issue possible – programmes d’études sur mesure, écoles clés en main, documents pédagogiques standardisés, valeurs de pacotille, technologies du dernier cri, environnement numérique de tra- vail… –, mais face aussi à l’absence d’une alternative crédible, une sorte de fatalisme gagne progressivement la sphère de l’éducation à l’échelle inter- nationale. C’est comme si, dans le contexte de la mondialisation galopante, tout semblait avoir été dit en termes de pédagogie, en termes de program- mes d’études, et que les systèmes d’éducation et de formation étaient pous- sés de manière inéluctable vers le modèle unique, celui que je qualifi erai dans cet ouvrage d’« uniformisation inéquitable ». À travers toutes celles et tous ceux qui contribuent à la construire et à la mettre en œuvre, la pédagogie de l’intégration est une de ces approches qui disent non. La tendance actuelle n’est pas une fatalité. Il existe de nouvelles voies à explorer, plus respectueuses de l’homme, de l’environnement, des cultures et des valeurs que les États déclarent vouloir défendre. La pédagogie de l’intégration est une approche qui cherche à combiner l’effi cacité et l’équité dans les curricula d’éducation et de formation. Bien qu’elle ait déjà montré une certaine effi cacité dans une vingtaine de pays, sur les cinq continents, elle reste un pari, mais pas une utopie. Je vous invite à y entrer, de manière critique certes, mais de manière ouverte, sans préjugé. Xavier Roegiers 1. Jomtien (1990) ; Dakar (2000). Introduction Les plus belles formules ont été utilisées depuis longtemps pour décrire ce que devrait être l’enseignement : permettre l’épanouissement de chacun, apprendre à apprendre, différencier les apprentissages, responsabiliser l’ap- prenant, l’autonomiser, susciter chez lui des attitudes réfl exives… Et dans le même temps, un large consensus existe pour reconnaître que bon nombre de systèmes éducatifs sont en souffrance : baisse des résultats scolaires, dimi- nution de l’équité, manque cruel de ressources, retour de l’analphabétisme, régression de la culture générale, manque de maîtrise de la langue d’ensei- gnement par les étudiants, violence… on est loin du bilan escompté. Certes, la situation se présente de manière très différente dans les pays du Sud et ceux du Nord, mais certaines similitudes entre ces contextes tellement diffé- rents sont néanmoins signifi catives. Entre ce que l’enseignement devrait être idéalement et ce qu’il est aujourd’hui, il y a une marge, un précipice pourrait-on souvent dire. Soit les États continuent à poursuivre cet idéal, mais seulement au profi t d’un petit nombre d’élèves et d’étudiants qui constituent une élite, dans une optique de libéralisation à outrance de l’éducation, soit d’autres voies sont explorées, qui tentent de faire accéder un maximum d’entre eux à une éducation décente, à défaut de cet idéal. Du côté de la formation professionnelle, c’est souvent une vision d’inféo- dation de la personne qui prévaut, ainsi que d’exploitation à outrance de ses ressources (« On te presse, et on te jette »). De plus en plus, la personne est formée pour être un exécutant, quel que soit d’ailleurs le niveau auquel elle se situe dans la hiérarchie : la soi-disant autonomie qui est octroyée aux cadres n’est souvent qu’un simulacre d’autonomie pour mieux servir le profi t. Une vision déshumanisante et à très court terme se substitue la plupart du temps à une vision d’un développement professionnel épanouissant à moyen ou à long terme. 12 La pédagogie de l’intégration Tendant – dans une approche résolument citoyenne – de répondre à ces dérives, cet ouvrage propose une approche curriculaire visant à donner à chaque élève, à chaque étudiant, les outils pour affronter les situations de la vie quotidienne, celles du parcours scolaire ou académique, celles du monde professionnel, et d’y répondre de manière adéquate, mais aussi de manière critique et réfl échie. Il cherche ainsi à apporter sa contribution à la réduc- tion de certaines fractures qui sont en train de se creuser dans le monde de l’enseignement et de la formation : la fracture entre l’idéal et le réalisable, la fracture entre les valeurs déclarées et les valeurs effectivement véhiculées, la fracture entre l’école et la vie de tous les jours, la fracture entre ceux qui sont dans un TGV lancé à toute vitesse et les laissés pour compte qui n’en fi nissent pas de faire des détours. L’enjeu est de permettre à chacun de pro- gresser dans le respect, y compris les plus démunis, mais sans oublier non plus les plus avancés, qu’il n’y a aucune raison de léser ou de freiner dans leur progression, bien uploads/Geographie/ la-pedagogie-de-l-x27-integration-des-systemes-d-x27-education-et-de-formation-au-coeur-de-nos-societes.pdf

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