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LIBRABT OF CONGRESS.J [ SMITHSCNIATï" DEPOSIT. ] J | M 4- } UNITED STATES OF AMERICA ! LA TERRE ET L'UNIVERS JpETTï^E AMICALE A UN "PESSIMISTE vm îo >o,, QUÉBEC DES PRESSES A VAPEUR DE AUGUSTIN COTÉ ET O 1869 (VU I LA TERRE ET L'UNIVERS. LETTRE AMICALE A UN PESSIMISTE. Non, mon cher ami, le monde ne s'approche pas rapidement de sa fin. C'est bien inutilement qu'une certaine école, qui s'intitule elle-même « l'Ecole de la fin du monde, » proclamant ses rêves qu'elle prend pour des prophéties, crie partout que les temps sont accomplis, que l'Ante-Christ est déjà né et que nous n'avons plus qu'à nous préparer au dernier et solennel avènement. Non, il n'en est pas ainsi. Au contraire, des signes évidents annoncent que le monde doit parcourir encore une longue et laborieuse carrière. C'est là un fait qui paraît certain, soit que l'on étudie l'état actuel du monde au point de vue religieux, soit qu'on l'examine au point de vue de la civi- lisation et du progrès. D'abord, au point de vue de la religion, de ses légitimes dé- veloppements, de son triomphe final, il reste encore immensé- ment à faire. Cette école de la fin du monde, donl je vous disais tout-à-l'heure un mot, ne cesse de répéter, comme un fuit argument à l'appui de sa thèse, que l'Evangile a été prêché 4 par tout l'univers et que les Juifs se convertissent en foule à la vraie foi. Rien de moins exact. Une vaste carrière est encore ouverte au zèle de nos missionnaires. Pour ne parler que de ce qui reste à faire dans une seule partie du monde, je dis qu'en Afrique il existe encore des espaces immenses que les pieds des blancs n'ont pas foulées, et des populations innom- brables qui n'ont jamais entendu la bonne nouvelle. Que connaît-on, en effet, de ce vaste continent? A peine, el encore bien imparfaitement, les minces contours. Encore aujourd'hui, l'intérieur de l'Afrique nous échappe presque tout entier ; or, dans cet intérieur, s'agitent sans doute des populations nom- breuses, en proportion raisonnable avec la grandeur, les ri- chesses et l'admirable nature de ce continent. D'ailleurs, c'est avec grande circonspection qu'il convient de manier cet argu- ment de la prédication universelle de l'Evangile. Dès les pre- miers siècles de l'Eglise, les apôtres ou leurs successeurs im- médiats n'avaient-ils pas presque partout prêché la bonne nou- velle? Cela est tellement vrai que plusieurs Pères de l'Eglise, s'appuyant aussi, j'en conviens, sur d'autresraisons, soutenaient aussi fortement que nos modernes alarmistes que la fin du monde était proche ; et, toutefois, mon cher ami, la terre a con- tinué de tourner et les hommes n'ont pas cessé de faire des folies. Et puis, nos prophètes modernes, comme certains Pères et comme les fidèles du moyen-âge, interprètent mal quelques passages des divines Ecritures, où il est parlé, comme d'un fait prochain, de l'avènement de Jésus-Christ. Ils oublient que les auteurs divinement inspirés, lorsqu'ils traitent des choses futures, les voient actuellement présentes à leur esprit; ils oublient qu'au yeux de la Divinité et de ses interprètes, les temps ne sont rien, et que les siècles qui sépareront les deux avènements de Jésus-Christ, n'ont pas même la valeur d'un instant; ils oublient surtout que l'époque précise ou même ap- proximative de la fin ou de la transformation du monde, est un de ces mystères dont Dieu s'est réservé la connaissance. Quant aux Juifs, rien chez eux n'annonce encore un mouvement 5 général vers la vérité, ni un retour vers le Sauveur qu'ont mé- connu leurs pères. Il se produit bien ça et là, au milieu d'eux, des conversions. Ces faits si consolants se renouvellent même plus souvent qu'à toute autre époque, je l'avoue avec bonheur, mais ce ne sont là, après tout, que des cas isolés. J'admets aussi que les Juifs d'aujourd'hui se détachent de leurs antiques observances, qu'ils paraissent renoncer à la venue de leur pré- tendu messie, mais, en général, ils ne se tournent pas vers nous. Non, loin de là. Quelques-uns s'engagent dans les rangs du protestantisme, quelques autres se font catholiques, mais le grand nombre va se perdre dans le gouffre de l'indifférence re- ligieuse et du rationalisme. Rien donc de sérieux n'indique le retour d'Israël vers son Christ, et cet argument n'a pas plus de valeur que celui de la prédication de l'Evangile dans tout l'univers. Mais si, dans le domaine de la religion, il y a encore de si nombreux desiderata, que dire du vaste champ qui s'ouvre en- core aujourd'hui sur notre globe à la civilisation et au vrai progrès ? Combien de nations sont encore plongées dans la barbarie? L'esclavage, le droit du plus fort, le pillage, la po- lygamie, le fétichisme, l'idolâtrie, la misère, l'ignorance, la superstition, ne les voyons-nous pas régner en souverains maîtres dans d'immenses étendues de pays, chez des nations innombrables? De nos jours, à la fin de ce dix-neuvième siècle si vanté, ce que nous appelons civilisation, et ce que dans trois cents ans, peut-être, on appellera une sorte de bar- barie, la civilisation, dis-je, est concentrée en Europe et en Amérique, tandis que le reste de la terre demeure plongé dans l'ombre. Est-il donc possible, n'est-il pas plutôt absurde qu'un pareil état de choses soit le dernier mot des desseins de Dieu et de son œuvre ? Non, non ; nous devons le croire fer- mement, de plus hautes destinées nous attendent, même sur cette terre. Avant la fin du monde actuel, le règne du Christ sera plus parfaitement et plus universellement établi, et la ci- vilisation qui en découle répandra partout ses bienfaits, non 8 plus seulement dans cette Europe, aujourd'hui comparative- ment si privilégiée, et dans notre chère Amérique, mais indis- tinctement dans toutes les parties du monde. Oui, mon cher ami, les hommes ont encore une immense carrière à parcourir, d'immenses progrès à réaliser, de nombreuses victoires à rem- porter sur le mal, sur la matière, sur eux-mêmes. Nous lisons dans la Sainte Ecriture que Dieu à livré le monde aux discus- sions de l'homme, c'est-à-dire à ses investigations et à ses re- cherches : « Mundum tradidit disputationibus eorum. » Or, nous connaissons encore bien peu ce monde, cet univers que nous soutenons pourtant, sans rire, n'avoir été fabriqué que pour nous seuls. A la bonne heure. Du moins, travail- lons courageusement ; explorons avec soin ce que nous appe- lons fièrement notre domaine et tâchons d'en tirer le meilleur parti ; efforçons-nous de marcher, dans tous les ordres d'idées, de progrès en progrès ; et, sans doute, dans quelques siècles, il y aura autant de différence entre le monde d'alors et celui d'aujourd'hui que nous pouvons en constater entre l'état où était le monde au dixième siècle et celui où il est au dix- neuvième. Avant d'aborder le sujet que je me propose de traiter spé- cialement dans cette lettre, je voudrais vous indiquer ici quel- ques-unes de ces conquêtes, de ces victoires qui me paraissent devoir jalonner la marche glorieuse de notre humanité. Non pas, certes, que nous puissions jamais arriver à une science en tout certaine et complète ; je le sais, Dieu s'est réservé la connaissance parfaite de ses desseins et de ses œuvres, et c'est ce qu'exprime très-bien la suite du texte que j'empruntais tantôt à l'Ecclésiaste : « Ut non inveniat homo opus, quod operatus est Deus ab initio usquè ad finem. » Non pas, certes, que je prétende non plus que nous puissions jamais atteindre à la perfection morale ; non, nous sommes une humanité déchue, et, quoique nous fassions, déchus nous resterons. Mais, néanmoins, il nous est permis d'aspirer 7 toujours à un état de choses meilleur, à une perfection relative, ou, si je puis m'exprimer ainsi, à une perfection moins impar- faite. L'Eglise elle-même ne place pas son idéal en arrière, mais en avant. Quels sont donc ces progrès, ces conquêtes, dans l'ordre moral aussi bien que dans l'ordre matériel ? Je veux me borner ici à une simple énumération sans vous donner aucun développement : Réunion de tous les hommes dans la profession de la vérité religieuse ; Civilisation de toutes les parties du monde ; Instruction, inégale sans doute, mais, dans des degrés suffi- sants, universelle; Création de tribunaux perpétuels de la paix, et par con- séquent extinction de la guerre ; Travail matériel de l'homme notablement allégé par les machines ; Progrès des sciences économiques ; établissement d'un meilleur équilibre entre la production et la consommation, de manière à améliorer notablement la condition des prolétaires; Pratique de la navigation aérienne; Unité des monnaies, poids et mesures, acceptée et pratiquée par toutes les nations du monde ; Progrès des sciences en général, et, en particulier, des sciences astronomiques, qui nous permettront de nous mieux rendre compte de l'état de l'univers, des lois générales qui le régissent, de son objet, de sa situation antérieure, actuelle et future. Tels sont, mon cher ami, quelques-uns des progrès que notre humanité semble appelée à réaliser dans la suite uploads/Geographie/ la-terre-et-l-x27-univers-lettre-amicale-a-une-pessimiste-pdf.pdf
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- Publié le Oct 20, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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