LA TRIBU ET ^A LANGUE THONGA AVEC QUELQUES ECHANTILLONS DU FOLKLORE THONGA PAR

LA TRIBU ET ^A LANGUE THONGA AVEC QUELQUES ECHANTILLONS DU FOLKLORE THONGA PAR HENRI A JUNOD missionnaire. LAUSANNE .IMPRIMERIE GEORGES BRIDEL & Cio 1896 LA TRIBU ET LA LANGUE THONGA AVEC QUELQUES ECHANTILLONS DU FOLKLORE THONGA PAR HENRI A. JUNOD missionnaire. LAUSANNE IMPRIMERIE GEORGES BRIDEL & Cle 1890 Les quelques pages de cette brochure contiennent l'introduction ethnogra- phique d'une Grammaire ronga que nous avons publiée chez MM. Georges Bridel & Cie, à Lausanne. On y trouvera aussi un appendice sur le Folklore de la tribu ronga. Il nous a semblé utile de réunir en une petite brochure les deux parties de notre travail qui peuvent présenter un intérêt général pour les ethnographes et les géographes, la portion proprement linguistique du volume s'adressant à un public beaucoup plus restreint. Henri A. JUNOD. Gr/Y rfJ*3 Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/latribuetlalanguOOjuno Grammaire Ronqa par Henri A.«Jxmod,inissionnairo WVorei.se Acuchàtel, Su,sse /trriKct'X. LA TRIBU ET LA LANGUE THONGA -*- CHAPITRE PREMIER LA LANGUE THONGA ET SES DIVERS DIALECTES I. Le rong-a est l'un des dialectes de la langue thong-a. Celle-ci est parlée par une tribu ou un assemblage de tribus consi- dérable, et son area s'étend du 28e degré de latitude sud au 21 e , sur la côte orientale de l'Afrique et jusque plus ou moins loin dans l'intérieur. II. Cette appellation thonga nous semble devoir être adoptée, bien qu'elle ne soit pas sans offrir certains inconvénients. Elle en offre pour les savants européens, car c'est malheureusement le nom de plusieurs tribus africaines, sans parler du groupe des îles Tong-a dans l'océan Pacifique. Pas plus loin qu'Inhambane, une peuplade, se rattachant probablement au groupe tchopi. s'intitule aussi tong-a, et près des chutes du Zambèze se rencontre la tribu des Ba-Tong-a ou Ba-Toka, dont le père Torrend a fait connaître récemment le langage dans sa Gram- maire comparée des idiomes bantou. Néanmoins si, à la suite des Zoulous de Manoukoçi, nous appelons notre tribu Thonga, nous intro- duisons à la suite du t un h aspiré qui suffira pour distinguer les Thonga de tous les autres Tonga du monde. III. Malheureusement le mot thong-a présente aussi des inconvénients pour les oreilles et le cœur des noirs. C'est un terme de mépris équiva- lant à peu près au mot de « vassal » que les Zoulous ou Ng-oni ont appliqué aux tribus du Littoral, lorsqu'ils ont commencé, dès 1819, à faire des incursions dans ces contrées. Ne trouvant que peu do résis- tance parmi les aborigènes, ils les vainquirent sans peine et établirent leur suprématie sur tout le pays s'étendant de Mapoute à la Sabie et même au Zambèze. Le conquérant principal est Manoukoçi (1820-1859). _ 4 - Son fils Mozila lui a succédé et son petit-fils Goungounyane est encore le souverain de la plus grande partie des Thong-a l . IV. Quelque désagréable que puisse être cette appellation de thong-a pour les principaux intéressés, nous ne croyons pas devoir nous laisser arrêter par leur sentiment. Plusieurs tribus africaines ont eu le même sort. Les termes : Souto, Koua sont aussi des noms plus ou moins insultants. Actuellement on n'y pense plus. Il en sera de même pour le mot thong-a. D'ailleurs ce terme a été adopté déjà par tous les géo- graphes pour désig-ner les tribus au sud de la baie. Or, il n'y a pas de raison pour le restreindre au clan de Mapoute. Déjà en 1873, le consul anglais à Zanzibar, F. Elton, parlait, dans un rapport à son gouverne- ment, des « Amathong-a, tribu nombreuse et agricole qui, sous diffé- rents noms, s'étend de la baie de Sainte-Lucie presque jusqu'aux bords du Zambèze. » Une étude plus approfondie nous amène à proposer à la science ce terme-là, sous sa forme exacte : « les Thong-a, » quitte à dé- sig-ner chacun des clans par le nom spécial qu'il s'est donné. V. Il existe, il est vrai, un autre nom que les Portug-ais appliquent depuis long-temps aux natifs de ces contrées, c'est le mot Landim ou Landin. L'auteur de la description anonyme de la baie de Lourenço- Marquez, dans le dernier quart du siècle passé dit déjà : « Tous ces nègres sont landins 1 . » Mais on ne peut g-uère avoir confiance dans ses déterminations ethnographiques, car il ajoute : « Tous les habitants de ces contrées sont Hottentots et n'ont aucune religion, » deux affirma- tions tout à fait erronées. Le terme « landin » est appliqué au langag-e de la tribu, par le notaire Rosario, dans un document du 2 avril i8o5. (Document N° 16, p. i3.) Actuellement, il semble que les g-éographes portug-ais désig-nent sous ce nom notre tribu thong-a à l'exception de 1 La situation que nous supposons ici est celle qui existait avant là guerre de 189,4. Politiquement parlant, les Ronga ne dépendaient pas de Goung-ounyane. Ils ont été cédés aux Portug-ais de Lourenço-Marquez par Mozila, en sig-ne de reconnaissance pour l'aide que les blancs prêtè- rent à ce chef dans sa lutte avec son frère Maouéoué (Maouéva). (1861- 1862.) — H y a aussi au nord du Transvaal, dans le district des Spe- lonken, des Thong-a (Ma-Gouamba) de divers clans qui s'y sont établis à la même époque, durant les troubles auxquels donna lieu cette g-uerre mémorable. Ils sont indépendants du chef ng-oni. Il en est de même des Tsoua, des environs d'Inhambane, anciens sujets du chef Bingtmane, qui, bien que décimés par les expéditions des souverains ng-oni, ne se sont jamais laissé soumettre entièrement. 2 Voir Mémoire portugais, document VI, p. CXVII. — 5 — toute autre '. D'où vient ce terme? Malgré nos recherches, dous n'avons pu le découvrir. Il n'a pas été emprunté aux natifs et paraîl avoir i l'origine le sens de : indigène, noir. Les Ronga des environs de Lou- renço-Marquez l'emploient encore clans cette acception générale; ils l'appliquent à tous les noirs sans distinction. On dit que les indigi des bouches du Zambèze sont aussi appelés Landins par les Portue Il est donc difficile d'adopter ce ternie, d'autant plus qu'il est totale- ment ignoré dans l'intérieur, n'étant guère connu qu'aux alentours de la ville. Si cependant il était destiné à se répandre avec cette signifi- cation réduite, nous n'aurions pas d'objection de principe à son emploi : Kafir était aussi un nom commun à l'origine. Il l'est même encore dans certaines bouches, et cependant les linguistes n'ont pas craint d'appli- quer cette appellation à la langue xosa (variété du zoulou). VI. Cette tribu thonga qui couvre un territoire si considérable, et que le monde savant connaît encore si peu, n'a aucune conscience de son unité. Les Ronga de Delagoa-Bay ne croient pas qu'ils soient beau- coup plus proches parents des Khoça du Nkomati et des Hlengoné du Limpopo que des Zoulous ou des Soutos. Et. à y regarder de près, on s'apercevra vite que tous ces clans formant le peuple thonga n'ont en commun que quelques coutumes tendant à disparaître. (| XIX.) La seule chose qu'ils possèdent en propre, c'est un langage bien caracté- ristique, antique, riche. L'unité de cette tribu est bien plus linguistique que nationale. Nous sommes donc en droit de grouper les divers clans thonga en partant, non de leur histoire, de leurs circonstances ethno- graphiques assez obscures, mais de leur langue, et une étude, qu'il faudra sans doute approfondir encore, nous permet d'établir que l'idiome thonga possède cinq ou six dialectes plus ou moins éloignés les uns des autres, et dont nous avons cherché à déterminer les area respectives dans la carte ci-jointe 2 . 1 Voir, par exemple, la carte de M. C. Xavier dans le Bulletin de la Société de géographie de Lisbonne. (IIe série, N° 3, i8q4-) L'épithète « Landin » est appliquée à tous les clans thonga sauf aux Hlengoué et aux Mapoute. 2 Nous avons emprunté de nombreux renseignements à l'excellente carte des districts du Zoutpansberg et de Lourenço-Marquez publiée par M. H. Berthoud dans YAfrique explorée d'octobre 188G. M. Berthoud a élucidé plusieurs problèmes géographiques et ethnographiques au cours de ses voyages. Mais c'est des natifs eux-mêmes que nous avons obtenu la plupart des faits exposés dans notre introduction. — 6 — VII. i° Au sud, les royaumes de Mapoute, Tembé, Matolo, Mpfoumo, Mabota, Nondouana, Ghirinda et Manyisa parlent le ronga, dialecte principal du district de Lourenço-Marquez. Les « Kondé, » du royaume de Manabé, à l'extrémité sud de Mapoute, parlent, dit-on, un lang-ag-e intermédiaire entre le rong-a et le zoulou. 2° Au sud-ouest, dans les monts du Lebombo, mais au nord du Nko- mati, le hlanganou est parlé par les populations de ce nom. Les Rong-a de Nouamba, au sud du Nkomati, ont un lang-ag-e déjà fortement influencé par le hlang-anou. 3° Entre le Nkomati et l'Olifant, du Lebombo aux collines du Lim- popo, se trouvent les divers clans djonga : Khoça, Rikoto, Shibouri, Mathié, Nkouna, Nkhabelane, parlant le dialecte djong-a (c'est-à-dire celui du sud, par rapport à l'Olifant). 4° Tandis que le noualoungo (c'est-à-dire celui du nord) est uploads/Geographie/ la-tribu-et-la-langue-thonga.pdf

  • 14
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager