Le MAMCS dans les articles du journal Le Monde. LES IDÉES DE ROLAND Le Monde 15
Le MAMCS dans les articles du journal Le Monde. LES IDÉES DE ROLAND Le Monde 15.03.87 RECHT Les musées ne sont pas des cimetières …Ou pis, nos musées sont considérés comme des cimetières. Au mieux, comme les étapes exceptionnelles d'un dimanche après-midi pluvieux. " Roland Recht, qui laisse tomber cette boutade est responsable de l'ensemble des musées de Strasbourg depuis janvier 1986. Né à Strasbourg, universitaire de longue date, il enseignait l'histoire de l'art à Dijon depuis six ans quand la municipalité lui a demandé il y a un an de prendre en main la destinée des huit musées de la capitale alsacienne. Une couronne de cheveux mi-long encadre son visage en lame de couteau. Ses yeux brillants sont toujours en mouvement, comme ses membres qui semblent flotter dans ses vêtements de bonne coupe, sagement " branchés ". De son bureau, place du Château, il peut se rendre à pied, en moins de cinq minutes, dans chacun de ses établissements. Le palais Rohan en abrite trois : le Musée d'archéologie, celui des beaux-arts et les Arts déco. Face à la cathédrale, l'OEuvre Notre-Dame renferme des trésors de l'art gothique, statues recueillies avant leur ruine, objets du culte et pièces de mobiliers d'église. Pour Roland Recht, spécialiste de la sculpture des quatorzième et quinzième siècles, c'est l'un des plus beaux endroits d'Europe ; même si sa muséographie date de... 1939. L'administration des musées est installée à côté, au Cabinet des estampes. Le musée historique occupe une ancienne boucherie. On peut y voir l'un des plans-reliefs des Invalides. Mais sa présence, ici, ne donne lieu à aucune contestation. Kidnappé par les Prussiens de Blücher en 1815, il fut offert par Guillaume II au début du siècle à sa bonne ville de Strasbourg. Le Musée alsacien, enfant chéri des habitants de la province, est de loin le plus fréquenté. Le Musée d'art moderne est le moins bien loti. Il partage les locaux d'une ancienne douane avec une association de peintres du dimanche et des expositions temporaires. Aussi les collections permanentes sont- elles rarement visibles : un mois seulement en 1986. Roland Recht a l'espoir de récupérer la prison de Sainte-Marguerite, près des Ponts couverts, pour y installer un nouveau musée digne de ce nom. Le conseil municipal se fait un peu tirer l'oreille. La rénovation de ces 5 000 mètres carrés sera coûteuse. Si chaque établissement est doté d'un conservateur, Roland Recht a la haute main sur la politique d'achat. Tâche quasi impossible compte tenu de la modicité de son budget _ 1,5 million de francs _ et de l'éventail des collections à pourvoir. Heureusement, la ville vote de temps à autre des enveloppes exceptionnelles quand des occasions se présentent. Elle a ainsi débloqué 3,5 millions pour l'acquisition d'une toile du Canaletto. Dans l'ensemble, le public est maigre : 150 000 à 200 000 visiteurs par an. Essentiellement des touristes. Pour fidéliser un public local, Roland Recht organise à tour de bras des expositions temporaires. Quelques-unes d'un intérêt régional : le résultat des fouilles archéologiques d'un tumulus alsacien. D'autres ont un destin national : les belles rétro-spectives consacrées à Gustave Doré ou à Jean Arp _ deux Strasbourgeois _ ont été vues à Paris. L'enfant devant le jeu Mais son grand souci reste le développement de l'art contemporain sous toutes ses formes. " D'abord parce que je n'ai pas le choix. Le noyau de nos collections, un beau Klimt, quelques Klee, des oeuvres d'Arp ou d'Archipenko, sont le fait d'achats anciens et surtout de donations. C'est donc une collection totalement hétéroclite. Bien sûr je n'ai pas les moyens financiers d'en combler les lacunes. J'ai donc décidé de me tourner résolument vers les artistes des années 80. Mais pas n'importe lesquels. Le responsable d'une collection doit avoir le courage d'affirmer ses goûts personnels. C'est d'ailleurs le seul moyen de constituer un ensemble cohérent. Mais il ne faut pas oublier non plus de prendre en compte la spécificité de Strasbourg. Mon ambition, c'est que dans dix ans le musée d'art moderne de cette ville ne soit pas interchangeable avec celui de Rennes, de Lille ou de Marseille. " La spécificité de Strasbourg, c'est d'abord sa position géographique et son histoire : ses composantes latines et germaniques, son rôle de trait d'union entre les Flandres et l'Italie et celui d'ambassadeur face aux puissantes fondations suisses et allemandes. Sur les cimaises du futur musée d'art moderne, Paladino et Boltanski doivent idéalement côtoyer Penck et Baselitz. " Nous avons aussi la mission de suivre les artistes que nous estimons les plus novateurs et d'assurer leur promotion. A commencer par ceux qui sont implantés ici. L'exode systématique vers Paris est terminé. Toute une génération _ entre vingt-cinq et trente-cinq ans _ travaille à Strasbourg avec des moyens d'expression assez semblables et une approche voisine du monde. Que ce soient Christophe Meyer, Bernard Quesniaux, Depoutot ou Pascal-Henri Poirot, dont nous allons organiser une exposition collective. Tous sont séduits par une certaine imagerie rhénane. " " Personnellement, explique encore Roland Recht, je récuse ce qui amène l'artiste à s'effacer. J'aime celui qui a quelque chose _ une histoire _ à me raconter. Que ce soit par la grâce de la figuration libre, de l'expressionnisme abstrait ou du travail du comportement. Il n'est pas surprenant que dans cette ville où est né Gustave Doré se poursuive une tradition d'imagier dont Ungerer est la figure la plus illustre. Il ne faut pas oublier par ailleurs que le Strasbourgeois conserve volontiers envers l'art l'attitude de l'enfant vis-à-vis du jeu. C'est ce qui a fait la cohérence de l'oeuvre de Jean Arp, un autre Alsacien. C'est ce que l'on retrouve aujourd'hui, à un autre niveau, chez de jeunes artistes comme Christophe Meyer ou Pascal-Henri Poirot. " La cathédrale, nous dit Georges Duby, voulait proclamer que la ville était autosuffisante, sûre d'elle-même. Roland Recht veut-il montrer, à travers ses efforts, que, sans rien perdre de son âme, Strasbourg peut être un trait d'union entre des sensibilités différentes. Une greffe réussie entre culture et Kultur ? ROUX EMMANUEL Le Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg Une architecture sereine dans la belle lumière d'Alsace Article paru dans l'édition du 07.11.98 Drôle d'objet que le Musée de Strasbourg. Beau et noble, assurément, mais qui vous laisse perplexe, tel un Rubik's Cube, si l'on y pense en urbaniste, ou, si l'on a plutôt la fibre picturale, tel un grand cabinet de curiosités qui n'aurait pas encore reçu ses perruches mordorées, ses flacons d'hippocampes en poudre, ses crocodiles empaillés, ses grimoires ni ses pierres philosophales. Une grande armoire vide manifestement conçue pour le rangement, mais de qui, mais de quoi ? Il a beau être désormais ouvert au public, ses cimaises ont beau porter de dignes et concrètes oeuvres d'art, le musée de Strasbourg, fruit d'un concours au programme essentiellement urbain lancé en 1987, apparaît d'abord comme une grande architecture silencieuse, doublon moderne de la cathédrale dont il emprunte avec bonheur les tics structurels (une nef et deux bas-côtés), et l'appétit extraordinaire pour la lumière du beau pays d'Alsace. Le beau pays d'Alsace, c'est ce à quoi a dû penser Adrien Fainsilber tout au long du chantier , à défaut d'avoir une collection à se mettre sous la dent. Il y avait bien le gigantesque Gustave Doré, ce Christ quittant le prétoire, où le graveur alangui se reposait de son génie. Pour le reste, il fallait s'accrocher au fonds du vieux Musée d'art, riche surtout de son Klimt, et à l'ambition de l'ancien conservateur, Roland Recht. Mais il y avait le site : un emplacement idéal au bout de la Petite France, sur les bords de l'Ill, un cheminement naturel depuis la gare de Strasbourg et la Commanderie Saint-Jean, qui, avant d'être affectée à l'ENA, devait servir de « charnière » entre le musée et les quartiers historiques - l'ensemble Commanderie-musée étant lui aussi qualifié de future « charnière », de « transition » ou de « trait d'union » entre la vieille ville et les quartiers des années 60-70. Ainsi le Musée d'art moderne et contemporain devait-il être d'abord une douce promenade urbaine. Enumération du panorama : le barrage Vauban et ses trois niveaux de circulation piétonne, les ponts couverts, la Petite France, la cathédrale dans le fond et, sur l'autre rive de l'Ill, l'hôtel du département, masse sombre et gaillarde de l'architecte Claude Vasconi, qui déjà avait pris, en 1989, le parti de la rue intérieure. Cette disposition urbaine avait tout autant frappé Adrien Fainsilber . D'où cet ensemble rectiligne, plus moderne que symboliste, plus Arp ou Doesburg que Klimt ou Doré, qui dégringole par parkings interposés vers la rivière, « vaubanisant » sans trop d'état d'âme la berge. Rendant un hommage frénétiquement appuyé au Centre Pompidou grâce à trois grosses bouches d'aération, l'architecte de ce côté-ci semble dès lors se désintéresser de l'Ill. UN PROBLÈME DE PARVIS Pensant s'ouvrir ailleurs sur la ville, il répartit les fonctions autour d'une grande verrière centrale, généreuse avenue intérieure de 100 mètres de long et de 25 mètres de haut. Ici, uploads/Geographie/ le-mamcs.pdf
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- Publié le Fev 13, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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