1 M. SIDIBE – PROFESSEUR DE FRANÇAIS – FORMATEUR AU CRFPE DE SAINT-LOUIS LE FRA

1 M. SIDIBE – PROFESSEUR DE FRANÇAIS – FORMATEUR AU CRFPE DE SAINT-LOUIS LE FRANÇAIS EN CLASSE DE SECONDE 1. LES COURANTS ET MOUVEMENTS LITTERAIRES - LA NEGRITUDE - L’HUMANISME - LE CLASSICISME - LE SIECLES DES LUMIERES - LE PREROMANTISME 2. LES GENRES LITTERAIRES - LA POESIE - LE THEATRE - LE CONTE - LA NOUVELLE 3. LA PRODUCTION ECRITE - LA DISSERTATION/DISCUSSION - LE RESUME DE TEXTE - LE RAPPORT - LE PROCES-VERBAL LE FRANÇAIS EN SECONDE 1 M. SIDIBE – PROFESSEUR DE FRANÇAIS – FORMATEUR AU CRFPE DE SAINT-LOUIS LES MOUVEMENTS ET COURANTS LITTERAIRES LA NEGRITUDE Introduction : La poésie africaine francophone apparaît dans la première moitié du XXe siècle, avec l’émergence à Paris, dans les années 30, du mouvement de la négritude, créé par Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire et Léon-Gontran Damas. En révolte contre l’aliénation culturelle dans laquelle la colonisation les maintenait, ces jeunes intellectuels, africains et antillais, voulaient libérer leurs peuples en les sensibilisant à la dignité des valeurs culturelles du monde noir. Tout au long des années 50 et 60, la négritude et ses thématiques basées sur l’exaltation de la race noire seront des sources d’inspiration importantes pour des poètes africains. 1 M. SIDIBE – PROFESSEUR DE FRANÇAIS – FORMATEUR AU CRFPE DE SAINT-LOUIS I. Naissance et évolution : 1. La Négro Renaissance aux Etats-Unis : En 1890, alors qu’il était étudiant, l’américain William E.B. du Bois déclarait : « Je suis nègre et je me glorifie de ce nom, je suis fier du sang noir qui coule dans mes veines ». Du Bois fait partie des rares Noirs américains qui ont poussé des études (il est docteur en philosophie). C’est en tant qu’intellectuel qu’il va se consacrer à la défense de la race noire et à l’affirmation des droits des noirs. Ainsi il les invitait à réagir contre la discrimination, la ségrégation, les brimades. Il milite également dans le mouvement qui protestait contre la politique impériale en Afrique. Son livre principal, Ames Noires, publié en 1903, exercera une grande influence d’abord sur ses compatriotes noirs-américains, ensuite sur les intellectuels africains. Dix ans après le livre de Du Bois, certains jeunes intellectuels afro américains comme Langston Hughes, Claude Mac Kay, Cuntee Cullen lancent le premier mouvement culturel nègre appelé « négro renaissance » et ayant pour but d’affirmer la dignité de l’homme Noir : « Nous, créateurs de la nouvelle génération nègre, nous voulons exprimer notre personnalité sans honte ni crainte. Si cela plait aux Blancs, nous en sommes fort heureux. Si cela ne leur plait pas, peu importe. Nous savons que nous sommes beaux. Et laids aussi » ont-ils déclaré. Ces intellectuels firent de Harlem un lieu d’effervescence artistique, notamment avec le jazz, le théâtre, la danse, le saoul. L’influence de la négro renaissance se ressentira aux Antilles françaises, à Cuba, Haïti et la France où commence à se former une élite intellectuelle des colonies africaines. 2. La revue « Légitime Défense » : En 1932, les étudiants martiniquais publient, à Paris, un manifeste intitulé « Légitime défense ». C’est pour la première fois qu’on y défendait la personnalité antillaise que 300 années d’esclavage avaient effacée. Pour les auteurs, l’écrivain noir doit assumer sa couleur, sa race, se faire « l’écho des haines et des aspirations de son peuple opprimé », en somme assumer sa négritude. 3. La revue « L’étudiant Noir » : La revue « Légitime défense » n’eut qu’un seul numéro. Les auteurs reçurent des sanctions de la part des gouvernements de leurs pays et de leurs parents. Mais comme les idées étaient déjà lancées, elle firent leur chemin. En 1934, un journal, « L’étudiant noir », est fondé par de jeunes africains et antillais et réunissait tous les étudiants noirs quelle que soit leur origine. Ce journal reprenait les critiques de « Légitime défense » sur la politique d’assimilation culturelle, « revendiquait la liberté créatrice du nègre en dehors de toute limitation occidentale ». Ils ont estimé que le seul moyen de libération du Noir était le retour aux sources africaines. C’est par ce combat culturel que la négritude prit naissance. II. Les différentes définitions du mot « négritude » : Le terme de Négritude semblerait, selon différents critiques et selon Senghor même, émaner d'Aimé Césaire dans cette revue Etudiant Noir. Voici la définition que le martiniquais lui donne : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d'être Noir, et l'acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture ». Elle est complétée par celle-ci qui émane de Senghor : « La négritude est le patrimoine culturel, les valeurs et surtout l’esprit de la civilisation négro-africaine ». A travers ces définitions, on voit que Césaire et Senghor en font une entreprise de revalorisation des valeurs culturelles et raciales noires. Mais Césaire, c’est d’abord et avant tout un descendant d’esclave qui n’a pas connu l’Afrique : « Descendant des anciens esclaves déportés de leur Afrique natale vers l’Amérique et privés de leurs langues, de leurs religions, de leurs folklores, il s’est senti très vite, dans l'île de son enfance qui était une 1 M. SIDIBE – PROFESSEUR DE FRANÇAIS – FORMATEUR AU CRFPE DE SAINT-LOUIS colonie, seul, désorienté, mal à son aise ». Rien d’étonnant alors que la négritude apparaisse chez lui d’abord comme un cri, un cri de dénonciation. Le troisième grand poète du mouvement est un cas un peu singulier : Léon Gontran Damas a, en effet, particulièrement souffert d’une « affection » maternelle qui voulait l’obliger à embrasser la culture occidentale ; pour le guyanais, la négritude consista essentiellement à rejeter cette assimilation qui obstruait sa liberté et à « défendre sa qualité de nègre et de guyanais ». D’autres tenants du mouvement ont aussi donné leur acception du terme. Pour Alioune Diop, « la Négritude n’est autre que le génie nègre, et en même temps la volonté d’en révéler la dignité », alors que le malgache Jacques Rabemananjara opte pour un « élargissement » de la négritude à tous les mélanodermes du monde. Sa vision dépasse ainsi le cadre de l’Afrique. En effet, pour lui, la négritude doit englober les « Africains et les para-africains » selon ses propres termes. III. La littérature et la thématique de la négritude : 1. La poésie de la négritude : La négritude ne fut réellement révélée et comprise que lorsqu’elle s’exprima en des œuvres littéraires et la poésie fut sa voie royale d’expression. Le premier à connaître les honneurs de l’édition fut Léon Damas, dont les poèmes étaient publiés depuis 1934 dans la revue « Esprit ». Son recueil Pigments parut en 1937. Deux ans plus tard, Aimé Césaire insérait dans la revue «Volontés » son célèbre Cahier d’un retour au pays natal, qui allait devenir l’emblème de la négritude. Léopold Sédar Senghor enfin publiait en 1945 et 1948 deux recueils, Chants d’ombre et Hosties noires, dont les poèmes avaient été écrits entre 1936 et 1945. La publication par ce même Senghor d’une remarquable Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, préfacée par Jean-Paul Sartre, s’inscrit dans le prolongement de ce moment fondateur de l’écriture noire. En effet, lorsqu’elle paraît, en 1948, l’Anthologie s’inscrit dans un contexte dynamique. Elle présente seize poètes (un Guyanais, Léon-Gontran Damas ; trois Martiniquais, Gilbert Gratiant, Étienne Lero et Aimé Césaire ; un Guadeloupéen, Guy Tirolien ; quatre Haïtiens, Léon Laleau, Jacques Roumain, J.-F. Brière et René Bélance ; trois Africains, Birago Diop, Léopold Sédar Senghor et David Diop ; trois Malgaches, Jean-Joseph Rabearivelo, Jacques Rabemananjara et Flavien Ranaivo.), que précède une brève introduction générale de Senghor, une introduction dans laquelle on peut lire les propos suivants : « La contribution des Nègres en poésie est encore modeste… elle permet de grands espoirs…, avec leur talent, leur négritude… Et maintenant, chantent les Nègres ! » 2. La thématique de la négritude : La négritude s’est affirmée à travers différents thèmes : a - L’éloge de la terre natale : Elle s’est exprimée à travers des vers d’une haute facture nostalgique chez Senghor dont la négritude a souvent été liée aux souvenirs de l’enfance. Les chants, les danses, les jeux, les veillées, les contes des nourrices, la douceur maternelle, le monde des esprits, l’ambiance familiale, voilà, d’après Senghor, toute la richesse et la beauté des cultures sérères en particulier, noires en général. A l’image de Senghor, beaucoup d’autres poètes auront à exprimer la nostalgie de la terre natale en tant que moyen de ressourcement, traduction de l’amour du continent et affirmation de l’identité. C’est notamment le cas de Birago Diop dont le recueil Leurres et Lueurs (1960) est aussi une expression de la nostalgie du pays natal et du désir de le retrouver afin de vaincre les années d’angoisse liées à l’exil et à l’errance en Occident. 1 M. SIDIBE – PROFESSEUR DE FRANÇAIS – FORMATEUR AU CRFPE DE SAINT-LOUIS Une autre figure de la négritude est le malgache Jacques Rabemananjara qui a, lui aussi, déclamé le pays natal à travers de beaux vers. uploads/Geographie/ le-francais-en-seconde.pdf

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