LIBERTE QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION. 37, RUE LARBI BEN M’HIDI, ALGER - TEL

LIBERTE QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION. 37, RUE LARBI BEN M’HIDI, ALGER - TEL. : (021) 30 78 47/48/49 (LIGNES GROUPÉES) - FAX : (021) 30 78 70 - N° 5414 LUNDI 21 JUIN 2010 - ALGÉRIE 10 DA - FRANCE 1 € - GB 1£ 20 - ISSN 1111- 4290 LE DROIT DE SAVOIR, LE DEVOIR D’INFORMER AFP LE MINISTÈRE DE L ’ÉDUCATION NATIONALE MET EN GARDE “Nous ne permettrons plus la fermeture des établissements scolaires” Page 4 JACQUES TOUBON, PRÉSIDENT DE LA CITÉ NATIONALE DE L ’HISTOIRE DE L ’IMMIGRATION À “LIBERTÉ” LES VERTS PRÉPARENT LA CONFRONTATION QUEL PLAN POUR BATTRE LES AMÉRICAINS ? SUPPLÉMENT ÉCONOMIE ILS SE PLAIGNENT DE L ’ABSENCE DE CONCERTATION AVEC LES POUVOIRS PUBLICS LES OPÉRATEURS BLOQUÉS PAR UN CLIMAT DES AFFAIRES DÉFAVORABLE ■DE NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX Mohamed Boukhemia et Nazim Tolba Lire pages 7 à 13 Page 2 Page 20 Page 21 QUAND L ’ALGÉRIE INSPIRE DOMENECH ! QUAND L ’ALGÉRIE INSPIRE DOMENECH ! ALGÉRIE-FRANCE “NÉGOCIATION D’UN NOUVEL ACCORD SUR L ’IMMIGRATION” ALGÉRIE-FRANCE “NÉGOCIATION D’UN NOUVEL ACCORD SUR L ’IMMIGRATION” APS L ’ACTUALITÉ EN QUESTION Lundi 21 mai 2010 2 LIBERTE Liberté : Vue d’Algérie, la question de l’immigration est vécue avec un cer- tain détachement. Quel est le sens de votre déplacement en Algérie et le choix de la thématique de votre conférence ? ●● J. Toubon : L’immigration est un para- mètre structurant de la relation entre la France et l’Algérie. Elle a été importante pen- dant la période coloniale et encore plus depuis l’indépendance de votre pays. Ce qui m’intéresse, c’est de donner de l’information et d’échanger des connaissances dans un domaine qui marque au triple point de vue politique, social et humain la société françai- se comme la société algérienne. Doit-on voir, dans votre visite, un déplacement symbolique ou poli- tique, surtout que la question de la mémoire entre Alger et Paris est tou- jours vivace ? ●● J’ai porté le projet de la CNHI justement parce que je suis partisan de mettre au clair l’histoire, de manière pluraliste, afin que l’opposition des mémoires par définition subjectives n’empêche pas d’écrire l’histoire telle qu’elle a été. À l’heure actuelle, tout effort en ce sens est utile et mon déplace- ment peut y contribuer. C’est d’ailleurs dans le même esprit que j’ai accepté de conduire, pendant cette année 2010, une mission concernant le cinquantenaire de l’indépen- dance de 14 pays d’Afrique subsaharienne ; anniversaire qui nous permettra tout à la fois de revenir sur l’histoire partagée, d’expliciter la relation entre la France et l’Afrique noire et d’investir cette relation spécifique dans l’avenir du continent. M. Toubon, vous avez été l’un des plus proches collaborateurs de Jacques Chirac comme vous connais- sez le président Sarkozy. À Alger, on suppose qu’il y a une approche diffé- rente de la politique d’immigration et du rapport à l’Algérie des deux hommes. Cette vision est-elle perti- nente ? ●● Bien entendu, les personnalités sont différentes ainsi que l’expérience des hommes en particulier s’agissant du Maghreb. Pour ce qui concerne la politique d’immigration, le président Sarkozy s’appuie sur la création d’un grand ministère unique qui regroupe toutes les questions et tous les services qui ont à en connaître. Il développe une politique d’immigration maîtrisée et choisie. Mais quand on regarde l’histoire des années récentes, on voit bien qu’il y a conti- nuité entre les deux présidents français. La Déclaration d’Alger de 2003 n’ayant pu exau- cer tous les espoirs placés en elle, la visite du président Sarkozy à la fin 2007 a relancé l’idée d’un partenariat d’exception. Trois accords fondateurs ont été signés ; la convention-cadre de partenariat, l’accord de coopération de défense et l’accord de coopération du nucléaire civil. Et l’on pour- suit activement la négociation d’un nouvel accord sur l’immigration qui prendrait la place de l’accord franco-algérien de 1968. La Cité de l'immigration a ouvert ses portes en 2007 sur le site de l'exposi- tion coloniale internationale de 1931. Contrairement à tous les autres musées, elle n'a pas été inaugurée par un chef d'État. N'est-ce pas le signe que l'immigration suscite tou- jours un malaise en France ? ●● La CNHI a été créée pour que soit reconnue l’histoire de l’immigration dans l’histoire de France et la place des immigrés dans la construction de la nation française. En effet, de tous les pays européens, la France est le seul qui a constamment accueilli, depuis le début du XIX e siècle, des millions d’étrangers sur son sol, Européens d’abord puis d’origine coloniale et post- coloniale ensuite. La France, ce sont les États-Unis de l’Europe de ce point de vue. Mais, contrairement aux États-Unis, le rôle de l’immigration dans la constitution de notre société et de notre identité n’est pas revendiqué, ni même connu ou reconnu. Or, cette reconnaissance est indispensable à l’intégration qui implique non seulement l’égalité formelle du citoyen, mais aussi l’éga- lité réelle des chances. En racontant l’histoi- re de l’immigration et en lui donnant toute sa place dans l’histoire de notre pays, nous contribuons à changer les regards et à faire progresser les mentalités. Comment expliquez-vous le peu d'en- gouement que suscite ce musée auprès des Français puisqu'il ne reçoit que peu de visiteurs, le plus souvent des groupes scolaires ? ●● Ce n’est pas facile de décrire cette his- toire et d’en tirer les leçons pour aujourd’hui et demain dans un climat de crise et de cris- pation. Mais ne croyez pas tout ce qu’écri- vent les journaux, même les meilleurs ! Il y a déjà eu plus de 250 000 visiteurs à la Cité durant ces deux ans et demi d’existence, et nous sommes reconnus aujourd’hui comme indispensables. Quant aux groupes scolaires, ils représentent environ un tiers de la fré- quentation et ils sont l’illustration d’un servi- ce que nous rendons au monde éducatif pour lui permettre d’enseigner l’histoire de manière plus complète et plus exacte. La Cité se propose de modifier le regard des Français sur l'immigration à travers des expositions fréquentes. Comment concevez-vous son rôle, alors que la France est engagée dans une politique de maîtrise des flux migratoires qui a l'air de stigmatiser les étrangers ? ●● Il n’y a pas de contradiction. Notre pro- jet est celui d’un établissement public auquel l’État a confié une triple mission culturelle, éducative et scientifique. C’est ce que nous faisons et nous apportons ainsi des éléments pour le débat politique. Celui-ci se situe sur un autre plan, il correspond aux nécessités de la société, à l’évolution de l’opinion publique et aux convictions des politiques, de droite comme de gauche. Mais il n’a pas d’influence sur notre manière d’accomplir notre mission. L’exposition “Générations : un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France” en a récemment donné un bon exemple. Elle s’est déroulée de l’automne 2009 au mois d’avril dernier en plein débat sur “l’identité nationale”. L'été dernier, vous avez personnelle- ment décoré l'artiste algérien Kamel Hamadi. Quelle était la signification de cette distinction ? ●● Kamel Hamadi a été proposé à cette haute distinction par Génériques, l’associa- tion qui a produit l’exposition “Générations”. Parce que c’est l’un des plus grands chan- teurs de la scène franco-algérienne depuis les années 60, il a inspiré beaucoup de jeunes. Il est un parfait exemple de cet art populaire dans lequel se reconnaissent les Français et les Algériens. J’ai tenu à lui remettre moi-même cette distinction parce qu’il incarne en sa personne cette histoire de l’immigration, et ce “regard des deux rives” que réclamait Abdelmalek Sayad. La Cité s'est mise au diapason du Mondial et abrite en ce moment une exposition sur le football et l'immigra- tion. Comment est née cette idée ? Quel en est le message ? Que pensez- vous de l'absence de joueurs d'origine maghrébine dans le onze de Domenech ? ●● Nous avons préparé l’exposition sur le football et l’immigration qui se tient actuelle- ment à la Cité, avec succès, d’abord dans l’idée de montrer le rôle du sport dans l’inté- gration des étrangers et la place des étran- gers dans le sport en France, tout particuliè- rement le football. Bien entendu, nous savions déjà à ce moment que la Coupe du monde aurait lieu en Afrique en 2010, et ce fait ne pouvait que donner une actualité plus grande à cette manifestation. L’exposition montre bien de même qu’il n’y a pas de nation française sans la composante des mil- lions de ceux qui sont venus étrangers dans notre pays, et qui ont acquis notre citoyen- neté, il n’y a pas de grands clubs, ni de gran- de équipe de France sans joueurs maghré- bins ou noirs. C’est un fait social et sportif. Mais on montre aussi qu’une équipe multi- colore ne suffit pas à résoudre tous les pro- blèmes d’intégration dans la société. Quant à la sélection de Raymond Domenech, elle est discutable sur bien des points. Personnellement (puisqu’il y a 60 millions de sélectionneurs en France…), je pense que Nasri et Benzema, au moins, méritaient d’être retenus dans le groupe des 23. Est-ce que les célébrations de cer- tains aspects du colonialisme uploads/Geographie/ 5414.pdf

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