Le meilleur moment des amours. Le meilleur moment des amours N'est pas quand on

Le meilleur moment des amours. Le meilleur moment des amours N'est pas quand on a dit: « Je t'aime. » Il est dans le silence même À demi rompu tous les jours ; Il est dans les intelligences Promptes et furtives des cœurs ; Il est dans les feintes rigueurs Et les secrètes indulgences ; Il est dans le frisson du bras Où se pose la main qui tremble, Dans la page qu'on tourne ensemble Et que pourtant on ne lit pas. Heure unique où la bouche close Par sa pudeur seule en dit tant; Où le cœur s'ouvre en éclatant Tout bas, comme un bouton de rose; Où le parfum seul des cheveux Parait une faveur conquise ! Heure de la tendresse exquise Où les respects sont des aveux. René-François Sully Prudhomme sur www.poesie-francaise.fr René-François Sully Prudhomme. L'Amour de l'Amour. xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxI. Aimez bien vos amours ; aimez l'amour qui rêve Une rose à la lèvre et des fleurs dans les yeux ; C'est lui que vous cherchez quand votre avril se lève, Lui dont reste un parfum quand vos ans se font vieux. Aimez l'amour qui joue au soleil des peintures, Sous l'azur de la Grèce, autour de ses autels, Et qui déroule au ciel la tresse et les ceintures, Ou qui vide un carquois sur des coeurs immortels. Aimez l'amour qui parle avec la lenteur basse Des Ave Maria chuchotés sous l'arceau ; C'est lui que vous priez quand votre tête est lasse, Lui dont la voix vous rend le rythme du berceau. Aimez l'amour que Dieu souffla sur notre fange, Aimez l'amour aveugle, allumant son flambeau, Aimez l'amour rêvé qui ressemble à notre ange, Aimez l'amour promis aux cendres du tombeau ! Aimez l'antique amour du règne de Saturne, Aimez le dieu charmant, aimez le dieu caché, Qui suspendait, ainsi qu'un papillon nocturne, Un baiser invisible aux lèvres de Psyché ! Car c'est lui dont la terre appelle encore la flamme, Lui dont la caravane humaine allait rêvant, Et qui, triste d'errer, cherchant toujours une âme, Gémissait dans la lyre et pleurait dans le vent. Il revient ; le voici : son aurore éternelle A frémi comme un monde au ventre de la nuit, C'est le commencement des rumeurs de son aile ; Il veille sur le sage, et la vierge le suit. Le songe que le jour dissipe au coeur des femmes, C'est ce Dieu. Le soupir qui traverse les bois, C'est ce Dieu. C'est ce Dieu qui tord les oriflammes Sur les mâts des vaisseaux et des faîtes des toits. Il palpite toujours sous les tentes de toile, Au fond de tous les cris et de tous les secrets ; C'est lui que les lions contemplent dans l'étoile ; L'oiseau le chante au loup qui le hurle aux forêts. La source le pleurait, car il sera la mousse, Et l'arbre le nommait, car il sera le fruit, Et l'aube l'attendait, lui, l'épouvante douce Qui fera reculer toute ombre et toute nuit. Le voici qui retourne à nous, son règne est proche, Aimez l'amour, riez ! Aimez l'amour, chantez ! Et que l'écho des bois s'éveille dans la roche, Amour dans les déserts, amour dans les cités ! Amour sur l'Océan, amour sur les collines ! Amour dans les grands lys qui montent des vallons ! Amour dans la parole et les brises câlines ! Amour dans la prière et sur les violons ! Amour dans tous les coeurs et sur toutes les lèvres ! Amour dans tous les bras, amour dans tous les doigts ! Amour dans tous les seins et dans toutes les fièvres ! Amour dans tous les yeux et dans toutes les voix ! Amour dans chaque ville : ouvrez-vous, citadelles ! Amour dans les chantiers : travailleurs, à genoux ! Amour dans les couvents : anges, battez des ailes ! Amour dans les prisons : murs noirs, écroulez-vous ! xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxII. Mais adorez l'Amour terrible qui demeure Dans l'éblouissement des futures Sions, Et dont la plaie, ouverte encor, saigne à toute heure Sur la croix, dont les bras s'ouvrent aux nations. Germain Nouveau sur www.poesie-francaise.fr Germain Nouveau. L'âme. Comme un exilé du vieux thème, J'ai descendu ton escalier ; Mais ce qu'a lié l'Amour même, Le temps ne peut le délier. Chaque soir quand ton corps se couche Dans ton lit qui n'est plus à moi, Tes lèvres sont loin de ma bouche ; Cependant, je dors près de Toi. Quand je sors de la vie humaine, J'ai l'air d'être en réalité Un monsieur seul qui se promène ; Pourtant je marche à ton côté. Ma vie à la tienne est tressée Comme on tresse des fils soyeux, Et je pense avec ta pensée, Et je regarde avec tes yeux. Quand je dis ou fais quelque chose, Je te consulte, tout le temps ; Car je sais, du moins, je suppose, Que tu me vois, que tu m'entends. Moi-même je vois tes yeux vastes, J'entends ta lèvre au rire fin. Et c'est parfois dans mes nuits chastes Des conversations sans fin. C'est une illusion sans doute, Tout cela n'a jamais été ; C'est cependant, Mignonne, écoute, C'est cependant la vérité. Du temps où nous étions ensemble, N'ayant rien à nous refuser, Docile à mon désir qui tremble, Ne m'as-tu pas, dans un baiser, Ne m'as-tu pas donné ton âme ? Or le baiser s'est envolé, Mais l'âme est toujours là, Madame ; Soyez certaine que je l'ai. Germain Nouveau sur www.poesie-francaise.fr Germain Nouveau. Amour. Je ne crains pas les coups du sort, Je ne crains rien, ni les supplices, Ni la dent du serpent qui mord, Ni le poison dans les calices, Ni les voleurs qui fuient le jour, Ni les sbires ni leurs complices, Si je suis avec mon Amour. Je me ris du bras le plus fort, Je me moque bien des malices, De la haine en fleur qui se tord, Plus caressante que les lices ; Je pourrais faire mes délices De la guerre au bruit du tambour, De l'épée aux froids artifices, Si je suis avec mon Amour. Haine qui guette et chat qui dort N'ont point pour moi de maléfices ; Je regarde en face la mort, Les malheurs, les maux, les sévices ; Je braverais, étant sans vices, Les rois, au milieu de leur cour, Les chefs, au front de leurs milices, Si je suis avec mon Amour. xxxxxxxxxxxxENVOI. Blanche Amie aux noirs cheveux lisses, Nul Dieu n'est assez puissant pour Me dire : « Il faut que tu pâlisses », Si je suis avec mon Amour. Germain Nouveau sur www.poesie-francaise.fr Pluriel féminin. xxxxxxxxxxxxxxSonnet. Je suis encombré des amours perdues, Je suis effaré des amours offertes. Vous voici pointer, jeunes feuilles vertes. Il faut vous payer, noces qui sont dues. La neige descend, plumes assidues. Hiver en retard, tu me déconcertes. Froideur des amis, tu m'étonnes, certes. Et mes routes sont désertes, ardues. Amours neuves, et vous amours passées, Vous vous emmêlez trop dans mes pensées En des discordances éoliennes. Printemps, viens donc vite et de tes poussées D'un balai d'églantines insensées Chasse de mon cœur les amours anciennes ! Charles Cros sur www.poesie-francaise.fr Charles Cros. Vers amoureux. Comme en un préau d'hôpital de fous Le monde anxieux s'empresse et s'agite Autour de mes yeux, poursuivant au gîte Le rêve que j'ai quand je pense à vous. Mais n'en pouvant plus, pourtant, je m'isole En mes souvenirs. Je ferme les yeux ; Je vous vois passer dans les lointains bleus, Et j'entends le son de votre parole. xxxxxxxxxxxxxxxxxx* Pour moi, je m'ennuie en ces temps railleurs. Je sais que la terre aussi vous obsède. Voulez-vous tenter (étant deux on s'aide) Une évasion vers des cieux meilleurs ? Charles Cros sur www.poesie-francaise.fr Charles Cros. L'amour. xxxxxxxxxxxÀ Laure B. L'amour a transmis jusqu'à nous Les noms de Pétrarque et de Laure ; Ah ! d'eux si nous parlons encore, Combien l'on parlera de vous ! Laure est le miracle des belles, Pétrarque celui des amants : Prudes, poètes, cœurs constants, Voilà vos plus parfaits modèles. Laure avec ses beaux yeux pourtant, Pétrarque avec tout son génie, Feraient moins de bruit à présent, Si le ciel leur rendait la vie. Laure en beauté vous céderait Le prix que vous donnent les autres ; Et Pétrarque vous chanterait En vers moins charmants que les vôtres. xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxÉcrit en 1793. Antoine-Vincent Arnault sur www.poesie-francaise.fr Antoine-Vincent Arnault. Ma seule amour que tant désire ! Ma seule amour que tant désire, Mon réconfort, mon doux penser, Belle nonpareille, sans per, Il me déplaît de vous écrire. Car j'aimasse mieux à le dire De bouche, sans le vous mander, Ma seule amour que tant désire, Mon réconfort, mon doux penser ! Las ! or n'y puis-je contredire ; Mais Espoir me fait endurer, Qui m'a promis de retourner En liesse, mon grief martyre, Ma seule amour que tant désire ! Charles d'Orléans sur www.poesie-francaise.fr Charles d'Orléans. Ma seule amour. Ma seule amour, ma joye et ma maistresse, Puisqu'il me fault loing de vous demorer, Je uploads/Geographie/ le-meilleur-moment-des-amours.pdf

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