René LEGRAIN Les castors de nanterre Avec l’aimable contribution de Michel levê

René LEGRAIN Les castors de nanterre Avec l’aimable contribution de Michel levêque pour les photographies. Une histoire d’hommes Un projet ambitieux Du concept a l’aboutissement LES CASTORS : une histoire d’hommes Un projet ambitieux Du concept à l’aboutissement Contexte historique et sociologique : À la fin de la seconde guerre mondiale en1945, la France qui avait subi des bombardements importants était exsangue ; les usines et d’immeubles d’habitation dans notre région - Nanterre La Garenne, Courbevoie, Boulogne- Billancourt et Bois- Colombes avaient subi des destructions importantes. Des villes comme Rouen, le Havre, Caen, St Nazaire furent détruites à plus de 80%. Nous avions assisté alors à un exode massif des populations de ces villes vers la région parisienne ; les destructions, l’afflux de population et le début du baby-boom induisirent une grande difficulté pour trouver un logement en banlieue parisienne. Entre les deux guerres une politique de l’habitat privé fut très néfaste aux immeubles dits de rapport, les loyers très bas ne permettaient pas d’assurer l’entretien de ces immeubles. De plus il n’y avait aucun investissement dans le logement neuf en dehors de l’Etat qui entreprit de grands programmes HLM à la ceinture de Paris, et des municipalités comme Suresnes avec la cité jardins du maire Henri Sellier. Une loi d’avant-guerre dite « loi Loucheur « permettait aux gens de construire des pavillons à des conditions avantageuses ; pour réaliser ce projet il fallait posséder un terrain constructible et le quart de la somme de la construction ce qui permettait d’emprunter à un taux assez faible, cependant les ménages qui faisaient construire avaient des revenus supérieurs à la moyenne. Nous reviendrons d’ailleurs sur cette loi qui est le nerf de cette histoire. À cette époque pour trouver ne serait-ce qu’une chambre de bonne au sixième étage d’un immeuble bourgeois, il fallait payer une reprise importante qui était prétendument justifiée par la présence d’une table ou d’un tapis ; chambre sans eau ni gaz et toilettes sur le palier. Il fallait attendre le décès d’une pauvre vieille pour essayer de récupérer son logement si celle-ci n’avait pas d’héritier Les jeunes ménages ne pouvaient qu’habiter chez leurs parents ce qui engendrait des conflits inter générations pouvant aller jusqu’au divorce. Le gouvernement de Vichy avait incité les citadins à cultiver des petits jardins dans la banlieue dits jardins ouvriers, cela améliorait le ravitaillement et il n’était pas rare de voir des familles habitant ces simples baraques de jardin. Bien des habitants de la région parisienne habitaient dans des baraques en bois implantés dans des terrains vagues de la proche banlieue C’est à ce moment-là que les premiers bidonvilles apparurent. NANTERRE fut une des villes ou de grands bidonvilles furent construits; les principaux furent édifiés à l’emplacement du parc Malraux, des immeubles des trois Fontanot et à proximité des papeteries de la Seine, rue des Pâquerettes au Petit Nanterre. Ces bidonvilles étaient faits de caisses, planches, carrosseries automobiles, camions, autocars… Toutes ces constructions étaient réalisées de bric et de broc, serrées les unes contre les autres sur un sol de terre battue avec un simple tuyau de poêle pour unique cheminée permettant de se chauffer et faire la cuisine.Elles étaient entourées de chemins sinueux et boueux les jours de pluie et souvent des incendies se déclaraient, se propageant de baraque en baraque; c’est dans une misère terrible que vivaient des familles, sans électricité ni toilettes, l’eau était distribuée par la fontaine de la ville à plusieurs centaines de mètres. Toutes ces familles attendaient une aide de l’état pour la reconstruction de leur logement ou pour la construction d’immeubles de rapport ou de HLM. 2 Le travail ne manquait pas à cette époque et bien des cabanes étaient utilisées par plusieurs célibataires qui travaillaient en 3/8 le lit n’était jamais froid faisant le rapport des marchands de sommeil L’été, il régnait une chaleur étouffante et une odeur pestilentielle et l’hiver c’est un froid atroce qui transperçait les os. Combien de morts dus au froid, aux incendies et au manque d’hygiène ? Le Petit NANTERRE Cette description certes longue a pour objectif de resituer le contexte de l’époque afin de faire connaître les difficultés de l’après-guerre aux plus jeunes. Je me suis marié le 16 décembre 1944 après la libération de Paris, ma femme était enceinte de ma fille Monique. Heureusement pour nous un de mes pères nourriciers était veuf et occupait un logement de deux pièces à la Garenne ce qui lui a permis de nous héberger plusieurs mois. La cohabitation entre deux jeunes mariés et un homme d’une autre génération n’était pas sans problèmes cependant cela était mieux que rien. Après bien des démarches, je parvins à dénicher une pièce et une cuisine dans un immeuble vétuste sans toilettes rue des Pâquerettes au Petit Nanterre, quartier situé au nord de la ville, à 3,5 Km du centre ville, limitrophe de la ville de Colombes ; là où Monique a vu le jour. La vie sociale du quartier ne faisait qu’un avec le quartier du petit Colombes limitrophe, là où se trouvait le carrefour des « 4 Chemins », croisement de la nationale qui relie St Germain en Laye et St Denis, la route Paris- Maisons- Laffitte. Tous les commerçants, le marché, l’école maternels, le cinéma, les transports en commun étaient concentrés à ce carrefour. La gare SNCF la plus proche était celle de la Garenne -Bezons ; pour la rejoindre on devait prendre l’autobus aux 4 chemins, une halte existait à la Folie maintenant Nanterre université, mais il fallait y aller à pied. Sur le petit Colombes, nous trouvions deux pharmacies, une sage-femme et un médecin le Dr ADDAD qui n’exerçait que deux soirées par semaine. Entre les 4 Chemins et la gare de Nanterre ville se trouvaient un bureau de tabac, quatre épiceries buvette, un boucher, un boulanger, un bazar sur lequel nous reviendrons ultérieurement, et vingt-trois bistrots ! On ne peut omettre dans cette description la Maison départementale de Nanterre autrefois asile Chevreul construite en 1887 pour détenir les clochards de Paris à l’époque ou la mendicité était un délit, l’établissement comprend trois entités distinctes : un hôpital depuis 1930, un centre d’accueil pour personnes désocialisées, un hospice de vieillards. Lors de la dernière guerre les sous-sols servaient d’abri pendant les bombardements. Le dimanche le quartier revêtait une ambiance particulière : les personnes hébergées, les hommes en costume bleu et casquette, les femmes en grande jupe bleue bonnet blanc pour celles qui travaillaient, et bonnet noir pour les autres , valides et handicapés se retrouvaient dans la rue, se dirigeaient vers les transports en commun, , les épiceries buvettes ( la maison bleue et les caves de l’hospice qui vendaient des « gobelettes » de vin de 33cl au prix du demi-litre il n’y a pas de petit bénéfice ) ou stagnaient dans les terrains vagues. Le soir nous devions enjamber les corps des personnes ivres ce qui était un bien triste spectacle en particulier pour les enfants du quartier. Les personnes recueillies effectuaient des travaux pour l’établissement qui fonctionnait en autarcie. A la fin de la guerre des ministres de Vichy y ont séjourné ainsi que les prisonniers revenant de Cayenne à la fermeture du bagne. 3 L’établissement était alors ceint d’un mur extérieur haut et sinistre, les bâtiments étaient noirs. Des cellules étaient mises à disposition des familles sinistrées qui avaient tout perdu dans les bombardements. Ente le petit Nanterre et le centre de la ville existait un camp militaire très important de près de deux Km de long construit lors de la première guerre mondiale ; pendant l’occupation, les Allemands y stockaient les carcasses des avions abattus sur le territoire français. À la fin de la guerre, une fonderie d’aluminium fut installée afin de récupérer le maximum de métal ; il a fallu 5 ans en travaillant jour et nuit pour libérer ce camp de ses carcasses. Aujourd’hui sur cet emplacement existe la célèbre université Paris X qui fit parler d’elle en 1968 avec le non moins célèbre Daniel Cohn Bendit. À la hauteur du camp sur la nationale 186 existait un groupe scolaire : école maternelle, école de filles, école de garçons, ce groupe a été détruit en 1990. En face cette école existait une petite cité, très sympathique composée de petits pavillons, de jardins et d’allées arborées faisant partie des papeteries de la Seine ; cette cité a été détruite dans les années 1965 alors que nous manquions cruellement de logements ; il a fallu 1990 pour réaliser le prolongement de l’autoroute A 86. En face de « la Maison de Nanterre » et parallèle à l’avenue de la République se trouvait la rue des Pâquerettes avec deux épiceries, un marchand de charbon , un grand bidonville et à son extrémité la chapelle Ste Catherine de Sienne construite grâce à la générosité de mademoiselle ALLEZ qui nous aidera plus tard, quelques pavillons, une grande baraque en bois qui se nommait « les amis de la vieillesse » ; je ne sais pas d’où venait cette construction et uploads/Geographie/ les-castorspagine.pdf

  • 35
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager