Les écosystèmes tropicaux non zonaux: les montagnes TCHINDJANG MESMIN Définitio

Les écosystèmes tropicaux non zonaux: les montagnes TCHINDJANG MESMIN Définition de la montagne Plan du cours • Montagnes ou hautes terres: définitions et paradigmes • Caractéristiques et caractères du relief montagnard • Formation des montagnes • Typologie des montagnes • écosystèmes montagnards tropicaux • Aménagement des montagnes : problèmes et perspectives Définitions • Les montagnes (hautes terres) font l’objet de ce cours. Le terme hautes terres sous entend celui des montagnes (avec leur marqueterie de plateaux, de collines de bassins intramontagnards appelés parfois improprement plaine et leurs différenciations). • Au Cameroun, les hautes terres, pour des altitudes au dessus de 800m, occupent au moins 55% de la superficie du Cameroun (sinon 63% au dessus de 600m) au point d’organiser le reste du territoire sur le triple plan physique, hydrographique et culturel. • D’un point de vue conceptuel, l’approche conceptuelle des hautes terres ou des montagnes n’a pas toujours fait l’unanimité scientifique, sans pour autant qu’il y confusion, assimilation ou égarement disciplinaire. En effet, Blache (1933) déclare qu’ ’’une définition de la montagne qui soit claire et compréhensible à elle seule, est à peu près impossible à fournir!’’ • Veyret & Veyret (1962) et Gerbeaux (1989), à leur tour vont renchérir et montrer que la montagne est un objet complexe à définir. De l’allemand ’’berg, gebirge’’, et pour le sens commun, la montagne désigne une réalité visuelle évidente correspondant à une élévation brutale du relief terrestre, mieux, une forme saillante de relief caractérisée par des altitudes, des volumes et des paysages spécifiques qui font l’objet des conventions variables selon les contextes et selon les pays. • Définitions • De ce fait, en dépit de la convergence des traditions et de l’imaginaire des sociétés sur les caractéristiques de la montagne (considérée à juste titre comme l’effrayant, l’immuable, l’intouchable, l’inaccessible), le mot ne revêt pas les mêmes significations selon les langues, les civilisations et les pays. La terminologie espagnole et latino américaine utilisera le mot sierra pour montagne et cerros pour chaîne de montagne, l’anglo saxon utilisera le terme hill pour désigner montagne et colline. Si au Japon, le mot yama désigne à la fois montagne et forêt; au Népal, himal est employé pour la haute montagne et pahar la moyenne montagne. Au Cameroun selon les tribus, les termes variés vont mettre l’accent sur le degré d’élévation et la pente, avec nkong, nkol, mbélé, hosséré pour désigner la montagne et la colline et kekeng la pente de la montagne. En effet, les contrastes topographiques montagnards organisant le milieu et le territoire, permettent d’appréhender la diversité topographique du monde Définitions • Certes, il existe une imprécision sur la définition de la montagne si l’on s’en tient aux différents contextes géographiques (montagnes de 1000, 2000, 3000, 4000 7000m etc.) ou alors politiques (toute définition conventionnelle paraît réductrice). Cette imprécision tient à 3 raisons principales: • l’absence d’unanimité des scientifiques sur les critères à retenir et les valeurs quantitatives susceptibles d’avoir une fonction de seuil; entre 300 et 1000 selon la FAO (2002) ; a Mountain is defined by elevation above sea level (minimum between 300 and 1000 meters, depending on latitude), steepness of slope and excluding large plateaus • la persistance d’un usage ancien et populaire (lié à l’imaginaire des peuples) qui désigne par montagne l’un des deux termes d’un contraste paysager entre formes de relief et terroir indépendamment de son altitude et de son volume; • l’association récurrente entre ce type de relations physiques et des attributs ou des qualités que l’imaginaire collectif conçoit comme étant consubstantiels (montagne lieu sauvage, vierge, de loisir, de tourisme; montagne fertile et féconde) et qui organise l’aménagement de la montagne. • L’approche définitionnelle procédera a posteriori en fixant les composantes conduisant à la personnalité des montagnes tant en milieu tropical que tempéré. Celles-ci peuvent tenir à trois paramètres principaux indissociables (altitude et relief, étagements et compartimentage, spécificité de la vie humaine) auxquels on doit ajouter les considérations géopolitiques, socio économiques et culturelles. Définition à partir des notions d’altitude et de versants abrupts • Ces deux notions peuvent servir d’angle d’attaque d’une définition. L’altitude, première composante de la montagne, est l’un des éléments fondateurs et caractéristiques de la personnalité géographique des montagnes. Elle peut être exprimée par le relief dans sa dimension, son volume etc. L’altitude crée la verticalité dont les effets sont appréhendés comme principes structurants de la morphologie, des processus montagnards et de l’amplification des phénomènes et risques naturels par l’effet de pente ainsi que des rapports que les hommes établissent avec les montagnes. Il en est de même de la gravité, des systèmes de pente, de la variation des gradients de stratification atmosphérique (abaissement des températures, augmentation des précipitations). Sur ce plan, dans le monde, les montagnes représentent pour des zones au dessus de 1000 m 6,5% de la surface du globe alors que celles en dessous de ce seuil représenteraient approximativement 23% de cette surface. Au Cameroun, 25% des reliefs de montagne correspondent aux régions situées au dessus de 1000m. Définition à partir des notions d’altitude et de versants abrupts • L’altitude, première composante de la montagne, est l’un des éléments fondateurs et caractéristiques de la personnalité géographique des montagnes. Elle peut être exprimée par le relief dans sa dimension, son volume etc. L’altitude crée la verticalité dont les effets sont appréhendés comme principes structurants de la morphologie, des processus montagnards et de l’amplification des phénomènes et risques naturels par l’effet de pente ainsi que des rapports que les hommes établissent avec les montagnes. Il en est de même de la gravité, des systèmes de pente, de la variation des gradients de stratification atmosphérique (abaissement des températures, augmentation des précipitations). Sur ce plan, dans le monde, les montagnes représentent pour des zones au dessus de 1000 m 6,5% de la surface du globe alors que celles en dessous de ce seuil représenteraient approximativement 23% de cette surface. Au Cameroun, 25% des reliefs de montagne correspondent aux régions situées au dessus de 1000m. Définition à partir des notions d’altitude et de versants abrupts • Par ailleurs, la notion de contraste d’altitude avec les piémonts doit être aussi invoquée. Aussi, la montagne doit-elle s’élever brutalement au dessus des reliefs environnants et se dresser comme une muraille avec des dénivellations > 300. • C’est le cas du plateau de l’Adamaoua qui surplombe les régions aux alentours par des versants escarpés et abrupts avec plus de 400 à 500m de dénivelées par endroits. Par conséquent, le paradigme de la verticalité, propice aux discontinuités et aux mobilités représente un critère important, mais pas suffisant. Ainsi, il existe des milieux de plus de 3000 à 5000m d’altitude qui ne sont pas des montagnes, parce que les versants ne sont pas abrupts, c’est le cas de l’altiplano des Andes centrales et d’une partie des montagnes éthiopiennes. N’empêche que c’est à cause des différenciations altitudinales que l’on parvient à distinguer la haute montagne (> 2000m) de la moyenne montagne (1000-2000m) et la basse montagne (<1000m). • Le paradigme altitudinal permet de définir la montagne comme une partie saillante du relief de l’écorce terrestre à la fois élevée au dessus de son soubassement et à versants déclives, occupant une grande étendue (km²). Cette définition fait prendre en compte plusieurs caractères physiques dont le rôle morphologique sur l’environnement montagnard est perceptible. Cependant, même si elle conditionne la mobilité et l’instabilité des versants, la verticalité à elle seule ne suffit pas! Définition à partir des notions d’étagement et de compartimentage • L’étagement du relief conduit obligatoirement à celui des formes, des formations végétales, des systèmes bioclimatiques et morpho climatiques ainsi que des activités humaines. • En effet, avec l’étagement, les processus élémentaires apparaissent surexcités et amplifiés par la ‘‘tyrannie’’ de la pente. L’étagement permet également, à partir des critères structuraux et géomorphologiques d’effectuer le compartimentage morphoclimatique montagnard si utile à la description de ce milieu naturel. • Une telle situation débouche nécessairement sur des seuils au-delà desquels une inversion ou une accélération des processus est possible. L’étagement induit donc de grands contrastes et surtout le cloisonnement ou le compartimentage à l’intérieur même de la montagne (crêtes, bassins et vallées intramontagnards, types et formes de versants, plateaux et reliefs plans). Le compartimentage, l’étagement et l’altitude s’associent pour conférer au climat un rythme (abaissement des températures avec l’altitude, gradient adiabatique, changement floristique avec l’altitude et l’étagement, changement des processus morphogéniques). • Le compartimentage explique en général les caractères de la vie humaine (le montagnard choisit où s’installer en fonction du découpage de la distribution des paysages et du relief et c’est d’ailleurs ce qui explique les représentations). • La montagne peut donc être définie comme un relief très compartimenté et étagé dont le cloisonnement rythme la vie, l’organisation de l’espace et les activités humaines. L’homme et la définition de la montagne • Les montagnes se singularisent autant par leur spécificité physique (altitude, volume montagneux, climat, étagement des formes, mobilité, mosaïques de milieux) que par le rapport avec les sociétés qui l’habitent ainsi que les contraintes qu’elles imposent à ces sociétés. Les deux composantes précédentes laissent supposer que la uploads/Geographie/ les-ecosystemes-tropicaux-non-zonaux1-pdf 1 .pdf

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