LES MŒURS ET COUTUMES DU PEUPLE MALGACHE , " ~ J _ Y-. Y-1-<. ~~/~ d~ tu't ~ HU
LES MŒURS ET COUTUMES DU PEUPLE MALGACHE , " ~ J _ Y-. Y-1-<. ~~/~ d~ tu't ~ HUGUES BERTHIER NOTES ET IMPRESSIONS SUR LES MŒURS ET COUTUMES DU PEUPLE MALGACHE TANANARIVE 193> • PRÉFACE Lorsque M. le Gouverneur Général Cayla m'a coufié la mission de préparer uuc étude sur les mœurs et coutumes du peuple - tnalgach«, il a bienvoulu préciser que ce travail était destiné, plus sp é cialement, aux [onctionnaires de la Colonie. J'ose espérer que cette m odeste contribution à la sociologie m alga- che rel/dra quelques services à ce . qui sont appelés à jouer un rôle dam le d éveloppcment de c 'Jè °È~6" Australe à laquelle je reste fidèlement attacb é, :IANANAKIVE ~ Les mœurs, les cout umes 'h,les crOXa ces religieuses des Malgacbes ne se sont pas sensiblement 111 ' ~ . ani que le pays est dem euré à l'abri des iufluences extérieures. Mais, d'une pm·t, l'action des missions chr étiennes qui, depuis le début du XIX' siècle, s'est exe rcée princi- paiement eu lmerina et au Betsileo et, d'autre part, la dislocation des cadres sociaux consécutive à la conquête fran çaise et aux ' m esures .politiques qui J'out suiuic : affrancbissem ent des esclaves sam préjJa- ration préalable, abolition de la royauté et de l'organisation f éodale, ont eu pour effet de transformer la vie religieuse et sociale des indi- gènes. Cette transformation est plus fo rt emeut accusée dan s le Plateau central babité par une population strictement bi é rarcbis é e et soumise depuis longtemps à une discipline sévère, par surcroît très ambitieuse et avide d'acquérir les sciences occidentales auxquelles elle attribue la supériorité des Européens. Il fant reconnaître que, cédant un peu trop vite au.x sollicitations de ces indig ènes, particulièrement séduisants je le reconnais, on a -8- prodigué incousid érément l'instruction européenne à des sujets qui n'étaient pas préparés à la recevoir. A Madagascar, comme dans taliS les pa)'s o ù les nations colonisatrices ont suivi la même méthode, celle politique, illspirée d'ailleurs par les sentiments les plliS louables, a produit IIl1e classe d'iudivtdus désaxés qui ont une mentalité d'anar- chistes. Leur activité, purement intellectuelle, n'est pas présentement dangereuse pOlir l'ordre public, mais elle exige IIl1e surveillance atten- tive, tout ail moins pOlir préserver la masse de la population qui est encore saine. Il est [ustc J'ajollter qn'torc éli'e illdigèlle s'est constituée, mais la vie de labeur paisible qu'elle mène, peut-être trop en marge de la société malgache, rend SOli illfluellce à peu près nulle. Quoi qu'il eu soif, ail constate que les autres tribus ont conservé, à peu près intactes, les mœurs, les coutumes et les croyances de leurs ancêtres el que, même sur le Plateau central, la populatioll des cam- paglles a plus évolué eu surjace qu'en projondeur, Tout en [r équeu- tant assidûment les temples et les églises, elle reste, en effet, fidèle aux cultes du passé qui continuent à être pratiqués en secret. Ces considérations 0111 d éterminé le plall de ce travail. Après une discussion des nombreuses bypotbèscs relatives aux origi- Iles du peuple malgache, j'ai exposé successivement la vie psychique, la vie sexuelle, les princituno: éV(:lIemellls de la vie indiuiduelle et, enfi», la vie sociale des babitants de la Grande Ile. Si j'ai cru devoir déllelopper pills largement la partie consacrée à la vie psychique, c'est qu'elle est difficilemellt accessible et gélléralement fort mal connue, D'autre pari, sa connaissance est indisbensab!« pour préciser ce que 1I0llS pou VOliS espérer découvrir de l'âme malgache, illfillimellt plus complexe '111'011 Ile le croit com munément, Aussi bien n'est-il pas inntile de donner ici quelques conseils qu'nue longue bratique des illdigèlles m'aulorise à pr éconiser et qui pourront are utiles aux personnes à qui ce travail est pills spécialement destiné, 9- Dans les rapports avec les Malgaches il [aut : 1° Etre armé d'une patience à toute épreuue ; 2° Ne jamais manifester le moindre emportement, quelqu'irrité que l'on soit; 3° Eviter les familiarités, le tutoiement, liser de courtoisie, mémc ponr prononcer une sanction ; 4° Ne jamais promettre que ce ue l'on peut tenir; donner sam délai la récom peuse promise iiPfl impitoyablement la punition . ~ encourue ; • TANANAI/IVE ~ 5° Qlland 011 désire être l' " eïgné 5/11 une question, lin fait donné, l- ne pas s'irriter des é cbappatoir Mle-l'imprécision des réponses, mais s'ingénie~, en variant l'interrogatoire, en paraissant attacher de l'im- portance à des points de détails, etc., à obtenir ce que l'ail veut savoir . : 6° Eviter de tourner en ridicule les croyances, les usages et les mœurs, quelque singuliers 011 anormaux qu'ils puissent paraître; 7° Répéter inlassablement ordres ou conseils avec le plus grand calme, 011 moins apparent, jusqu'à parfaite exécution ; . 8' Eviter de réprimander publiquement les détenteurs de la moin- dre parcelle d'autorité, C'est en tête-à-tête qu'il font leur adresser les observations qu'ils méritent ou lenr signifia une sanction plus grave; 9' Accueillir toutes les réclamations et les plaintes présentées, mais se garder d'admettre, à priori, leur légitimité. Une enquête approfon- die s'impose dqns tous les cas, la puissance d'hnagination et l'esprit de rancune des indigènes étant brodigicn«, Ne pas perdre de vue que les plaintes écrites, généralement rédigées par des tiers, n'offrent pas plus de garanties que celles formulées oralement; 10° Enfin, prêcher d'exemple par une tenue el une conduite irré- prochables; c'est l'IInique manière de sauvegarder al/X yeux des mal- gaches le prestige et la snp ériorité de la civilisation européenne. En terminant, qu'il me soit permis de souhaiter que ce travail contribue à inciter les [ennes [onctionnaires à observer la vie malga- - 10- che, à noter avec SOil1 les particularités qui n'auraient pas encore été signal ées et les utodiiiçations qu'ifs seront amenés à constater. Ils trou- veront dans ces études nn dérivatif salutaire à leurs préoccupations projcssionnclles et le meillenr emploi des longues soirées de brousse, g é nératrices de ce fâcheux état d'âme, bien COUIIU, que 1' 0 11 désigne sous le no m de « cafard ». Je prie, enfin, M. le Gouverneur Gén é ra! Cayla de irouuer ici l'expression de ma projonde reconnaissance pour m'avoir coufi â ce travail dont la préparation a été pour 11I0i une biellfaisallte transition entre la vie active et la refr;ife. HUGUES BERTHIER, Gouuerncur G én éral honoraire des colonies. CHAPITRE 1" ORIGINE DU PEUPLE MALGACHE Il ' ILE de Madagascar est située dans la partie Sud-Ouest de l'Océan Indien, entre 11° 57' 3" ct 25° 38' 55" de latitude il' , Sud, ct 40° 55' 22" et 48° 7' 54" de longitude Est. Elle est - séparée du Continent africain par le Canal de Mozam- bique qui mesure, dans sa partie la plus étroite, 392 kilomètres. Sa superficie, 590.000 kilomètres carrés, lui assigne le troisième rang parmi les grandes îles du monde. Le nom de Madagascar est cité, pour la première fois, sous la forme Madeigascar, dans la Relation de Marco Paulo (1298) ; mais il est établi que le célèbre voyageur vénitien n'a jamais visité la Grande Ile. Il en a parlé par ouï-dire, sans doute d'après les géographes arabes qui I'appelaicnr Al-komr, MOllfaglle (le la Lnuc ; cette dernière déno- rnination avait été mentionnée antérieurement par Ptolémée. Il est probable que le nom du petit royaume du Sud-Est, Mafacassi, cité par le. Père Luis Mariano, dans son « Exploraçâo Portugueza de Madagt/scar » (1613), ct par d'autres voyageurs: le Père d'Alméida (1616) : Mafacassi; Cauche (165') Madegt/che, a été appliqué posté- rieurement à Madagascar. On sait que les indigènes n'avaient pas de nom pour désigner la Grande Ile. Les Portugais qui l'ont reconnue, par hasard, le 10 août 1506, lui S,\.... '.T\\. ~ '1... E.,~ - 12- ont donné le nom d'Ile Saint-Laurent, la découverte s'étant produite le jour de la fête de ce saint (1). Flacourt, enfin, dit: « L'Isle Sainct Laurans est par les Géographes nommée Madagascar, par les habitants du païs Madecase, par Ptolom ée Memurhias, par Pline Cerné, par l'auteur de la Géographie Nubien- ne, parIes Perses et Arabes Sarandib : mais son vray nom est Made- case » (2). Quoi qu 'il en soit, le nom: Madagascar qui, depuis le XVIIe siècle, a prévalu, reste inexpliqué. On a vainement cherché son étymologie non seulement dans le mal gache mais encore dans les langues austro- nésiennes et bantous (3) . Les recherches sur l'origine des habitants de la Grande Ile n'ont pas été plus heureuses. Il est vrai que l'absence d'archéologie et de docu- ments écrits antérieurs à l'arrivée des Européens limitent sing ulière- ment les investigations. La paléontologie a bien révélé l'existence de l'homme à l'époque où vivaient ces an imaux du quaternaire: œpyornix, hippopotames, megaladapis... spéciaux à la Grande Ile, grâce à des incisions sur les os de ces sub- fossiles et à des fragments (1) Le poète Camoëns ;1 pad é en ces term es de l'amiral T ristan da Cu nha ct de la Grande Ile : « Mais, disait la nym phe, en élevant uploads/Geographie/ les-moeurs-et-coutumes-fonds-patrimoniaux-de-l-x27-oi 1 .pdf
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- Publié le Dec 20, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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