C ETTE ENTREPRISE si- nistrée pourrait, lors de la présidentielle de 2022, joue

C ETTE ENTREPRISE si- nistrée pourrait, lors de la présidentielle de 2022, jouer le rôle de Whirlpool en 2017. Ou de Florange en 2012. La liqui- dation de la fonderie SAM, la Société aveyronnaise de métal- lurgie, laisse sur le carreau 333 ouvriers et cadres de Viviez, près de Decazeville. Alors que Macron et Le Maire se gargari- sent de la « réindustrialisa- tion » de la France et que l’Etat, actionnaire à 15 % de Renault, client unique de la SAM, n’a pas levé le petit doigt ! En mai 2020, le gouvernement avait pourtant annoncé un plan de 8 milliards d’aides pour la filière auto - mobile, finançant aussi des centaines de millions de prêts garantis. Sur ce site symbole, chefs de parti et candidats à la présiden- tielle se succèdent : Mélenchon, Roussel (PCF), Poutou (NPA), Bayou (EELV), Le Pen ont fait le voyage. Bruno Le Maire, lui, a royalement accordé une inter- view à « La Dépêche » (27/11), dans laquelle il reconnaît « un échec », avant un sursaut d’op- timisme : « Nous construisons l’industrie du futur. » A De- cazeville, ça ne crève pas les yeux, et, le 1er décembre, entre 6 000 et 8 000 manifestants (plus que la population de la ville), ouvriers, paysans et cols blancs mêlés, sont venus le rappeler. Ce pays noir n’a pas été com- blé de cadeaux depuis cinquante ans : fermeture de la mine de charbon à découvert (4 000 mi- neurs touchés), puis des ac - tivités sidéro-métallurgiques (3 000 emplois), notamment celles de Vallourec. Jospin par- lait naguère de « syndrome de- cazevillois ». Et l’on ne compte plus les PME et services publics en rade, notamment la mater- nité, récemment fermée. C’est la vie, c’est le progrès ? Ben, justement, la SAM consa- crait de 40 à 50 % de son acti- vité à un secteur pas trop ar- chaïque : l’équipement des voitures hybrides et électriques. Sauf que Luca de Meo, le pé- dégé de Renault, trouve plus rentable de s’approvisionner dans des pays low cost. Mais Bruno Le Maire a sûrement des idées pour que son « industrie du futur » à la française concurrence l’Espagne, la Rou- manie ou la Turquie. J.-F. J. 1 02. C’est le nombre de… tests anti-Covid réalisés par Gérard Larcher, le président (LR) du Sénat, depuis le début de la pandémie (« L’Opinion », 1/12). Tous, pour l’instant, se sont révélés négatifs. Avec « un écouvillon [introduit] dans les narines chaque semaine envi- ron », le deuxième personnage de l’Etat a le nez creux ! « Il s’est fait tester chaque fois qu’il a croisé un étranger », précise, toujours à « L’Opinion », l’un des visiteurs de Larcher. A croire que l’activité diplomatique du président de la Haute Assem- blée n’a rien à envier à celle du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Figure morale des Républi- cains, le sage Larcher va-t-il désormais pousser Valérie Pécresse à l’imiter en effectuant un test PCR (présidentialité, combativité, républicanisme) hebdomadaire durant toute sa campagne ? LES VIOLENTS SOUTIENS DE ZEMMOUR Le dangereux flirt des Républicains avec lʼextrême droite Journal satirique paraissant le mercredi Violences au meeting de Zemmour Va-t-il perdre… … des poings dans les sondages ? Pécresse n’est pas Ciotti de l’auberge ! Qui veut la peau du candidat martyr ? E NCORE de bien belles images ! Encore de grands moments ! Des journalistes in- sultés, menacés, exfiltrés sous les huées. Des militants antira- cistes lynchés, des jeunes femmes tabassées à coups de poing, des types frappés au sol à coups de pied, cognés avec des chaises et poursuivis par la foule jusqu’à la sortie… Il était sympa, ce premier meeting de Zemmour. Vivement le prochain ! Pas de doute, « la mue est faite », comme disent les com- mentateurs. Le toujours jour- naliste du « Figaro » est passé de « polémiste » à « candi- dat ». Et ses adorateurs, de la violence verbale sur Twitter à la grosse baston dans la salle. Après leurs exploits, ils ont même été chaudement félicités par un membre du service d’ordre du meeting. Une vidéo le montre en train de leur lan- cer : « Merci d’être là, merci d’être venus. Vous avez fait le job, maintenant il y a les gendarmes. Retournez au meeting et passez une bonne soirée. » Heureusement que toutes ces scènes ont été fil- mées, sinon les copains de Zemmour auraient juré avoir été attaqués par des hordes de redoutables antifas. Voilà d’ailleurs le genre de farce que l’on pouvait entendre le lendemain sur Europe 1, radio passée sous la coupe de Bolloré. Sérieuse, la consœur Sonia Mabrouk a demandé à son in- vité, l’ex-premier flic de France Christophe Castaner (5/12) : « L’un des sujets, ce sont quand même les violences qui émaillent soit certains mee- tings, soit certaines manifes- tations (…). On peut se demander aujourd’hui pour- quoi, par rapport à certains antifas ou délinquants dégui- sés en noir, il n’y a pas aussi une répression, en tout cas tout simplement un usage lé- gitime de la force proportion- née. » C’est ce qu’on appelle le journalisme toutes propor- tions gardées ! Dans l’autre média Bolloré, CNews, question de proportions toujours, le deuxième sujet du moment était très en vue. Dès 7 h 30 lundi matin, les bandeaux s’affichaient en gros à l’an- tenne : « E. Zemmour blessé au poignet », « E. Zemmour : 9 jours d’ITT après son mee- ting », « E. Zemmour : les mi- litants galvanisés »… Galvanisés, sûrement, par la douleur de leur « reconqué- rant », qui a encore trouvé la force de se livrer à son numéro favori : décrire son martyre quotidien, lui qui se remet à peine des violences inouïes qu’il a subies à Marseille et de la maltraitance de l’enragé Gilles Bouleau : « La meute est désormais lancée à mes trousses. Mes adversaires veulent ma mort politique. Les journalistes veulent ma mort sociale. » Attention ! un de ses copains musclés adeptes de la France forte va finir par poser la ques- tion qui tue : « Qui imagine un seul instant Napoléon chouiner de la sorte ? » C. N. «L A DROITE est de retour », répète en boucle Valé- rie Pécresse. « Retour » est le mot, effectivement, tant, avec elle, mais pas seule- ment, on compte de reve- nants. A commencer par Fillon, dont elle n’est pas la seule à viser l’électorat mais dont elle a récupéré tout le programme là où il l’avait laissé. Elle se revendique aussi de Chirac, se définit par son fameux « deux tiers Merkel » et le dernier tiers pour Margaret Thatcher, tout en se recommandant de Sar- kozy. Et ses alliés ne sont pas oubliés. Ciotti, tout rengorgé de son score imprévu au pre- mier tour de la primaire LR et des 40 % engrangés au se- cond, a eu le droit, à défaut d’un Guantánamo-sur-Vésu- bie, de voir sa « voix puis- sante » comparée par la can- didate LR à celle d’un autre revenant, « une grande fi- gure, Charles Pasqua ». Ainsi, Ciotti a « une voix qui porte dans la crise d’autorité que traverse le pays ». Une voix qui résume aussi une partie des problèmes auxquels Pé- cresse se retrouve confron- tée aujourd’hui. Pas seulement parce que le député des Alpes-Mari- times a été prompt à afficher des exigences plus grosses que son score pour que ses idées très droitières soient adoptées dans le pro- gramme de la candidate LR. Mais surtout parce que Ciotti, félicité par Zemmour au pre- mier tour pour le très mo- derne « retour du RPR », puis applaudi comme un « ami » au meeting de Villepinte, marche sur la frontière qui sépare la droite républicaine de l’extrême droite lepéniste ou zemmourienne. Car, au- delà des revenants, LR a un problème de partants et de déjà partis. Ceux qui n’ont pas attendu le « retour » de la droite pour passer à l’ex- trême droite. A en croire le score de Ciotti, ces militants et élec- teurs de LR tentés de passer la frontière sont encore nom- breux. Il est censé les retenir et s’en sert évidemment pour obliger Pécresse à faire des concessions à sa ligne dure. D’autant que Zemmour ne s’est pas privé, à Ville- pinte, de les inviter à le rejoindre. Entre chantour- nures et grandiloquence, emprunts à Trump, réfé- rences à Napoléon et usage intensif du dictionnaire des citations, chacun ses reve- nants, le polémiste candidat y est aussi allé plus directe- ment. Il entend rassembler les « électeurs du Front na- tional, traités comme des pa- rias », et, tout en canonnant Pécresse, ceux de LR. Il s’agit rien de moins que d’« en finir avec trente ans de renoncement et de lâcheté ». « Ben voyons ! », comme l’ont scandé les fans de Zem- mour quand ils n’étaient pas occupés à huer des journa- uploads/Geographie/ magazine-le-canard-enchaine-8-decembre-2021.pdf

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